La simplicité

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jules
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Pour faire écho à ce que tu dis, on pourrait partir du principe que d’une certaine manière, l’ici et maintenant est pure clarté. Dans une optique consistant à faire du Dhamma talk, ce qui cherche à apparaître et à être transmis avec exactitude au travers d’une formulation idéalement parvenue à adhérer à ce qui cherche à être dit, l'ici et maintenant serait cette pure clarté, c’est à dire l’expérience pure de l’instant en tant que tel avec tout ce qu’il peut dévoiler de vérité. C’est par là que l’ici et maintenant, moment d’introspection, peut d'une certaine façon révéler le Dhamma, parce que tous les enseignements y sont contenus.
Donc, ton analyse me semble très juste. :)
Dernière modification par jules le 18 juin 2017, 18:49, modifié 1 fois.
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Face à ce mur noir de la metaphysique, parfois j'aime bien quand même poser des questions à mon entourage (éveillé ou pas) et spéculer. Parfois sortir de son nombril et avoir un avis différent du sien ou de son background peut aider à voir les choses différemment. Et je suis toujours étonné de la sagesse des autres, surtout ceux qui ne se disent pas spirituels. Parfois l'univers, la vie, le maître intérieur (appelé le ou la comme vous le voulez) nous place en face des bonnes personnes, celles qui nous aident à aller au-delà de nos propres vues ! jap_8
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Zopa2 dit :
Car en face, toujours cet épais mur noir de la métaphysique, toujours ces questions insolubles. Alors maintenant, je lâche prise. La vie est courte. Seul le présent compte vraiment, et je souhaite redécouvrir la simplicité de ces instants qui passent.
Et si c'était devant cet énorme mur noir de la métaphysique où l'on s'asseyait pendant Zazen. Il ne faut pas fermer les yeux devant ce mur, mais retourner son regard, dans une attitude sans intérêt pour la recherche des réponses. Juste s'assoir et vivre le moment présent. Moment après moment, dans le silence. Et si ce silence était la réponse pointée par Boudhha, la réponse répondant à toutes les questions ?
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Eric Rommeluère nous raconte :

En 1988, j’étudiais le zen au Japon en compagnie d’autres pratiquants européens. Voyageant de temple en temple, nous arrivâmes enfin au temple d’Eiheiji, au nord de la grande île de Honshû. Ce temple, bâti à flanc de montagne, est l’un des deux monastères sièges de l’école sôtô, la principale école zen au Japon. L’abbé était un moine respecté du nom de Niwa Renpô. À l’époque, il était également le supérieur général de l’école sôtô. Les moines nous avaient prévenus que l’abbé, qui était âgé de plus de quatre-vingts ans, venait de subir une lourde opération chirurgicale et qu’il ne pouvait se joindre aux activités du temple. Il se reposait dans ses appartements tout en haut de la montagne. Après quelques jours, nous fûmes autorisés à venir brièvement le saluer car nous le connaissions, nous l’avions rencontré quelques années auparavant en France. Une consigne nous fut cependant donnée : En sa présence, nous ne devions même pas nous incliner car le protocole supposerait qu’il en fasse autant et il était bien trop faible pour cela. Le lendemain, par des corridors de bois serpentant dans la montagne, nous rejoignîmes un salon attenant à ses appartements privés. Soutenu par ses assistants, Niwa Renpô entra dans la pièce. Il leur parla d’une voix à peine audible et l’on sentit comme un flottement. Il voulait se prosterner devant nous et demandait que l’on étende son tapis de prosternation. Dans les traditions bouddhistes, se prosterner signifie se jeter de tout son long sur le sol dans un geste d’abandon, ordinairement devant l’image d’un bouddha. Mais la parole du maître ne se discute pas et l’un des moines étendit le tapis. Deux personnes furent nécessaires pour l’aider à se baisser jusqu’à ce que son front puisse toucher terre. Le relever fut terriblement laborieux. Dans le zen, les prosternations vont toujours par trois et deux fois encore, il fallut l’aider. À la fin, il repartit lentement, précautionneusement, aux bras des moines, vieillard frêle, et sans avoir rien dit. Tout ce temps, nous étions restés debout, muets et immobiles. Ce fut un immense choc. Il était impensable qu’un homme malade et âgé puisse se prosterner de la sorte, encore plus s’il était le chef suprême de l’école zen et nous des étrangers qui n’étaient rien, tout au plus des pèlerins de passage. Mais l’abbé avait puisé dans la vaillance et la tendresse et toutes les attentes, toutes les convenances s’étaient brisées d’un coup. Un homme avait su nous introduire à l’inconcevable.
http://zen.viabloga.com/news/niwa-renpo

"Se prosterner est une pratique très sérieuse. Vous devriez être prêt à vous prosterner même à votre dernier moment. Même s'il est impossible de nous débarrasser de nos désirs égocentriques, nous devons le faire. Notre vraie nature veut que nous le fassions."
Esprit zen esprit neuf, Shunryu Suzuki
jap_8
ted

chercheur a écrit :
19 juin 2017, 08:27
Mais l’abbé avait puisé dans la vaillance et la tendresse et toutes les attentes, toutes les convenances s’étaient brisées d’un coup. Un homme avait su nous introduire à l’inconcevable.
http://zen.viabloga.com/news/niwa-renpo
On comprend pourquoi il était respecté.
  • L’abbé était un moine respecté du nom de Niwa Renpô.




chercheur a écrit :
19 juin 2017, 08:27
"Se prosterner est une pratique très sérieuse. Vous devriez être prêt à vous prosterner même à votre dernier moment. Même s'il est impossible de nous débarrasser de nos désirs égocentriques, nous devons le faire. Notre vraie nature veut que nous le fassions."
Esprit zen esprit neuf, Shunryu Suzuki
jap_8
Des gens développent une allergie à tout ce qui leur rappelle les signes extérieurs d'une religion. C'est dommage.

En même temps, se prosterner devant "la nature de Bouddha qui est en tous" (parce qu'il s'agit bien de ça symboliquement : abandonner son égo et s'abandonner à l'esprit d'éveil ) n'a de sens que dans le cadre d'un conditionnement préalable de l'individu où la prosternation indique le plus haut degré de respect. Or, ce type de conditionnement a généralement été introduit par des religions ou des systèmes autocratiques. Du coup, c'est un symbole qui est "grillé" si je puis dire.

C'est comme la croix gammée qui est une svastika bouddhiste détournée (pour des raisons occultes). Du coup, en occident, les nazis ont "grillé" ce magnifique symbole de vie.

Face à certaines personnes, allergiques aux religions, il sera aussi difficile de réhabiliter la prosternation que de réhabiliter la svastika en occident. :-(
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Face à certaines personnes, allergiques aux religions, il sera aussi difficile de réhabiliter la prosternation que de réhabiliter la svastika en occident. :-(
Oui c'est vraiment dommage. Comme je l'ai dit dans un autre fil, dans certains groupes de pratique de zazen, cette prosternation est abandonnée.

Après, il faut voir aussi que la prosternation est aussi une forme, qui aide beaucoup certes, mais on doit en saisir le fond avant tout : rendre hommage, respecter, remercier, s'abandonner complètement à quelque chose de plus vaste que nous, s'oublier. Suzuki disait qu'il n'y a pas de différence entre la prosternation et zazen.
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jules
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chercheur : Suzuki disait qu'il n'y a pas de différence entre la prosternation et zazen.
C’est peut-être bien dans les deux cas, comme être agi par ces pratiques, afin qu’elles diffusent spontanément la sagesse qui leur est inhérente.

"Pour Dôgen, d’un autre côté, le but du zazen consiste juste à s’asseoir correctement en kekkafuza (posture du lotus). Il n’y a strictement rien d’autre à ajouter. C’est le kekkafuza plus rien. Kôdô Sawaki rôshi, le grand maître zen au Japon du début du XXe siècle disait : "Asseyez vous juste en zazen, et c’est tout."

http://www.zen-occidental.net/textesmed ... jita2.html
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