De même, les Elèves, Eveillés pour soi et les Fils des Eveillés
Renoncent à exprimer les qualités des Illuminés, sans limites comme l'espace.
Chandrakirti (Madhyamakâvatara, 316).

Parmi tous ceux qui sont devenus buddha, certains ont eu la chance d’être aidés et d’entendre un enseignement. On les appelle pour cela des "auditeurs" - srâvaka. D’autres ont réussi à parvenir seuls jusqu’à l’Eveil mais, pour diverses raisons, n’ont pas pu faire profiter les autres de leur expérience ; ils ont atteint l’Eveil seulement "pour eux-mêmes". On les nomme pratyeka, ce qui veut dire "pour soi". D’autres, enfin, ont réussi à faire l’expérience de l’Eveil grâce à leurs propres efforts et, en plus, en font bénéficier les autres grâce à leur enseignement. On dit alors qu’ils sont "parfaitement et complètement (samyaksam) éveillés" (buddha).
Les pratyeka-buddha sont assez rarement évoqués dans la littérature bouddhique ancienne. Bien que arhat et buddha, parvenus à l’Eveil par leurs propres efforts et sans avoir entendu d’enseignement, ils ne sont d’aucune "utilité" pour l’humanité parce qu’ils n’enseignent pas. Cette impossibilité est due autant à leurs capacités insuffisantes qu’aux circonstances : ils sont devenus buddha à une époque où les êtres sont incapables de recevoir ou de comprendre leur enseignement.
Cette notion de pratyeka-buddha est intéressante, car les bouddhistes reconnaissent ainsi que l’éveil est accessible à tous, même en des circonstances où l’enseignement (le Dharma) n’est pas diffusé. Le bouddhisme historique de notre époque (né à partir de l’enseignement du Bouddha Sâkyamuni) ne s’arroge donc pas l’exclusivité du chemin qui mène à l’éveil !