Bouddhisme, hétérosexualité et homosexualité

ardjopa

ted a écrit:
Qu'elle soit hétéro ou homo, y a t'il vraiment une sexualité dite "saine" en dehors du simple acte de procréation ?

Y a t'il, par exemple, une gourmandise "saine" en dehors d'une alimentation destinée à subvenir aux besoins du corps ?
A mon sens, hormis "assurer germaine" de temps en temps (je parle là des couples, mariés ou non), et pour éviter l'adultère et autres tromperies néfastes autant aux couples qu'aux enfants s'il y en a, il vaut encore mieux qu'ils aient recours à la "branlette" et aux fantasmes; Ca sera déjà moins malsain, et causera moins de souffrance, dans et hors du couple, que d'aller voir ailleurs ;-)
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axiste
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… la sexualité ?
Au départ, elle vise quand même la reproduction…après, on en fait bien ce qu'on veut, selon où l'on en est dans notre évolution et au sein de l'air du temps qui nous formate aussi, surtout quand on est jeune…et il vaut mieux bien la vivre, sinon autant arrêter tout…

Mais peut-on la détacher de son but ? Est-ce plus facile pour un homme que pour une femme ? (c'est juste une question shuuuuuuuuuuuuttttt )

Nous un jour on se retrouve avec un corps étranger dans son ventre et son propre corps qui se déforme au gré des jours avec toutes les hormones qui nous traversent en zigzag fous: tout à coup on est une autre, tout à coup, notre corps parle plus fort que nous et nous on n'a qu'à suivre ce qu'il nous dit…sinon, problème pour le bébé qui doit se développer. J'ai eu des enfants ? Mon corps a eu des enfants ?
Si à l'époque j'avais médité, rassemblé mieux le corps esprit, ce passage aurait été beaucoup plus facilement vécu…en toute conscience…Dans l'acceptation, c'est certainement beaucoup moins ardu…
Pour mon premier enfant, beaucoup de peurs face à ces transformations déchaînées…pour le deuxième, j'avais jeté mes peurs…et j'ai accouché en deux heures…puis la sage femme m'a obligée à rester allongée pour me reposer, moi je voulais bouger, vivre, sortir dehors…

La sexualité pour moi c'est pas grand chose par rapport au déchaînements corporels qui ont fait suite à ces unions…je ne puis détacher les causes et les effets de mes actes et j'ai certainement pas focalisé sur le plaisir autant que j'aurai pu le faire…je voyais le truc en global, pas l'instant plaisir qui dure 30 secondes mais les neuf mois qui suivent et toutes les années maintenant qui ont été bousculées par trente secondes de ma vie… la sexualité ou le plaisir sont encore un découpage des choses que l'on fait…ainsi, on pourrait trouver du plaisir ou tomber amoureux d'un pied, d'une main,d'une personne de même sexe ou du sexe opposé, d'un ongle, ou encore d'autre chose…tout n'est qu'une question d'échelle…et de regard que l'on porte…mais au final, qu'est-ce qui importe ?

C'est peut-être juste un équilibre corps esprit à trouver, et pour chacun il sera différent…cet équilibre est peut-être le signe d'une sexualité bien vécue, qu'elle soit absente ou pas…? J'aurai tendance à raisonner comme ça….mais ce sont juste des mots et un regard de plus...encore un...
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Flocon
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En fait, ce qui paraît problématique dans une conception sévère du bouddhisme en matière de sexualité, une conception où les interdits du Vinaya seraient directement appliqués aux laïcs, ce n'est pas seulement la réduction du sexe à la procréation : c'est l'exclusion de toute pratique visant à l'expression de la tendresse entre partenaires : caresses, baisers, etc. seraient en effet interdits, ou du moins frappés de suspicion, puisque les mains et la bouche sont des organes impropres à la pratique sexuelle selon le Vinaya (qui est très clair sur ce point).

Je ne sais pas du tout si certains pratiquants bouddhistes mettent en œuvre une telle façon de faire. :?:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
ardjopa

Je ne sais pas du tout si certains pratiquants bouddhistes mettent en œuvre une telle façon de faire.
Je ne suis pas bouddhiste, mais les "baisers, les caresses" je n'aime pas, et ne pratique pas, et d'ailleurs ça m'arrange vu que je ne caresse que les chats et les arbres depuis des lunes :lol:
Cela dit, je ne vois pas non plus l'interet de "se reproduire", mais c'est peut-être parceque je suis trop romantique :mrgreen:
Je ne vois pas non plus la "logique" du Vinaya dans l'approbation du sexe dans le but de se reproduire, car faire naitre encore et encore des êtres, c'est créer en quelques secondes de soit disant "plaisir", de la souffrance (puis la mort) pour un être pour toute une vie, pour les parents aussi en parti, et pour la planète aujourd'hui !
Jean

Suivant les voies subitistes comme le Zen ou le Dzogchen, que l'on fasse l'amour debout sur un hamac ou que l'on prépare une tarte aux pommes n'a aucune incidence sur l'accés direct à sa nature de Bouddha. Elle est toujours là, qu'il pleuve ou qu'il vente.
ted

ardjopa a écrit :
ted a écrit:
Qu'elle soit hétéro ou homo, y a t'il vraiment une sexualité dite "saine" en dehors du simple acte de procréation ?

Y a t'il, par exemple, une gourmandise "saine" en dehors d'une alimentation destinée à subvenir aux besoins du corps ?
A mon sens, hormis "assurer germaine" de temps en temps (je parle là des couples, mariés ou non), et pour éviter l'adultère et autres tromperies néfastes autant aux couples qu'aux enfants s'il y en a, il vaut encore mieux qu'ils aient recours à la "branlette" et aux fantasmes; Ca sera déjà moins malsain, et causera moins de souffrance, dans et hors du couple, que d'aller voir ailleurs ;-)
Désolé Ardjopa, mais je crois bien que la bran...ette fait partie des trucs inconvenants déconseillés par les traditions. :mrgreen: :D

En fait, le bouddhisme, dans ses textes anciens, semble assez prude.

Ce qui est dommage, c'est qu'on puisse accorder autant de potentiel déstabilisateur aux pratiques sexuelles au point de faire des recommandations globalement dissuasives, alors que concrètement, il y a des gens qui font ça sans vraiment y prendre plaisir. Je pense à ces femmes qui le font par devoir conjugual. A ces hommes qui consultent en raison de défaillances viriles. A ces ados qui n'osent pas dire que c'était pas si terrible que ça. Qu'ils ont eu mal ou qu'ils ont été frustrés. :roll:

Il faut de la spontanéité, de la méthode, de la disponibilité, de l'expérience, de la détermination, pour pouvoir bien profiter d'un rapport sexuel.

Il faut parvenir à un état d'acceptation de notre corps et d'abandon de nos soucis. C'est un état de détente qui est assez semblable à celui requis pour une bonne méditation.

On médite à l'instant présent. Et on fait l'amour aussi à l'instant présent. Tout ce travail préparatoire à l'acte sexuel pourrait être mémorisé et réutilisé utilement pour se fondre dans les jhanas comme on se fond dans les bras l'un de l'autre.

La méditation est le rapport sexuel par excellence. On b... avec l'univers, et le plaisir ressenti est 10 fois supérieur à celui d'un orgasme. :)

Alors pourquoi ne pas s'entraîner auparavant à ce lacher prise ? En se laissant totalement aller, en s'abandonnant dans les bras de l'autre ?
ted

axiste a écrit :… la sexualité ?
Au départ, elle vise quand même la reproduction…après, on en fait bien ce qu'on veut, selon où l'on en est dans notre évolution et au sein de l'air du temps qui nous formate aussi, surtout quand on est jeune…et il vaut mieux bien la vivre, sinon autant arrêter tout…

Mais peut-on la détacher de son but ? Est-ce plus facile pour un homme que pour une femme ? (c'est juste une question shuuuuuuuuuuuuttttt )

Nous un jour on se retrouve avec un corps étranger dans son ventre et son propre corps qui se déforme au gré des jours avec toutes les hormones qui nous traversent en zigzag fous: tout à coup on est une autre, tout à coup, notre corps parle plus fort que nous et nous on n'a qu'à suivre ce qu'il nous dit…sinon, problème pour le bébé qui doit se développer. J'ai eu des enfants ? Mon corps a eu des enfants ?
Si à l'époque j'avais médité, rassemblé mieux le corps esprit, ce passage aurait été beaucoup plus facilement vécu…en toute conscience…Dans l'acceptation, c'est certainement beaucoup moins ardu…
Pour mon premier enfant, beaucoup de peurs face à ces transformations déchaînées…pour le deuxième, j'avais jeté mes peurs…et j'ai accouché en deux heures…puis la sage femme m'a obligée à rester allongée pour me reposer, moi je voulais bouger, vivre, sortir dehors…

La sexualité pour moi c'est pas grand chose par rapport au déchaînements corporels qui ont fait suite à ces unions…je ne puis détacher les causes et les effets de mes actes et j'ai certainement pas focalisé sur le plaisir autant que j'aurai pu le faire…je voyais le truc en global, pas l'instant plaisir qui dure 30 secondes mais les neuf mois qui suivent et toutes les années maintenant qui ont été bousculées par trente secondes de ma vie… la sexualité ou le plaisir sont encore un découpage des choses que l'on fait…ainsi, on pourrait trouver du plaisir ou tomber amoureux d'un pied, d'une main,d'une personne de même sexe ou du sexe opposé, d'un ongle, ou encore d'autre chose…tout n'est qu'une question d'échelle…et de regard que l'on porte…mais au final, qu'est-ce qui importe ?

C'est peut-être juste un équilibre corps esprit à trouver, et pour chacun il sera différent…cet équilibre est peut-être le signe d'une sexualité bien vécue, qu'elle soit absente ou pas…? J'aurai tendance à raisonner comme ça….mais ce sont juste des mots et un regard de plus...encore un...
Merci Axiste pour ton témoignage. D'après ce que j'observe des femmes, si j'avais été une femme, j'aurais sans doute dit quelque chose de semblable. :oops:
ted

Jean a écrit :Suivant les voies subitistes comme le Zen ou le Dzogchen, que l'on fasse l'amour debout sur un hamac ou que l'on prépare une tarte aux pommes n'a aucune incidence sur l'accés direct à sa nature de Bouddha. Elle est toujours là, qu'il pleuve ou qu'il vente.
jap_8
Sourire

ted a écrit:
Qu'elle soit hétéro ou homo, y a t'il vraiment une sexualité dite "saine" en dehors du simple acte de procréation ?

Y a t'il, par exemple, une gourmandise "saine" en dehors d'une alimentation destinée à subvenir aux besoins du corps ?
Le tout est de ne pas devenir esclave des petits plaisirs qu'on s'accorde...

Perso, je suis très gourmande... Mais une gourmandise en petite quantité. J'aime coller un petit bout de chocolat de très bonne qualité contre mon palais et le laisser fondre doucement. Dans une boutique de chocolatier, s'il offre une dégustation, je suis aux anges ! Ou bien un quartier d'abricot bien mûr... Ou encore, la cuiller en bois des confitures. Et non ça n'est pas forcément un plaisir égoïste. Quand je cuisine pour d'autres personnes, goûter le plat pour ajuster les épices, prend toute sa dimension.
J'aime aussi profiter des odeurs. Surtout depuis que je n'ai plus trop le nez irrité... En fermant le nez, l'odeur d'un bouquet de fleurs, celle d'un buisson de groseiller en train de faire ses premières feuilles au printemps, celle des feuilles d'érable qui roussissent, celle de la mélasse, celle de la terre humide, celle de l'air iodé de la mer...
Sans blague... C'est un plaisir vraiment merveilleux, enivrant même...
Est-ce que c'est malsain ?
Pourtant, j'ai souvent l'impression que tous ces petits plaisirs valent bien celui du sexe. C'est comme faire l'amour avec le monde.
Alors, évidemment...
Quand je discute avec ma mère, qui n'entend que grâce à un implant qui, pour ce que j'en comprends, lui reconstitue des sons comme les voix des robots dans les films de SF, moi qui ai une audition parfaite et même plutôt fine, et qui ai toujours un air dans la tête ou sur les lèvres, ben ça me fait flipper. Evidemment, vu que j'ai toujours un crayon à la main, l'idée de perdre la vue ou d'avoir des rhumatismes dans les doigts, ça me terrorise. Un jour ou l'autre, faudra que j'y sois confrontée. Je le suis déjà un peu. J'ai les doigts douloureux en hiver...

Je sens venir qu'on va m'accuser de m'écarter du sujet.
Mais...
Qui, ici, serait prêt à se passer de tous les plaisirs qu'il a, à n'exister, du jour au lendemain, plus que sans aucune sensation ?
ardjopa

Le theravada et l'enseignement des suttas en général, considère que tout est dukkha dans le monde, tout est imparfait, que les désirs, y compris le sexe, sont cause d'attachements, d'avidité, haines parfois etc, donc de souffrances nous faisant rester dans le samsara; Il conseille donc de s'en détacher, d'y renoncer d'abord en esprit, puis dans nos actes ou non-actes; C'est une libération par la négation, la vigilance à ce qui est considéré néfaste et l'engagement dans ce qui est bénéfique et salutaire;

Le mahayana,puis les tantras et d'autant plus le vajrayana "non-duel", comme le dzogchen ou mahamudra, considèrent que tout est "vide", tout est parfait, dès l'origine, donc que désirs ou haines, absences de désir ou de haine, sont des illusions qu'il ne faut ni supprimer ou détacher ni suivre; mais dans les deux cas, voie du renoncement ou voie de sublimation, le résultat visé est le même : le détachement, la libération

Dans les deux cas, ou quelquesoit la voie empruntée, le chercheur spirituel devrait voir son "bonheur interieur", inhérent à sa vraie nature augmenter, et donc ses désirs pour les "objets ou sources de "plaisirs" exterieurs, diminuer jusqu'à disparaitre;

Si on est attentif, on réalise logiquement que ce que l'on considère comme des "sources" de bonheur à l'exterieur, sont vides par essence, ne nous apportent pas de bonheur par elle-même : la nourriture ne contient pas de plaisir ou bonheur, c'est seulement en la consommant que le contact, la sensation interieure, de la nourriture ingéré, sur le palais, procure un plaisir passager; Il en est de même pour le sexe, ce n'est pas la ou le partenaire qui est source de plaisir,de bien -être, mais le contact, la sensation interieure, durant le sexe; Idem pour le sommeil, qui est interieur, qui est considéré comme agréable, alors qu'il n'y a aucun contact avec des sources exterieures de "plaisirs", comme des drogues, des distractions ou autres; La méditation étant le summum, de cette recherche, car elle vise un bonheur interieur durable, car sans cause aucune exterieure apparente; En fait, son but est de créer un contact direct avec sa "vraie nature" interieure, sans plus aucun objet ou cause du monde; Objets du monde que l'être ignorant prend par erreur pour la source réelle de son bonheur, créant d'autant plus d'attachements au monde, aux êtres et objets du monde, donc de souffrance; Car les addictions-dépendances exterieures nous détournent de ce bonheur direct et naturel inhérent à notre nature
Pour celui ou celle qui parvient à ce bonheur sans cause exterieure, les causes exterieures de plaisirs éphémères ne sont plus que secondaires et facultatives, voire inutiles ;-)
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