Bonjour Stéphanie,
Je prends mon souffle, et je me lance (même si je ne connais pas tous les détails de ton histoire - désolé si j'ai mal interprété...)
Stéphanie a écrit :
Je me suis longtemps intéressée au bouddhisme, j'ai lu beaucoup, j'ai fréquenté ce forum et c'est ce genre de phrases qui fait que je n'arrive pas à y adhérer vraiment.
Quand tu dis "l'attachement est à la source de la souffrance, donc apprends à te détacher de tes désirs", est-ce à dire qu'on ne tombe plus amoureux d'une personne (car comment être amoureux sans être attaché) ? Qu'on n'a plus de désirs ?
Bien sûr que non, heureusement ! (sourire). A côté des 2 premières Nobles Vérités, essaie d'appréhender la réalité de l'impermanence, et de la déceler dans ta vie de tous les jours : rien n'est permanent, tout change. Ainsi une mauvaise période où nous voyons tout avec des lunettes grises, elle passe (et là on est content de l'impermanence) . De même une bonne période où nous voyons tout avec des lunettes bleues, elle passe aussi ( et là on en veut à l'impermanence).
On veut donc 'retenir / faire durer' les choses agréables, et rejeter les choses désagréables. En somme, on passe notre temps à ne pas accepter la réalité des choses. Et c'est cela qui cause la souffrance : l'attachement à nos illusions, au lieu de prendre la vie comme elle est / vient.
Donc oui bien sûr qu'on peut tomber amoureux, MAIS sans tomber dans l'attachement ''vital' à l'autre et à l'histoire. C'est ce dont 'souffrent' les gens ayant une pauvre estime de soi (ne le prends pas dans le sens péjoratif). Ces gens ont un besoin vital de l'autre (et même parfois de n'importe qui) pour se sentir vivre. Ils ne vivent que par l'autre, avec la conséquence que si l'histoire se termine (ou comme toi ne commence pas alors que tu comptais tellement t'y investir), la personne se sent 'vide de sens et de vie', vu qu'elle ne vit que par le / les autres (par manque d'autonomie affective).
Donc oui, tombe amoureuse (c'est tout le bien que je te souhaite

), vis ta relation pleinement, mais ne t'y attache pas corps et âme. C'est "la Voie du Juste Milieu".
Stéphanie a écrit :
Pour l'estime de soi, tu as raison, il y a une grosse carence de ce côté là et ce n'est pas avec ce genre d'histoire que ça risque de s'arranger. Comment garder une bonne estime de soi quand l'homme qu'on aime nous dit qu'il cherche ailleurs ??? C'est en cela que je lui en veux vraiment : pourquoi me faire autant souffrir, être si méchant alors que je n'avais rien fait de mal, je ne voulais que l'aimer ? Pourquoi se venger de son mal-être, de son passé malheureux sur moi ? Je ne comprends pas la méchanceté tout court et encore moins la méchanceté gratuite.
Cela est lié encore une fois à ton manque d'estime de toi (comme quoi tout cela se tient). Quand tu auras retrouvé cette estime de toi, tu ne tiendras plus absolument à forcer une relation qui n'avait pas à se manifester (car pour bâtir une relation, il faut être 2 à le vouloir). Non attachée à ton besoin de cette relation, tu accepteras la réalité, à savoir que ce sera avec une autre personne que tu la bâtiras.
Quant à tes pourquoi sur la méchanceté des êtres, questions futiles, surtout que tu n'as rien à voir là-dedans; tu n'as rien à te reprocher; et surtout tu ne pouvais rien y changer (c'est le principal problèmes des personnes victimes de gens toxiques : chercher la faute en eux; alors qu'elle est ailleurs).
Raison de plus donc pour passer à autre chose (c'est parfois même une question de vie ou de mort); d'où mon expression "prendre tes jambes à ton cou", même si cela demande une certaine souplesse, j'en conviens

.
Apprends aussi à ne pas te juger trop sévèrement (encore un des symptômes du manque d'estime de soi). Par contre essaie d'apprendre de tes erreurs, et vois tes erreurs comme des occasions de 'grandir' en vue d'apprendre à mieux te connaître.
Stéphanie a écrit :
J'ai d'autant plus mal que j'alterne les moments où je le déteste vraiment, où je me dis que sa cruauté n'est pas excusable et les moments où je pense toujours à lui en attendant qu'il s'excuse, qu'il regrette ... Je sais, c'est stupide mais je n'arrive pas à être plus raisonnable.
Non il n'est pas stupide de ne pas être raisonnable (encore une fois tu te juges, ce qui ne t'apporte rien). Par contre avec le temps et la pratique, tu apprendras à ne pas tomber dans un grand défaut des gens : ressasser le passé (comme si ça allait le changer). Le passé est passé; et le futur n'est pas encore. Le seul temps sur lequel tu peux vraiment agir est le présent. Donc plutôt que dépenser ton énergie à voir pourquoi et comment et colère et regret, accepte ce qui s'est passé (ce n'est pas toujours évident), et vois ce que tu faire 'ici et maintenant' pour aborder la prochaine seconde de façon plus sereine et t'ouvrir à d'autres relations, amoureuses ou autres
Je terminerais en disant que je ne suis pas bouddhiste. Par contre j'essaie de voir ce qu'il peut m'apporter dans ma vie de tous les jours.
Voilà j'espère ne pas avoir été trop confus (vu que d'autres idées me venaient pendant que j'écrivais) - mais j'espère t'avoir aidé à y voir un peu plus clair... Et si pas, n'hésite pas.
A bientôt !