Theravada et le non soi

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Dharmadhatu
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Michel a écrit :Maintenant c'est pas parce que l'on regard un stationnement que l'on a la vue juste, c'est pas parce que l'on regard un stationnement que l'on a la vue fausse,
:D Bon, faisons simple: quand tu vois une place de parking libre, tu te gares ou pas ? Tu froisses de la taule parce que tu gares ta voiture où il y en a déjà une ou pas ?
Je parle concrètement. Si tu te gares sans encombre sur une place de parking libre, alors tu as eu une vue juste, une vue fonctionnant en accord avec la vérité conventionnelle. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
La vue juste est cette vue penetrante, qui voit le vide la pensée, voir la co-production des 5 agregats d'attachement, la vue juste depasse largement l'esprit ordinaire, car c'est cette conprehension profonde de la realité, sa non substance en soi...
Non, il y a aussi une vue juste appréhendant le conventionnel. Sinon personne ne pourrait se garer nulle part, pas même sur des places de parking libres.

* * *

:arrow: Concernant le soi inhérent, il est synonyme de soi indépendant. Pour le soi personnel, ce serait un soi indépendant des agrégats; voici ce que dit Sa Sainteté dans The Gelug/Kagyü Tradition of Mahamudra:

A "me" cannot be found totally apart from these agregates, nor can a "me" be found as something distinct from them yet located in one of them, for instance in the mind and so forth. Where else could "I" be found ?

Furthermore, it is not that there is no "me" at all. There definitely is a "me" who is helped and harmed, who collect karma and experiences its results. If, for the reason that a "me" cannot be ultimately found, we say there is no "me" at all, this is contradicted by straightforward perception.

(...)

That being so, and there being no findable basis with a defining characteristic making it "me" (*), then what is called "me" is simply what can be labeled or imputed upon the basis of the collected bodily elements and so forth.


_______________
* Il s'agit de la négation d'un "moi" existant par ses propres caractéristiques (ce moi étant accepté par le Svatantrika mais pas par le Prasangika).

Donc Sa Sainteté dit clairement qu'il y a deux types de soi: un soi inhérent qu'il est impossible de trouver, et un soi conventionnel qui existe en tant que simple désignation dépendante.

Voilou.

FleurDeLotus
Dernière modification par Dharmadhatu le 08 avril 2012, 16:39, modifié 1 fois.
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Aldous

Dharmadhatu a écrit :Non, il y a aussi une vue juste appréhendant le conventionnel. Sinon personne ne pourrait se garer nulle part, pas même sur des places de parking libres.
Vraiment vous êtes plus que drôle! :lol: La vue juste (dont parle le bouddhisme) n'a rien à voir avec le fait de se garer sur un parking!
Vous confondez la vue juste (des bouddhas) et avoir une bonne vue (avec ou sans lunette...)... !
Vous avez pété les plombs là!
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michel_paix
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Bon j'ai compris là où nous nous éloignons dans nos pensées...

Tu ajoutes : vue juste de la realité conventionnelle...

Haaa!! Bon enfin !!

Ok, maintenant c'est pas en cultivant cette vue juste de la realité conventionnelle que tu auras une vue juste de la realité ultime de cette realité conventionnelle. L'esprit ordinaire est uniquement en relation avec la vue juste de la realité conventionnelle, mais demeure dans des voiles obscursissant, car il n'a pas developper l'autre vue juste, celle qui est utile, là où est la voie...
:)
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michel_paix
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Aldous a écrit :
Dharmadhatu a écrit :Non, il y a aussi une vue juste appréhendant le conventionnel. Sinon personne ne pourrait se garer nulle part, pas même sur des places de parking libres.
Vraiment vous êtes plus que drôle! :lol: La vue juste (dont parle le bouddhisme) n'a rien à voir avec le fait de se garer sur un parking!
Vous confondez la vue juste (des bouddhas) et avoir une bonne vue (avec ou sans lunette...)... !
Vous avez pété les plombs là!
C'est le même sentiment qui me traversais mais avec ces présission que dharmadhatu as faites elle me semble correct, mais pour ma pars une vue juste est ce qui est en relation avec le Dhamma pas en relation avec ni le larousse, ni le fait de bien évaluer les situations...

Content de cette échange...
:)
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michel_paix
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Ce point Dharmadhatu devrais t'éclairer sur ce que j'ai exposer:
Il est là le point que je soulève, un atma sa existe pas, pas plus qu'un anatta...
Si l'anatta n'existe pas même conventionnellement, alors la cessation n'existe pas conventionnellement. C'est une vue nihiliste. Si tu examines la réalité d'un phénomène, comme ta propre réalité, tu verras que l'anatta existe.
J'ai dit UN anatta... Il n'y a pas d'atma en essence ni ultimement, ni conventionnellement et cela pas plus d'essence d'anatta ni conventionnellement, ni ultimement, anatta comme atma sont deux idées sans référent en essence, de ce fait tout les enseignement du Buddha sont pure convention, la vue juste elle se trouve dans l'experience de la pratique et pour toi dharmadhatu j'ajoute pour des raisons propre a ce sujet la vue juste sur l'enseignement conventionnelle du Buddha...

Mais c'est la vue juste dans notre experience et elle seul qui permet la liberation, l'autre vue juste est une vue preparatoire, en gros il faut comprendre ce qui doit etre compris et realiser ce qui doit etre realiser..

Le fait de parler de parking n'a rien avoir avec ni la vue juste ni la vue fausse, car cela n'avance a rien dans la conprehension du Dhamma voila mon point... En plus qu'une absence c'est une idée et non un dhamma ;) dans le vrai monde les absences sont pleine de chose vide... LOol...
:)
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michel_paix
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Bon, faisons simple: quand tu vois une place de parking libre, tu te gares ou pas ? Tu froisses de la taule parce que tu gares ta voiture où il y en a déjà une ou pas ?
Je parle concrètement. Si tu te gares sans encombre sur une place de parking libre, alors tu as eu une vue juste, une vue fonctionnant en accord avec la vérité conventionnelle. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
Oui c'est logique !! Mais la comprehension peut etre abscursissante mslgré tout, malgré que tu es vue juste, car cette vue est basé sur l'idée de JE stationne MON auto... Donc selon moi, si la realité est obscurcissante (croyance en un en soi) alors aucune vue juste est présente, mais je comprend que pour toi il doit avoir la formule de mots comme: vue juste accompagner d'une realité obscursissante ou un truc comme ça... Cela me va...
:)
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michel_paix
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A mon sens pour revenir dans le sujet, le non-soi est le nom donner a une experience et non pas a une realité objective... Le Buddha est un pedagogue de l'experience direct et il ne fait pas la metaphysique, anatta n'est pas un sujet de metaphysique, mais d'experience direct. L'experience d'anatta est le contraire de cette experience où tout tourne au tour de notre atma (essence propre imaginer) mais a mon sens chercher une metaphysique "anatta" est un obscursissement encore plus grand... :-( car c'est encore JE cherche ANATTA, quand le soi cesse (d'etre notre vrai nature en tant qu'experience, la qualité de l'experience n'est pas centrer sur ce soi, c'est cela l'experience d'anatta... Pas dans une quete sans fin a la recherche d'un univers metaphysique que l'on appel anatta... C'est le point le plus important que j'ai voulu evoquer... La vue juste telle que je l'ai présenter fait reference a cette experience de désolusion du soi essence vers la comprehension de la co-production qui est la vue juste de la realité conventionnelle...
:)
Subarys

ted a écrit :Est-ce qu'il existe cette déclinaison entre le "non-soi des phénomènes" et le "non-soi de la personne", dans le bouddhisme originel ? On va dire, dans le theravada.
Ou est-ce que cette notion est apparue sur le tard ?
Est-ce qu'elle ne fait pas un peu doublon ?
anatta présente tous les phénomènes comme "vides de soi".
Pourquoi introduire cette notion de non-soi personnel (si elle n'était pas présente à l'origine) ?
Pour apporter quelques précisons :

Les deux types de non soi (personnel et/ou phénoménal subtil) ne sont pas abordés directement dans les suttas palis mais indirectement (seul le premier). On le substitue à la réalisation du fruit de l'Arhat mais c'est la même chose. Selon la tradition, la réalisation du second type de non soi, c'est basiquement ce qui sépare l'Arhat (parfaitement réalisé) et les autres Aryas ou Sekka (en training). Il n'est donc pas étonnant que le Théravada n'est pas disserté tant que ça sur le sujet. Le Sotapanna, lui, réalise le premier type de non soi, c'est ce qui le sépare des putthujana être "ordinaire" ou ignorants".

Les suttas donnent néanmoins des indications très intéressantes notamment avec le Khemaka sutta (S.n 22.89) où un moine âgé et souffrant reçoit la visite de bhikkhus. Le voyant malade, ils le questionnent pour savoir son niveau "supposé" de réalisation et lui offrir un enseignement dans le cas contraire.
Replying, "As you say, friends," to the elder monks, Ven. Dasaka went to Ven. Khemaka and on arrival said to him, "The elders, friend Khemaka, say to you, 'Concerning these five clinging-aggregates described by the Blessed One — i.e., form as a clinging-aggregate, feeling as a clinging-aggregate, perception as a clinging-aggregate, fabrications as a clinging-aggregate, consciousness as a clinging-aggregate: Do you assume anything with regard to these five clinging-aggregates to be self or belonging to self?'"

"Friend, concerning these five clinging-aggregates described by the Blessed One — i.e., form as a clinging-aggregate... feeling... perception... fabrications... consciousness as a clinging-aggregate: With regard to these five clinging-aggregates, there is nothing I assume to be self or belonging to self."
En réponse, le groupe de bhikkhus en concluent qu'il doit être parfaitement libéré (Arhat) puisqu'il ne s'identifie plus à aucun des agrégats (mine, this is mine, this my self). Mais le moine Khemaka précise que bien qu'il n' a plus aucune identification aux agrégats, il subsiste " une odeur subjective (du soi) en relation avec les agrégats qui persistent au travers de l'expérience phénoménale".

Celui qui est Sotapanna (et c'est la cas au moins de Khemaka) a détruit trois chaines principale (saṃyojanas) dont la croyance et identification au soi (sakkayaditthi)MAIS il subsiste en lui, et tant qu'il n'a pas réalisé le fruit de l'Arahanta une impression, un parfum très subtil de soi qui apparaît en lien avec les phénomènes. Cette "impression" subtile persiste tant que les phénomènes ne sont pas vus en accord avec la réalité (yathabutam) : vide de nature propre, sans existence ultime = non soi phénoménal subtil= fruit Arhat

Suite du Khemaka sutta :
– C'est comme l'odeur d'un lotus bleu, rouge ou blanc: si quelqu'un disait que l'odeur appartient aux pétales, ou qu'elle appartient à la tige, ou qu'elle appartient aux pistils, parlerait-il correctement?
– Non, ami.
– Alors comment devrait-on la décrire pour la décrire correctement?
– Comme l'odeur de la fleur, voici comment on devrait la décrire pour la décrire correctement.
– De la même manière, amis, je ne dis pas 'Je suis Rūpa', et je ne dis pas non plus 'Je ne suis pas Rūpa'. Je ne dis pas 'Je suis Vedanā'... 'Je suis Saññā'... 'Je suis Saṅkhāra'... Je ne dis pas 'Je suis Viññāṇa', et je ne dis pas non plus 'Je ne suis pas Viññāṇa'.
Amis, bien que [la notion] 'Je suis' n'ait pas disparu de moi en ce qui concerne les cinq upādānakkhandhas, je ne considère pas [quoi que ce soit parmi eux] comme 'Je suis cela'.
De la même manière, même si un noble disciple a abandonné les cinq entraves inférieures, il conserve toujours un concept résiduel 'Je suis', un désir 'Je suis', une tendance sous-jacente 'Je suis'. Mais plus tard, il continue à contempler les phénomènes d'apparition et de cessation dans les cinq upādānakkhandhas: telle est la Forme, telle est son apparition, telle est sa cessation. Telle est la Sensation... Telle est la Perception... Tels sont les Saṅkhāras... Telle est la Conscience, telle est son apparition, telle est sa cessation. En continuant à contempler ainsi l'apparition et la cessation des cinq upādānakkhandhas, le concept résiduel 'Je suis', le désir 'Je suis', la tendance sous-jacente 'Je suis' disparaissent complètement.
Dans le pindapata parisuddhi sutta le Bouddha demande à Sariputa pourquoi il semble si paisible et pourquoi son teint est si lumineux. Sariputa répond qu'il "réside souvent dans la vacuité /sunnata vihara" (M151.15)" . Ce qui fait référence à la réalisation du fruit de l'Arhat (arhat fruition attainment of emptiness) (M5.101)" . Le Bouddha lui répond que lui aussi réside souvent dans la vacuité et que c'est le cas de tous les Bouddhas, Pacceka Bouddhas et Arhats. Il précise que sunnata vihara est aussi connu sous le nom de : mahapurisavihara (la demeure des Grands hommes) (Majjhima 151.12).

Le Katavatthu, (texte censé avoir été rédigé au 3 ème siècle avant JC sous le patronage d'Asoka) aborde ces deux types de non soi, sous une forme telle que : satta sunnata (vacuité de la personne ou être au sens relatif) : ce qui fais référence au non soi personnel et Dhamma sunnata (vacuité de tous les existants au sens ultime) ce qui fait référence au second type. L'auteur Moggaliputta-Tissa Sthaviravādin (ancête du Théravada) est décris aujourd'hui comme "le prédécésseur de Nargajuna" eu égard à ses développements profonds et subtils. Nagarjuna a d'ailleurs étudié le Tipîtaka (si ma mémoire est bonne) et il y a pris appuie notamment avec le Kaccānagotta Sutta (Sn12.15) http://www.tipitaka.fr/sutta/samyutta/n ... 2-015.html

anjalimetta
ted

Impressionnant, Subarys ! ba11 ba11
J'ai toujours admiré les démonstrations tranquilles des theravadins.
"C'est comme si on redressait ce qui était tordu" :)
Subarys a écrit :Les deux types de non soi (personnel et/ou phénoménal subtil) ne sont pas abordés directement dans les suttas palis mais indirectement (seul le premier). On le substitue à la réalisation du fruit de l'Arhat mais c'est la même chose. Selon la tradition, la réalisation du second type de non soi, c'est basiquement ce qui sépare l'Arhat (parfaitement réalisé) et les autres Aryas ou Sekka (en training). Il n'est donc pas étonnant que le Théravada n'est pas disserté tant que ça sur le sujet. Le Sotapanna, lui, réalise le premier type de non soi, c'est ce qui le sépare des putthujana être "ordinaire" ou ignorants".
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Celui qui est Sotapanna (et c'est la cas au moins de Khemaka) a détruit trois chaines principale (saṃyojanas) dont la croyance et identification au soi (sakkayaditthi)MAIS il subsiste en lui, et tant qu'il n'a pas réalisé le fruit de l'Arahanta une impression, un parfum très subtil de soi qui apparaît en lien avec les phénomènes. Cette "impression" subtile persiste tant que les phénomènes ne sont pas vus en accord avec la réalité (yathabutam) : vide de nature propre, sans existence ultime = non soi phénoménal subtil= fruit Arhat
Subarys a écrit :Dans le pindapata parisuddhi sutta le Bouddha demande à Sariputa pourquoi il semble si paisible et pourquoi son teint est si lumineux. Sariputa répond qu'il "réside souvent dans la vacuité /sunnata vihara" (M151.15)" . Ce qui fait référence à la réalisation du fruit de l'Arhat (arhat fruition attainment of emptiness) (M5.101)" . Le Bouddha lui répond que lui aussi réside souvent dans la vacuité et que c'est le cas de tous les Bouddhas, Pacceka Bouddhas et Arhats. Il précise que sunnata vihara est aussi connu sous le nom de : mahapurisavihara (la demeure des Grands hommes) (Majjhima 151.12).
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Le Katavatthu, (texte censé avoir été rédigé au 3 ème siècle avant JC sous le patronage d'Asoka) aborde ces deux types de non soi, sous une forme telle que : satta sunnata (vacuité de la personne ou être au sens relatif) : ce qui fais référence au non soi personnel et Dhamma sunnata (vacuité de tous les existants au sens ultime) ce qui fait référence au second type. L'auteur Moggaliputta-Tissa Sthaviravādin (ancêtre du Théravada) est décris aujourd'hui comme "le prédécésseur de Nargajuna" eu égard à ses développements profonds et subtils. Nagarjuna a d'ailleurs étudié le Tipîtaka (si ma mémoire est bonne) et il y a pris appuie notamment avec le Kaccānagotta Sutta (Sn12.15) http://www.tipitaka.fr/sutta/samyutta/n ... 2-015.html
anjalimetta
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Flocon
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Inscription : 19 mai 2010, 07:59

Oui, c'est super! ba11
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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