Le Bouddhisme fait son cinéma :-)
Oui, j'ai pensé moi aussi que Tilda/Sonmi pouvait être une figure de Bodhisattva, mais je n'ai pas trouvé de thématique vraiment bouddhiste dans le contenu de sa "révélation", ce qui m'a conduite à m'interroger. Le personnage du clone lui-même m'a paru fonctionner comme une figure messianique (elle est instruite à dessein par l'organisation révolutionnaire qui vise à libérer le peuple de son asservissement, et son avènement est attendu tandis que les conditions de la diffusion et de la réception de son message sont préparées) : or le messianisme est un thème assez étranger au bouddhisme. Mais bon, j'ai peut-être tort.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
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Kong Tseu
Tu n'as pas totalement tort après tout et je pense souvent que chacun à une interprétation juste et valable indépendamment de la vision de l'auteur.
Il est vrai qu'il y'a un côté messianique, "Sonmi" libérant le peuple du joug d'une caste autocratique rappelant Moïse libérant le peuple hébraïque de son destin sous pharaon. Cependant certains items me font penser la figure de Bouddha et/ou bodhisattva sont présents:
Somni est considéré comme une déesse or ce n'est qu'un être "humain" divinisé à tort, (déification du Bouddha ?) et se voit apporté la duré vérité de la réalité certes par la "rébellion" mais son "éveil" lui est propre et par elle même (pas de révélation divine). Elle perçoit un premier signe quand l'une des "serveuses" prends déjà conscience de son existence propre et de la prison dans laquelle elle vit (avant de se faire rattraper et tuer). Je pense aussi au but des "serveuses" qu'on nous présente comme ceci: une fois leur mission terminée elle atteindront la grande exaltation (quelque chose comme çà) que l'ont peut aisément assimiler au paradis des religions du Livre. Or Somni prends conscience certes de la barbarie des hommes à l'égard de ces soeurs mais surtout que (au travers de cet épisode) la vie n''est qu'un cycle représenté par le recyclage (désole pour le jeux de mot) de ses consœurs. C'est un peu grossier comme métaphore mais je pense qu'elle se veut grand public comme la mise en avant de la renaissance sous forme de réincarnation (différentes époques mais le même corps). Enfin Somni meurt consciemment et se laisse faire prisonnière délibérément car, consciente de son rôle de bodhisattva sait que son exécution n'est qu'une porte vers une autre existence. J'en reviens toujours à cette réplique de cette fameuse scène ou le père oppose la Loi Karmique à la volonté de Somni (bodhissatva) de libérer tous les êtres du samsara, cet océan (samsara) composé de gouttes d'eau infinies (êtres vivants)
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Je me permets cette réflexion qui je l'espère ne te blessera pas: tu as été élevé me semble il au sein du judaïsme et t'es tourné (par ton attrait pour la sociologie/antropologie) vers les sociétés et religions asiatiques tels que le bouddhisme etc ... je crois me rappeler que tu étais restée attaché à certains rites judaiques. Ne serait ce pas sous cette influence que tu perçois le rôle de Somni comme celui d'un messie ? j'espère que tu n'y verra pas une remise en cause de ta présence ici ou ta connaissance du Dhamma ( et je fais parti de ceux admiratifs de ton érudition à ce sujet). Mais peut être dans le sens inverse ma foi passionée pour le Dhamma me fait voir ce que je veux voir: la figure d'un Bouddha.
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In fine, peut être que les auteurs ont voulu une vision syncrétique ?

Il est vrai qu'il y'a un côté messianique, "Sonmi" libérant le peuple du joug d'une caste autocratique rappelant Moïse libérant le peuple hébraïque de son destin sous pharaon. Cependant certains items me font penser la figure de Bouddha et/ou bodhisattva sont présents:
Somni est considéré comme une déesse or ce n'est qu'un être "humain" divinisé à tort, (déification du Bouddha ?) et se voit apporté la duré vérité de la réalité certes par la "rébellion" mais son "éveil" lui est propre et par elle même (pas de révélation divine). Elle perçoit un premier signe quand l'une des "serveuses" prends déjà conscience de son existence propre et de la prison dans laquelle elle vit (avant de se faire rattraper et tuer). Je pense aussi au but des "serveuses" qu'on nous présente comme ceci: une fois leur mission terminée elle atteindront la grande exaltation (quelque chose comme çà) que l'ont peut aisément assimiler au paradis des religions du Livre. Or Somni prends conscience certes de la barbarie des hommes à l'égard de ces soeurs mais surtout que (au travers de cet épisode) la vie n''est qu'un cycle représenté par le recyclage (désole pour le jeux de mot) de ses consœurs. C'est un peu grossier comme métaphore mais je pense qu'elle se veut grand public comme la mise en avant de la renaissance sous forme de réincarnation (différentes époques mais le même corps). Enfin Somni meurt consciemment et se laisse faire prisonnière délibérément car, consciente de son rôle de bodhisattva sait que son exécution n'est qu'une porte vers une autre existence. J'en reviens toujours à cette réplique de cette fameuse scène ou le père oppose la Loi Karmique à la volonté de Somni (bodhissatva) de libérer tous les êtres du samsara, cet océan (samsara) composé de gouttes d'eau infinies (êtres vivants)
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Je me permets cette réflexion qui je l'espère ne te blessera pas: tu as été élevé me semble il au sein du judaïsme et t'es tourné (par ton attrait pour la sociologie/antropologie) vers les sociétés et religions asiatiques tels que le bouddhisme etc ... je crois me rappeler que tu étais restée attaché à certains rites judaiques. Ne serait ce pas sous cette influence que tu perçois le rôle de Somni comme celui d'un messie ? j'espère que tu n'y verra pas une remise en cause de ta présence ici ou ta connaissance du Dhamma ( et je fais parti de ceux admiratifs de ton érudition à ce sujet). Mais peut être dans le sens inverse ma foi passionée pour le Dhamma me fait voir ce que je veux voir: la figure d'un Bouddha.
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In fine, peut être que les auteurs ont voulu une vision syncrétique ?

Aucun problème pour ta réflexion sur mon point de vue : bien sûr qu'il est influencé par la culture juive -on ne se refait pas
. Je ne souhaite pas particulièrement m'y tenir, le regard que tu proposes est tout aussi intéressant et pertinent.
En ce qui concerne l'interprétation de l'ensemble du film, je tends moi aussi à penser qu'il véhicule une forme de syncrétisme plus qu'un message appartenant à une religion particulière.

En ce qui concerne l'interprétation de l'ensemble du film, je tends moi aussi à penser qu'il véhicule une forme de syncrétisme plus qu'un message appartenant à une religion particulière.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
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Kong Tseu
Je me demande pourquoi Hollywood ne s'est pas encore emparé du livre de Gustav Mayrik : Un ange à la fenêtre d'occident.
Il y a de tout, du chamanisme, des alchimistes, de Bonnets Rouges, des talismans, de la poudre de perlimpimpin qui fait voyager dans le temps et l'espace et évidemment des histoires de réincarnation au cours desquelles les protagonistes de cessent de se croiser.
Gustav Meyrink est contemporain d'Hermann Hesse, de Richard Wilhelm et de CG Jung
Il y a de tout, du chamanisme, des alchimistes, de Bonnets Rouges, des talismans, de la poudre de perlimpimpin qui fait voyager dans le temps et l'espace et évidemment des histoires de réincarnation au cours desquelles les protagonistes de cessent de se croiser.
Gustav Meyrink est contemporain d'Hermann Hesse, de Richard Wilhelm et de CG Jung
Pour étayer ma vision bouddhisme du Wachowskisme
( je ne poste que la partie concernant le Dhamma)
http://www.zen-occidental.net/articles1/matrix.html
Frances Flannery-Dailey est professeur associé en sciences religieuses au Hendrix College (Arkansas). Spécialiste des études bibliques et juives, elle est l'auteur de Dreamers, Scribes and Priests: Jewish Dreams in the Hellenistic and Roman Eras, Brill, 2004. Rachel Wagner est professeur associé, chargé du cours Religion et Culture au Oregon State University. Ses recherches portent sur le religieux dans le cinéma, internet et les nouveaux médias.
Un article paru dans le Journal of Religion and Film, Vol. 5, n° 2, October 2001, sous le titre "Wake up! Gnosticism and Buddhism in The Matrix".
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Le bouddhisme dans Matrix
Lorsqu'un fan demanda aux frères Wachowski si des concepts bouddhistes avaient influencé la réalisation du film, ils répondirent par un "oui" franc et massif [32]. Des concepts bouddhistes imprègnent en effet le film qui paraissent bien proches de puissantes images chrétiennes équivalentes. Presque immédiatement après que Neo fut identifié comme "mon Jésus-Christ à moi", cette désignation prend une tournure nettement bouddhique. Le même pirate informatique dit : "Cela ne s'est jamais passé. Tu n'existes pas". Depuis les coques en forme de stûpa [33] où sont enfermés les êtres humains dans de sinistres champs mécaniques jusqu'au désir égoïste de Cypher d'éprouver les sensations et les plaisirs de la Matrice, les enseignements bouddhistes alimentent aussi bien l'intrigue que le langage du film [34].
La question du samsâra. Le titre même du film évoque la conception bouddhiste du monde. Morpheus décrit la Matrice comme une "prison pour ton esprit". Il s'agit d'une "construction" dépendante faite de l'interconnexion des projections numériques de milliards d'êtres humains inconscients de la nature illusoire de la réalité dans laquelle ils vivent et qui sont, en outre, complètement dépendants du matériel informatique rivé à leur corps et des programmes perfectionnés conçus par l'Intelligence Artificielle. Cette "construction" rappelle le concept bouddhiste de samsâra selon lequel le monde où nous vivons notre vie ordinaire est seulement construit par nos projections sensorielles comme expression de nos propres désirs. Lorsque Morpheus emmène Neo dans la "construction" pour lui expliquer la Matrice, Neo apprend que la manière dont il se perçoit lui-même au sein de la "Matrice" n'est rien d'autre "que la projection mentale de ton identité numérique". Le monde "réel", que nous associons à ce que nous ressentons, sentons, goûtons, et voyons "[n']est simplement [que] des signaux électriques interprétés par ton cerveau". Le monde, explique Morpheus, existe : "Seulement actuellement en tant qu'aspect d'une simulation neuronale interactive que nous appelons la Matrice". En termes bouddhistes, on pourrait dire que "c'est parce qu'il est vide d'un moi ou d'un mien qu'il est dit "le monde est vide". Et qu'est ce qui est vide d'un moi ou d'un mien ? L'oeil, les formes matérielles, la conscience visuelle, la perception oculaire, tout cela est vide d'un moi ou d'un mien." [35]. Le bouddhisme et Matrix partagent la conviction que la réalité fondée sur l'expérience sensible, l'ignorance, et les désirs enferment les êtres humains dans l'illusion jusqu'à ce qu'ils soient capables de reconnaître la nature trompeuse de la réalité et d'abandonner leur sens erroné de l'identité.
S'inspirant de la doctrine de la coproduction conditionnée, le film présente la réalité de la Matrice comme une agrégation des illusions de tous les hommes pris dans ses rets. De la même manière, le bouddhisme enseigne que la souffrance des êtres humains dépend d'un enchaînement d'ignorance et de désir qui enferme les humains dans le cercle ininterrompu de la naissance, de la mort et de la renaissance. Cet enseignement est formulé de façon lapidaire dans le Samyyutta-nikaya :
Quand ceci est, cela est ;
Ceci apparaissant, cela apparaît.
Quand ceci n'est pas, cela n'est pas ;
Ceci cessant, cela cesse. [36]
Le principe de coproduction conditionnée est illustré dans le contexte du film par l'illusion de la Matrice. La persistance de l'illusion repose sur la croyance de ceux qui, pris dans la Matrice, la prennent pour la réalité. Le programme informatique de l'Intelligence Artificielle n'est pas, en lui-même et de lui-même, une illusion. Ce n'est que lorsque les humains interagissent avec ses programmes qu'ils sont pris dans une illusion collective, la Matrice, le samsâra, qui se renforce elle-même grâce aux interactions des êtres humains qui y sont impliqués. Ainsi la réalité de la Matrice n'existe que lorsque les véritables esprits humains expérimentent subjectivement ses programmes [37].
Le problème peut être posé en termes bouddhistes. Les hommes sont pris au piège dans le cycle des illusions, et l'ignorance de ce cycle les y maintient enfermés, totalement dépendants de leurs propres interactions avec le programme, des illusions que les expériences sensorielles fournissent et des projections sensorielles des autres. Ces projections sont renforcées par le formidable désir des hommes de croire que ce qu'ils perçoivent comme réel est bien réel. Ce désir est si fort que Cypher y succombe. Ne pouvant plus supporter le "désert du réel", il demande à réintégrer la Matrice. Assis en compagnie de l'Agent Smith dans un restaurant haut de gamme, fumant un cigare accompagné d'un grand verre de whisky, Cypher explique ses raisons :
Bien sûr, je sais que ce steak n'existe pas. Je sais que lorsque je le porte à ma bouche, la Matrice dit à mon cerveau qu'il est juteux et délicieux. Mais au terme de neuf années, savez-vous ce que j'ai compris ? L'ignorance est le bonheur.
Cypher sait que la Matrice n'est pas réelle et que tous les plaisirs qu'il éprouve ne sont que des illusions. Pourtant, "l'ignorance" du samsâra lui paraît préférable à l'éveil. Niant la réalité qu'il sait en dehors de la Matrice, il utilise une formule à la négation redoublée : " Je ne veux pas me souvenir de rien. De rien. Je veux être riche. Quelqu'un d'important. Comme un acteur." Non seulement Cypher ne veut pas oublier le "rien" de la véritable réalité, mais il souhaite être aussi un "acteur" afin d'ajouter un autre niveau d'illusion à l'illusion de la Matrice dans laquelle il choisit de retourner [39]. L'attraction du samsâra est si puissante que ce n'est pas seulement Cypher qui cède à ses désirs mais également Mouse dont on peut dire qu'il a été terrassé par les appâts du samsâra. Sa mort est en effet en partie due à ses fantasmes sexuels sur la Dame en rouge qui le faisait rêver alors qu'il était censé rester en alerte.
Tandis que Cypher et Mouse représentent ceux qui s'abandonnent au samsâra, le reste de l'équipage incarne la modération et le calme prêchés par le Bouddha. La scène passe soudain du restaurant à la table du Nabuchodonosor où, au lieu de se voir offrir un whisky, un cigare et un steak, Neo reçoit un "bol de morve" qui sera son repas habituel à partir de là. Par opposition avec les plaisirs qui, pour Cypher, ne peuvent être réalisés que dans la Matrice, Neo et l'équipage doivent se contenter de "protéines unicellulaires associées à des acides aminés de synthèse, des vitamines et des minéraux" qui, selon Dozen, est "tout ce que le corps a besoin". Habillés de vêtements usagés, ne prenant qu'un gruau, dormant dans de simples cellules, l'équipage représente l'exercice de la Voie du Milieu enseignée par le Bouddha, ne versant ni dans l'ascétisme absolu ni dans la complaisance susceptible de les détourner de leur tâche [40].
La solution de la connaissance-éveil. Cette dualité entre la Matrice et, au-delà d'elle, la réalité institue l'objectif fondamental des rebelles : libérer tous les esprits de la Matrice et permettre aux êtres humains de vivre, au-delà, dans le monde réel. Sur ce point, les réalisateurs s'inspirent des concepts bouddhistes Theravâda et Mahâyâna [41]. S'inspirant de l'idéal theravâda de l'arhat, le film laisse entendre que l'éveil est réalisé par un effort personnel [42]. Morpheus, le principal mentor de Neo, lui affirme clairement qu'il ne peut en rien l'éveiller. Comme il l'explique : "Nul ne peut entendre de quelqu'un ce qu'est la Matrice. Tu dois la voir par toi-même." Morpheus explique à Neo que seul lui peut réaliser l'ultime bouleversement perceptif. Il lui dit : "J'essaie de libérer ton esprit, Neo. Mais je peux seulement te montrer la porte. Tu es le seul qui puisse la franchir." Pour le bouddhisme Theravâda "l'émancipation de l'homme dépend de sa propre compréhension de la Vérité et non pas de la grâce bénévolement accordée par un dieu ou une quelconque puissance extérieure en récompense d'une conduite vertueuse et obéissante." [43]. Le Dhammapada presse celui qui recherche l'éveil de "se libérer du passé, de se libérer du futur, de se libérer du présent. Traversant jusqu'à l'autre rive de l'existence, l'esprit totalement libéré, il ne connaîtra plus la naissance et la disparition." [44]. Comme le dit Morpheus à Neo "Il existe une différence entre connaître le chemin et marcher dessus." Et comme le Bouddha l'enseignait à ses disciples : "Vous seuls devez-vous efforcer. Les Eveillés ne peuvent qu'enseigner." [45]. Déjà sur le chemin de l'éveil, Morpheus n'est qu'un guide. Finalement, Neo doit découvrir la vérité par lui-même.
Mais Matrix contient également des notions que l'on trouve dans le bouddhisme Mahâyâna, notamment son attention particulière à la libération de tous les êtres sous la direction de ceux qui demeurent dans le samsâra et qui diffèrent leur propre éveil afin de secourir autrui sous la forme de bodhisattvas [46]. Les membres de l'équipage du Nabuchodonosor incarnent cette compassion. Plutôt que de rester à l'extérieur de la Matrice où ils sont en sécurité, ils choisissent d'y retourner de façon répétée comme les ambassadeurs de la connaissance dans le but de libérer les esprits et éventuellement également les corps de ceux qui sont piégés dans la toile numérique de la Matrice. Le film est une tentative de synthèse de l'idéal theravâda de l'arhat et celui mahayaniste du bodhisattva, puisqu'il présente l'équipage comme préoccupé par tous ceux qui sont encore englués dans la Matrice avec la volonté d'y retourner pour les secourir. En même temps, il affirme que la réalisation dernière est le fruit d'un cheminement personnel.
Neo en tant que Bouddha. Bien que l'équipage en son entier incarne l'idéal du bodhisattva, les réalisateurs font de Neo un personnage unique, laissant entendre que si l'équipage peut être considéré comme des arhats ou des bodhisattvas, Neo serait alors un Bouddha. L'identification de Neo au Bouddha est corroborée non seulement par l'anagramme de son nom mais aussi par le mythe qui l'enveloppe. L'Oracle a prédit le retour de celui qui aura la capacité d'opérer sur la Matrice. Comme l'explique Morpheus, le retour de cet homme "annoncera la destruction de la Matrice, la fin de la guerre, la liberté pour notre peuple. Voilà pourquoi certains d'entre nous ont passé leur vie entière à parcourir la Matrice à sa recherche". Morpheus croit que Neo est la réincarnation de cet homme qui, comme le Bouddha, sera doté de pouvoirs extraordinaires à même d'aider l'humanité à s'éveiller.
L'hypothèse d'un Neo réincarnation du Bouddha est corroborée, dans le film, par la prédominance des images de naissance qui lui sont associées. Au moins quatre réincarnations sont visibles. La première naissance a lieu dans l'avant-histoire du film, dans la vie et la mort du premier Eveillé qui pouvait contrôler la Matrice de l'intérieur. La seconde est celle de la vie de Neo lorsqu'il est Thomas Anderson. La troisième renaissance débute lorsque Neo émerge, hoquetant, de la gelée d'une étrange coque en forme de stûpa dans laquelle il avait été enfermé, qu'il est débranché et qu'il tombe d'un énorme conduit noir qui peut facilement être comparé à un vagin [47]. Il en sort chauve, nu et perdu avec des yeux dont Morpheus lui dit qu'ils "n'ont jamais été utilisés" auparavant. "Mort" au monde de la Matrice, Neo est "re-né" dans le monde qui se trouve au-delà de celle-ci. La quatrième vie de Neo débute après sa mort et sa nouvelle renaissance dans les dernières scènes du film lorsque Trinity le ressuscite d'un baiser [48]. A ce moment-là, Neo perçoit non seulement les limites de la Matrice mais aussi celles du monde du Nabuchodonosor, en ayant surmonté la mort dans ces deux domaines. Comme le Bouddha, son éveil lui confère l'omniscience. Il échappe au pouvoir de la Matrice et n'est plus assujetti à la naissance, à la mort et la renaissance dans la construction mécanique de l'Intelligence Artificielle [49].
Neo, comme le Bouddha, cherche à se libérer de la Matrice et à enseigner aux autres comment s'en libérer eux-mêmes, et n'importe quel pouvoir surhumain peut être utilisé à cet effet. Comme il est le seul être humain depuis le premier éveillé, capable de manoeuvrer à sa guise le programme informatique de l'intérieur et jusqu'à ses limites, Neo représente la réalisation de la bouddhéité, celui qui peut non seulement reconnaître "l'origine de la souffrance dans le monde des êtres vivants" mais celui qui peut également imaginer "la fin de la souffrance" en instituant "le chemin qui mène à sa fin" [51]. Sous cet angle, Neo dépasse ses compagnons bodhisattvas, il apporte l'espoir de l'éveil et de la liberté à tous les êtres humains pris dans les filets de l'ignorance.
Le problème du nirvâna. Mais que se passe-t-il lorsque la version matricielle de la réalité disparaît ? Le bouddhisme enseigne que le nirvâna est réalisé une fois le samsâra transcendé. La notion d'un soi est complètement abandonnée, de sorte que la réalité conditionnée s'évanouit, et ce qui subsiste, s'il reste quelque chose, défit les capacités du langage à le décrire. Pourtant, lors de son retour dans la Matrice, Neo conserve "l'image d'un soi résiduel" et la "projection mentale d'un soi numérique". Lors de son "éveil", il ne se retrouve pas dans un nirvâna, ou dans un non-lieu, mais dans une situation nouvelle avec un sens du soi intact, même s'il est un peu confus, qui ressemble fortement à son moi dans la Matrice. Trinity pourrait avoir raison lorsqu'elle dit que la Matrice "ne peut te dire qui tu es", mais ce que nous sommes ressemble, au moins d'une certaine façon, à ce que nous pensons être dans la Matrice. En d'autres termes, il y a suffisamment de continuité dans le sentiment d'identité dans le monde de la Matrice et dans "le désert du réel" pour supposer que les auteurs donnent à entendre que "l'éveil" complet n'a pas été encore réalisé et qu'il se trouve par-delà la réalité du Nabuchodonosor et du monde qu'il habite. Si le paradigme bouddhiste est suivi jusqu'à ses conclusions logiques, on peut s'attendre à ce qu'il y ait au moins un autre niveau de "réalité" au-delà du monde de l'équipage, car même ceux qui se sont libérés de la Matrice sont toujours sujets à la souffrance et à la mort et continuent de manifester des egos personnels.
Une telle réflexion est corroborée par ce qui semble être la transformation la plus problématique des enseignements traditionnels du bouddhisme dans Matrix. La doctrine bouddhiste de l'ahimsa, la non-violence à l'égard de tous les êtres vivants, est ouvertement démentie par le film [52]. Tout se passe comme si les réalisateurs avaient délibérément choisi de lier la violence à la connaissance salvatrice. Il semble en effet qu'il n'y ait pas d'autres moyens pour l'équipage que de prendre les armes. Lorsque Tank demande à Neo et à Trinity ce qu'ils ont besoin pour sauver Morpheus "en dehors d'un miracle", leur réponse fuse, "des fusils, beaucoup de fusils". Les scénaristes auraient pu facilement présenter "la mort" des agents comme l'effacement d'une portion particulière du programme informatique. Au lieu de cela, les frères Wachowski ont intentionnellement choisi de décrire les êtres humains comme des victimes innocentes de la mort des agents [53]. Cette nette violation de l'ahimsa paraît quelque peu singulière au regard de l'idéal bouddhique de la compassion.
Mais pourquoi donc associer aussi directement connaissance et violence ? Les réalisateurs présentent la violence comme rédemptrice [54] et absolument indispensable à la réussite des rebelles. Sur ce point, Matrix s'éloigne fortement des paradigmes du bouddhisme et du gnosticisme chrétien qui se rejoignent là. La "réalité" de la Matrice qui exige que des êtres humains meurent victimes d'une violence salvatrice n'est pas la réalité ultime à laquelle aspirent le bouddhisme et le gnosticisme chrétien. Ni la "tranquillité" du plérome ni le "Néant" éternel du nirvâna ne dépendent de la technologie ou de l'utilisation de la force qui toutes deux caractérisent le monde des rebelles dans Matrix.
L'association explicite que fait le film de la connaissance et de la violence laisse fortement entendre que Neo et ses compagnons n'ont pas encore réalisé la réalité ultime. Selon les visions du monde du gnosticisme chrétien comme du bouddhisme que le film évoque, cette réalisation implique une liberté complète à l'égard du monde matériel et offre la paix de l'esprit. Les Wachowski reconnaissent eux-mêmes qu'il est tout à fait "ironique que Morpheus et son équipage dépendent complètement de la technologie et des ordinateurs, tous les démons contre lesquels ils combattent" [55]. Il est vrai que l'existence même du film dépend à la fois des possibilités technologiques et de la soif de violence hollywoodienne. Se niant lui-même, Matrix enseigne que le nirvâna est au-delà encore de notre portée.
Remarques finales
Que nous regardions le film dans une perspective gnostique chrétienne ou bouddhiste, le message dominant du film semble être " réveille-toi! " Ce qui est rendu explicitement par la chanson finale du film "Réveille-toi!" du justement nommé Rage Against the Machine (La rage contre la machine). Le gnosticisme, le bouddhisme et le film conviennent que l'ignorance nous enchaîne dans un monde matériel illusoire et que la libération vient d'un éveil qui nécessite l'aide d'un enseignant ou d'un guide. Cependant, lorsqu'on pose la question "à quoi s'éveille-t-on ?", le film paraît nettement diverger du gnosticisme et du bouddhisme. Ces deux traditions affirment que lorsque les êtres humains sont éveillés, ils vivent en-dehors du monde matériel. Le gnostique monte après sa mort au plérome, le plan divin de l'existence spirituelle et immatérielle, tandis que l'éveillé dans le bouddhisme atteint le nirvâna, un état qui ne peut être décrit par le langage, mais qui est complètement immatériel. En revanche, "le désert du réel" est un monde pleinement matériel, technologique dans lequel des robots élèvent des humains pour l'énergie, un monde où Neo peut apprendre les arts martiaux en quelques secondes par une carte-mère implantée à l'arrière de son cerveau, où la technologie combat la technologie (le Nabuchodonosor contre l'Intelligence Artificielle, les impulsions électromagnétiques contre les sentinels). Qui plus est, la bataille contre la Matrice n'est possible que par l'usage de la technologie - les téléphones portables, les ordinateurs, les programmes informatiques d'apprentissage. Le "réveille-toi!" du film emmène au-delà de la Matrice à s'éveiller dans un triste cybermonde qui est le véritable monde matériel.
Ou peut-être pas. Il y a plusieurs indices cinématographiques dans la scène du chargement du programme de construction (représenté par un espace blanc) qui suggèrent que le "désert du réel" que Morpheus montre à Neo n'est peut-être pas la réalité ultime. Après tout, Morpheus, dont le nom est repris de celui du dieu des rêves, montre à Neo le monde "réel", mais il ne le voit jamais directement lui-même. Il le visionne plutôt par une télévision qui porte le logo "Image en profondeur". Tout au long du film, les reflets dans les miroirs et dans les lunettes de Morpheus, tout comme les images sur les écrans de télévision incitent le spectateur à prendre en compte de multiple niveaux d'illusion [56]. Lorsque la caméra zoome sur l'écran de cette télévision singulière et que le spectateur "entre" dans l'image, elle "morphe" comme le font plus tôt dans le film les écrans de surveillance, montrant de cette façon son irréalité. De plus, la séquence entière a lieu lorsqu'ils se trouvent dans le programme de chargement de la construction où Neo est mis en garde contre le piège des apparences. Bien que la perception sensorielle ne soit clairement pas une source fiable pour fonder la réalité, Morpheus lui-même admet que : "Pendant longtemps je n'ai pas pu le croire, jusqu'à ce que je vis les champs [où l'on élève les humains pour l'énergie] de mes propres yeux... Et là, j'en vins à réaliser l'évidence de la vérité." Nous n'avons pas besoin d'attendre Matrix 2 pour découvrir que "le désert du réel" est lui-même réel [57].
Même si la série ne conduit pas finalement à un rejet total du monde matériel, Matrix tel qu'il se donne à voir affirme néanmoins la supériorité de la capacité humaine à imaginer et à se réaliser sur l'intelligence "limitée" de la technologie. Qu'il soit exprimé en termes de matérialité/spiritualité, corps/esprit, matériel/programme informatique ou illusion/vérité, le message ultime de Matrix semble être qu'il pourrait y avoir plusieurs niveaux de réalité métaphysique au-delà de ce que nous percevons ordinairement, et que le film nous presse de nous ouvrir à la possibilité de s'y éveiller.

http://www.zen-occidental.net/articles1/matrix.html
Frances Flannery-Dailey est professeur associé en sciences religieuses au Hendrix College (Arkansas). Spécialiste des études bibliques et juives, elle est l'auteur de Dreamers, Scribes and Priests: Jewish Dreams in the Hellenistic and Roman Eras, Brill, 2004. Rachel Wagner est professeur associé, chargé du cours Religion et Culture au Oregon State University. Ses recherches portent sur le religieux dans le cinéma, internet et les nouveaux médias.
Un article paru dans le Journal of Religion and Film, Vol. 5, n° 2, October 2001, sous le titre "Wake up! Gnosticism and Buddhism in The Matrix".
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Le bouddhisme dans Matrix
Lorsqu'un fan demanda aux frères Wachowski si des concepts bouddhistes avaient influencé la réalisation du film, ils répondirent par un "oui" franc et massif [32]. Des concepts bouddhistes imprègnent en effet le film qui paraissent bien proches de puissantes images chrétiennes équivalentes. Presque immédiatement après que Neo fut identifié comme "mon Jésus-Christ à moi", cette désignation prend une tournure nettement bouddhique. Le même pirate informatique dit : "Cela ne s'est jamais passé. Tu n'existes pas". Depuis les coques en forme de stûpa [33] où sont enfermés les êtres humains dans de sinistres champs mécaniques jusqu'au désir égoïste de Cypher d'éprouver les sensations et les plaisirs de la Matrice, les enseignements bouddhistes alimentent aussi bien l'intrigue que le langage du film [34].
La question du samsâra. Le titre même du film évoque la conception bouddhiste du monde. Morpheus décrit la Matrice comme une "prison pour ton esprit". Il s'agit d'une "construction" dépendante faite de l'interconnexion des projections numériques de milliards d'êtres humains inconscients de la nature illusoire de la réalité dans laquelle ils vivent et qui sont, en outre, complètement dépendants du matériel informatique rivé à leur corps et des programmes perfectionnés conçus par l'Intelligence Artificielle. Cette "construction" rappelle le concept bouddhiste de samsâra selon lequel le monde où nous vivons notre vie ordinaire est seulement construit par nos projections sensorielles comme expression de nos propres désirs. Lorsque Morpheus emmène Neo dans la "construction" pour lui expliquer la Matrice, Neo apprend que la manière dont il se perçoit lui-même au sein de la "Matrice" n'est rien d'autre "que la projection mentale de ton identité numérique". Le monde "réel", que nous associons à ce que nous ressentons, sentons, goûtons, et voyons "[n']est simplement [que] des signaux électriques interprétés par ton cerveau". Le monde, explique Morpheus, existe : "Seulement actuellement en tant qu'aspect d'une simulation neuronale interactive que nous appelons la Matrice". En termes bouddhistes, on pourrait dire que "c'est parce qu'il est vide d'un moi ou d'un mien qu'il est dit "le monde est vide". Et qu'est ce qui est vide d'un moi ou d'un mien ? L'oeil, les formes matérielles, la conscience visuelle, la perception oculaire, tout cela est vide d'un moi ou d'un mien." [35]. Le bouddhisme et Matrix partagent la conviction que la réalité fondée sur l'expérience sensible, l'ignorance, et les désirs enferment les êtres humains dans l'illusion jusqu'à ce qu'ils soient capables de reconnaître la nature trompeuse de la réalité et d'abandonner leur sens erroné de l'identité.
S'inspirant de la doctrine de la coproduction conditionnée, le film présente la réalité de la Matrice comme une agrégation des illusions de tous les hommes pris dans ses rets. De la même manière, le bouddhisme enseigne que la souffrance des êtres humains dépend d'un enchaînement d'ignorance et de désir qui enferme les humains dans le cercle ininterrompu de la naissance, de la mort et de la renaissance. Cet enseignement est formulé de façon lapidaire dans le Samyyutta-nikaya :
Quand ceci est, cela est ;
Ceci apparaissant, cela apparaît.
Quand ceci n'est pas, cela n'est pas ;
Ceci cessant, cela cesse. [36]
Le principe de coproduction conditionnée est illustré dans le contexte du film par l'illusion de la Matrice. La persistance de l'illusion repose sur la croyance de ceux qui, pris dans la Matrice, la prennent pour la réalité. Le programme informatique de l'Intelligence Artificielle n'est pas, en lui-même et de lui-même, une illusion. Ce n'est que lorsque les humains interagissent avec ses programmes qu'ils sont pris dans une illusion collective, la Matrice, le samsâra, qui se renforce elle-même grâce aux interactions des êtres humains qui y sont impliqués. Ainsi la réalité de la Matrice n'existe que lorsque les véritables esprits humains expérimentent subjectivement ses programmes [37].
Le problème peut être posé en termes bouddhistes. Les hommes sont pris au piège dans le cycle des illusions, et l'ignorance de ce cycle les y maintient enfermés, totalement dépendants de leurs propres interactions avec le programme, des illusions que les expériences sensorielles fournissent et des projections sensorielles des autres. Ces projections sont renforcées par le formidable désir des hommes de croire que ce qu'ils perçoivent comme réel est bien réel. Ce désir est si fort que Cypher y succombe. Ne pouvant plus supporter le "désert du réel", il demande à réintégrer la Matrice. Assis en compagnie de l'Agent Smith dans un restaurant haut de gamme, fumant un cigare accompagné d'un grand verre de whisky, Cypher explique ses raisons :
Bien sûr, je sais que ce steak n'existe pas. Je sais que lorsque je le porte à ma bouche, la Matrice dit à mon cerveau qu'il est juteux et délicieux. Mais au terme de neuf années, savez-vous ce que j'ai compris ? L'ignorance est le bonheur.
Cypher sait que la Matrice n'est pas réelle et que tous les plaisirs qu'il éprouve ne sont que des illusions. Pourtant, "l'ignorance" du samsâra lui paraît préférable à l'éveil. Niant la réalité qu'il sait en dehors de la Matrice, il utilise une formule à la négation redoublée : " Je ne veux pas me souvenir de rien. De rien. Je veux être riche. Quelqu'un d'important. Comme un acteur." Non seulement Cypher ne veut pas oublier le "rien" de la véritable réalité, mais il souhaite être aussi un "acteur" afin d'ajouter un autre niveau d'illusion à l'illusion de la Matrice dans laquelle il choisit de retourner [39]. L'attraction du samsâra est si puissante que ce n'est pas seulement Cypher qui cède à ses désirs mais également Mouse dont on peut dire qu'il a été terrassé par les appâts du samsâra. Sa mort est en effet en partie due à ses fantasmes sexuels sur la Dame en rouge qui le faisait rêver alors qu'il était censé rester en alerte.
Tandis que Cypher et Mouse représentent ceux qui s'abandonnent au samsâra, le reste de l'équipage incarne la modération et le calme prêchés par le Bouddha. La scène passe soudain du restaurant à la table du Nabuchodonosor où, au lieu de se voir offrir un whisky, un cigare et un steak, Neo reçoit un "bol de morve" qui sera son repas habituel à partir de là. Par opposition avec les plaisirs qui, pour Cypher, ne peuvent être réalisés que dans la Matrice, Neo et l'équipage doivent se contenter de "protéines unicellulaires associées à des acides aminés de synthèse, des vitamines et des minéraux" qui, selon Dozen, est "tout ce que le corps a besoin". Habillés de vêtements usagés, ne prenant qu'un gruau, dormant dans de simples cellules, l'équipage représente l'exercice de la Voie du Milieu enseignée par le Bouddha, ne versant ni dans l'ascétisme absolu ni dans la complaisance susceptible de les détourner de leur tâche [40].
La solution de la connaissance-éveil. Cette dualité entre la Matrice et, au-delà d'elle, la réalité institue l'objectif fondamental des rebelles : libérer tous les esprits de la Matrice et permettre aux êtres humains de vivre, au-delà, dans le monde réel. Sur ce point, les réalisateurs s'inspirent des concepts bouddhistes Theravâda et Mahâyâna [41]. S'inspirant de l'idéal theravâda de l'arhat, le film laisse entendre que l'éveil est réalisé par un effort personnel [42]. Morpheus, le principal mentor de Neo, lui affirme clairement qu'il ne peut en rien l'éveiller. Comme il l'explique : "Nul ne peut entendre de quelqu'un ce qu'est la Matrice. Tu dois la voir par toi-même." Morpheus explique à Neo que seul lui peut réaliser l'ultime bouleversement perceptif. Il lui dit : "J'essaie de libérer ton esprit, Neo. Mais je peux seulement te montrer la porte. Tu es le seul qui puisse la franchir." Pour le bouddhisme Theravâda "l'émancipation de l'homme dépend de sa propre compréhension de la Vérité et non pas de la grâce bénévolement accordée par un dieu ou une quelconque puissance extérieure en récompense d'une conduite vertueuse et obéissante." [43]. Le Dhammapada presse celui qui recherche l'éveil de "se libérer du passé, de se libérer du futur, de se libérer du présent. Traversant jusqu'à l'autre rive de l'existence, l'esprit totalement libéré, il ne connaîtra plus la naissance et la disparition." [44]. Comme le dit Morpheus à Neo "Il existe une différence entre connaître le chemin et marcher dessus." Et comme le Bouddha l'enseignait à ses disciples : "Vous seuls devez-vous efforcer. Les Eveillés ne peuvent qu'enseigner." [45]. Déjà sur le chemin de l'éveil, Morpheus n'est qu'un guide. Finalement, Neo doit découvrir la vérité par lui-même.
Mais Matrix contient également des notions que l'on trouve dans le bouddhisme Mahâyâna, notamment son attention particulière à la libération de tous les êtres sous la direction de ceux qui demeurent dans le samsâra et qui diffèrent leur propre éveil afin de secourir autrui sous la forme de bodhisattvas [46]. Les membres de l'équipage du Nabuchodonosor incarnent cette compassion. Plutôt que de rester à l'extérieur de la Matrice où ils sont en sécurité, ils choisissent d'y retourner de façon répétée comme les ambassadeurs de la connaissance dans le but de libérer les esprits et éventuellement également les corps de ceux qui sont piégés dans la toile numérique de la Matrice. Le film est une tentative de synthèse de l'idéal theravâda de l'arhat et celui mahayaniste du bodhisattva, puisqu'il présente l'équipage comme préoccupé par tous ceux qui sont encore englués dans la Matrice avec la volonté d'y retourner pour les secourir. En même temps, il affirme que la réalisation dernière est le fruit d'un cheminement personnel.
Neo en tant que Bouddha. Bien que l'équipage en son entier incarne l'idéal du bodhisattva, les réalisateurs font de Neo un personnage unique, laissant entendre que si l'équipage peut être considéré comme des arhats ou des bodhisattvas, Neo serait alors un Bouddha. L'identification de Neo au Bouddha est corroborée non seulement par l'anagramme de son nom mais aussi par le mythe qui l'enveloppe. L'Oracle a prédit le retour de celui qui aura la capacité d'opérer sur la Matrice. Comme l'explique Morpheus, le retour de cet homme "annoncera la destruction de la Matrice, la fin de la guerre, la liberté pour notre peuple. Voilà pourquoi certains d'entre nous ont passé leur vie entière à parcourir la Matrice à sa recherche". Morpheus croit que Neo est la réincarnation de cet homme qui, comme le Bouddha, sera doté de pouvoirs extraordinaires à même d'aider l'humanité à s'éveiller.
L'hypothèse d'un Neo réincarnation du Bouddha est corroborée, dans le film, par la prédominance des images de naissance qui lui sont associées. Au moins quatre réincarnations sont visibles. La première naissance a lieu dans l'avant-histoire du film, dans la vie et la mort du premier Eveillé qui pouvait contrôler la Matrice de l'intérieur. La seconde est celle de la vie de Neo lorsqu'il est Thomas Anderson. La troisième renaissance débute lorsque Neo émerge, hoquetant, de la gelée d'une étrange coque en forme de stûpa dans laquelle il avait été enfermé, qu'il est débranché et qu'il tombe d'un énorme conduit noir qui peut facilement être comparé à un vagin [47]. Il en sort chauve, nu et perdu avec des yeux dont Morpheus lui dit qu'ils "n'ont jamais été utilisés" auparavant. "Mort" au monde de la Matrice, Neo est "re-né" dans le monde qui se trouve au-delà de celle-ci. La quatrième vie de Neo débute après sa mort et sa nouvelle renaissance dans les dernières scènes du film lorsque Trinity le ressuscite d'un baiser [48]. A ce moment-là, Neo perçoit non seulement les limites de la Matrice mais aussi celles du monde du Nabuchodonosor, en ayant surmonté la mort dans ces deux domaines. Comme le Bouddha, son éveil lui confère l'omniscience. Il échappe au pouvoir de la Matrice et n'est plus assujetti à la naissance, à la mort et la renaissance dans la construction mécanique de l'Intelligence Artificielle [49].
Neo, comme le Bouddha, cherche à se libérer de la Matrice et à enseigner aux autres comment s'en libérer eux-mêmes, et n'importe quel pouvoir surhumain peut être utilisé à cet effet. Comme il est le seul être humain depuis le premier éveillé, capable de manoeuvrer à sa guise le programme informatique de l'intérieur et jusqu'à ses limites, Neo représente la réalisation de la bouddhéité, celui qui peut non seulement reconnaître "l'origine de la souffrance dans le monde des êtres vivants" mais celui qui peut également imaginer "la fin de la souffrance" en instituant "le chemin qui mène à sa fin" [51]. Sous cet angle, Neo dépasse ses compagnons bodhisattvas, il apporte l'espoir de l'éveil et de la liberté à tous les êtres humains pris dans les filets de l'ignorance.
Le problème du nirvâna. Mais que se passe-t-il lorsque la version matricielle de la réalité disparaît ? Le bouddhisme enseigne que le nirvâna est réalisé une fois le samsâra transcendé. La notion d'un soi est complètement abandonnée, de sorte que la réalité conditionnée s'évanouit, et ce qui subsiste, s'il reste quelque chose, défit les capacités du langage à le décrire. Pourtant, lors de son retour dans la Matrice, Neo conserve "l'image d'un soi résiduel" et la "projection mentale d'un soi numérique". Lors de son "éveil", il ne se retrouve pas dans un nirvâna, ou dans un non-lieu, mais dans une situation nouvelle avec un sens du soi intact, même s'il est un peu confus, qui ressemble fortement à son moi dans la Matrice. Trinity pourrait avoir raison lorsqu'elle dit que la Matrice "ne peut te dire qui tu es", mais ce que nous sommes ressemble, au moins d'une certaine façon, à ce que nous pensons être dans la Matrice. En d'autres termes, il y a suffisamment de continuité dans le sentiment d'identité dans le monde de la Matrice et dans "le désert du réel" pour supposer que les auteurs donnent à entendre que "l'éveil" complet n'a pas été encore réalisé et qu'il se trouve par-delà la réalité du Nabuchodonosor et du monde qu'il habite. Si le paradigme bouddhiste est suivi jusqu'à ses conclusions logiques, on peut s'attendre à ce qu'il y ait au moins un autre niveau de "réalité" au-delà du monde de l'équipage, car même ceux qui se sont libérés de la Matrice sont toujours sujets à la souffrance et à la mort et continuent de manifester des egos personnels.
Une telle réflexion est corroborée par ce qui semble être la transformation la plus problématique des enseignements traditionnels du bouddhisme dans Matrix. La doctrine bouddhiste de l'ahimsa, la non-violence à l'égard de tous les êtres vivants, est ouvertement démentie par le film [52]. Tout se passe comme si les réalisateurs avaient délibérément choisi de lier la violence à la connaissance salvatrice. Il semble en effet qu'il n'y ait pas d'autres moyens pour l'équipage que de prendre les armes. Lorsque Tank demande à Neo et à Trinity ce qu'ils ont besoin pour sauver Morpheus "en dehors d'un miracle", leur réponse fuse, "des fusils, beaucoup de fusils". Les scénaristes auraient pu facilement présenter "la mort" des agents comme l'effacement d'une portion particulière du programme informatique. Au lieu de cela, les frères Wachowski ont intentionnellement choisi de décrire les êtres humains comme des victimes innocentes de la mort des agents [53]. Cette nette violation de l'ahimsa paraît quelque peu singulière au regard de l'idéal bouddhique de la compassion.
Mais pourquoi donc associer aussi directement connaissance et violence ? Les réalisateurs présentent la violence comme rédemptrice [54] et absolument indispensable à la réussite des rebelles. Sur ce point, Matrix s'éloigne fortement des paradigmes du bouddhisme et du gnosticisme chrétien qui se rejoignent là. La "réalité" de la Matrice qui exige que des êtres humains meurent victimes d'une violence salvatrice n'est pas la réalité ultime à laquelle aspirent le bouddhisme et le gnosticisme chrétien. Ni la "tranquillité" du plérome ni le "Néant" éternel du nirvâna ne dépendent de la technologie ou de l'utilisation de la force qui toutes deux caractérisent le monde des rebelles dans Matrix.
L'association explicite que fait le film de la connaissance et de la violence laisse fortement entendre que Neo et ses compagnons n'ont pas encore réalisé la réalité ultime. Selon les visions du monde du gnosticisme chrétien comme du bouddhisme que le film évoque, cette réalisation implique une liberté complète à l'égard du monde matériel et offre la paix de l'esprit. Les Wachowski reconnaissent eux-mêmes qu'il est tout à fait "ironique que Morpheus et son équipage dépendent complètement de la technologie et des ordinateurs, tous les démons contre lesquels ils combattent" [55]. Il est vrai que l'existence même du film dépend à la fois des possibilités technologiques et de la soif de violence hollywoodienne. Se niant lui-même, Matrix enseigne que le nirvâna est au-delà encore de notre portée.
Remarques finales
Que nous regardions le film dans une perspective gnostique chrétienne ou bouddhiste, le message dominant du film semble être " réveille-toi! " Ce qui est rendu explicitement par la chanson finale du film "Réveille-toi!" du justement nommé Rage Against the Machine (La rage contre la machine). Le gnosticisme, le bouddhisme et le film conviennent que l'ignorance nous enchaîne dans un monde matériel illusoire et que la libération vient d'un éveil qui nécessite l'aide d'un enseignant ou d'un guide. Cependant, lorsqu'on pose la question "à quoi s'éveille-t-on ?", le film paraît nettement diverger du gnosticisme et du bouddhisme. Ces deux traditions affirment que lorsque les êtres humains sont éveillés, ils vivent en-dehors du monde matériel. Le gnostique monte après sa mort au plérome, le plan divin de l'existence spirituelle et immatérielle, tandis que l'éveillé dans le bouddhisme atteint le nirvâna, un état qui ne peut être décrit par le langage, mais qui est complètement immatériel. En revanche, "le désert du réel" est un monde pleinement matériel, technologique dans lequel des robots élèvent des humains pour l'énergie, un monde où Neo peut apprendre les arts martiaux en quelques secondes par une carte-mère implantée à l'arrière de son cerveau, où la technologie combat la technologie (le Nabuchodonosor contre l'Intelligence Artificielle, les impulsions électromagnétiques contre les sentinels). Qui plus est, la bataille contre la Matrice n'est possible que par l'usage de la technologie - les téléphones portables, les ordinateurs, les programmes informatiques d'apprentissage. Le "réveille-toi!" du film emmène au-delà de la Matrice à s'éveiller dans un triste cybermonde qui est le véritable monde matériel.
Ou peut-être pas. Il y a plusieurs indices cinématographiques dans la scène du chargement du programme de construction (représenté par un espace blanc) qui suggèrent que le "désert du réel" que Morpheus montre à Neo n'est peut-être pas la réalité ultime. Après tout, Morpheus, dont le nom est repris de celui du dieu des rêves, montre à Neo le monde "réel", mais il ne le voit jamais directement lui-même. Il le visionne plutôt par une télévision qui porte le logo "Image en profondeur". Tout au long du film, les reflets dans les miroirs et dans les lunettes de Morpheus, tout comme les images sur les écrans de télévision incitent le spectateur à prendre en compte de multiple niveaux d'illusion [56]. Lorsque la caméra zoome sur l'écran de cette télévision singulière et que le spectateur "entre" dans l'image, elle "morphe" comme le font plus tôt dans le film les écrans de surveillance, montrant de cette façon son irréalité. De plus, la séquence entière a lieu lorsqu'ils se trouvent dans le programme de chargement de la construction où Neo est mis en garde contre le piège des apparences. Bien que la perception sensorielle ne soit clairement pas une source fiable pour fonder la réalité, Morpheus lui-même admet que : "Pendant longtemps je n'ai pas pu le croire, jusqu'à ce que je vis les champs [où l'on élève les humains pour l'énergie] de mes propres yeux... Et là, j'en vins à réaliser l'évidence de la vérité." Nous n'avons pas besoin d'attendre Matrix 2 pour découvrir que "le désert du réel" est lui-même réel [57].
Même si la série ne conduit pas finalement à un rejet total du monde matériel, Matrix tel qu'il se donne à voir affirme néanmoins la supériorité de la capacité humaine à imaginer et à se réaliser sur l'intelligence "limitée" de la technologie. Qu'il soit exprimé en termes de matérialité/spiritualité, corps/esprit, matériel/programme informatique ou illusion/vérité, le message ultime de Matrix semble être qu'il pourrait y avoir plusieurs niveaux de réalité métaphysique au-delà de ce que nous percevons ordinairement, et que le film nous presse de nous ouvrir à la possibilité de s'y éveiller.
Un article intéressant, merci.
Je ne suis pas convaincue de l'intérêt de trop tirer Matrix vers le bouddhisme, car le film m'avait semblé être davantage inspiré du gnosticisme : si mes souvenirs sont bons, la Matrice est une structure artificielle fabriquée et gouvernée par les machines dans le cadre d'une guerre contre les humains, et dans un dessein précis (produire de l'énergie) -comme l'est le monde du Démiurge pour les gnostiques néo-platoniciens (il est un instrument de lutte contre Dieu dans une guerre pour la domination du monde), alors que la coproduction conditionnée du bouddhisme est un processus sans début ni fin, ni but, qui ne profite à personne. Il y a aussi dans le film le thème de l'élection, du choix d'un sauveur, qui m'avait paru renvoyer nettement au christianisme.
On pourrait discuter longuement et ce serait très agréable, mais il faudrait que je revoie Matrix.
Cela dit, personnellement, face à ce type de films qui mélange les influences, même si je les apprécie beaucoup, je ne cherche pas à les tirer vers une religion en particulier. Il existe des films bouddhistes, comme ceux de King Hu et de Johnnie To, qui délivrent un message clair et net et c'est très différent.
Je ne suis pas convaincue de l'intérêt de trop tirer Matrix vers le bouddhisme, car le film m'avait semblé être davantage inspiré du gnosticisme : si mes souvenirs sont bons, la Matrice est une structure artificielle fabriquée et gouvernée par les machines dans le cadre d'une guerre contre les humains, et dans un dessein précis (produire de l'énergie) -comme l'est le monde du Démiurge pour les gnostiques néo-platoniciens (il est un instrument de lutte contre Dieu dans une guerre pour la domination du monde), alors que la coproduction conditionnée du bouddhisme est un processus sans début ni fin, ni but, qui ne profite à personne. Il y a aussi dans le film le thème de l'élection, du choix d'un sauveur, qui m'avait paru renvoyer nettement au christianisme.
On pourrait discuter longuement et ce serait très agréable, mais il faudrait que je revoie Matrix.
Cela dit, personnellement, face à ce type de films qui mélange les influences, même si je les apprécie beaucoup, je ne cherche pas à les tirer vers une religion en particulier. Il existe des films bouddhistes, comme ceux de King Hu et de Johnnie To, qui délivrent un message clair et net et c'est très différent.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
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J'ai commandé le livre pour un proche.
Sinon, il y a eu un film qui paraît un peul nul, un des premiers du genre que j'ai vu, mais chacun ses goûts bien-sûr, je l'ai bien aimé :
The Foutain
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_g ... 46113.html
Sinon, il y a eu un film qui paraît un peul nul, un des premiers du genre que j'ai vu, mais chacun ses goûts bien-sûr, je l'ai bien aimé :
The Foutain
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_g ... 46113.html
- Dharmadhatu
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- Inscription : 02 juillet 2008, 18:07
Flocon a écrit :je n'ai pas saisi dans le film la présence d'un discours particulier qui rappellerait celui du Bouddha sur la souffrance, ses causes et la façon d'en sortir.

Il y a un moment très fort, quand deux personnages font l'amour et qu'ensuite le couple gay bousille les assiettes: il est dit que tout n'est que convention et que ces conventions ne demandent qu'à être franchies.
La matrice des conventions, c'est très bouddhiste et madhyamika en particulier.

apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Merci pour ce détail, je l'avais oublié. 

Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
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Bonsoir,
Je fais tout de même pencher Matrix du côté théiste, car Dieu est tout de même bien symbolisé par le démiurge controlant la matrice, doté de sa belle barbe blanche.
Il évoque le Dieu jaloux, et autoritaire de l'ancien testament. Tandis que Néo évoque, le fils rebelle rédempteur, du nouveau testament.
Evidemment la ville de Sion et la libération de Sion, la Jérusalem soutairaine, qui vie dans le noyau de la terre, comme une semence divine porteuse d'espérance, attendant
qu'en surface la pluie bienfaisante se mette à nouveau à tomber...Cela sonne très biblique tout de même !
Le débat sous jacent sur les bienfaits/méfaits de la technologie n'est pas sans rappeller le mythe, d'Adam et Evè chassés de l'Eden, pour avoir gouter au fruit de la connaissance.(Mythe de Prométhée)
L'homme-Prométhéen doit faire un usage mesuré de la technologie qui doît être à son service, sinon l'humanité court le risque d'être asservie par ses propres artefacts.
FA
Je fais tout de même pencher Matrix du côté théiste, car Dieu est tout de même bien symbolisé par le démiurge controlant la matrice, doté de sa belle barbe blanche.
Il évoque le Dieu jaloux, et autoritaire de l'ancien testament. Tandis que Néo évoque, le fils rebelle rédempteur, du nouveau testament.
Evidemment la ville de Sion et la libération de Sion, la Jérusalem soutairaine, qui vie dans le noyau de la terre, comme une semence divine porteuse d'espérance, attendant
qu'en surface la pluie bienfaisante se mette à nouveau à tomber...Cela sonne très biblique tout de même !
Le débat sous jacent sur les bienfaits/méfaits de la technologie n'est pas sans rappeller le mythe, d'Adam et Evè chassés de l'Eden, pour avoir gouter au fruit de la connaissance.(Mythe de Prométhée)
L'homme-Prométhéen doit faire un usage mesuré de la technologie qui doît être à son service, sinon l'humanité court le risque d'être asservie par ses propres artefacts.

FA