Paraboles Zen

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Compagnon

Tirée de http://www.ic.sunysb.edu/Clubs/buddhism/story/
Buddhism study and practice group, Stony Brook University

Prajna

From "Entering the Tao of Sudden Enlightenment" by Ch'an Master Ta-Chu Hui-Hai
A monk once asked: "Is Prajna great?"
The Master answered: "Yes, it is."
The monk asked: "How great?"
The Master answered: "Boundless."
The monk asked: "Is Prajna small?"
The Master answered: "Yes, it is."
The monk asked: "How small?"
The Master answered: "So small you can't see it."
The monk asked: "Then where is it?"
The Master answered: "Where is it not?"


Prajna*

Tiré de l'« Introduction au Tao de l'Illumination soudaine » par le Maître Ta-Chu Hui-Hai.**

Un moine demanda une fois : «Est-ce que Prajna est grande ?"
- «Oui, elle l'est."
- «Grande comment ?"
- "Sans limites."
- «Est-ce que Prajna est petite ?"
-«Oui, elle l'est."
- «Petite à quel point ?"
- «Si petite que vous ne pouvez pas la voir."
- «Alors où est-elle ?"
- «Où n'est-elle pas ?"


* Terme qui désigne dans le bouddhisme l'intuition capable de percevoir le phénomène de coproduction conditionnée, ainsi que l’absence de soi propre (pali: anatta) et le vide (sanskrit: shunyata) de toute chose. C’est une perception aiguë qui permet d’atteindre l'illumination,

**D'après Oxford index :

A T'ang dynasty Chinese Ch'an monk. Very little is known of him, including the dates of his life, other than that he was a disciple of the famous monk Ma-tsu Tao-i (709–88), and that he wrote the influential treatise Essential Gate for Entry Into Sudden Enlightenment (Chin., Tun-wu ju dao yao-men), which is still extant.

Note personnelle : la "chute" m'a fait bien rire :)
Compagnon

Petite parabole Zen de même source que ci-dessus. Je ne poste que la traduction en français :

Un tas de merde sèche :

Un jour, un célèbre fonctionnaire d'état rencontra un vieux maître très respecté. Habité par la vanité, le fonctionnaire voulut démontrer sa supériorité.

Comme leur conversation s'éternisait, il demanda au maître :

"Vieux moine, savez-vous ce que je pense de vous et de ce que vous dites ?"

Le maître répondit :

"Je ne me soucis aucunement de ce que vous pensez de moi. Vous avez le droit d'avoir vos propres opinions."


Le haut fonctionnaire grogna :

"Bien, je vous dirais quand même ce que je pense. A mes yeux, vous n'êtes qu'un tas de merde séchée !"

Le maître se contenta de sourire et garda le silence.

Voyant que son insulte était tombée dans l'oreille d'un sourd, il demanda, curieux :

"Et que pensez-vous de moi ?"

Le maître répondit :

"A mes yeux vous êtes tel le Bouddha".

A cette réponse, le fonctionnaire s'en repartit heureux et fanfaronna sur cet incident auprès de son épouse.
Celle-ci lui répondit :

"Tu n'es qu'un fou vaniteux ! Quand une personne à le cœur tel un tas de merde séchée, il voit tout le monde sous cette lumière. Le vieux maître à un cœur semblable à celui du Bouddha, c'est pourquoi à ses yeux, tout le monde, même toi, est semblable au Bouddha !"

jap_8
Compagnon

Qu'apporta Bodhidharma quand il vint de l'Ouest ?

Un moine demanda à sont Maître :

« Qu'apporta Bodhidharma quand il vint de l'Ouest ? »

Le Maître répondit :

« Il n'apporta rien du tout »

Le moine insista :

« Bodhidharma n'a t-il pas apporté de l'Ouest le Dharma du Bouddha, les enseignements du Bouddha ? »

Le Maître répondit :

« Non, pas vraiment, le Dharma du Bouddha a toujours été en Chine. »

Le moine était perplexe :

« Alors c'est curieux… Si le Dharma du Bouddha a toujours été ici, pourquoi Bodhidharma a t-il pris la peine de venir en Chine ? »

Le Maître répondit :

« Parce que le Dharma du Bouddha était déjà là, c'est la raison pour laquelle Bodhidharma à quitté l'Inde pour venir ici ».



Je la trouve drôle :)

Quel sens lui donnez vous ? D'après vous qu'est ce que le Maître essai de faire comprendre au moine ?
J'ai quelques vagues idées sur le sujet mais vous en avez peut être de plus pertinentes.

PS : je devais être un peu prédestiné à apprécier l'humour et la sagesse des paraboles zen, car je me souviens qu'en classe de terminale, ou je n'étais guère doué en philosophie, en tout cas en philosophie occidentale, mon professeur a un jour eu ce commentaire sur une de mes copies : "A force de cultiver le paradoxe vous tombez dans l'absurde". Un signe avant coureur ? ;)

jap_8
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jules
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Bodhidharma n'apporta rien en Chine, cela signifie à mon avis que le maître n'apporte rien à son disciple, mais qu'il se contente de l'aider à dévoiler sa véritable nature qui est le trésor qui a toujours été en sa possession.
Compagnon

jules a écrit :Bodhidharma n'apporta rien en Chine, cela signifie à mon avis que le maître n'apporte rien à son disciple, mais qu'il se contente de l'aider à dévoiler sa véritable nature qui est le trésor qui a toujours été en sa possession.
Interprétation intéressante. Pourquoi pas. :)

jap_8
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jules
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Compagnon : J'ai quelques vagues idées sur le sujet mais vous en avez peut être de plus pertinentes.
Quelles sont ces idées ?

PS : Il y'a peut-être une interprétation plus érudite que celle que j'ai faite. En effet il n'ai pas rare de trouver dans les koan des références relatives aux textes ou à d'autres koan historiques.
Compagnon

Hummm grossièrement je dirais quelque chose comme le fait que, les 4 Nobles Vérités étant valables partout, observables partout, compréhensibles partout, Boddhidharma n'a rien apporter de nouveau ou de plus en Chine que ce qui était déjà là.

Le Bouddha propose ce qui est présenté comme une vue juste de la réalité de cette vie, hors la réalité de cette vie n'est en rien différente en Chine ou en Inde, ni l'Inde ni la Chine ne sont séparées, dans des mondes différents.

Le Dharma du Bouddha est donc présent partout, c'est simplement qu'en certains endroits il est perçu et compris et en d'autres non selon le moment dans le temps ou l'on se situe. Donc Bodhidharma se contente de faire prendre conscience en Chine de quelque chose qui a toujours été là mais que l'on ne voyait pas.

Donc Bodhidharma n'a rien "apporter" fondamentalement, il n'a rien "inventé" ou créé venant de nulle part.

Est ce que, si on va au bord d'une fleuve, qu'on prend une louche d'eau, qu'on fait quelques kilomètres et que l'on reverse l'eau dans le fleuve on "apporte" de l'eau au fleuve ?

C'est un peut la même erreur de compréhension quand on dit que l'homme fait des inventions. Les gens comprennent que l'homme créé quelque chose à partir de rien. Hors une invention c'est une découverte et non une création ex nihilo. Quand l'homme "invente" la machine a vapeur il se contente de réunir des éléments (métaux, charbon, eau, vapeur) dans une certaine combinaison qui produit de l'énergie. Hors potentiellement cette combinaison est là depuis la "naissance" de cette univers. L'homme ce contente de découvrir une combinaison parmi toutes celles qui sont potentiellement là depuis le "début".
Même chose pour l'énergie atomique par exemple.
L'homme se contente de repousser les limites de son ignorance dans le domaine du fonctionnement de l'univers qui est autour de lui et de la façon d'exploiter, utiliser, cet univers à son profit. Tu comprends ?
Tout est déjà là, c'est simplement que nous ne savons pas encore comment tout fonctionne et comment tout exploiter.
L'homme dé couvre : il hôte la couverture. Mais il ne fait que retirer une couverture qui lui cachait quelque chose qui a toujours été là.
Dernière modification par Compagnon le 19 novembre 2016, 17:00, modifié 1 fois.
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jules
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Oui, je comprends très bien, je pense que nous disons à peu de choses près la même chose.
Compagnon

jules a écrit :Oui, je comprends très bien, je pense que nous disons à peu de choses près la même chose.
Tout à fait possible à des échelles différentes c'est tout :) L'un dans le cadre Maître/Élève l'autre dans le cadre géographique Inde/Chine.

Et on retombe sur le cosmos qui est dans la fleur :)

L'univers en réduction dans la relation Maître/disciple.
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davi
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Cela va à l'encontre de la pensée de Nagarjuna quand il dit « quand ceci est, cela est ».
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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