Je comprends ce que tu veux dire, toutefois, il me semble que l'aveugle conscient de sa cécité n'est pas si ignorant que ça de l'existence de la lumière. De même, celui qui montre du doigt la lune, n'est pas si ignorant de la clarté de la lune s'il sait que le moyen par lequel il la montre n'est pas la lune elle même.
(Le problème de l'existence réside dans le fait de la montrer. Au delà de la transmission, ce problème se résout de lui-même.)
Pourquoi ?
Je trouve ton exposé un peu trop compliqué pour moi.
Il n'y a pas d'aveugles ; seulement des ignorants plongés dans l'obscurité du samsara. Ces êtres égarés (car ils le sont réellement) peuvent bien savoir qu'il existe une lumière mais peuvent aussi finir par en douter et se satisfaire de leur ignorance jusqu'à ce qu'ils soient réellement devenus aveugles, car à quoi leur serviraient des yeux s'ils refusent de s'en servir ? Et quand bien même ils n'en douteraient pas, ils ne peuvent indéfiniment se contenter de leurs vies d'ignorants. Il leur faut impérativement trouver cette lumière, la voir de leurs yeux, non seulement parce qu'ils ne douteront plus (s'ils doutaient) mais aussi parce que, désormais, ils ne sont plus égarés : il leur suffit de continuer tout droit (avant cela, leurs chemins étaient tortueux et semés d'embûches) pour être totalement libérés du samsara. Il n'y a pas d'autre sens à leur (la) vie.il me semble que l'aveugle conscient de sa cécité n'est pas si ignorant que ça de l'existence de la lumière.
Celui qui montre la lune ne peut pas être le moins du monde ignorant de la clarté de la lune (si bien entendu il n'est pas un imposteur). On ne peut montrer que ce qu'on voit. Si l'on se contente de montrer une direction, alors même qu'on ne sait pas vraiment où elle mène, alors même qu'on n'a pas vu la clarté de la lune, alors on est pareil à un aveugle guidant d'autres aveugles. Je sais qu'il en existe et peut-être bien plus qu'on ne l'imagine, mais ce n'est pas une raison pour jeter le bébé avec l'eau du bain. J'ai le sentiment que tu ne crois pas cela possible ; il me semble que, pour toi, personne ne voit la lune, parce qu'elle est, selon toi inaccessible. Si tu penses cela, laisse-moi te dire que tu trompes.De même, celui qui montre du doigt la lune, n'est pas si ignorant de la clarté de la lune s'il sait que le moyen par lequel il la montre n'est pas la lune elle même.
Je ne comprends pas ce que tu veux dire. Il n'y a pas de problème pour montrer la lune quand la lune est vue et qu'on connaît donc le bon chemin. Le problème, c'est ceux qui s'arrêtent en chemin (quelle qu'en soit la raison, et en particulier quand le doigt est pris pour la lune).(Le problème de l'existence réside dans le fait de la montrer. Au delà de la transmission, ce problème se résout de lui-même.)
Non, je pense que nous la voyons tous, mais que les détours que nous empruntons pour la montrer ne sont toujours que des gros doigts maladroits. C’est comme si le poisson cherchait à montrer la mer en somme.Dumè : il me semble que, pour toi, personne ne voit la lune, parce qu'elle est, selon toi inaccessible.
Pour le poisson il suffit de s’ébattre inconsciemment dans la mer pour réaliser sa nature de Bouddha, sa nature de poisson. Mais lorsqu’il essaie de comprendre ce que veut dire ; être un poisson s’ébattant inconsciemment dans la mer, alors c’est là que tout se complique.
La fleur pour moi ne peut être considérée comme un enseignement suprême que dans la mesure où on n'y voit aucun enseignement.
Par là, faire tourner la fleur entre ses doigts, c'est être comme le poisson qui s'ébat inconsciemment dans la mer, au delà de toute tentative de la montrer. Et le sourire spontané de Kashyapa de se traduire : "Oh que cette fleur est jolie !".
Là où nos points de vue divergent tout à fait, c'est quand tu dis que :"je pense que nous la voyons tous, mais que les détours que nous empruntons pour la montrer ne sont toujours que des gros doigts maladroits."
Je pense, au contraire de toi, que nous ne voyons pas tous la nature de Bouddha (ou la lune ou quel que soit le nom qu'on lui donne), loin, très loin s'en faut. Bien au contraire, cette lune doit être montrée par quelqu'un qui la voit vraiment, et ce n'est malheureusement pas le cas de la majorité. Là encore, loin s'en faut. Les "doigts maladroits" ne sont en réalité que l'incapacité réelle de voir la lune. Et nous si nous sommes incapables, c'est parce qu'il existe un chemin que nous devons prendre pour y parvenir. Contrairement à ce que tu sembles avancer, il existe bien un chemin. Ce chemin est long et difficile, mais il convient de le parcourir. Et cela même si ce qui nous en éloigne n'est pas plus épais qu'un cheveu. Parfois, un brin d'herbe cache un véritable empire merveilleux. Mais ce brin d'herbe est cependant suffisant pour nous pourrir des kalpas et des kalpas d'existences.
Je pense, au contraire de toi, que nous ne voyons pas tous la nature de Bouddha (ou la lune ou quel que soit le nom qu'on lui donne), loin, très loin s'en faut. Bien au contraire, cette lune doit être montrée par quelqu'un qui la voit vraiment, et ce n'est malheureusement pas le cas de la majorité. Là encore, loin s'en faut. Les "doigts maladroits" ne sont en réalité que l'incapacité réelle de voir la lune. Et nous si nous sommes incapables, c'est parce qu'il existe un chemin que nous devons prendre pour y parvenir. Contrairement à ce que tu sembles avancer, il existe bien un chemin. Ce chemin est long et difficile, mais il convient de le parcourir. Et cela même si ce qui nous en éloigne n'est pas plus épais qu'un cheveu. Parfois, un brin d'herbe cache un véritable empire merveilleux. Mais ce brin d'herbe est cependant suffisant pour nous pourrir des kalpas et des kalpas d'existences.
Non, je suis certain qu’il existe un chemin à parcourir. Dogen ne disait-il pas qu’enseignement, pratique et satori sont un ? Dès lors, comment ne serions-nous pas sur ce chemin.Dumè : Contrairement à ce que tu sembles avancer, il existe bien un chemin. Ce chemin est long et difficile, mais il convient de le parcourir. Et cela même si ce qui nous en éloigne n'est pas plus épais qu'un cheveu. Parfois, un brin d'herbe cache un véritable empire merveilleux. Mais ce brin d'herbe est cependant suffisant pour nous pourrir des kalpas et des kalpas d’existences.
Je suis d'accord avec ton histoire de brin d'herbe.
C'est comme lorsque Dogen dit qu'à un moment donné, les montagnes n'étaient plus pour lui des montagnes.
Oui, je sais que c'est sur cela que nous achoppons. Mais laisse moi te dire encore pourquoi je dis cela.Dumè : Là où nos points de vue divergent tout à fait, c'est quand tu dis que :"je pense que nous la voyons tous, mais que les détours que nous empruntons pour la montrer ne sont toujours que des gros doigts maladroits. »
Nos points de vue divergent mais le visible apparaît communément au travers de ces derniers. Reconnaître en l’autre sa faculté de voir, cela revient à dire que cette faculté, peu importe ce que nous voyons, est relative à notre nature commune de voyants à qui est donné de voir ceci ou cela. Je conçois donc notre désaccord comme une tentative de partage de nos vues dans la reconnaissance de notre faculté commune de voir et de décrire ce que nous voyons. Ce que je peux apprécier dans notre échange, c’est bien le partage de nos vues par lequel je peux réaliser notre commune nature de voyants, qui cependant quant à elle ne peut jamais être complètement saisie par le vu. La faculté en soi de voir dirais-je, est incolore, inodore, invisible, c'est KU ; notre véritable nature que toi et moi ainsi que tous les êtres, nous partageons.