Shakhyam a écrit :Un moyen efficace pour développer la concentration en un point est de prendre la conscience comme objet."
QUOIIIIII ?? - En entretenant, en renforçant je suppose la discrimination antagonique précisément à la source des souffrances humaines ?…
Cette première préconisation, présentée comme une panacée est en réalité un piège proposée en toute bonne fois par le Dalai Lama et son fidèle relai sur notre site qui entérinent une séparation de principe entre Sujet et Objet en oubliant au passage que de conscience il n’y en a pas UNE mais SIX, HUIT et éventuellement NEUF

Merci pour cette remarque. Je suis très flatté de savoir être à tes yeux un fidèle relais de la parole éveillée de Sa Sainteté.

Il existe des débats dans la tradition indo-tibétaine sur la question des différentes consciences. L'école Prasangika par exemple réfute en général qu'il puisse exister plus de 6 consciences. Selon la vue des Anuttarayoga Tantras, la conscience mentale est distinguée en plusieurs types principaux, 4 en général, des plus grossières aux plus subtiles (si tant est qu'à ce niveau on puisse parler de consciences "grossières"). L'épistémologie bouddhiste peut distinguer en plus de types de consciences. Sa Sainteté évoque ici l'esprit primordial grossier, tel qu'il le rappelle dans
The Gelug/Kagyü Tradition of Mahamudra (que j'ai l'espoir de traduire un jour):
Les systèmes Anuttarayoga Tantra de Kalachakra et Guhyasamaja, considérés en général, ont un moyen d'expliquer comment l'esprit de claire lumière émerge, qui diffère quelque peu par rapport à celui que l'on trouve dans le Dzogchèn. L'un des enseignants de Akou Shérab Gyatso, Gyelrong Tsulthrim Nyima, dans Une dernière lettre testament lancée dans le vent, un commentaire du texte du Mahamudra du 1er Panchen Lama, a fait la distinction entre nos types d'esprit primordial: grossier et subtil. Quand nous considérons que nos niveaux d'esprit grossiers sont fuyants [fleeting], il ne nous est pas possible de les désigner comme primordiaux. En général, "primordial" renvoie à quelque chose qui n'a jamais été et ne peut jamais être transitoirement contaminé par des causes et des circonstances. Normalement, nous faisons référence à l'esprit primordial comme étant une conscience de claire lumière qui émerge après que les plus inconscientes et subtiles expériences d'apparence, de solidification, et d'imminence ont cessé. Par conséquent, le mot "grossier" dans l'expression "esprit primordial grossier" ne peut pas s'appliquer aux niveaux temporaires de conscience tels que la claire lumière quand elle est co-émergente à ces trois apparences les plus subtiles, puisque 'primordial' et cette acception de 'grossier' sont mutuellement exclusifs.
Gyelrong Tsulthrim Nyima a expliqué les types d'esprit primordial grossier et subtil dans le contexte du système Mahamudra. Selon cette présentation, la caractéristique unique du Mahamudra est son emploi d'une compréhension décisive de la nature vide de l'esprit primordial grossier comme une aide spéciale et non-commune pour manifester l'esprit primordial subtil. Cela donne beaucoup à réfléchir concernant la présentation que fait le 1er Panchen Lama de la technique Mahamudra consistant à reconnaître d'abord la nature conventionnelle de l'esprit primordial de claire lumière en tant que sa simple clarté et cognition [awareness] - qui est sans aucun doute l'esprit primordial grossier - et en venir ensuite à reconnaître la nature la plus subtile de l'esprit de claire lumière - sa vacuité d'existence intrinsèque. Par exemple, voir que la conventionnelle nature de clarté et cognition s'applique à tous les types de conscience, comme la nature de l'eau demeurant la même dans des contenants aussi bien purs que boueux, nous aide à voir que la vacuité, en tant que nature la plus subtile, est aussi présente dans tous les types de conscience. Ceci nous donne aussi à penser à la différenciation effectuée dans le Dzogchèn entre la conscience pure rayonnante * et la conscience pure de base **, ainsi qu'à la technique consistant à reconnaître la première afin de reconnaître la seconde.
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* tib.
rigpé tsel (n. d. t.)
**
shi'i rigpa (idem).
(Snow Lion, pp. 226 - 227).
Néanmoins, la totalité de cette déclaration citée n’est pas nécessairement négative au travers de la citation suivante : il faut veiller à ne pas se laisser distraire par des souvenirs ou des projets. On essaiera de rester concentré sur la seule expérience du moment présent. Même si cela paraît difficile, vous parviendrez très graduellement à prendre de la distance par rapport aux souvenirs et aux anticipations.
Voilà qui est parfait.
Très heureux de te savoir d'accord, car comme l'explique Daniel Perdue dans l'immense
Debate, les pratiques zens ne sont autres qu'une reconnaissance pleinière de la nature de l'esprit, il faut entendre la même "présence" du Mahamudra sutrique et la même claire lumière fille reconnue dans le Maha Sandhi, pratiques illustres du Bouddhisme indien (et par voie de conséquence, tibétain aussi).
La spécificité des pratiques tantriques du Mahamudra et des pratiques relevant du niveau des Anuttarayogas est de rendre pleinement manifeste la claire lumière mère (la darone, comme l'appelle Jean.

). Dans cet état, vécu par les yogis qui peuvent demeurer en
t'ouk dam (observé par des médecins récemment), tous les souffles subtils sont résorbés dans le canal central, et il est question de l'eau versée dans de l'eau, pour illustrer l'évènement vécu.
Même dans le Mahamudra des Sutras où le pratiquant est présence naturelle, claire et vaste, et qu'il tente ensuite d'être la présence la plus subtile en réalisant sa nature profonde, il est question de l'eau pure versée dans de l'eau pure. Que pourrait-il bien y avoir à différencier ?
Il est donc tout à fait normal que nous tombions ok là-dessus puisque l'évènement vécu par le pratiquant zen ne peut pas être différent, ni par sa compréhension de la vacuité (
svabhava-shunyata), ni par le niveau de conscience, de l'évènement vécu par un pratiquant du Mahamudra des Sutras qui en est à la reconnaissance de la nature primordiale grossière de l'esprit, par exemple.
Nota bene: Ce type de pratique est sensée permettre une "désaisie" par rapport aux intellections, ce qui n'est déjà pas mal. Comme le Bouddha ou son fils spirituel Nagarjuna qui proclament une vue sans avoir eu jamais prononcé un seul mot...
Mais alors il faut convenir que l’anticipation karmique nécessaire aux re-naissances, l’accumulation des mérites et le souvenir des actions qui les ont générés sont à bannir des pratiques et raisonnements car nuisibles à l’appréhension de l’instant présent qui contrairement aux désaccords permanents présentés, ailleurs, par l’auteur du présent article se présente sous le mode de l’apparaître/disparaître.
Comment en convenir à moins d'être en porte à faux par rapport au Bouddhadharma ? L'apparition et la disparition n'ont aucune existence ultime, cependant ne pas les reconnaître pour ce qu'elles sont (=
effectives au regard des
conventions mondaines;
lokavyavahara;
arthakriya en sanskrit) revient à être en porte à faux vis à vis de la réalité, à moins de vouloir faire entendre que ce qu'enseigne le Buddhadharma sur les principes fondamentaux est erroné par rapport à son objet d'engagement (les référents des termes, ici: le tel quel). Ce qui reste largement à démontrer.
Nier l'efficience de la causalité au niveau conventionnel n'apporte rien de bon, pas vrai ? Ce serait nier les 4 Vérités des Aryas puisqu'elles impliquent la causalité (
dukkha,
dukkha samudaya, etc...
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