Appréhender le Dhamma ?

[tirru...]

l'humilité est plus juste. Ou la simplicité.

il faut simplement voir ... sur l'instant.

Le Dharma au contact de ma vie, dans le présent.

On voit bien que le retour au présent dans sa simplicité constitue un repère pour bien appréhender le Dhamma en tant que réalité et qu'enseignement.

Personnellement, j'appréhende le Dharma dans la vie de tous les jours, mais sans établir de clivage avec un "imaginaire" qui ne ferait pas partie de cette vie quotidienne.

Je trouve les enseignements compatibles avec mon expérience, c'est pour moi le point fort du bouddhisme.

Merci pour la clarté du propos Flocon, pourtant l'imaginaire est une projection qui permet d'appréhender non pas l'être présent mais l'être en devenir. On ne peut nier son rôle aussi imaginaire soit-il !

J'en profite pour prolonger ce fil : L'histoire du Bouddha a bien susciter notre imagination ? Quelle est la place de l'imaginaire dans le bouddhisme ?

[tirru...]

Que tout soit croyance, parce que "tout" est vacuité
N'est-ce pas le raisonnement qui aboutit à l'émergence du Bouddhisme Tantrique ?
Qui a fait émerger des pratiques accès sur le rituel, les déïtés, la magie, etc ?

Insistance suspecte ! Prière d'éviter les HS. Ceci dit les pratiques rituelles, les Devas et la magie ne sont pas l'apanage exclusif du bouddhisme tantrique, on les retrouve sous ou une forme ou une autre dans les autres courants et écoles bouddhistes. Chacun est libre de prendre ce qui lui plait dans le vaste monde bouddhiste, d'en faire l'expérience, d'adhérer, de douter ou de rejeter s'il le souhaite. Je ne crois pas qu'il nous appartient de juger ce qui est bon ou pas pour autrui.

[Flocon]

J'ai dû mal m'exprimer. Je ne niais pas le rôle de l'imaginaire, au contraire : je voulais juste dire que pour moi, ce rôle est totalement intégré à la vie quotidienne, il n'y a pas de séparation. Non que je confonde réalité et fiction , mais l'imagination est à mes yeux une fonction de l'esprit comme les autres, ni plus ni moins.

Sur la place de l'imaginaire dans le bouddhisme en général, je ne sais pas ce qu'il en est. Certaines écoles l'utilisent peut-être plus que d'autres (quoique, vraiment, ).

[axiste]

Je suis un peu au ralenti sur le terme imagination qui est un concept qui évoque trop de choses différentes...

http://www.cnrtl.fr/definition/imagination

On devrait peut-être découper le concept pour prendre la part qui nous convient oiseau2julie

[Katly]

Je ne vois pas la séparation avec la vie quotidienne, également, ne serait-ce que par le biais de la poésie par exemple, entre autres.
L'imaginaire, c'est vraiment une fonction de l'esprit humain, on retrouve cela dans toutes les spiritualités depuis la nuit des temps, Asie, Australie, Afrique... etc
Après, l'utilisation c'est variable d'une école à une autre du bouddhisme, comme dit un peu Flocon, dans le foisonnement ou le style, c'est beaucoup mêlé à la culture, l'environnement, a des influences diverses.
On utilise l'imaginaire parfois pour mieux expliquer des choses réels, comme avec les contes... L'imaginaire peut provoquer une ouverture au réel...
L'imaginaire aide à exprimer des choses indicibles ou troublantes, autrement.

Pour répondre au prolongement de la question de Tirru :
L'histoire du Bouddha a bien-sûr suscité mon imagination, mais m'y attaché serait me perdre dans un passé historique, et m'attacher au Bouddha historique, mais l'enseignement lui est dans le présent, dans la réalité de ma vie de cette époque.
L'être en devenir est totalement à inventer, à créer, alors, l'imaginaire peut s'immiscer, mais pas trop, pour ne pas me perdre dans le futur, non plus. Car c'est toujours maintenant que tout se joue. Je tiens à garder toute lucidité, toute clarté.
Et je peux laisser une part de rêve, mais ce que j'aurai pu être est passé, ce que je pourrai être m'est inconnu. Je ne connais que mon présent. Et c'est ça qu'est génial.

[Flocon]

Bernard Faure a récemment publié un livre très intéressant à ce sujet, L'imaginaire du Zen, l'univers mental d'un moine japonais.
Il s'agit d'une approche historique très fouillée de l'imaginaire du Zen médiéval, à travers la figure de Keizan, l'un des successeurs de Dôgen.

Une brève présentation sur ce lien.

C'est un peu HS par rapport au fil de discussion qui porte sur la pratique personnelle, mais si l'on est féru d'histoire du bouddhisme, c'est à lire : on y trouvera de nombreux renseignements sur le rôle de l'imaginaire dans une école du bouddhisme qu'on croit parfois, à tort, étrangère à cet aspect de l'esprit humain.

[Jean]

Il me semble que Intuition, imaginaire et créativité sont liés et il semblerait que la médiation stimule l'intuition et la créativité.

L'imagination peut être un bon outil dans la mesure ou elle contrôlée par l'intelligence et l'expérience.

Le fait de savoir que nous projetons nos contenus sur la réalité permet déjà de fissurer les certitudes. Il y a la réalité et les façons de percevoir cette réalité. La méditation peut être vue comme un entrainement à percevoir la réalité sans les distorsions créées par les façons de voir.

C'est beau, c'est laid, c'est bien, c'est mal, c'est important, pas important...

Le Français va manger avec délice un fromage puant à souhait (suivi d'un verre de bon vin rouge), l'Américain, rien qu'à l'odeur, ira vomir. L'Américain pensera avoir une réaction naturelle, d'une personne disposant du libre choix, en harmonie avec la réalité alors que sa réaction est le fruit d'un conditionnement culturel. Il y a beaucoup de choses semblables (attitudes mentales, opinions créées par l'environnement culturel, images de soi et représentation du monde) à remettre en question, ça prend du temps

[lausm]

Par exemple, on a l'image du zen comme un truc où il n'y a aucune fantaisie, juste un monde en noir et blanc avec un coup de cloche, et personne qui ne cause.
Or si le silence peut être profond, effectivement comme l'annonce le bouquin de Faure, il y a tout un monde super riche imaginairement : le zen est peut-être épuré, mais au Japon il coexiste avec un animisme incroyablement vivant et vivace, les gens vivent dans un monde rempli d'esprits, de fantômes, etc etc......
Donc, si on s'attache au rien, on risque de mal interpréter les choses et d'évacuer une fonction humaine naturelle et nécessaire.

[Katly]

Un petit grain de fantaisie, subtil et discret dans cette apparence austère du zen et cela ne manque pas de chaleur contrairement à ce que j'ai cru il y a bien longtemps. Et je suis heureuse de découvrir de la poésie, de la créativité et un imaginaire riche aussi dans le zen vietnamien.

L'imaginaire a du bon dans le bouddhisme comme ailleurs, et dans une pratique tant qu'il n'est pas une fuite, un refuge, un exutoire ou refoulement. L'esprit humain peut aussi facilement l'utiliser négativement, en être prisonnier.
L'imaginaire nourrit une vie spirituelle avec modération. C'est ouvert, c'est la vie, le présent.
L'imagination maitrisée, la créativité sont d'autres petites clés de compréhension de la vie et du monde.

[Katly]

La fiction ce serait rêver sa vie, avec le Dharma, au lieu de la vivre pleinement, avec toute la présence d'esprit.

Peut-être, peut-on dire que quand nous sommes assis, nous ne nous imaginons pas être Bouddha, un bouddha.
Nous sommes bouddha.