Un désir sensuel insidieux

ted

Je ne sais pas pour vous, mais quand j'ai entendu parler pour la première fois de "se détacher des désirs sensuels", dans le bouddhisme, j'ai aussitôt pensé : sexe.

Mais il y a un désir sensuel beaucoup plus insidieux, qui ne disparaît pas avec le temps et qui nous imprègne culturellement. D'ailleurs, pour s'en prémunir, le Bouddha avait édicté plusieurs règles dans le vinaya, comme celles ci :
  • - Ne pas regarder dans le bol d’un autre avec jalousie.
    - Ne pas manger en insérant des bouchées énormes dans la bouche.
    - Préparer des bouchées de proportion convenable.
    - Ne pas ouvrir la bouche avant que la nourriture n’arrive à son niveau.
    - Ne pas lancer des pièces de nourriture dans la bouche.
    - Ne pas manger en cassant les pièces de nourriture à l’aide de la bouche.
    - Ne pas remplir sa bouche de nourriture, de sorte à gonfler les joues.
    - Ne pas agiter les mains, en mangeant.
    - Ne pas sortir la langue, en mangeant.
    - Ne pas faire de bruit en ouvrant la bouche, en mangeant.
    - Ne pas faire de bruit (« slurp ») en absorbant un liquide.
    - Ne pas se lécher la main.
    - Ne pas essuyer l’intérieur du bol (ou de l’assiette), en mangeant.
    - Ne pas se lécher les lèvres, en mangeant.
ted

Parce que, ce désir sensuel insidieux est : l'attrait pour la nourriture.
Hé oui.
Image
Ici, on ne parle pas de diététique, ni de repas équilibrés.
On constate simplement que développer de l'attachement aux plaisirs de la table est un important obstacle, source de bien des maux, comme l'explique le sutta suivant :
Sutta Pitaka >> Samyutta Nikāya >> Nidāna Saṃyutta

SN 12.64
Atthirāga Sutta

Là où il y a avidité, réjouissance, appétence pour le nutriment de nourriture comestible, la conscience s'y fixe et s'y développe;
là où la conscience se fixe et se développe, il y a descente de nāma-rūpa;
là où il y a descente de nāma-rūpa, il y a développement des saṅkhāras;
là où il y a développement des saṅkhāras, il y a production d'existence renouvelée dans le futur;
là où il y a production d'existence renouvelée dans le futur, il y a future renaissance, vieillissement et mort;
là où il y a future renaissance, vieillissement et mort, je vous le dis, il y a chagrin, affliction et désespoir.
Bien sur, il ne s'agit pas de devenir anorexique, le bouddhisme déconseillant les pratiques ascétiques extrêmes.
Image Mais quelqu'un ici a t'il constaté à quel point la nourriture nous enchaînait ?
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yves
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mon attachement aux plaisirs dû au sens du toucher est bien plus fort pour ma part que que celui du goût
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
Gepec

yves a écrit :mon attachement aux plaisirs dû au sens du toucher est bien plus fort pour ma part que que celui du goût
L'attachement à la "mangeaille" dépasse largement l'attachement au plaisir du goût.
D'ailleurs quand on mange gloutonnement (gloutonnerie clairement visée je crois par les règles présentes dans le vinaya), on ne fait souvent même pas attention au goût.
Je crois qu'on se remplit pour inconsciemment remplir un vide, un manque. Peut-être que sans le savoir on à l'intuition que c'est l'ingurgitation immodérée de nourriture qui nous libérera de Dhukka...
C'est particulièrement visible lors de crises de boulimie.
ted

yves a écrit :mon attachement aux plaisirs dû au sens du toucher est bien plus fort pour ma part que que celui du goût
T'es en train de dire que t'es plus attaché au sexe qu'à la bouffe ? :shock:
Ca m'étonnerait : la bouffe c'est trois fois par jour. Donc, à moins d'avoir de gros besoins sexuels du genre trois fois / jour... tu ne peux pas rivaliser.

Alors que des personnes sont déstabilisées dès qu'elles sautent un repas. :oops:

Franchement, qu'est ce qui est le plus désagréable : 3 jours sans rapports sexuels ou 3 jours sans manger ?
Compagnon

Dans sensuel il y a sens, cela couvre tous les sens en effet, pas seulement le toucher (et l'esprit) qui sont stimulés par l'acte sexuel. Dans l'absolu les plaisirs sensuels peuvent couvrir les odeurs agréables comme les parfums, les vêtements colorés et bien coupés pour la vue, les musiques agréables pour l’ouïe, l'alimentation en effet pour le gout...
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yves
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ted a écrit :Franchement, qu'est ce qui est le plus désagréable : 3 jours sans rapports sexuels ou 3 jours sans manger ?
quand tu dis ça on a l'impression que le besoin de nourriture du corps est déjà un attachement, je ne penses pas, on peut manger quotidiennement simplement pour l'énergie

je saute très facilement des repas, il suffit que j'ai autre chose à faire,deplus je ne "cuisine" pas c'est à dire dire que je me contente de chauffer mes légumes ou autre, je n'ai aucune recherche de goût

par contre fréquemment, quand mon regard se pose sur une femme une pensée d'ordre sexuel passe du genre "pourrait-elle être une partenaire intéressante" ou "a-t-elle envie de moi" heureusement aujourd'hui je ne suis plus attaché à mes pensées et je les laisse filer sans beaucoup de soucis mais cela n'a pas toujours été comme ça et il arrive encore aujourd'hui que ce ne soit pas si facile avec des personnes avec qui j'ai une affinité plus large que simplement sexuel genre "non seulement elle est charmante mais en plus elle et drôle et perspicace" tout ça n'est évidement sous forme de dialogue intérieur avec des mots, mais bien des pensées qui me traverse

donc je constate effectivement qu'il y a beaucoup plus de pensée sexuel auxquelles j'aurai envie de m'attacher que de pensées sur la nourriture :mrgreen:
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être tout
amour
Compagnon

J'ai un neveu, un peu spécial je le reconnais parce que c'est un HP matheux ayant un certain déficit empathique, qui n'a que peu d’intérêt pour la nourriture, il ne mange que par nécessiter ou presque, peut se nourrir exclusivement d'une poignée d'aliments, toujours les mêmes, il est grand, mince et visiblement cela ne le dérange pas du tout.

En même temps vous avez aussi le "bouddha du bonheur" chinois qui est qualifié de "bouddha" (donc on reconnait qu'il a atteint cet état) et qui avait un bon coup de fourchette assumé vu que cela se voit et qu'il est hilare.
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Circé
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je suis comme le neveu de Compagnon.
La nourriture ne m'importe pas.Si j'étais seule, je mangerais toujours la même chose, quelques aliments auxquels je suis habituée.
Paradoxalement, j'aime bien préparer des plats pour les autres, de la pâtisserie en particulier.J'ai aussi des réflexes "nourrissiers", quand quelqu'un dans mon entourage a un coup de blues, je réagis en lui préparant à manger....en Anglais on dit " comfort food".

J'essaie de manger de façon éthique, de réduire mon impact écologique.
Je ne pense donc pas être attachée à la bouffe, et je n'en ai aucun mérite.
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Circé
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ted a écrit :s

  • - Ne pas regarder dans le bol d’un autre avec jalousie.
    - Ne pas manger en insérant des bouchées énormes dans la bouche.
    - Préparer des bouchées de proportion convenable.
    - Ne pas ouvrir la bouche avant que la nourriture n’arrive à son niveau.
    - Ne pas lancer des pièces de nourriture dans la bouche.
    - Ne pas manger en cassant les pièces de nourriture à l’aide de la bouche.
    - Ne pas remplir sa bouche de nourriture, de sorte à gonfler les joues.
    - Ne pas agiter les mains, en mangeant.
    - Ne pas sortir la langue, en mangeant.
    - Ne pas faire de bruit en ouvrant la bouche, en mangeant.
    - Ne pas faire de bruit (« slurp ») en absorbant un liquide.
    - Ne pas se lécher la main.
    - Ne pas essuyer l’intérieur du bol (ou de l’assiette), en mangeant.
    - Ne pas se lécher les lèvres, en mangeant.
Beurk!!!!
On se demande avec qui il dinait......
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