
" L' octogone qui en forme la partie principale représente le miroir dans le symbolisme oriental. Il y a sans doute de bonnes et importantes raisons pour que le miroir soit représenté par un espace enclos par huit côtés, mais notre intention n' est pas de les rechercher - qu 'il nous suffise de considérer le miroir et quelques-une de ses significations.
De sa transparence, de sa qualité dépend la fidélité des images qu 'il reflète et révèle. Il faut qu 'il n' ait dans sa structure aucune déformation, aucune forme qui lui soit propre ; il doit être impersonnel et restituer, intactes, la lumière, la couleur et la forme des objets qu' il reflète. Ce miroir est la conscience du Judoka qui
doit être claire, parfaitement objective et sincère.
Il n' est pas question ici de conscience au sens moral du terme, mais de conscience tout court, du fait d' être conscient, éveillé.
Cette conscience, pour bien remplir sa fonction, ne doit pas être ternie ni opacifiée par ce qui lui est étranger. Comme le miroir peut être terni par la poussière, les buées, la conscience peut être obscurcie par l' ignorance, la paresse, les préjugés, les passions. La première tâche est donc de maintenir la conscience en état de lucidité et de transparence, par le rejet de tout ce qui voudrait s' installer à demeure en elle. Le miroir reflète ce qui est, quel que soit l' objet qui se présente. Il ne choisit ni ne préfère les images. Sa fonction est la fidélité. Il ne garde rien, ne conserve aucune forme et il est toujours disponible. Bien que tout puisse être vu en lui, il n' est rien par lui même. C' est cette vacuité et cette sorte de souple disponibilité instantanée, qui en fait la valeur. De même la conscience doit être humble, sans possession, ouverte à toutes les formes de réalité, elle doit révéler sans cesse le réel.
Mais le Judoka doit avant tout utiliser le miroir de sa conscience sincère, lucide et fidèle, pour s' examiner soigneusement et s'observer sans cesse lui-même, objectivement, comme s' il était un autre", sans parti pris ni dans un sens ni dans l' autre.
Par cette observation constante, objective, dans le miroir d' une conscience lucide, il peut corriger, redresser progressivement sa nature. Cette discipline de l' attention éveillée fait partie de la recherche du Judoka qui veut, peut et doit se connaître.
La technique du miroir n' est pas si facile qu' elle en a l' air, comme toutes les techniques.
Il faut beaucoup travailler, d' abord pour que l' oeil soit clair et lucide, ensuite pour s' habituer à voir sans troubles tout ce qui est à voir, et enfin clairement vu, pour agir en conformité avec cette vision. Ces quelques aperçus restreints sur le symbolisme du miroir nous offrent déjà un champ de réflexions et d' action assez large"
source : "Le Judo, Ecole de Vie", Jean-Lucien Jazarin
Je pense que la seule différence qu'on pourrait trouver avec le Mahamudra/Dzogchen, c'est qu'il n'est pas utile de vouloir corriger quoi que ce soit, mais de laisser le miroir tel quel. A part, c'est génial et vraiment profond.
