Le poids des mots

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axiste
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En même temps tu n'as pas tort...tout document de ce genre pourrait être susceptible de servir aux historiens, on ne peut présumer...j'étais tellement loin de penser à ça à vrai dire !
Maintenant, je me dis que c'était un geste irréfléchi...heureusement, ce n'était pas un document rare...
En fait, mes grands parents voulaient oublier tout ça et mon geste était dans cette continuité là...
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Flocon
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C'est un geste fréquent, à cause de son caractère symbolique (mais malheureusement, pas libératoire, du moins au sens bouddhiste : brûler un livre ou des papiers ne permet pas d'arrêter de souffrir).

Le seul problème, éventuellement, ça peut être avec tes enfants (ou neveux, ou petits-enfants, etc.) qui pourraient te le reprocher un jour. Ma mère a détruit des documents liés à notre famille pendant la guerre, et je lui en ai voulu de ne pas les avoir transmis - à moi ou à d'autres personnes de la famille. Elle est morte, et il y a longtemps que je le lui ai pardonné, mais en ce sens, son acte a créé de la souffrance. Cela dit, aucune situation n'est comparable à une autre. Pour ce qui est des historiens, aucun problème dans la mesure où l'exemplaire n'était pas unique : ils pourront toujours le retrouver ailleurs.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Erratum

ressentir la souffrance des ancêtres ne devrait pas être une souffrance gardée au fond de nous... il n'y a rien de plus beau qu'être un couloir pour cette histoire intime et non une cage...
bon courage à toi Axiste pour ouvrir la porte aux mots et faire de ce souvenir une force, et porter dans ton coeur la lumière des anciens love3
Katly

Flocon a écrit :C'est un geste fréquent, à cause de son caractère symbolique (mais malheureusement, pas libératoire, du moins au sens bouddhiste : brûler un livre ou des papiers ne permet pas d'arrêter de souffrir).

Le seul problème, éventuellement, ça peut être avec tes enfants (ou neveux, ou petits-enfants, etc.) qui pourraient te le reprocher un jour. Ma mère a détruit des documents liés à notre famille pendant la guerre, et je lui en ai voulu de ne pas les avoir transmis - à moi ou à d'autres personnes de la famille. Elle est morte, et il y a longtemps que je le lui ai pardonné, mais en ce sens, son acte a créé de la souffrance. Cela dit, aucune situation n'est comparable à une autre. Pour ce qui est des historiens, aucun problème dans la mesure où l'exemplaire n'était pas unique : ils pourront toujours le retrouver ailleurs.
Il faut garder ce qui est utile et bénéfique, qui nourrit la mémoire positivement à la relecture pour la compréhension.
Mais le geste de brûler des papiers est symbolique, cela peut contribuer à arrêter la souffrance, de ne pas conserver, accumuler et alimenter de la peine, si ces papiers n'ont plus de sens, de valeur de mémoire, on fait un deuil, c'est libérateur psychologiquement.
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axiste
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Mais le geste de brûler des papiers est symbolique, cela peut contribuer à arrêter la souffrance, de ne pas conserver, accumuler et alimenter de la peine, si ces papiers n'ont plus de sens, de valeur de mémoire, on fait un deuil, c'est libérateur psychologiquement.

Le symbole peut guérir car il contient beaucoup…c'est un langage aussi. Il exprime une intentionnalité qui se révèle à la conscience… En ce sens, il doit être dépassé, il nous permet d'aller au delà de nous mêmes…par conséquent, oui, le geste n'est pas anodin puisque qu'il permet d'accéder à une représentation plus juste de la réalité…le symbole est une porte pour chacun…alors, il devient possible d'ouvrir les mains, comme le souligne Erratum.
Le seul problème, éventuellement, ça peut être avec tes enfants (ou neveux, ou petits-enfants, etc.) qui pourraient te le reprocher un jour. Ma mère a détruit des documents liés à notre famille pendant la guerre, et je lui en ai voulu de ne pas les avoir transmis - à moi ou à d'autres personnes de la famille.
Oui, chacun de nos gestes comptent...
Combien d'instants pour le comprendre, combien de vies ...

...
Cinq clefs pour la parole correcte :
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Flocon
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Si tu penses que ton geste t'a guérie, j'en suis heureuse. loveeeee
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Sourire

C'est très consensuel, ce que tu dis là, Ted...

Mais le poids des silences et des mots, dans une famille, c'est autre chose.
Ma mère et ses frères et soeurs, encore maintenant, portent le poids de la grande question : qu'a fait leur père après la dissolution de l'armée française et avant la libération ? Les aînés sont les plus tourmentés (ma mère est la seconde de la famille). Elle dit que c'est l'alcool qui l'a rendu fou, dans les années 50... Mais quand je l'écoute raconter ses souvenirs j'ai l'impression que le germe de la paranoia s'est implanté en lui a cette période.
J'ai un peu de mal à comprendre cet acharnement à vouloir savoir... Mais ça les aide au moins à exprimer,enfin, toutes les douleurs enfouies au fond d'eux. Il y a bien peu de chances qu'ils trouvent et ce qu'ils trouveront alors ne sera probablement pas plaisant.
Il s'entendait mal avec son beau-père (père de ma grand-mère). Menuisier, celui-ci a préféré abandonner son atelier réquisitionné plutôt que travailler pour l'occupant. Il s'entendait encore plus mal avec un de ses beau-frères.
Il s'entendait encore plus mal avec un de ses beau-frères. Un homme qui a fait une carrière brillante et été aussi bien aimé que détesté... Dans les souvenirs rassemblés par ma mère, il y a une une photo de lui prise pendant la libération de Lille. C'est beau à voir, cette photo... Ca n'est pourtant pas de ça que les gens se souviendront de lui.

Raser les monuments militaires ?
Dans bien des cas, ça ne serait pas une mauvaise idée. 90 % d'entre eux sont des abominations patriotiques.
La toute première pièce de théâtre de Pagnol se nomme "les marchands de gloire". Elle a été inspirée par une remarque d'un ami, un jour, devant le monument aux morts (à l'époque tout neuf), concernant un autre de leurs amis = "Sil revenait maintenant, qu'est-ce qu'il dirait ?"
Lire la pièce pour connaître la réponse à la question...
Certains monuments sont quand même un peu plus respectueux des morts. En général, ce sont ceux des morts du corps de santé... Mais ces horreurs remplies de symboles guerriers plus qu'évidents qu'on a dressés en abondance au début des années 20... Pouah ! Le pire que j'aie vu c'est sans doute le monument entouré d'obus peints en bleu-blanc-rouge...
Encore plus horrible quand on sait que pendant la guerre 14 on vendait des obus en chocolat dans les magasins. Le soldats, dans leurs tranchées, auraient sans doute bien aimé en recevoir des comme ça !

Ce livre devait être trop dur à supporter, sans les morts pour l'expliquer..
Chacun sa réaction.
Je ne peux pas dire que tu aurais dû chercher, Axiste. L'Histoire est toujours bonne à connaître, mais il vaut mieux éviter de trop s'impliquer. On y trouve de la souffrance.
C'est ce que l'Histoire Contemporaine a de détestable = nous avons tous des raisons de la trouver douloureuse, d'une façon ou d'une autre.
Je n'ai connu ni ce grand-oncle qui a participé à la libération de Lille, ni ce grand-père qui a tant fait souffrir sa femme et ses enfants... Ils sont morts avant ma naissance. Ils ont emmené leurs silences avec eux.
Katly

axiste a écrit :

Mais le geste de brûler des papiers est symbolique, cela peut contribuer à arrêter la souffrance, de ne pas conserver, accumuler et alimenter de la peine, si ces papiers n'ont plus de sens, de valeur de mémoire, on fait un deuil, c'est libérateur psychologiquement.

Le symbole peut guérir car il contient beaucoup…c'est un langage aussi. Il exprime une intentionnalité qui se révèle à la conscience… En ce sens, il doit être dépassé, il nous permet d'aller au delà de nous mêmes…par conséquent, oui, le geste n'est pas anodin puisque qu'il permet d'accéder à une représentation plus juste de la réalité…le symbole est une porte pour chacun…alors, il devient possible d'ouvrir les mains, comme le souligne Erratum.
Le seul problème, éventuellement, ça peut être avec tes enfants (ou neveux, ou petits-enfants, etc.) qui pourraient te le reprocher un jour. Ma mère a détruit des documents liés à notre famille pendant la guerre, et je lui en ai voulu de ne pas les avoir transmis - à moi ou à d'autres personnes de la famille.
Oui, chacun de nos gestes comptent...
Combien d'instants pour le comprendre, combien de vies ...

...
( Personnellement, une personne de ma famille a écrit un livre-témoignage sur les 'maisons de correction", je ne le brûlerai pas, pour la famille, et les générations futures, là il y a une mémoire utile, afin que qu'on n'ait pas idée d'en construire d'autres ! ) Hormis cela


De l'espace pour semer d'autres mots légers comme des fleurs.

Ouvrir les mains, le coeur et l'esprit au présent...
Katly

Ceci, ci-dessus édité, pour préciser que je parlais pour moi, de lettres.
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axiste
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Mais le poids des silences et des mots, dans une famille, c'est autre chose.
Oui. Ca peut tuer des gens aussi. Il vaut mieux ouvrir les mains pour que le sable s'écoule doucement, sinon, c'est comme une avalanche qui plane
Que ce soit des secrets de famille touchant à la vie privée ou des évènements qui touchent directement la communauté, quand c'est possible, il est préférable de nettoyer la vitre…
Raser les monuments militaires ?
Dans bien des cas, ça ne serait pas une mauvaise idée. 90 % d'entre eux sont des abominations patriotiques.
Je comprends tout à fait. Certains monuments sont chargés et très durs à accepter. Ils sont pourtant le produit de notre environnement, de ce qu'il a été.
Alors, se poser des questions sur nos réactions vis à vis d'eux et sur ce qu'ils représentent, finalement c'est bien aussi. ..
Est-ce que l'on veut figer les choses, les dépasser, les oublier, les accepter pour les dépasser, et finalement les voir pour ce qu'ils sont: les reflets et les résonances du passé…
Qu'est-ce que cela provoque en nous ? Un rejet, un silence, un grand calme, une envie de pleurer, un soulagement, un recueillement, un tumulte, un élan, une compassion, une peur, un chaos, une paix possible, etc….je ne sais pas, c'est très compliqué…

Je comprends les deux réactions: marquer les choses par un repère pour que la mémoire perdure ou effacer les signes en pensant que rien ne s'oublie dans l'inconscient collectif…
Est-ce que notre mémoire est ainsi ?

(je réédite)...
Sans doute le langage oral ne suffit pas pour que la mémoire perdure…car il omet beaucoup.
…de toutes les façons, tout sombrera dans l'oubli un jour et c'est aussi ce qui permettra d'avancer (faire le vide pour faire la place au neuf)
Quand il n'y aura plus d'argent pour les entretenir, quand d'autres évènements viendront balayer l'ancien, quand le temps aura écrit ses mots sur le sable de nos vies...

Oui finalement, pour l'instant, les monuments sont.


@katly
De l'espace pour semer d'autres mots légers comme des fleurs.
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