

Mais par contre, s'il y avait eu un incendie chez nous, je connaissais le chemin pour sauver mon frère.
Les mutilés, les fracassés de la vie ne retournent pas sur le champs de bataille pour refaire la guerre, a moins qu'on les y oblige. Ils ont compris pas la peine de rejouer le film.
Bien que je saches me défendre, et que j'oublie ma peur quand il s'agit de protéger un autre, les rapports de force, c'est pas mon truc.La recherche de sensations fortes et démonstration d'exploits c'est pas mon truc non plus. Vivre sa vie est déjà parfois un exploit en soi, quand on sait que d'autres lâchent avant et se suicident sur le parcours. Je ne crains pas pour autant d'affronter les déserts, et les forêts de feu inextricables, s'il le faut. La peur existe, il faut la reconnaître, mais aussi passer au-delà.
Parfois, dans la forêt, il y a les rochers escarpés, il y a les précipices, mon pieds, moins jeune et moins sûr, les grands et vieux arbres précaires, fragilisés par les tempêtes et les foudres , au bord du chemin. Il y a le pont rouge très haut au-dessus de la rivière, je scrute le vide, où je vois tomber une feuille, et je pense à cette feuille depuis sa "naissance" et qui, là maintenant tourbillonne dans le vide.
Les expériences de vide intérieur, c'est un peu sûrement comme les expériences de mort imminente.J'ai souvent, laisser aller comme le blessé en retrait, jusqu'à l'abysse, laisser aller, plus rien, la souffrance au-delà de la souffrance, un abandon de soi, puis étonnant, il y a le lâcher de tout poids, de tout fardeau, et le rebond, une force naturelle.
On touche quelque chose qui nous renvoie naturellement à la vie. On ouvre les yeux à la surface, comme percevant un rayon de fil d'Ariane. Le soleil. Retournant à l'ordinaire, l'élémentaire du plus simple, on savoure la banalité de la vie. Rien n'est plus pareil.
Depuis le nouvel an, j'avais une peur, une anxiété réapparue à cause d'un mauvais coup de téléphone et du retour de quelqu'un, jusqu'à la boule d'angoisse dans la gorge. Grande difficulté à la faire partir, méditation assise concentrée sur l'inspir expir, marche, huile essentielle le soir.Rien à faire, ça revenait sans cesse. Alors j'ai fais une méditation allongée comme une morte, suivant ma respiration, je me suis imaginée mourir, sur mon lit de mort ou d'hôpital avec le son des appareils respiratoires, suivant inspir/expir de mon ventre. Cela allait beaucoup mieux et c'est parti dans le rire. Car je me suis mise alors à lire des contes taoistes et divers.
