L'homme normal passe t'il pour un cinglé de nos jours ?

Katly

Je suis bien d'accord avec ce que tu dis Jean.
La communication passe naturellement, on trouve toujours si on veut communiquer, c'est simple. Avec tous les êtres... Les personnes âgées, les enfants, les femmes seules, les jeunes-hommes et jeune-filles, les messieurs sympathique, il y a des échanges humains, on se sourient et se parlent facilement, heureusement ! Sinon c'est moi qui deviendrait folle, sans humanité, contact humain. Et j'en ai tous les jours avec chauffeuse de bus, caissière, épicier... etc A ma voisine, j'ai dis que je lisais beaucoup, que je cousais et aime le calme, la tranquillité ( c'est vrai et la discrétion) que c'est pour ça que je sortais peu, elle est âgée, elle ne comprendrait pas tout, l'étude, la méditation, tout ça. Il n'y a pas de rejet total du monde de ma part, bien au contraire et il m'arrive de parler le langage des fous, ou personnes malheureuses... Parfois celui des chats, des oiseaux, et des canards,( genre de comportement "anormal" qu'on peut voir, d'une personne dans une rue ou au bord d'une rivière. ) Mais je ne veux pas suivre les vents sombres de folies collectives en ces temps obscurs, c'est sûr.
Katly

ted a écrit :Si je sors cet aprèm, sous la neige, en maillot de bain, en récitant des mantras, on va me prendre pour un cinglé !
Si je vais le faire au Tibet, ou au Japon, je jouis du respect des autres !
Sommes-nous vraiment dans la Terre Pure de l'Ouest, ici, en France ? :)
Pour en revenir à la pratique de Tumo, qui est une pratique tibétaine et encore moins connu que la méditation, c'est sûr que tu ne choisis pas le plus facile. Si dans une station de montagne, tu décides de te mettre en maillot de bain dans la neige, tu risque de voir apparaître un pompier avec une couverture chauffante. On va te dire que les "vacances à la mer" c'est en été. Cela ferait très bizarre, alors que tout le monde est en combinaison sur des ski, ou dans les sports de glisse extrême, bien-sûr. Et l'idée d'un entrainement dans une chambre froide n'est pas des plus inspirante. Mais tu peux choisir une pratique, du type "balade dans la neige" qui prend le temps d'admirer le paysage ( ski de fond ), en "marche consciente" un peu comme un sherpa.
ted

Je ne pratique pas Tumo. C'est dangereux sans un maître de cette tradition pour vous guider.
Mais c'est vrai qu'en lisant la biographie du maître de Komyo, qui a fait plusieurs ascèses très difficiles, j'ai ressenti comme un appel.
C'est à Shikoku, une île du sud du Japon, qu'est né, au VIII siècle, Kobo Daishi. Il allait souvent prier dans les quatre-vingt-huit temples principaux et vingt temples secondaires qui sont les étapes du pèlerinage. Situés le plus souvent au sommet des montagnes, ils forment une sorte d'immense chapelet où. chaque année, des millions de Japonais se rendent pour implorer leur guérison ou se préparer à la mort, dans l'espoir de renaître près du saint.

Nous fîmes la route en moines pèlerins. marchant. priant et méditant sur plus de mille kilomètres à travers l'île. Un bon préambule du Taku Hatsu, l'ascèse du moine mendiant, la plus difficile pour moi. «gaijin». Le chapeau rond à large bord. les guêtres blanches. le bâton de pèlerin muni de six anneaux inspirent toujours le respect pour ceux qui les portent. Même à l'ombre des gratte-ciel d'un Tokyo hyper industrialisé, dans le métro ou au milieu de la cohue qui règne dans les rues de la ville. Mais rares sont les moines qui pratiquent encore aujourd'hui cette ascèse.

Pour moi, elle fut pourtant l'une de mes expériences les plus gratifiantes et l'occasion de vérifier que le moine mendiant reçoit bien plus que de l'argent: il gagne en humilité et en tendresse pour le genre humain. objectif essentiel de nos pratiques. Je n'oublierai jamais le petit garçon qui mit un bonbon dans le bol noir de fer martelé qui me servait de sébile. Ni la tasse de thé et le gâteau que m'apporta un cordonnier alors que je chantais mes prières dans le froid de l'hiver Ni ce vieil homme me disant: ' Koko itai, itai, gaijin san' « j'ai mal, j'ai mal ici étranger» en me montrant son côté afin que je prie pour que «ce pauvre corps de Bouddha» guérisse.

Je n'oublierai pas, non plus, cette petite fille de six ans à peine donnant une pièce de dix yens à son frère, encore plus jeune qu'elle pour qu'il la dépose dans mon bol. Avec son geste empreint de tant de maturité, il y avait dans cette enfant plus de sagesse que chez bien des adultes. La dame riche de la boutique de soieries de luxe, par exemple, qui me fit une grimace et le geste de déguerpir.. c'est grâce aux milliers de piécettes ramassées en plusieurs mois dans les rues de Tokyo, d'Osaka. de Kyoto, que nous avons pu rapporter en France, le beau et grand Bouddha qui orne notre temple de Saint-Félix. à l'orée du Larzac.

Docteur Daniel Billaud (Yûkaï Senseï)

Texte écrit en Avril 1985
http://shingon.tripod.com/
FA

ted a écrit :Qu'est ce qu'un fou ? Qu'est ce qu'un éveillé ?

Un pratiquant qui devient fou peut se croire éveillé ?
Un pratiquant qui s'éveille peut se croire fou ?
Un pratiquant qui s'éveille n'a plus aucune croyance au sujet de lui-même.
Il a réalisé la non-existence d'un soi-inhérent.

jap_8
Fa
ted

FA a écrit : Un pratiquant qui s'éveille n'a plus aucune croyance au sujet de lui-même.
Il y a des micros éveils
FA

ted a écrit :Qu'est ce qu'un fou ? Qu'est ce qu'un éveillé ?

Un pratiquant qui devient fou peut se croire éveillé ?
Un pratiquant qui s'éveille peut se croire fou ?
D'un point de vue Bouddhiste rien ne distingue un Fou, d'un être dit "normal".
Si ce n'est que la folie de l'être normale est plus fonctionnelle que celle du fou,
Donc mieux intégrée aux rouages de la société.

FA
ted

Mon propos était de signaler que ceux qui sont en route vers l'éveil peuvent donner l'impression de tomber dans la folie à cause de leurs comportements, de leurs choix, perçus comme étranges.

Mais Jean m'a fait remarquer qu'il suffisait de rester discret et de ne pas se faire remarquer.
De toute façon, ma question était idiote... :mrgreen:

Je crois que Katly a compris où je voulais en venir. Cette impression de se marginaliser.
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tirru...
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Une piste peut être du côté de la folle sagesse ? :cool:
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Jean

C'est vrai qu'il y a une sensation de marginalisation, mais avec la pratique elle est compensée par la sensation d'harmonie avec la vie, l'univers et par la prise de conscience que tous les êtres ont la nature de Bouddha, d'où une sensation de fraternité. ¨Peu à peu la sensation de marginalisation perd de son importance

Dans un monastère, il y a cette impression de communauté humaine, de sangha, mais en même temps, chaque moine est seul, chaque moine a à parcourir son propre chemin, a ses propres expériences, se marginalise quand il retourne dans sa cellule pour étudier ou méditer.

Il y a ce moine qui sentant qu'il allait mourir a demandé qu'on l’amène dans une cellule de méditation et qu'on lui fiche la paix ce qui lui a permis de mourir tranquillement.

Comme dit Tirru, il y a la folle sagesse, pour le sage c'est de la sagesse, c'est cohérent, pour l'être ordinaire, c'est de la folie, du n'importe quoi.

Dans Castaneda, il y avait ce concept de "Folie contrôlée" Grosso modo, le fou ne sait pas qu'il est fou, le sage sait qu'il est fou. Il sait que si il s'habille en costume cravate, c'est parce que c'est une convention d'habillement qui projette une image de soi ordinaire. Donc il s'habille ainsi, mais peut être chez lui, il s'habille en pagne ou se promène à poil. Il s'habillerait sans état d'âme en spiderman si il devait aller à une convention de spidermen, ou en Elvis Presley, si c'est une convention d'Elvis Presleys. Il ne va pas y aller habillé en Mr Spock!

Si deux personnes différentes veulent communiquer l'une avec l'autre, elles trouveront toujours un sujet de début de conversation ne serait-ce que la pluie et le beau temps. Il y a des communications superficielles et d'autres qui sont plus ou moins profondes. Il est possible de passer d'une communication superficielle à une communication plus profonde. Le processus peut être rapide comme il peut prendre beaucoup de temps. Quelques fois la communication peut rester à un niveau superficiel. je crois que c'est tout à fait normal, la variété des niveaux de communication fait partie de la variété des situations de la vie.

Le Bouddha devait avoir des niveaux de communication différents avec sa famille, ses disciples, ses amis, l'épicier du coin.

Une personne avait rencontré son maître d'une manière très ordinaire. C'était au Népal, il était alors un jeune Tibétain habillé à l'européenne, il a abordé la personne et ses amis pour leur demander de quel pays ils venaient et blablabla. Cela a été que beaucoup plus tard que la personne a appris que ce Tibétain était un Lama. Le lama n'avait pas entamé une communication avec elle en lui prêchant le Bouddhisme mais par des sujets de conversation ordinaires.
Katly

" Ceux qui sont content de n'être rien de particulier
sont des gens nobles. Ne luttez pas.
Soyez ordinaire."

Linji


Je dirais même ne "soyez" pas, vous êtes.

La sensation de marginalisation vient aussi parfois, quand on nous impose trop de choses. Il y a des conventions, des codes auxquels on ne veut pas, on ne souhaite pas se plier, parce que justement ce n'est pas cohérent avec soi-même, profondément. On est mal à l'aise, contrarié, ou ralenti dans notre progression. On voudrait bien de temps en temps l'inverse, être tranquille, libre, pratiquer tout en passant inaperçu, avec le respect naturel et la tolérance des autres. On a les retraites éventuellement.
On choisit plus ou moins aussi parmi ces "outils de communication".
Après le travail "on quitte l'uniforme", on enlève ses chaussures puis à la maison, enfin ! on peut être dans sa tenue préférée.
Dans la sphère privée, on est plus libre, quoique pour un(e) laïc c'est parfois difficile. :roll:

Oui, avec la sensation d'harmonie avec la vie, on peut être à l'aise partout, avec tout le monde. Mais c'est pas tout le temps, ça. Alors, il y a le retour à soi, dans son "refuge", son "repaire" ou sa "cellule" pour avoir la paix.
Et dans des moments difficiles, le mieux c'est :
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