Commentaires sur le satipatthana sutta

ted

Je rapelle que le texte Pali en question est le suivant :
‘Ekāyano ayaṃ, bhikkhave, maggo sattānaṃ visuddhiyā, sokaparidevānaṃ samatikkamāya, dukkhadomanassānaṃ atthaṅgamāya, ñāyassa adhigamāya, nibbānassa sacchikiriyāya yadidaṃ cattāro satipaṭṭhānā’ ti. Iti yaṃ taṃ vuttaṃ, idametaṃ paṭicca vuttaṃ ti.
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Upekkhā
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Voici les vidéos disponibles (sur 4):

1-4: http://uploaded.net/file/g0zsgq7i
2-4: http://uploaded.net/file/xrr1ctot
3-4: http://uploaded.net/file/uzlo60kb
4-4: http://uploaded.net/file/cyz1o6ho

Je mettrais les autres vidéos sur ce post au fur et à mesure.
Dernière modification par Upekkhā le 05 avril 2016, 23:42, modifié 3 fois.
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yudo
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ted a écrit :Je rapelle que le texte Pali en question est le suivant :
‘Ekāyano ayaṃ, bhikkhave, maggo sattānaṃ visuddhiyā, sokaparidevānaṃ samatikkamāya, dukkhadomanassānaṃ atthaṅgamāya, ñāyassa adhigamāya, nibbānassa sacchikiriyāya yadidaṃ cattāro satipaṭṭhānā’ ti. Iti yaṃ taṃ vuttaṃ, idametaṃ paṭicca vuttaṃ ti.
Tu le lis couramment?

Traduttore, traditore, dit-on toujours en italien. Un auteur faisait remarquer à propos de la langue la chose suivante.

Il fait observer que si l'on lit (pour qui lit l'italien) le début du sonnet le plus célèbre de la littérature italienne:
Tanto gentile e tanto onesta pare (Si gentille et si honnête semble)
La donna mia, quand'ella altrui saluta... (Ma dame quand autrui elle salue)
dans l'esprit contemporain, alors qu'il a été écrit vers 1290, on va en déduire que Dante accuse Béatrice de n'offrir que l'apparence de la gentillesse et de l'honnêteté. Sauf que gentile, onesta, et pare ont encore à l'époque leur signification latine: gentilis = noble; honestus = digne d'honneur et de respect; parere = se présenter, se manifester.
Le résultat, c'est qu'une paraphrase moderne dirait, "ma dame, lorsqu'elle salue les autres, manifeste énormément de noblesse et de dignité".

Jeune, j'avais été choqué de lire qu'au XVI° siècle, lors des famines, les pauvres en étaient réduits à manger des herbes et des racines. Sauf qu'à l'époque, les herbes qualifiaient toutes les verdures comestibles, les salades, la roquette, le pourpier, et autres, et les racines, tous les légumes radiculaires comme le fenouil, les carottes, les navets, les betteraves etc.

Autrement dit, il est très facile pour un traducteur de s'égarer, et d'utiliser une expression qui, en définitive n'est pas appropriée, mais encore plus lorsqu'on retraduit une traduction, surtout s'il y a un long délai entre les deux versions. Je trouve ce genre de choses en permanence, chaque fois que je tombe sur une traduction, en particulier de romans, où je me creuse le crâne pour comprendre ce que dit le texte, et finit par comprendre que le traducteur a mis une sottise parce qu'il n'a pas (ou mal) compris ce qu'il lisait.

Juste un exemple pour finir dans le Satipatthana Sutta. Le texte parle de "Breathing in long, he discerns, 'I am breathing in long'; or breathing out long, he discerns, 'I am breathing out long.' Or breathing in short, he discerns, 'I am breathing in short'; or breathing out short, he discerns, 'I am breathing out short.' " (version de Thanissaro Bhikkhu). "En prenant une inspiration longue, il observe 'Je prends une inspiration longue'; ou en prenant une expiration longue, il observe, 'Je prends une expiration longue'. Ou en prenant une inspiration courte, il observe, 'Je prends une inspiration courte'; ou en prenant une expiration courte, il observe, 'Je prends une expiration courte'.
Pour rendre "discern", j'aurais pu utiliser le verbe "discerner." Pourquoi utiliser le verbe "observer"? D'une part parce qu'en français on n'utiliser guère discerner comme verbe, même si l'on parle de discernement (mais j'observe ici que le discernement comporte sa part de jugement!). J'utilise aussi "observer" parce que, dans mon expérience, l'observation se fait sans jugement, sans intervention. C'est un constat, point. Nombreux sont ceux qui sautent sur ce texte pour en déduire que la pratique consiste à contrôler sa respiration. Ce n'est pas l'enseignement que j'ai reçu, certes, mais en plus, j'observe qu'en pratiquant comme on me l'a appris, cette observation se fait tout naturellement. Donc..;
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
Dumè Antoni

Yudo a écrit :Pour rendre "discern", j'aurais pu utiliser le verbe "discerner." Pourquoi utiliser le verbe "observer"? D'une part parce qu'en français on n'utiliser guère discerner comme verbe, même si l'on parle de discernement (mais j'observe ici que le discernement comporte sa part de jugement!).
Juste pour "appuyer" ta remarque, qui est correcte, Jean-Luc Achard, sans aucun doute le plus grand spécialiste français actuel du Dzogchen (n'en déplaise à notre ami Serge que je salue au passage ;-) ), qui parle couramment le Tibétain, est un maître et traducteur reconnu (y compris par les Dzogchenpa tibétains), traduit par "Discernement" le terme "Rigpa". Ce qui renvoie directement à Prajna (qui est le mode de reconnaissance de l'Etat Naturel = Nature de Bouddha). Autrement dit, l'Eveil (pas nécessairement libérateur) est le Discernement de l'Etat Naturel. Ce discernement n'est toutefois pas à assimiler (contrairement à ce qu'on peut supposer en français, parce que notre langue est dualiste) à une vision "dualiste" (j'ai déjà évoqué ce sujet sur nangpa avec le verbe "voir", traduction du chinois par "kan" (dualiste) ou "chien" (sapiential : de Sapience = Prajna)).
ted

yudo a écrit :Tu le lis couramment?
Yudo, je lis le Pali depuis tout petit... :mrgreen: Non, j'y comprends rien... Je connais juste quelques mots... :oops:

Est-ce que tu pourrais expliquer cette formule, stp ? : :oops:
  • "Il demeure pratiquant la contemplation des sensations sur les sensations"
    "Il demeure pratiquant la contemplation des objets mentaux sur les objets mentaux
    "
C'est quoi, les sensations sur les sensations ?
Pourquoi on ne dit pas seulement : "Il demeure pratiquant la contemplation des sensations" ?
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yudo
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Je pense qu'il veut juste dire d'observer les trucs en tant que tels et non en les analysant, les disséquant, les développant, les exposant (ce qui est ce que nous sommes toujours tentés de faire).
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
Florent

Upekkhā a écrit :Voici les vidéos disponibles (sur 4):

1-4: http://uploaded.net/file/g0zsgq7i
2-4: http://uploaded.net/file/xrr1ctot
3-4:
4-4:

Je mettrais les autres vidéos sur ce post au fur et à mesure.
Merci upekkha, je télécharge.
Comme je le disais sur le fil "lire les sutras est une pratique en soi" ( mais aussi en soi même ) il est toujours intéressant d'avoir des commentaires sur un sutra et d'en faire une analyse poussé, tant au niveau des problèmes de traductions, mais aussi du sens véritable du sutra.
Un Sutra doit être bien compris, il faut le réfléchir, le méditer...
Dumè Antoni

J'ai eu un "échec du serveur - Erreur réseau" pour le 1er téléchargement. :neutral: J'essaye à nouveau.
ted

L'attention est la Seule Voie, parce que c'est un point de passage obligé.
Même s'il y a 84000 voies pour aller au sommet, si on doit franchir une petite corniche avant d'arriver en haut, tout le monde passera par la petite corniche, même ceux qui sont montés en zigzagant, ou en flanant.

Je le comprends comme ça... :oops:
Florent

ted a écrit :L'attention est la Seule Voie, parce que c'est un point de passage obligé.
Même s'il y a 84000 voies pour aller au sommet, si on doit franchir une petite corniche avant d'arriver en haut, tout le monde passera par la petite corniche, même ceux qui sont montés en zigzagant, ou en flanant.

Je le comprends comme ça... :oops:
Non ce n'est pas ça, si il y a 84000 chemins pour arriver jusqu'au sommet, ça veut dire que tous n'emprunteront pas le chemin ou il y a la petite corniche.
Il y aura des chemins ardus et d'autres faciles.
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