Renaissance incompatible avec le bouddhisme?

chakyam

Quand un phénomène émerge dans la conscience, son apparition est saisie comme étant vraie et extérieure à l'esprit qui l'observe. Cette réalité autonome qu'on lui prête sous l'influence du mental souillé est son caractère purement imaginaire. C'est l'équivalent du niveau de la réalité superficielle ou conventionnelle illusoire. Or ce phénomène n'est pas "autonome" mais le produit de causes et conditions; il se manifeste dans le cadre de la] coproduction conditionnée, en interdépendance avec d'autres phénomènes tout autant que lui dépourvus d'existence en et par soi. Tel est son caractère dépendant. Sa réalité absolue, décrite par Vasubandhu comme la "perpétuelle absence de nature imaginaire au sein de la nature dépendante" est son caractère parfaitement établi.

L'articulation entre relatif et absolu réside ainsi dans la nature dépendante qui présente deux facettes, l'une relative et l'autre absolue.

- La nature imaginaire est conceptuelle et n'a aucune réalité même au niveau relatif.
- La nature dépendante a une certaine existence et inclut tous les phénomènes impermanents manifestés dans le cadre de la coproduction conditionnée. Il ne s'agit cependant pas d'une réalité ultime car elle sert de support à l'illusion de la dualité Sujet-Objet.
- Or une telle dualité n'existe pas du tout et le fait que la nature dépendante n'ait aucune existence en tant qu'objet extérieur est sa nature parfaitement établie.

Alors le Bienheureux énonça ces stances :

Les phénomènes sont dépourvus d'essence; sans naissance ni cessation, ils sont apaisés dès l'origine.
Les caractéristiques sont dépourvues d'essence, la production est dépourvue d'essence, la vacuité absolue est dépourvu d'essence.

(extrait du soutra du dévoilement du sens profond - sandhinirmocanasûtra -)

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michel_paix
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Bonjour Chakyam,
- La nature imaginaire est conceptuelle et n'a aucune réalité même au niveau relatif. Ce. Que l'on appel réalité relative, est synonyme a réalité imaginaire, a realité conventionnelle, le fait de désigner les objets est ce qui fait que tout est relatif, le fait que l'oeil me capte pas la totalité, mais qu'une partie fragmentaire fait que l'oeil percois une réalité incomplete, relative, limité... Ou encore le mental divise l'existance sans partie en partie, cette réalité imaginaire existe, bien, car elle est présente dans notre experience, tu ne peux pas nier que Chakyam et Michel_paix sont deux personne differente, cette différence n'a aucune réalité ultime, mais uniquement une réalité conventionnelle...
- La nature dépendante a une certaine existence et inclut tous les phénomènes impermanents manifestés dans le cadre de la coproduction conditionnée. Il ne s'agit cependant pas d'une réalité ultime car elle sert de support à l'illusion de la dualité Sujet-Objet. Tout ça c'est la réalité relative, y compris la dualité sujet objet, je ne ressent pas mon individualité dans les objets extérieur, mais uniquement de pars le corps et l'esprit, tu peu pas nier cela..??
- Or une telle dualité n'existe pas du tout et le fait que la nature dépendante n'ait aucune existence en tant qu'objet extérieur est sa nature parfaitement établie. Oui selon la réalité ultime les objets n'ont aucune réalité en soi, en gros c'est en fesant l'expérience du non-né qu'a ce monent que l'on comprend ce que signifie vraiment une réalité imaginaire, pour reconnaitre que ceci est une illusion, une imagination, il faut pour cela en faire l'expérience pour la reconnaitre comme telle, c'est logique et cette illusion existe bien, sinon nous serions tous des éveillés, c'est justement parce que cette nature imaginaire est présente du l'ignorance du non-né, que la réalité relative est prise pour absolu, mais quand l'on est éveillé a la nature la plus subtile, l'ultime, alors cette réalité imaginaire est comprise comme une réalité imaginaire, maiscelle-ci ne disparait pas a l'éveil, car sinon quand quelqu'un demandait a parler au Buddha celui ci ne reste pas la comme une roche, mais le Buddha marche et va, car justement la réalité d'enveloppement est présente, mais n'enveloppe pas un Buddha dans la confusion, car il connait la réalité ultime. Il ne faut pas croire que s'éveillé signifie la fin de la réalité conventionnelle, car c'est du nihilisme..
Dernière modification par michel_paix le 16 février 2012, 22:15, modifié 1 fois.
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michel_paix
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Sa réalité absolue, décrite par Vasubandhu comme la "perpétuelle absence de nature imaginaire au sein de la nature dépendante" est son caractère parfaitement établi.
La forme du soleil et la désignation "soleil" sont tout deux issu de la réalité conventionnelle, la forme/oeil et désignation/mental, la nature ultime de tout sa est l'absence d'existence en soi, la désignation est vide, le soleil est vide, le vide est vide, le vide est le soleil et est aussi la désignation...

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Dharmadhatu
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:D Juste une parenthèse importante pour nos lecteurs éventuels sur l'exposé que fait Chakyam: les trois natures enseignées par le Bouddha dans le 3ème Tour n'est pas considéré comme un enseignement définitif par les Maîtres du Madhyamaka comme Nagarjuna. De plus, il existe des interprétations autres que celle de Chakyam concernant ces trois natures, l'imaginaire (parikalpita), le dépendant (paratantra) et le parfaitement établi (parinispanna).

:arrow: Un chose est sûre, sans faire une confusion évidente entre l'examen conventionnel et l'examen ultime, on ne peut certainement pas infirmer l'existence de tel ou tel phénomène conventionnel (ici la continuité de la conscience enseignée dans le Bouddhisme) en s'appuyant sur une conception relevant de l'ultime, puisqu'au regard de ce dernier, rien n'existe. Le Hridaya Sutra le rappelle clairement: Dans la vacuité, il n'y a pas de formes, pas de sensations, pas de perceptions, pas de formations, pas de consciences....

Tout cela semble confirmer les propos de Michel.

Parenthèse refermée.

Amitié FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
chakyam

Salut Michel,

A quelques réserves près que je vais tenter de souligner, je suis d'accord avec tes commentaires. Cependant quand tu soulignes que "cette réalité imaginaire existe bien, car elle est présente dans notre experience, tu ne peux pas nier que Chakyam et Michel_paix sont deux personne differente, cette différence n'a aucune réalité ultime, mais uniquement une réalité conventionnelle.." tu fais comme si l'aboutissement de ta pensée n'était pas opérative. En fait tu continues à agir comme si la terre était toujours plate alors que tu sais qu'elle est ronde. La réalité "existe" dis-tu. Oui, mais laquelle ? Pour les philosophes existentiels, elle existe par elle-même car pour être ceci ou cela encore faut-il exister... mais pour les penseurs de l'Etre, cette réalité existe "au dehors" et dans les deux cas se réfèrent à une Vérité intrinsèque qui l'explique et la justifie, en première ou dernière analyse. Dans le premier cas et la vérité de PLOTIN, ce sera l'UN, pour les bouddhistes ce sera KU (vacuité) dont nous avons déjà parlé il y a quelques semaines sur Wu-Nien...

" il faut pour cela en faire l'expérience pour la reconnaitre comme telle, c'est logique et cette illusion existe bien, sinon nous serions tous des éveillés" - mais nous le sommes mon ami, c'est du moins ce que nous révèle zazen. Que cette nature d'éveil ne soit pas toujours à l'oeuvre et par contre toujours à conquérir explicite pourquoi le bouddha répondra (!!!) quand on lui parle même pour les détails les plus triviaux. Ne dit-on pas qu'il est mort d'une indigestion comme un simple "mortel" qu'il n'a jamais cessé d'être, sauf je suppose que pour lui cette mort était simplement dans l'ordre des choses.

Là encore, il ne s'agit pas d'opposer des "états d'être" qui ne sont que des "états de connaissance" mais au contraire de les articuler pour que s'actualise notre véritable nature qui est de n'être rien. Dans La Doctrine de l'Essence HEGEL définit la nature imaginaire des phénomènes comme réflexion posante. La nature dépendante est alors la réflexion extérieure issue de la dualisation du sujet/objet qui génère une double négation (ni...ni...) tandis que la réalité clairement établie devient réflexion déterminante par le moment de l'identité de l'identité et de la non-identité. C'est le moment du "retour", du retournement et de la conversion. L'immédiateté immédiate du phénomène passe le moment de sa propre négation pour s'affirmer, au niveau subtile, en tant qu'immédiateté
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michel_paix
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Bonjour Chakyam,

La nature de l'oeil est de voir des formes, la nature du mental est de conceptualiser, il nous serait ridicule de croire que pour ce dépouillé de tout impureté il nous suffit de nous crever les yeux, il est tout aussi absurde de croire qu'il faille détruire la nature du mental.

Tu nous dis que l'éveil est déjà là, cette présentation me va, mais c'est justement en dépouillant de l'éveil tout ce qui trouble l'esprit, que l'éveil peux briller de milles feux sans qu'aucun nuage des impureté viennent obstruer sa rayonnance.

T'as comparaison de la terre plate n'est pas valable, car une terre plate sa n'existe pas du tout, contrairement au mental est un fait de tout et chacun, par conte a cause des impuretés l'on va appréhender ces projections comme étant une réalité absolu et solide. Quand l'éveil est atteint ou quand les impureté sont déracinés ou autres et bien la nature réel du mental est révélé, le mental est vide, les projections ne sont que de l'imaginaire, mais cette imaginaire est reconnu comme tel. De meme que nous savons que nos yeux ne dévoile pas l'entièreté des objets ou que l'oreille capte que certaine fréquance vibratoire, mais est incapable d'entendre au-delà de sa capacité relative, tout cela est expérimenter par tout et chacun, contrairement a une terre plate n'a jamais exister.

La nature imaginaire existe au meme type qu'un mirage, l'on a l'impression de voir de l'eau là où il n'y a que sable, le fait de reconnaitre que ceci est un mirage, ne signifie pas que le mirage cesse, de meme que quand l'on appela le Buddha celui ce retournait, car le fait de reconnaitre le mirage ne signifie pas que celui disparait, de meme que l'on réalise pas l'éveil en nous crevant les yeux, je dirais même que le fait même de nous crever les yeux va faire a la fois disparaitre de notre regard le mirage et ainsi la capacité de reconnaitre que ceci est un mirage, en détruisant l'oeil, c'est détruire notre capacité a reconnaitre les mirages, au meme type que l'on ne réalise pas l'éveil en réduisant la nature du mental a néant, mais quand l'on sait que ceci est un mirage l'on ne court pas pour puiser l'eau du samsara, car l'on sait que dans cette impression d'eau, il n'a pas d'eau, de meme que l'on sait quand l'on s'éveil que dans cette impression de solidité, de permanence, d'existence propre il n'y a rien de tel...

Sans cette fonction nous serions incapable de nous nourrir, ni de nous vêtir, ni de nous loger, cela prouve que ce mental est très utile, mais le probleme réside que ce mental n'est pas percu comme une outil bien utile, mais l'on fait de cette outil notre soi, c'est cela que tu peux comparer a une terre plate, car le mental n'a jamais été, n'est pas et ne sera jamais notre véritable nature, de meme que la terre n'est pas plate...

Selon le noble sentier octuple, et quand l'on réalise la nature réel, l'on développe un bon sila, car le mental a une place juste et non pas une place démesuré. Si le mental était une terre plate, le noble sentier le serait tout autant, il serait absurde de suivre une éthique si celle ci est inexistante, simplement en reconnaissant la réalité ultime l'on sait que ce que l'on cultive dans notre coeur a des répercussions, il y a des répercussion car justement tout est vide, inutile de prier les dieux sans fin, car les dieux ne peuvent pas modifier le Dhamma...

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chakyam

michel_paix a écrit :Bonjour Chakyam,

La nature de l'oeil est de voir des formes, la nature du mental est de conceptualiser, il nous serait ridicule de croire que pour ce dépouillé de tout impureté il nous suffit de nous crever les yeux, il est tout aussi absurde de croire qu'il faille détruire la nature du mental.

De même pour la nature du nez, du goût, du toucher...tu réponds à une question qui n'a jamais été évoquée d'autant qu'il peut être vain de chercher à détruire ce qui n'a aucune existence

Tu nous dis que l'éveil est déjà là, cette présentation me va, mais c'est justement en dépouillant de l'éveil tout ce qui trouble l'esprit, que l'éveil peux briller de milles feux sans qu'aucun nuage des impureté viennent obstruer sa rayonnance.

Non, cent fois non ! tu tombes dans les travers de l'hérésie Sénika qui postule que derrière les phénomènes il y aurait un soi, une entité qui jamais ne serait affectée, même par les impuretés. Souviens-toi de HUI-NENG, le 6ème Patriarche Chinois qui nous déclare
: "au commencement, aucune chose n'est" et ensuite "aucun miroir brillant n'existe là" - Il n'y a aucune réalité à trouver, pas même l'éveil, pas même la vacuité, pas même la vacuité de la vacuité, pas même de chercheur qui chercherait etc etc...

T'as comparaison de la terre plate n'est pas valable, car une terre plate sa n'existe pas du tout, contrairement au mental est un fait de tout et chacun, par conte a cause des impuretés l'on va appréhender ces projections comme étant une réalité absolu et solide. Quand l'éveil est atteint ou quand les impureté sont déracinés ou autres et bien la nature réel du mental est révélé, le mental est vide, les projections ne sont que de l'imaginaire, mais cette imaginaire est reconnu comme tel. De meme que nous savons que nos yeux ne dévoile pas l'entièreté des objets ou que l'oreille capte que certaine fréquance vibratoire, mais est incapable d'entendre au-delà de sa capacité relative, tout cela est expérimenter par tout et chacun, contrairement a une terre plate n'a jamais exister.

Répétition


La nature imaginaire existe au meme type qu'un mirage, l'on a l'impression de voir de l'eau là où il n'y a que sable, le fait de reconnaitre que ceci est un mirage, ne signifie pas que le mirage cesse, de meme que quand l'on appela le Buddha celui ce retournait, car le fait de reconnaitre le mirage ne signifie pas que celui disparait, de meme que l'on réalise pas l'éveil en nous crevant les yeux, je dirais même que le fait même de nous crever les yeux va faire a la fois disparaitre de notre regard le mirage et ainsi la capacité de reconnaitre que ceci est un mirage, en détruisant l'oeil, c'est détruire notre capacité a reconnaitre les mirages, au meme type que l'on ne réalise pas l'éveil en réduisant la nature du mental a néant, mais quand l'on sait que ceci est un mirage l'on ne court pas pour puiser l'eau du samsara, car l'on sait que dans cette impression d'eau, il n'a pas d'eau, de meme que l'on sait quand l'on s'éveil que dans cette impression de solidité, de permanence, d'existence propre il n'y a rien de tel...

Pourquoi donc en parler tant ??

Sans cette fonction nous serions incapable de nous nourrir, ni de nous vêtir, ni de nous loger, cela prouve que ce mental est très utile, mais le probleme réside que ce mental n'est pas percu comme une outil bien utile, mais l'on fait de cette outil notre soi, c'est cela que tu peux comparer a une terre plate, car le mental n'a jamais été, n'est pas et ne sera jamais notre véritable nature, de meme que la terre n'est pas plate...

Inversion totale de causalité partielle. Ce n'est pas parce que le mental existe que nous mangeons, nous nous logeons ... C'est parce que ces fonctions, au cours de notre développement philogénétique, sont indispensables à notre construction éphémère par l'usage que nous en faisons, que se développe le mental.
Quant à la terre plate, c'est une croyance supplémentaire dont je n'ai parlé que pour spécifier que toute connaissance est connaissance quand elle est utile à sa propre réalisation qui, je le rappelle, ne sera jamais une réalisation procédurale, causale, méthodique dans la mesure où ces méthodes sont elles-aussi vides d'essence propre et de causalité, elle-même vide d'essence propre... et cependant, après t'avoir expédié cet article, je vais aller me taper un petit verre de lait avec une bonne tartine, toute aussi vide d'existence propre.


Selon le noble sentier octuple, et quand l'on réalise la nature réel, l'on développe un bon sila, car le mental a une place juste et non pas une place démesuré. Si le mental était une terre plate, le noble sentier le serait tout autant, il serait absurde de suivre une éthique si celle ci est inexistante, simplement en reconnaissant la réalité ultime l'on sait que ce que l'on cultive dans notre coeur a des répercussions, il y a des répercussion car justement tout est vide, inutile de prier les dieux sans fin, car les dieux ne peuvent pas modifier le Dhamma...

FleurDeLotus Butterfly_tenryu

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michel_paix
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Bonjour Chakyam,
De même pour la nature du nez, du goût, du toucher...tu réponds à une question qui n'a jamais été évoquée d'autant qu'il peut être vain de chercher à détruire ce qui n'a aucune existence
Sans aucune existence PROPRE et non pas pas d'existence tout court... ;-)
Non, cent fois non ! tu tombes dans les travers de l'hérésie Sénika qui postule que derrière les phénomènes il y aurait un soi, une entité qui jamais ne serait affectée, même par les impuretés. Souviens-toi de HUI-NENG, le 6ème Patriarche Chinois qui nous déclare : "au commencement, aucune chose n'est" et ensuite "aucun miroir brillant n'existe là" - Il n'y a aucune réalité à trouver, pas même l'éveil, pas même la vacuité, pas même la vacuité de la vacuité, pas même de chercheur qui chercherait etc etc...
Oui en tant qu'essence propre, c'est la nature réel des phénomènes, mais cela ne signifie pas que les phénomènes n'existe pas du tout, cela signifie que les phénomènes n'ont pas d'existence PROPRE, mais il ont bien une existence relative...
Inversion totale de causalité partielle. Ce n'est pas parce que le mental existe que nous mangeons, nous nous logeons ... C'est parce que ces fonctions, au cours de notre développement philogénétique, sont indispensables à notre construction éphémère par l'usage que nous en faisons, que se développe le mental.
Quant à la terre plate, c'est une croyance supplémentaire dont je n'ai parlé que pour spécifier que toute connaissance est connaissance quand elle est utile à sa propre réalisation qui, je le rappelle, ne sera jamais une réalisation procédurale, causale, méthodique dans la mesure où ces méthodes sont elles-aussi vides d'essence propre et de causalité, elle-même vide d'essence propre... et cependant, après t'avoir expédié cet article, je vais aller me taper un petit verre de lait avec une bonne tartine, toute aussi vide d'existence propre.
Le mental a une place très importante pour la survie, l'on ne peut pas nier cela... Mais cela ne signifie pas que le mental a une essence en elle-même... Comme l'air a une place importante pour notre surie, mais cela ne signifie pas que l'air a une essence en elle-même. Dire que tout est vide correspond a la réalité ultime, a la vrai nature du phénomène, dire il n'y a pas de phénomène est incomplèt comme donné, rien n'apparait de lui-meme car tout est vide et ce vide n'est pas un substance éternel, mais est éternellement la vrai nature de tout phénomènes.


Les phénomènes sont vide donc rien ne nait ni ne meurt en t'en qu'essence propre... Mais les choses naissent et meurt selon leur réalité relative, cette réalité relative est possible du sa vrai nature d'être non-né...

<<metta>>
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chakyam

Bonjour Chakyam,
De même pour la nature du nez, du goût, du toucher...tu réponds à une question qui n'a jamais été évoquée d'autant qu'il peut être vain de chercher à détruire ce qui n'a aucune existence

Sans aucune existence PROPRE et non pas pas d'existence tout court...

Comment peut-on imaginer que ce qui n'a pas d'existence propre puisse avoir une existence même conventionnelle non-soumise à l'inexistence de la vacuité 
?

Non, cent fois non ! tu tombes dans les travers de l'hérésie Sénika qui postule que derrière les phénomènes il y aurait un soi, une entité qui jamais ne serait affectée, même par les impuretés. Souviens-toi de HUI-NENG, le 6ème Patriarche Chinois qui nous déclare : "au commencement, aucune chose n'est" et ensuite "aucun miroir brillant n'existe là" - Il n'y a aucune réalité à trouver, pas même l'éveil, pas même la vacuité, pas même la vacuité de la vacuité, pas même de chercheur qui chercherait etc etc...

Oui en tant qu'essence propre, c'est la nature réel des phénomènes, mais cela ne signifie pas que les phénomènes n'existe pas du tout, cela signifie que les phénomènes n'ont pas d'existence PROPRE, mais il ont bien une existence relative...

Je me demande bien ce que peut signifier cet acharnement à vouloir donner une existence à ce qui n'en a pas. A ce train là ce serait croire à l'existence d'un mirage dans le désert, à la beauté d'une aurore boréale ou à la femme coupée en deux par le magicien ou encore au soleil qui monte le matin de l'horizon et qui s'y couche en fin de journée C'est toute la problématique du bouddhisme que tu mets en question car il me semble bien que la souffrance, entre autre, résulte d'une confusion entre le réel et ce qui apparaît dans la non-réalisation de la vacuité.

Existence propre et existence relative ne sont que déterminations humaines, certes pratique mais seulement pratiques pour démontrer leur non-existence.

Inversion totale de causalité partielle. Ce n'est pas parce que le mental existe que nous mangeons, nous nous logeons ... C'est parce que ces fonctions, au cours de notre développement philogénétique, sont indispensables à notre construction éphémère par l'usage que nous en faisons, que se développe le mental.
Quant à la terre plate, c'est une croyance supplémentaire dont je n'ai parlé que pour spécifier que toute connaissance est connaissance quand elle est utile à sa propre réalisation qui, je le rappelle, ne sera jamais une réalisation procédurale, causale, méthodique dans la mesure où ces méthodes sont elles-aussi vides d'essence propre et de causalité, elle-même vide d'essence propre... et cependant, après t'avoir expédié cet article, je vais aller me taper un petit verre de lait avec une bonne tartine, toute aussi vide d'existence propre.

Le mental a une place très importante pour la survie, l'on ne peut pas nier cela... Mais cela ne signifie pas que le mental a une essence en elle-même... Comme l'air a une place importante pour notre surie, mais cela ne signifie pas que l'air a une essence en elle-même. Dire que tout est vide correspond a la réalité ultime, a la vrai nature du phénomène, dire il n'y a pas de phénomène est incomplèt comme donné, rien n'apparait de lui-meme car tout est vide et ce vide n'est pas un substance éternel, mais est éternellement la vrai nature de tout phénomènes.


Les phénomènes sont vide donc rien ne nait ni ne meurt en t'en qu'essence propre... Mais les choses naissent et meurt selon leur réalité relative, cette réalité relative est possible du sa vrai nature d'être non-né...

Et je malaxe et je malaxe encore... je ne sais ce qu'il en sortira mais si çà mène au satori, c'est bon... mais fait ! Pas besoin, nous y sommes déjà
.

FleurDeLotus Butterfly_tenryu
chakyam

DÉCLARATION DU DALAI LAMA AU SUJET DE SA REINCARNATION
Le 24 septembre 2011 -
 
Introduction
Mes compatriotes tibétains, tant au Tibet qu’en exil, tous ceux qui suivent la tradition du bouddhisme tibétain et tous ceux qui ont un lien avec le Tibet et les Tibétains :
 
La totalité de l’enseignement du Bouddha, qui comprend les enseignements des Trois Véhicules qui sont à la fois scripturaux et fondés sur l’expérience, ainsi que les quatre groupes de Tantras et les sujets et pratiques qui leur sont liés, ont prospéré au Pays des neiges grâce à la vision de nos anciens rois, ministres et érudits-accomplis. Le Tibet est devenu une des sources pour les traditions bouddhistes et les autres cultures qui lui sont liées dans le monde. Il a grandement contribué au bonheur d’un nombre incommensurable d’êtres en Asie, notamment en Chine, au Tibet et en Mongolie.
Tandis que nous maintenions la tradition bouddhique au Tibet, nous avons développé une tradition spécifiquement tibétaine de reconnaissance des réincarnations des érudits-accomplis. Ceci a été extrêmement bénéfique à la fois pour le Dharma et pour les êtres vivants, et plus particulièrement pour la communauté monastique.
Depuis que l’omniscient Gedun Gyatso a été reconnu et confirmé comme étant la réincarnation de Gedun Drub au XVème siècle et que le Gaden Phodrang Labrang (l’institution des Dalaï-Lamas) a été fondé, ses réincarnations successives ont été reconnues. Le troisième de la lignée, Sonam Gyatso, reçut le titre de Dalaï-Lama. Le Vème Dalaï-Lama, Ngawang Lobsang Gyatso, fonda le gouvernement du Gaden Phodrang en 1642, devenant ainsi le chef spirituel et politique du Tibet. À compter de Gedun Drup et pendant plus de six siècles, une série de réincarnations incontestables a été reconnue dans la lignée du Dalaï-Lama.
Depuis 1642, les Dalaï-Lamas ont joué le rôle de dirigeants à la fois spirituels et temporels du Tibet pendant 369 ans. J’ai désormais décidé de mettre un terme à cela, fier et satisfait que nous puissions avoir un gouvernement de type démocratique tel qu’il en existe beaucoup ailleurs dans le monde. En réalité, dès 1969, j’ai clairement déclaré que les personnes concernées devaient décider s’il était bon que les réincarnations du Dalaï-Lama se poursuivent dans le futur. Cependant, en l’absence de directives claires, et si les personnes concernées expriment un souhait profond que la lignée des Dalaï-Lamas se poursuive, il existe un risque évident que des intérêts politiques personnels fassent un mauvais usage du système de réincarnation pour mener à bien leur propre programme politique. C’est pourquoi, tant que je suis en bonne santé sur les plans physique et mental, il me semble important que nous établissions des directives claires pour la reconnaissance du prochain Dalaï-Lama, afin qu’il n’y ait nulle place pour le doute ou la tromperie. Pour que ces directives soient parfaitement compréhensibles, il est essentiel de comprendre le système de reconnaissance des tulkou et les concepts fondamentaux sous-jacents. Je vais donc les expliciter brièvement ci-dessous.
 
Vies antérieures et vies futures

Afin d’accepter la réincarnation ou la réalité des tulkou, il faut admettre l’existence de vies antérieures et de vies futures. Les êtres vivants prennent naissance dans la vie présente à la suite de leurs vies antérieures et, après leur mort, ils reprendront à nouveau naissance. Cette façon de renaître continuellement est admise par toutes les traditions spirituelles et les écoles philosophiques indiennes, si ce n’est par les Charvaka, qui étaient un mouvement matérialiste. Certains penseurs contemporains nient qu’il y ait des vies passées et des vies futures, en se basant sur le fait qu’on ne peut les voir. Pour d’autres, cet argument ne permet pas de tirer des conclusions aussi définitives.
Bien que de nombreuses traditions religieuses acceptent l’idée de renaissance, leurs vues diffèrent concernant la nature de ce qui renaît, la manière dont s’effectue cette renaissance et la façon dont se déroule la transition entre les deux vies. Certains traditions religieuses acceptent la perspective d’une vie future, mais rejettent l’idée de vies antérieures.
De manière générale, les bouddhistes croient qu’il n’y a pas de début à la naissance et que, lorsqu’ayant triomphé de notre karma et de nos émotions perturbatrices, nous aurons obtenu la libération du cycle des existences, nous ne renaîtrons plus sous l’emprise de telles conditions. En conséquence, la plupart des écoles philosophiques bouddhiques croit que la renaissance en raison du karma et des émotions perturbatrices connaît une fin, mais n’admet pas que le flux de conscience puisse s’arrêter. Rejeter les notions de renaissances passées et futures contredirait le concept bouddhique de « base, voie et résultat », qui doit être expliqué sur la base d’un esprit maîtrisé ou non maîtrisé. Si l’on accepte cet argument, nous devrions alors logiquement accepter que le monde et ses habitants apparaissent sans causes ni conditions. En conséquence, si vous êtes un bouddhiste, vous devez admettre le principe des vies passées et futures.
Pour ceux qui se souviennent de leurs vies antérieures, la réincarnation relève d’une expérience claire. Cependant, la plupart des êtres ordinaires oublient leurs vies antérieures lorsqu’ils font tour à tour l’expérience de la mort, de l’état intermédiaire et de la renaissance. Les vies antérieures et futures étant légèrement obscures pour eux, nous devons avoir recours à une logique fondée sur des preuves évidentes pour les convaincre.
Dans les paroles du Bouddha et dans les commentaires qui ont suivi, est exposée une grande variété d’arguments logiques, pour prouver l’existence des vies antérieures et futures. En bref, cela se résume à quatre points : la logique selon laquelle les choses sont précédées de choses d’un genre similaire, la logique selon laquelle les choses sont précédées par une cause substantielle, la logique selon laquelle l’esprit a acquis une familiarité avec certaines choses dans le passé et la logique d’avoir acquis de l’expérience des choses par le passé.
De façon ultime, tous ces arguments sont basés sur l’idée que la nature de l’esprit, sa clarté et sa conscience, doivent avoir pour causes substantielles la clarté et la conscience. Ils ne peuvent pas avoir une autre entité, telle qu’un objet inanimé, comme cause substantielle. Ceci est évident. Par l’analyse logique, on peut déduire qu’un nouveau flux de clarté et de conscience ne peut pas advenir sans cause ou à partir de causes qui seraient sans rapport avec lui. Nous pouvons non seulement observer qu’il est impossible de produire un esprit dans un laboratoire, mais nous pouvons également en déduire que rien ne peut éliminer la continuité de la clarté subtile et de la conscience.
Autant que je sache, aucun psychologue, physicien ou neuroscientifique moderne n’a été capable d’observer ou de prédire la production de l’esprit à partir de la matière ou bien sans aucune cause.
Certaines personnes se souviennent de leur vie antérieure immédiate ou même de plusieurs vies antérieures et sont à même de reconnaître des lieux et des parents qu’ils connaissaient dans ces vies-là. Ce phénomène n’est pas seulement attesté dans le passé. Aujourd’hui encore, de nombreuses personnes en Orient comme en Occident se remémorent des incidents et des expériences qui se sont déroulés dans leurs vies antérieures. Le nier ne serait pas une manière honnête et impartiale de faire de la recherche, parce que cela s’opposerait à ces témoignages. Le système tibétain de reconnaissance des réincarnations est un mode authentique de recherche, basé sur le souvenir que les personnes ont de leurs vies antérieures.
 
Comment se déroule la renaissance

Il existe deux manières pour un individu de renaître après la mort : la renaissance sous l’influence du karma et des émotions perturbatrices et la renaissance par le pouvoir de la compassion et de la prière. Concernant la première : en raison de l’ignorance, des karma positifs et négatifs sont créés et leurs empreintes restent dans la conscience. Elles sont réactivées par le désir et la saisie, ce qui nous entraîne dans une vie suivante. Nous prenons alors naissance de manière involontaire dans des domaines supérieurs ou inférieurs. C’est de cette manière que les êtres ordinaires tournent sans cesse dans l’existence, comme une roue en mouvement. Même dans de telles circonstances, les êtres peuvent s’engager avec diligence et avec une aspiration positive dans des pratiques vertueuses au sein de leur vie quotidienne. Ils se familiarisent avec les mérites qui pourront être réactivés au moment de la mort, ce qui leur permettra de renaître dans un domaine d’existence supérieur. En revanche, les bodhisattvas supérieurs, qui ont atteint le chemin de la Vision, ne renaissent pas par la force de leur karma ou de leurs émotions perturbatrices, mais par le pouvoir de leur compassion envers les êtres vivants et sur la base de leurs souhaits d’être bénéfiques à autrui. Ils peuvent choisir le lieu et le moment de leur naissance, ainsi que leurs futurs parents. Une telle renaissance, qui n’est destinée qu’au bien d’autrui, est la renaissance par la force de la compassion et de la prière.
 
La signification du terme tulkou

Il semble que la coutume tibétaine d’appliquer l’épithète de « tulkou » (corps d’émanation d’un Bouddha) à des réincarnations reconnues a commencé quand les fidèles ont utilisé ce terme comme un titre honorifique. Il est depuis lors devenu une expression courante. En général, le terme « tulkou » fait référence à l’un des trois ou quatre aspects particuliers du Bouddha qui sont décrits dans le Véhicule des Sutras. Selon cette explication des différents aspects du Bouddha, même une personne qui est entièrement enchaînée par les émotions perturbatrices et par le karma possède le potentiel pour atteindre le corps de vérité (Dharmakaya), qui inclut le corps de vérité de sagesse et le corps de vérité d’essence. Le premier fait référence à l’esprit éveillé d’un Bouddha, qui voit en un instant toute chose de façon directe et précise telle qu’elle est. Cet esprit est débarrassé des émotions perturbatrices, ainsi que de leurs empreintes, grâce à l’accumulation de mérites et de sagesse pendant une longue durée. Le second est le corps de vérité d’essence. Ce terme fait référence à la nature vide de l’esprit éveillé et omniscient. Ces deux aspects n’apparaissent qu’aux Bouddhas eux-mêmes. Comme ils ne sont pas directement accessibles pour les autres, il est impératif que les Bouddhas se manifestent sous des formes physiques qui soient accessibles aux êtres vivants afin de les aider. De ce fait, l’aspect physique ultime d’un Bouddha est le « corps de complète jouissance » (Sambhogakaya), qui est accessible aux bodhisattvas supérieurs et qui possède cinq caractéristiques formelles, telles que la résidence dans la Terre Pure d’Akanishta. Puis, à partir du Corps de Complète Jouissance, sont manifestés les myriades de « corps d’émanation », ou « tulkou » (Nirmanakaya), des Bouddhas, qui apparaissent sous formes de dieux ou d’humains et sont accessibles même aux êtres ordinaires. Ces deux aspects physiques des Bouddhas sont appelés les « corps formels », qui sont pour le bien d’autrui.
Le corps d’émanation possède trois dimensions : a) le corps d’émanation suprême, comme le Bouddha Shakyamuni, le Bouddha historique, qui a manifesté les douze actes d’un Bouddha tels que la naissance dans un lieu de son choix, etc. ; b) le corps d’émanation artistique qui est utile aux autres en se manifestant sous l’aspect d’artisans, d’artistes, etc. ; et c) le corps d’émanation incarné, selon lequel les Bouddhas apparaissent sous diverses formes parmi lesquelles des êtres humains, des divinités, des rivières, des ponts, des plantes médicinales ou des arbres pour servir les êtres animés. Les réincarnations reconnues des maîtres spirituels qui sont connues au Tibet comme des « tulkou » ressortissent à la troisième catégorie. Parmi ces tulkou, il est possible que beaucoup soient des corps d’émanations incarnés qualifiés, mais cela ne s’applique pas forcément à tous. Parmi les tulkou du Tibet, il peut s’en trouver qui soient des réincarnations de bodhisattvas supérieurs, de bodhisattvas sur les chemins de l’accumulation et de la préparation, ainsi que des maîtres qui, de toute évidence, ne sont pas encore entrés sur ces chemins des bodhisattvas. En conséquence, le titre de tulkou est donné à des lamas réincarnés soit sur la base de leur similitude avec des êtres éveillés soit par leur lien avec certaines des qualités des êtres éveillés.
Comme l’a dit Jamyang Khyentse Wangpo : « La réincarnation est ce qui se passe quand quelqu’un renaît après le décès du prédécesseur ; on parle d’émanation quand les manifestations se déroulent sans le décès de la source ».
 
Reconnaissance des réincarnations

Comprendre qui est qui grâce à l’identification de la vie précédente d’une personne était une pratique déjà attestée du vivant du Bouddha Shakyamuni. On trouve dans les quatre sections « Agama » du Vinaya Pitaka, dans les histoires des Jataka, dans le Sutra du Sage et du Fou, dans le Soutra des Cent karmas, etc., de nombreux récits dans lesquels le Tathagata a exposé le fonctionnement du karma, en racontant d’innombrables histoires sur la manière dont les effets de certains karmas créés dans une vie antérieure sont vécus par une personne dans sa vie présente. De même parmi les récits de la vie des maîtres indiens qui vécurent après le Bouddha, nombreux sont ceux qui révèlent leurs précédents lieux de naissance. Il existe de multiples histoires de ce type, mais le système de reconnaissance et de dénombrement des réincarnations n’est pas apparu en Inde.
 
Le système de la reconnaissance des réincarnations au Tibet

Le phénomène des vies antérieures et futures a été affirmé dans la tradition Bön, indigène au Tibet, avant l’arrivée du bouddhisme. Et, depuis la diffusion du bouddhisme au Tibet, la quasi intégralité des Tibétains croit au principe de l’existence des vies passées et futures. La recherche des réincarnations de nombreux maîtres spirituels qui ont développé le Dharma, ainsi que la coutume de leur adresser des prières ferventes, se sont répandues partout au Tibet. On trouve le récit des réincarnations d’Arya Avalokiteshvara, le Bodhisattva de la Compassion, dans de nombreux textes canoniques, dans des textes tibétains autochtones tels que le Mani Kabum, ou les Enseignements des Kathang en cinq parties, ou encore dans les Livres des disciples kadampa et la Guirlande de Joyaux : Réponses à des requêtes, qui furent énoncés par le maître indien glorieux et incomparable Dipankara Atisha au XIème siècle au Tibet. Cependant, la tradition actuelle de reconnaissance formelle des réincarnations des maîtres n’a commencé qu’au début du XIIIème siècle avec l’identification du Karmapa Pakshi comme la réincarnation du Karmapa Dusum Khyenpa, par les disciples de ce dernier et conformément à ses propres prédictions. Depuis lors, il y a eu dix-sept incarnations du Karmapa sur une durée de plus de neuf cents ans. De la même manière, depuis la reconnaissance de Kunga Sangmo comme la réincarnation de Khandro Choekyi Dronme au XVème siècle, il y a eu plus de dix incarnations de Samding Dorje Phagmo. Donc, parmi les tulkou reconnus au Tibet, il existe des religieux ainsi que des pratiquants laïques tantriques, des hommes aussi bien que des femmes. Le système de la reconnaissance des réincarnations s’est peu à peu étendu au Tibet aux autres traditions bouddhiques, ainsi qu’au Bon. Il existe aujourd’hui des tulkous reconnus dans toutes les traditions bouddhistes tibétaines : Sakya, Geluk, Kagyu et Nyingma, ainsi que chez les Jonang et les Bodong, qui tous servent le Dharma. Il est aussi évident que, parmi ces tulkou, certains sont un déshonneur.
L’omniscient Gedun Drub, qui était un disciple direct de Je Tsongkhapa, a fondé le monastère de Tashi Lhunpo au Tsang et s’est occupé de ses étudiants. Il est mort en 1474 à l’âge de 84 ans. Bien qu’au départ, nul effort n’ait été entrepris pour identifier sa réincarnation, les gens ne purent que la reconnaître dans un enfant appelé Sangye Chophel, qui était né à Tanak, dans le Tsang, en 1476, en raison des souvenirs étonnants et exacts qu’il avait de sa vie précédente. C’est ainsi qu’a débuté la tradition de la recherche et de la reconnaissance des réincarnations successives des Dalaï-lamas par le Gaden Phodrang Labrang et, par la suite, par le gouvernement du Gaden Phodrang.
 
La méthode de reconnaissance des réincarnations

Après que le système de reconnaissance des tulkou a vu le jour, divers procédés de fonctionnement ont commencé à se développer et se diffuser. Parmi les plus importants d’entre eux, on trouve une lettre prophétique du prédécesseur et d’autres instructions et indications de sa part sur ce qui sera susceptible d’avoir lieu ; la fiabilité du récit de la réincarnation lorsqu’elle se remémore et parle de sa vie antérieure ; sa capacité à identifier les objets qui ont appartenu à son prédécesseur et sa reconnaissance de personnes qui étaient proches d’elle dans sa vie antérieure. Il existe par ailleurs d’autres méthodes complémentaires : par exemple, on peut solliciter des divinations auprès de maîtres spirituels authentiques et des prédictions de la part d’oracles de déités de ce monde, qui apparaissent par le truchement de médiums en transe. On peut aussi scruter des visions qui apparaissent à la surface des lacs sacrés associés à des protecteurs, comme le Lhamoi Latso, un lac sacré au sud de Lhasa.
Quand il s’avère que plus d’un candidat peut prétendre à être reconnu comme tulkou, et que la décision est difficile, il est possible de prendre la décision finale en ayant recours à la divination à l’aide des boulettes de tsampa (zen tak), qui s’effectue devant une image sacrée, en faisant appel au pouvoir de la vérité.
 
Emanation avant la mort du prédécesseur (ma-dhey tulkou)

Une réincarnation doit être généralement la renaissance sous forme humaine, après le décès de son prédécesseur. En général, les êtres ordinaires ne peuvent pas se manifester sous forme d’émanation avant leur propre mort (ma-dhey tulkou), mais les bodhisattvas supérieurs, qui peuvent se manifester simultanément sous formes de centaines ou de milliers de corps, peuvent manifester une émanation avant leur mort. Dans le système tibétain de reconnaissance des tulkou, il existe des émanations qui procèdent du même flux de conscience que leur prédécesseur, des émanations qui sont connectées à d’autres à travers le pouvoir du karma et des prières et des émanations qui sont le résultat de bénédictions et de désignation.
Le but principal de l’apparition d’une réincarnation est la poursuite de l’œuvre inachevée de son prédécesseur, pour être bénéfique au Dharma et aux êtres. Dans le cas d’un lama qui est un être ordinaire, en lieu et place d’une réincarnation qui découle du même flux de conscience, quelqu’un d’autre qui a des connections avec ce lama grâce à un karma pur et des prières peut être reconnu comme son émanation. Une autre possibilité est que le lama désigne un successeur. Il peut s’agir de l’un de ses disciples ou bien de quelqu’un de jeune qui est destiné à être reconnu comme son émanation. Puisque cela est possible dans le cas des êtres ordinaires, une émanation avant la mort, c’est-à-dire qui ne procède pas du même flux de conscience, est donc tout à fait envisageable. Dans certains cas, un lama éminent peut avoir plusieurs émanations de manière simultanée, telles que les incarnations du corps, de la parole et de l’esprit, etc. Récemment, plusieurs cas d’émanations avant la mort ont été avérés, tels que Dudjom Jigdral Yeshe Dorje et Chogye Trichen Ngawang Khyenrab.
 
Le recours à l’Urne d’or

À mesure qu’empire cette ère de dégénérescence, et que de plus en plus de réincarnations de lamas éminents sont reconnues, certaines pour des motifs politiques, un nombre croissant de réincarnations ont été reconnues au travers de moyens inappropriés et douteux, ce qui a eu pour conséquence de provoquer d’immenses dégâts pour le Dharma.
Pendant le conflit entre le Tibet et les Gurkhas (1791-93), le gouvernement tibétain a dû faire appel au soutien militaire des Mandchous. Par conséquence, les troupes gurkhas furent expulsées du Tibet mais, à la suite de cela, des fonctionnaires mandchous firent une proposition en vingt-neuf points sous prétexte d’améliorer l’efficacité du fonctionnement du gouvernement tibétain. Parmi ces points, on trouvait la suggestion de faire un tirage au sort dans une Urne d’or pour déterminer la reconnaissance des réincarnations des Dalaï-Lamas, des Panchen-Lamas et des Hutuktus, un titre mongol accordé à d’éminents lamas. Cette procédure a donc été suivie pour la reconnaissance de certaines réincarnations des Dalaï-Lamas, des Panchen-Lamas et d’autres lamas éminents. Le rituel à accomplir fut rédigé par le VIIIème Dalaï-Lama Jampel Gyatso. Mais même après l’introduction d’un tel système, il n’a pas été suivi pour les IXème, XIIIème et lors de ma reconnaissance en tant que XIVème Dalaï-Lama.
En réalité, même en ce qui concerne le Xème Dalaï-Lama, la réincarnation authentique avait déjà été trouvée et, de ce fait, cette procédure n’a pas été suivie. On a simplement annoncé qu’elle avait été observée afin de ménager les Mandchous.
Le système de l’Urne d’or n’a été véritablement utilisé dans les cas des XIème et XIIème Dalaï-Lamas. Mais le XIIème Dalaï-Lama avait déjà été reconnu avant que cette procédure fût employée. Un seul Dalaï-Lama a donc été reconnu par le recours à cette méthode. De la même manière, aucun Panchen-Lama n’a été reconnu à l’aide de cette pratique, à l’exception des VIIIème et IXème Panchen-Lamas. Ce système a été imposé par les Mandchous, mais les Tibétains n’y accordaient pas de foi car il était dénué de qualité spirituelle. Toutefois, s’il devait être utilisé honnêtement, il semble que nous pourrions le considérer comme similaire aux autres procédés de divination où l’on emploie les boulettes de tsampa (zen tak).
En 1880, lors de la reconnaissance du XIIIème Dalaï-Lama comme réincarnation du XIIème, il existait encore des traces de la relation chapelain-protecteur entre le Tibet et les Mandchous. Mais le XIIIème Dalaï-Lama a été reconnu comme une réincarnation incontestable par le VIIIème Panchen-Lama, par les prophéties des oracles de Néchung et de Samyé et par l’observation de visions qui sont apparues sur le lac Lhamoi Latso. Donc, le procédé de l’Urne d’or n’a pas été utilisé. Cela est clairement indiqué dans le testament du XIIIème Dalaï-Lama datant de l’année du Singe d’Eau (1933), dans lequel il déclare :
« Ainsi que vous le savez tous, j’ai été choisi non pas selon la méthode coutumière du tirage au sort dans l’urne d’or, mais ma sélection a été prédite et a fait l’objet de divinations. C’est en fonction de ces divinations et de ces prophéties que j’ai été reconnu comme réincarnation du Dalaï-Lama et que j’ai été intronisé ».
Quand j’ai été reconnu comme la quatorzième incarnation du Dalaï-Lama en 1939, la relation chapelain-protecteur entre le Tibet et la Chine était déjà terminée. C’est pourquoi il ne fut aucunement question de la nécessité de confirmer la réincarnation par le recours à l’Urne d’or. Il est bien connu que le Régent du Tibet de l’époque et l’Assemblée Nationale tibétaine avaient suivi la procédure de la reconnaissance de la réincarnation du Dalaï-Lama en prenant en compte les prédictions de lamas éminents, les oracles et les visions observées dans le lac Lhamoi Latso. Les Chinois n’ont donc été impliqués d’aucune manière. Cependant, certains fonctionnaires du Guomintang concernés par cette affaire se sont ensuite habilement répandus en mensonges dans les journaux, prétendant qu’ils avaient accepté de renoncer au recours à l’Urne d’or et que Wu Chungtsin avait présidé à mon intronisation, etc. Ce mensonge a été dénoncé par Ngabo Ngawang Jigme, vice-président du Comité Permanent du Congrès national du Peuple, que le République populaire de Chine considéré comme une des personne les plus progressistes. Ceci est manifeste à la fin de son discours, lors de la deuxième session du Cinquième Congrès du Peuple de la Région autonome du Tibet (31 juillet 1989). Après avoir donné une explication détaillée des événements et présenté des documents pour en prouver l’exactitude, il a demandé : « Pourquoi le Parti communiste doit-il emboîter le pas au Guomintang et perpétuer ses mensonges ? ».
 
Stratégie fallacieuse et faux espoirs

Dans un passé récent, des dirigeants irresponsables de riches domaines monastiques ont usé de méthodes inappropriées pour reconnaître des réincarnations. Ceci a ébranlé le Dharma, la communauté monastique et notre société. De plus, depuis l’époque mandchoue, lorsqu’elles se sont impliquées dans les affaires tibétaines et mongoles, les autorités politiques chinoises se sont régulièrement engagées dans des méthodes trompeuses utilisant le bouddhisme, les maîtres bouddhistes et les tulkou à des fins politiques. Aujourd’hui, les dirigeants autoritaires de la République populaire de Chine, qui en tant que communistes rejettent la religion, mais prennent part malgré tout aux affaires religieuses, ont imposé une soi-disant « campagne de rééducation » et ont déclaré un soi-disant « Ordre numéro 5 », qui concerne le contrôle et la reconnaissance des réincarnations, ordre qui a été mis en application à partir du 1er septembre 2007. Cela est scandaleux et honteux. La mise en application de diverses méthodes inappropriées de reconnaissance des réincarnations afin d’éradiquer nos traditions culturelles tibétaines qui sont uniques provoque des dégâts qui seront difficiles à réparer.
De plus, ils disent qu’ils attendent ma mort et qu’ils reconnaîtront un XVème Dalaï-Lama de leur choix. Si l’on se base sur leurs lois et règlementations récents ainsi que sur les déclarations qui ont suivi, il est clair qu’ils disposent d’une stratégie précise pour duper les Tibétains, les adeptes du bouddhisme tibétain et la communauté internationale. En conséquence, et comme il est de mon devoir de protéger le Dharma et les êtres et de contrer des projets aussi nuisibles, je fais la déclaration suivante.
 
La prochaine incarnation du Dalaï-Lama

Comme je l’ai mentionné avant, la réincarnation est un phénomène qui doit se dérouler selon le libre choix de la personne concernée ou, au minimum, sur la base de la force de son karma, de ses mérites et de ses prières. Donc la personne qui se réincarne est la seule détentrice de l’autorité légitime concernant l’endroit et la façon dont elle renaîtra et la façon dont sa réincarnation doit être reconnue. Il est évident que personne ne peut forcer la personne concernée, ou la manipuler. Il est particulièrement inapproprié pour les communistes chinois qui, rejettent explicitement le concept même de vies passées et futures sans parler du concept de tulkou réincarnés, de s’immiscer dans le système de la réincarnation et, plus spécifiquement, dans celui de la réincarnation des Dalaï-Lamas et des Panchen-Lamas. Cette ingérence éhontée contredit leur propre idéologie politique et révèle qu’ils font preuve de deux poids, deux mesures. Si cette situation se poursuit dans le futur, il sera impossible pour les Tibétains et pour les adeptes du bouddhisme tibétain d’admettre ou d’accepter cela.
À quatre-vingt-dix ans environ, je consulterai les lamas éminents des traditions du bouddhisme tibétain, le peuple tibétain et d’autres personnes concernées parmi les adeptes du bouddhisme tibétain, et j’évaluerai à nouveau si l’institution du Dalaï-Lama doit se poursuivre ou non. Nous prendrons une décision sur cette base. S’il est décidé que la réincarnation du Dalaï-Lama doit se perpétuer et si la reconnaissance d’un XVème Dalaï-Lama est nécessaire, la responsabilité de cette reconnaissance reposera en tout premier lieu sur les fonctionnaires concernés au sein du Trust du Ganden Phodrang du Dalaï-Lama. Ils devront consulter les différents chefs des traditions du bouddhisme tibétain ainsi que les protecteurs du Dharma fiables et liés par le serment, qui sont associés de façon inséparable avec la lignée des Dalaï-Lamas. Ils devront solliciter les conseils et les orientations de ces personnes concernées et mener à bien les procédures de recherche et de reconnaissance selon les traditions du passé. Je laisserai des instructions écrites claires à ce sujet. Gardez à l’esprit que, à l’exception d’une réincarnation reconnue au moyen de ces méthodes légitimes, aucune reconnaissance ou acceptation ne devra être accordée à un candidat choisi dans un but politique par qui que ce soit, y compris ceux de la République populaire de Chine.
 
Le Dalaï-Lama
 
Dharamsala - 24 septembre 2011 -
(traduit de l’anglais)

INTERROGATIONS À SA SAINTETÉ LE DALAI LAMA

Questions d'un simple pratiquant à un simple moine

Dans le cadre de la déclaration précédente, un des mérites de Sa Sainteté est de préciser d'entrée que cette tradition réincarnationniste est essentiellement tibétaine affirmée et reprise dans et de la Tradition Bön pré-bouddhique, conforme en ceci à une caractéristique du bouddhisme d'intégration des données culturelles des pays, ethnies et groupes sociaux où il s'implante. C'est également dire que l'ensemble des traditions bouddhistes ne la reconnait pas au même niveau d'importance que lui accorde les tibétains.

Que le développement d'une tradition spécifiquement tibétaine de reconnaissance des réincarnations ait été bénéfique pour le Dharma, les êtres vivants et la communauté monastique me semble une évidence incontournable. Que cette tradition ait assuré l'ossature et le ciment de la Société tibétaine notamment depuis l'invasion du territoire par la Chine est une vérité de fait mais également une certitude métaphysique dont je ne suis pas certain qu'elle constitue, à elle seule, un moyen habile propre à éradiquer la Souffrance et ses causes.

En effet, l'ensemble des explications données conforte l'intention de départ – c'est le contraire qui eut été surprenant – en y ajoutant la préoccupation démocratique dont Sa Sainteté avait déjà fait état depuis de nombreuses années avec sa crainte d'une utilisation personnelle et politique non-conforme avec la déontologie bouddhique. Dont acte.

L'essentiel cependant n'est pas là. L'ensemble de sa déclaration ressemble fort à ce que les juristes nomment : Preuves données à soi-même et ne permet pas d'apprécier la vraisemblance ou les conditions de possibilité du processus de réincarnation car, à aucun moment il ne précise par quel processus matériel/spirituel une entité X ou Y passerait d'un corps à l'autre. Il rejette à l'occasion la responsabilité d'une quelconque démonstration sur des physiciens, psychologues ou neuro-psychiatres qui ne le font pas en tirant argument du fait pour justifier le bien fondé de sa conviction.

C'est un tour de passe-passe inacceptable. Ce n'est pas à quiconque de démontrer quoique ce soit en l'occurence mais au Dalai Lama de démontrer scientifiquement, puisqu'il en appelle aux scientifiques, la véracité du processus, mais pas à partir cependant d'une temporalisation de la conscience qu'il affirme au travers des karmas négatifs ou positifs et leurs empreintes qui y resteraient gravés. « …. Que les êtres vivants prennent naissance à la suite de leur vie antérieure et après leur mort.... » est une approche dont la formulation laisse supposer que tel ou tel a déjà vécu sous une forme semblable ou peu différente et renaitra sous cette même forme dans un continuum de conscience ininterrompu.

C'est évidemment le point où l'explication achoppe. Voilà, tout d'un coup, dans un monde où règne l'impermanence qu'apparait un phénomène stable, immuable, éternel chargé de permettre le passage d'un corps à un autre avec en plus un bagage karmique qui franchit allègrement l'espace intermédiaire du Bardo pour aller se déposer dans les gênes d'un nouveau né. De plus, ce bagage nécessite un porteur qui sera la conscience, de même nature que le continuum de conscience qui là encore déroge au principe de permanence en devenant entité stable. C'est une conception brahmanique louable en soi mais contre laquelle cependant le bouddhisme a lutté pendant des siècles en imposant le vocable d'Anatman, c'est à dire l'absence de Soi, d'âme. En outre cette conception s'appuie sur un dualisme absolu puisque seule le corps disparaît... pour la survie de l'âme et ressemble fort à l'Hérésie Sénika.

Et je pose la question. Ne serait-il pas plus simple et conforme aux enseignements d'élargir la notion de Vie et de ne pas l'opposer à la mort mais de complémentariser la mort et la naissance, l'apparaître et le disparaître comme modalités d'être du Réel où tout se modifie en permanence et où naturellement les Tulkou trouveraient leurs places comme d'ailleurs, les Patriarches, les Saints, les Boddisattwas et simples pratiquants ? Dans cette conception, il va de soi que le Corps absolu du Buddha, le Corps de manifestation et le Corps de rétribution s'exprimeraient, chacun à son niveau propre de la loi avec la différence que l'exaltation de l'Ego suscitée par une incarnation espérée meilleure disparaitrait comme neige au soleil, tout comme l'illusion qui la porte et la fait naître.

Dans cette conception les existences apparaissent, se déploient et disparaissent dans un processus éternellement mouvant où seul est perceptible l'instant présent de l'instantanéité du Réel. Ainsi le temps qui s'écoule du passé vers l'avenir sur un mode linéaire - celui de la réincarnation - est concommittant avec un temps que le zen nomme UJI (temps-qu'il-y-a) qui est celui de la Vacuité (KU) et qui, quelque soit ses modalités d'apparition, demeure éternellement ICI et MAINTENANT semblable au Corps Absolu (Dharmakaya) du Bouddha. La Libération se trouve ainsi à la charnière du temps linéaire et du Temps-qui-est-là en tant que condition de possibilité d'existence des 10000 choses, dont l'Homme, libération qu'il convient de réaliser.

Je n'ai aucunement l'intention ni l'envie de faire une fixation sur l'existence ou l'inexistance de la réincarnation mais pour autant je ne veux pas simplement croire ou ne pas croire au prétexte de l'argument d'autorité – en l'occurence Sa Sainteté – et je demande des précisions sur ses modalités dans le respect des autres principes bouddhiques notamment, l'impermanence, le non-dualisme, l'Anatman …. en remarquant, le caractère archaïque au 21ème siècle, du recours à l'Urne d'Or qui m'apparait plutôt comme une démonstration d'incertitude s'en remettant au tirage au sort en dernière analyse. Que ce recours n'ait eu lieu qu'une seule fois n'en obère pas moins le caractère magico-mythique non conforme aux intérêts maintes fois réaffirmés de Sa Sainteté aux avancées des Sciences modernes telles que déjà mentionnées.

Comme mentionné précédemment sur le forum : http://terra-buddha-chan.heberg-forum.fr/forums.html – rubrique : généralités, message du 29 Sept. à 13h12 : conscience après....possible /impossible, le Mahayana offre trois concepts permettant d'appréhender le Réel auquel il me semble pertinent de soumettre le processus de réincarnation.

Quant à moi, faute de prétendre à la réalité ou l'irréalité du maintien de la conscience après la mort, je constate que cette prétention se heurte à des impossibilités philosophiques fondamentales que tout bouddhiste se doit d'intégrer à sa pratique, son raisonnement quelque soit son niveau de la loi.

Faute d'arguments plus convaincants, j'attends et espère, par Internet interposé, que reprennent à l'occasion les joutes orales auxquelles se livraient les érudits bouddhistes des temps anciens avec les Brahmanes et ne peut que réitérer mon admiration sans faille au combat que mêne le Dalai Lama depuis 60 ans pour sauvegarder sa culture qui ne perdrait rien à abandonner des concepts surannés dont l'origine ne lui appartient même pas et qui aurait pour avantage de porter le bouddhisme au niveau qui est le sien, à savoir : le caractère ultime de l'Éveil Authentique et Parfait, accessible à chacun dans le libre exercice de sa Nature Originelle.

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Verrouillé