J'avais une natte de plage, qui est en fait un tapis de gym que j'ai depuis 10 ans.
Tandis que je marchais le long de la plage (déserte avec ce temps), une rafale m'a arraché le tapis des mains et l'a emporté vers la mer.
Il est retombé, s'est gonflé comme une voile.
J'étais en jeans. J'ai hésité une seconde à sauter dans l'eau pour le récupérer.

Et là, le vent s'est mis à souffler encore plus fort. Et rapidement, le tapis s'est éloigné vers le large.
J'ai ressenti un profond déchirement. Pas pour la valeur matérielle de ce petit tapis usé, mais pour tout ce que j'avais partagé avec lui pendant 10 ans.
Il dérivait de plus en plus loin et semblait me dire : "Tu m'as abandonné. Je suis emporté vers la haute mer."

Il était si près. Et déjà si loin... Je me suis mis à pleurer comme on perd un être cher.

J'ai longé la plage pendant 1H30 en espérant que les courants allaient le renvoyer vers la côte.
Hélas ! Rien... A part le cri des mouettes et de rares promeneurs...

Et il a fallu revenir ensuite...
Toutes les choses que j'ai perdues dans ma vie, toutes les personnes disparues, se sont concentrées dans ce petit bout de tapis vert qui s'éloignait et dérivait, impuissant, emporté par le vent violent... Je me suis maudit de ma lacheté !
"Je suis un lâche. J'aurais du sauter à l'eau ! tout de suite !" me disais-je...
La tristesse a laissé un grand vide en moi.
C'est seulement le soir que j'ai retrouvé un peu le sourire en dansant dans les rues de Leucate lors de la fête Sol y Fiesta.
A toi, ma natte de plage, qui n'était qu'un petit tapis de Gym à plier en quatre... toi qui a supporté mes joies, mes peines et mes efforts...
Toi qui est au fond de l'océan à présent... Je te demande pardon...



Je me suis quand même demandé si je ne faisais pas une dépression pour réagir comme ça...

J'ai eu pas mal d'emmerdes ces derniers temps...