Eloge de la vieillesse

Katly

ted a écrit :
axiste a écrit :Conférence Sakydhita - Vaishali - Janvier 2013
...
Bien sûr, la plupart d'entre nous préfèreraient avoir un corps de 25 ans, mais rares sont celles qui choisiraient de retourner à l'état d'esprit de leurs 25 ans!
http://bouddhismeaufeminin.free.fr/17praisetoageing.htm
Je trouve ce passage génial !
En effet, qui est prêt à lacher l'expérience et la compréhension obtenue à 45, 55 ou 65 ans, pour celle qu'on avait à 25 ans ? :shock:
A 25 ans, j'étais prêt à mourir pour ma boîte...
Je croyais dur comme fer aux bienfaits de la société de consommation...
Et j'aurais tué pour une grillade ! :D

En gros, j'ai l'impression d'avoir été bien con et de m'être bien fait ent...ber par le baratin du système...
En même temps, c'est facile de cracher dans la soupe une fois qu'on en a profité, hein ? ... :oops:

Remarquez, ils disent : " rares sont celles qui choisiraient de retourner à l'état d'esprit de leurs 25 ans!"
Ils ne disent pas qu'il n'y aura personne pour faire ce choix... :oops:

Il y a peut être quelque chose de rare et de précieux qu'on a à 25 ans et qu'on perd après : c'est "l'esprit du débutant", cher au Zen...

Ca mérite réflexion... :cool:

Sujet ô combien d'actualité.
J'ai été flouée aussi, différemment...
Je préfère mon corps de la quarantaine, vraiment, mais peut-être avec des maux en moins, que je n'ai d'ailleurs pas envie de faire supporter à quelqu'un. Notre société a une image idéalisée du corps féminin.
Je suis d'accord avec "l'esprit du débutant", parce que savoir ce qu'on sait et être toujours en train d'apprendre, avec cet enthousiasme d'apprendre c'est merveilleux.
Je n'ai jamais cessé d'apprendre, et apprend toujours que ce soit de la vie, de l'enseignement, de la méditation... dans l'art, la cuisine... et j'aimerai bien jardiner, refaire du vélo, nager. Plein d'autres choses qui sont toujours la première fois dans l'instant présent.
D'ailleurs, je vais aller apprendre à marcher sous la pluie, tiens. :)
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axiste
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C'est amusant comme nous sommes formatées. Je me reconnais un peu là dedans…quoique je n'ai jamais mis de fanatisme dans ces mouvements…disons que j'ai glissé sur ces cadres et que certainement je continue à dévaler leur pente…au moins, je le fais plus consciemment aujourd'hui. De toutes les façons, c'est vivre avec son temps…et échapper au temps, ça ne se fera qu'au moment de la mort.

Pour les femmes, en particulier, il arrive souvent que notre jeunesse soit absorbée à jouer le rôle que la société a déterminé pour nous : tout d'abord en tant qu'objets physiques du désir qui doit s'efforcer d'être aussi attrayante et séduisante que possible pour satisfaire les fantasmes masculins. Puis l'épouse et la mère, dévouée à nourrir sa famille et à tenir son foyer. De nos jours, la plupart des femmes ont également une carrière à temps plein pour laquelle elles doivent travailler dur afin de rester dans la course. Il s'agit d'un mode de vie rempli de stress, conçu pour répondre aux attentes des autres.

Cependant, même dans le monde moderne, nous assistons à un phénomène intéressant. De nombreuses personnes, surtout des femmes, ayant rempli les tâches de leur vie comme épouses, comme mères ainsi que dans leurs carrières professionnelles, se sentent alors prêtes à donner toute leur attention à des vocations plus introspectives comme l'art, les professions de thérapie alternative, la psychologie et l'étude et la pratique d'une voie spirituelle. Étant donné que ces femmes sont généralement très instruites et motivés, elles sont en mesure d'acquérir de nouvelles compétences et d'exercer un effet positif de sensibilisation à ces valeurs dans la société qui les entoure. Plutôt que de passer leurs dernières années simplement à jouer au golf ou à regarder la télévision, leur monde intérieur spirituel occupe désormais la place la plus importante.
Bah mon corps de 25 ans …c'est une image comme le reste.
De toutes les façons j'étais la majeure partie du temps en dissociation d'avec lui: toujours à essayer de lui sonder ses contours qui m'échappaient totalement parce que mon corps est mouvant comme le sable…
Au moins maintenant j'accepte mieux ses changements: tiens, une ride qui s'affirme, et je vais pas me précipiter sur les crèmes parce que c'est David contre Goliath…le temps est le sculpteur du moment, je le laisse faire ses sillons fous maintenant. J'ai reconnu les forces à l'oeuvre sur mon corps et je ne leur barre plus la route: je suis elles en les accueillant.
Quelquefois ma fille me dit en plaisantant: "on va pas tout casser, hein !" Exactement…ses mots viennent cueillir des sourires en avant...

Ce que j'aime dans mon groupe de méditation, plus que tout, c'est le silence qui règne au fond de chaque coeur...
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Jean

Un des avantages de la vieillesse c'est que contrairement au moment de la jeunesse on n'oscille plus entre passé, présent et futur. Quand on est jeune, on est obligé d'aller dans le futur pour prévoir : études, diplômes, boulot, etc, etc, les objectifs sont nécessaires et il y a aussi des remontées du passé.

Quand on est vieux, le passé, c'est toujours le même vieux film, on a pris ses distances. Le futur? On sait comment cela va se terminer. Ce qui amène à la méditation. Qu'est ce qui meurt? Il ne reste plus que la pleine conscience de l'instant présent.
Katly

L'instant.
La tasse vide...
ted

Jean a écrit :la méditation permet de passer de l'état de conscience de la vague à celui de l'océan et de perdre ainsi l'habitude de s'identifier à son seul état de vague.
"Les personnes âgées, qui souvent ne peuvent pas s’asseoir très bien, peuvent contempler particulièrement bien et pratiquent samâdhi facilement et elles peuvent développer beaucoup de sagesse. Comment se fait-il qu’elles peuvent développer de la sagesse ? Tout les excite. Quand elles ouvrent les yeux, elles ne voient pas les choses aussi clairement qu’elles le faisait auparavant. Leurs dents leur donnent des soucis et elles tombent. Leurs corps est douloureux la plupart du temps. C’est donc bien là le lieu à étudier. Donc en fait, la méditation est facile pour les personnes âgées.

La méditation est difficile pour les personnes jeunes. Leurs dents sont solides et elles peuvent donc apprécier la nourriture. Elles dorment profondément, leurs facultés sont intactes et le monde est amusant et excitant pour elles, elles sont donc largement égarées. Pour les anciens, quand ils mâchent quelque chose de dur, ils ont vite mal. Dans l’instant le devadûta leur parle ; ils reçoivent chaque jour leur enseignement. Quand ils ouvrent les yeux, leur vue est floue. Le matin leur dos leur fait mal. Le soir, leurs jambes sont lourdes. Voilà, c’est cela. C’est vraiment un excellent sujet à étudier...

Certains parmi vous, les anciens, diront que vous ne pouvez pas méditer. Sur quoi voulez-vous méditer ? De qui apprendrez-vous à méditer ? C’est voir le corps dans le corps et la sensation dans la sensation. Les voyez-vous ou les fuyez-vous ? Dire que vous ne pouvez pas pratiquer parce que vous êtes trop vieux est une mauvaise compréhension. La question est : les choses sont-elles claires pour vous ? Les personnes âgées pensent beaucoup, ont beaucoup de sensation, beaucoup d’inconfort et de douleur. Tout apparaît ! Si elles méditent, elles peuvent vraiment en donner le témoignage.

C’est pourquoi, je dis que la méditation est facile pour les personnes âgées. Elles peuvent le faire le mieux. C’est de cette manière que tout le monde dit : « Quand je serai vieux, j’irai au monastère ». Si vous comprenez cela, c’est effectivement vrai. Vous devez le voir en vous. Quand vous vous asseyez, c’est vrai ; quand vous êtes debout, c’est vrai, quand vous marchez, c’est vrai. Tout est une corvée, tout présente des obstacles et tout vous donne un enseignement. N’est-ce pas exact ?

Pouvez-vous, maintenant, simplement vous lever et vous en aller en marchant très facilement ? Quand vous vous mettez debout, c’est Aïe ! ou n’avez-vous pas remarqué ? Et c’est Aïe ! quand vous marchez. Cela vous aiguillonne. Quand vous êtes jeune, vous pouvez simplement vous mettre debout et marcher, aller où vous voulez. Mais en fait, vous ne savez rien. Quand vous êtes vieux, chaque fois que vous vous mettez debout, c’est Aïe ! N’est-ce pas ce que vous dites, Aïe ! Aïe ! Chaque fois que vous faites un mouvement, vous apprenez quelque chose. Alors comment pouvez-vous dire qu’il est difficile de méditer ?

Y a-t-il un autre endroit où chercher ? Tout est correct. Les devadûta vous disent quelque chose. C’est très clair : les sankhârâ vous disent qu’ils ne sont pas stables ou permanents, qu’ils ne sont pas vous et ne vous appartiennent pas. Ils vous le disent en ce moment même. Mais nous pensons différemment. Nous ne pensons pas que c’est correct. Nous soutenons une vue erronée et nos idées sont loin de la vérité. Alors qu’en fait, les personnes âgées peuvent voir la non-permanence, la souffrance et l’absence de moi et permettre l’essor du calme et du désenchantement, car l’évidence est là en eux tout le temps."


Ajahn Chah

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jules
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J'ai un ami qui effectivement m'a dit un jour qu'il attendrait d'être vieux pour pratiquer le détachement des sens.
Quelque part, j'y vois aussi du détachement. C'est à dire, l'acceptation du flux de ses hormones, de l'envie de goûter à tout qui est propre à la jeunesse.
Par contraste, on peut voir beaucoup de jeunes qui s'enferment dans leur grotte, mais qui transforment celle-ci en bordel ou en super-marché.
Il peut y avoir lorsque ça gratte, beaucoup plus de détachement à effectivement se gratter que l'inverse.

Voilà, après, cela me semble une question de milieu...Mais, finalement, le milieu c'est comme quelque chose qui ne s'exprime pas, ne se définit pas, ou alors toujours, par privation des extrêmes.

En tous les cas, pour une personne agée qui voudrait mais ne peut plus, c'est vrai que transformer son impuissance en objet de méditation, est un véritable tour de force. Essayer pourtant, c'est déjà sans doute comme rencontrer les premières sensations d'un alpiniste au pied d'une montagne.

<<metta>>
Jean

Aux Indes, dans les familles traditionnelles, il était très bien vu que les grands parents se retirent dans un Ashram et si, à leur mort, leur corps étaient brulés à Bénares avec leurs cendres jetées dans le Gange, c'était encore mieux.

Il y a aussi 4 étapes traditionnelles

Apprendre (le Dharma, les études pour avoir un métier etc)

Réussir dans sa vie professionnelle

Connaitre les plaisirs de la vie

Chercher la libération.

La 1ere étape correspond à l'enfance , l'adolescence

Les 2 étapes du milieu, à la vie d'adulte.

La dernière à la vieillesse.

Il y a aussi la tradition Bouddhiste dans les pays comme la Thailande, le Vietnam et peut être aussi Laos, Cambodge où le jeune homme de bonne famille après avoir obtenu ses diplômes vivait en tant que moine dans un monastère pendant 1 année, puis ensuite il pouvait chercher du boulot et se marier. Qu'il ait fait une année de retraite était (est) un plus dans son CV et également pour se trouver une épouse, elle aussi, de bonne famille.

Plus tard, au moment de la vieillesse, il se retirait des affaires mais restait au sein de sa famille (enfants, petits enfants, etc) et consacrait son temps à la méditation.

Une vietnamienne/cambodgienne) m’avait raconté que sa grand mère était une femme qui pratiquait beaucoup, qui donnait de bons conseils, qui a un jour a convoqué tous les membres de sa famille pour leur dire adieu et qui est décédée le lendemain.

Il y a de nombreux occidentaux qui sont partis aux Indes finir leur jours, soit ils vivent dans un Ashram, soit ils se sont fait construire une petite maison, ils font leur popotte eux-mêmes chez eux, soit ils vont manger dans un ashram. Ils reçoivent leur retraite aux Indes et (ou) ont placé leur argent ce qui leur permet de recevoir un revenu mensuel.

la difficulté est d'avoir un visa de résident, mais si il est prouvé que l'on va importer et dépenser son argent aux Indes (+ quelques bakchichs) on peut obtenir le visa.

Il y a des gens qui ont su et pu bien organiser leur retraite. Certains retournent en occident pour quelques temps pour voir leur famille, pour d'autres, c'est leur famille qui vient les voir. Dans certains cas les enfants et petits enfants suivent et vont suivre l'exemple de leur parents et grands parents. Ce qui est assez sympa à voir.

On peut voir, dans son enfance, adolescence, son age adulte, le Dharma, la méditation et autres moyens habiles comme une pratique d'hygiène physique et mentale, comme un moyen de développement personnel et au moment de la vieillesse comme un moyen de développement spirituel.

On pourrait dire : "Chaque chose en son temps".

Mais il y a un hic, rien ne garantit que l'on arrivera un jour à l'âge de la vieillesse. La peau de banane mortelle est là, tapie dans l'ombre, qui guette!
binah

"On peut voir, dans son enfance, adolescence, son age adulte, le Dharma, la méditation et autres moyens habiles comme une pratique d'hygiène physique et mentale, comme un moyen de développement personnel et au moment de la vieillesse comme un moyen de développement spirituel."


Je suis d'accord. jap_8
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axiste
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En attendant, voilà un état des lieux possible...l'humour aura tenté aussi.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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