Robi a écrit:
Je me suis toujours demandé pourquoi les altercations sur un forum sont si douloureuses (j'ai eu ma part) alors que nous ne sommes que des pseudo sans corps avec de pauvres mots. Faut-il que l'ego soit si puissant pour qu'il se sente blessé dans un univers si virtuel
Prenant la question au sérieux (même si tu as déjà tes propres réponses comme tu me l'a expliqué et donc que la question était davantage rhétorique qu'autre chose) je propose (une nouvelle fois) une réponse sérieuse et respectueuse (dans le sens ou je fais attention a ce que tu as écris, j'en tiens compte, et je cherche a essayer d'y apporter une réponse possible puisque il est aussi mentionné une "douleur".
Tout comme le bouddhisme avance que l'ego en tant que "moi" indépendant et immuable est une illusion, que la perception qu'a notre esprit de lui même est erronée puisque nous nous pensons doté d'une ego d'un "moi", indépendant et immuable, cette illusion est en effet si forte, renforcée par des perceptions sensorielles au mieux incomplètes au pire erronées par nature, que nous avons l'impression qu'il y a bel et bien quelque chose de blessé en nous quand certains mots sont écrits sur un forum par exemple, ou prononcés dans des conversations.
Nous somme tellement certains qu'il y a quelque chose en nous qui est sensible,tangible, qui ressent une offense, qui se révolte contre cette agression, un "moi", susceptible, soucieux de son "honneur" ou de sa "dignité", de son "amour propre", de son "intégrité", nous sommes tellement convaincus qu'il y a quelque chose à défendre en nous, quelque chose d'unique et distinct de l'autre, une sorte de forteresse médiévale au milieu d'un fief jouxtant d'autres fiefs avec d'autre forteresses tenues par d'autres "Seigneur" "moi", nous sommes tellement convaincus que le monde est ainsi, que chacun doit chercher à défendre son "fief", son "moi", que l'affrontement est inévitable. Sitôt qu'une parole prononcée ou écrite nous donne l'impression de menacer ce fief, comme l'attaque de l'armée d'un seigneur voisin avec ses fantassins, ses archers et ses machines de siège, qu'aussitôt nous montons au créneau, littéralement, et nous commençons nous aussi a déverser de l'huile bouillante sur l'assaillant. Et alors les coups pleuvent, des mots, écrits ou prononcés, chacun se sent dans l'obligation de défendre son "moi".
A la lecture de quelques textes de maîtres tibétains j'en suis venu à développer une sorte de petite technique a laquelle j'ai pensé quand tu as posé cette question. Je n'y pense que maintenant. Elle a été déjà mentionnée quelque part je ne sais plus dans quel fil. Elle peut être utile , efficace, pour certains, c'est pourquoi je la rappelle brièvement.
Quand quelqu'un nous a dit ou a écrit quelque chose qui déclenche en nous une émotion forte et négative : colère, agacement, mépris, besoin terrible de répliqué, sensation d'avoir été agressé, qu'on a cherché à nous faire du mal, qu'il y a quelque chose en nous qui réclame vengeance, riposte.
Avant de faire ou dire quoi que ce soit on peut commencer par reconnaître cette émotion qui nous saisis, nous assaille. Puis essayer de la qualifier, mettons que nous ayons reconnu de la colère.
On peut alors s'adresser à cette colère comme si elle était dans la pièce avec nous, comme si c'était quelque chose en face de nous qui nous menace. Et on la questionne :
- Colère : as tu une couleur ?
- Colère : as tu une forme, un contour ?
- Colère : as tu une substance, une densité, une épaisseur ?
- Colère : as tu une odeur ?
- Colère : fais tu un bruit ?
- Colère : as tu un gout ?
- Colère : viens tu d'un endroit précis de mon corps ? La tête ? le coeur ? Le ventre ?
- Colère : vas tu durer ?
Et la réponse objectivement sera a chaque fois : non.
Et alors nous prenons conscience que cette colère n'a d'effet sur nous que dans la mesure ou nous lui en donnons. si nous la reconnaissons pour ce qu'elle est : un fantôme sans force, alors nous pouvons la dissiper. Ou plutôt la voir pour ce qu'elle est vraiment : quelque chose dénué d'existence, donc n'ayant aucun moyen de nous nuire.
