Suttas essentiels

Iskander

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Lorsque je m'intéresse à un sujet, j'aime bien me référer aux sources. En ce qui concerne le Bouddhisme, ça pose un problème, parce que par exemple le canon pali fait environ 40 volumes, dont il n'existe pas de traduction complète en français ni même en anglais.

Je suis donc certain que je ne lirai jamais l'intégrale du canon, et qu'il vaut mieux adopter une autre stratégie: j'aimerais assembler un petit vade mecum à usage personnel qui regroupe les suttas essentiels, c'est à dire ceux qui décrivent de façon la plus claire les fondamentaux du Bouddhisme.

Je mettrai en fin de post ceux qui ont attiré mon attention, mais je serais heureux si d'autres forumeurs indiquaient des suttas qu'ils trouvent particulièrement intéressants ou instructifs. Dans l'esprit non sectaire de Nangpa, je suis ouvert à l'inclusion des suttas des différentes traditions. Si vous avez une suggestion, je vous serais gré de l'ajouter en pensant aux points suivants:

- Ce doivent être des suttas, et pas des sermons ou enseignements non inclus dans les divers canons. On pourrait par contre ouvrir un autre fil qui regroupe des extraits de textes non canoniques les plus importants.
- Suggérés avec un lien vers une version en français ou anglais.
- Une ligne résumant le contenu, et pourquoi la sutta est intéressante.

Je mettrai à jour la liste de liens au fur et à mesure des suggestions, mais voici mes choix pour l'instant:


La mise en mouvement de la Roue du Dhamma - premier sermon: 4 vérités, co-production conditionnée (SN V420-424)

La doctrine du non-soi - deuxième sermon (SNIII - 22.59)

Le sermon du feu - décrit l'attachement (SN 35.28)

La Coproduction Conditionnée (SN II.16-19)

La Cité - Récit de la réalisation des quatre vérités, et de la coproduction conditionnée (SN 12.65), extrait

Discours du Bouddha aux Kalamas - à propos de la liberté de pensée (AN III.65)

Discours à Sigala - Préceptes pour les laïques (DN 31 PTS: D iii 180), en français
(en anglais:http://www.buddhanet.net/e-learning/ethics_s.htm)

Je ne parviens pas à trouver de référence sur les six qualités de l'enseignement? crysmiley

Sutta de Soma - La question du genre (SN 5.2)
(en français)
(En anglais: http://www.accesstoinsight.org/tipitaka ... .bodh.html)
Dernière modification par Iskander le 18 décembre 2011, 12:56, modifié 1 fois.
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Flocon
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Voici une courte liste de sutras que je lis avec profit (outre ceux que vous citez, qui sont incontournables).

Le problème face à la masse du canon bouddhiste est souvent de savoir comment l’aborder. :oops: Personnellement, je le lis progressivement, lentement, en classant, pour mon propre usage, les sutras selon l’intérêt qu’ils présentent pour moi-même (intérêt pour la pratique quotidienne de l’éthique, intérêt pour le développement de vues correctes, etc.). Je ne reproduis pas ici ce classement, puisque je ne cite que très peu de textes et qu’il s’agit de toute manière d’une démarche personnelle. Mais je le mentionne, car cela peut être une façon de faire utile à d’autres.

Kôsala Sutta(AN 10. 29) sur les diverses sortes de réalisations et l’intérêt respectif qu’elles présentent.
Ananda Sutta (SN 44.10): sur les raisons du refus du Bouddha de discuter de la question du soi.
Vibangha sutta (SN 45. 8) : un exposé très clair et détaillé du Noble Octuple Sentier.
Puņņa Sutta (SN 35.88) : sur l’attitude mentale à développer face à la violence.
Sîvaka Sutta (SN 36, 21) : sur le rapport entre les sensations expérimentées et le karma.
Tanha Sutta (AN 4. 199) : Sur les schémas mentaux vecteurs de « soif » et la façon dont ils se constituent dans les esprits peu entraînés.
Maha Niddana Sutta (DN 15) : une des descriptions les plus précises du mécanisme de la coproduction conditionnée, (en anglais)
Sabbâsava Sutta (MN2) : sur les pratiques permettant de détruites les impuretés de l’esprit.

Il y en aurait beaucoup d’autres possibles, en restant dans le cadre du canon Pali.
Pour ce qui est du canon sanscrit, le Sutra du Cœur et le Sutra du Diamant sont les plus généralement lus (et appris par cœur) par les pratiquants, et je crois sincèrement qu’il vaut la peine de les lire si l’on s’intéresse au bouddhisme, quelle que soit l’école où l’on pratique. Mais ils sont très difficiles et risquent de susciter des interprétations un peu problématiques sans de bonnes explications. Je vous les recommande plutôt dans une forme éditée, comme celle des Trésors du Bouddhisme chez Fayard (où ils sont accompagnés du Sutra de la Pousse de Riz, une présentation courte, imagée et très claire de la coproduction conditionnée, intermédiaire entre celles du canon Pali et celles du Canon sanscrit). Cette collection aura aussi l’avantage de vous proposer des traductions fiables (ce qui n’est pas toujours le cas sur Internet).
Ce n’est qu’une réponse très partielle mais j’espère qu’elle vous sera un peu utile. :)
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Iskander

Merci pour la contribution! jap_8

Les suttas sont extensifs et polymorphes, adressés à un public très hétérogène, il est donc attendu que chacun s'en fasse une sélection personnelle, qui d'ailleurs évoluera dans le temps (impermanence oblige). Mais il est très intéressant de voir ce qui marque d'autres contemporains, et de pouvoir connaître des textes qui avaient échappé à notre attention ou compréhension.

J'aurai de la lecture pour les prochains jours ;-)
FleurDeLotus
Iskander

Flocon a écrit :Pour ce qui est du canon sanscrit, le Sutra du Cœur et le Sutra du Diamant sont les plus généralement lus (et appris par cœur) par les pratiquants, et je crois sincèrement qu’il vaut la peine de les lire si l’on s’intéresse au bouddhisme, quelle que soit l’école où l’on pratique. Mais ils sont très difficiles et risquent de susciter des interprétations un peu problématiques sans de bonnes explications. Je vous les recommande plutôt dans une forme éditée, comme celle des Trésors du Bouddhisme chez Fayard (où ils sont accompagnés du Sutra de la Pousse de Riz, une présentation courte, imagée et très claire de la coproduction conditionnée, intermédiaire entre celles du canon Pali et celles du Canon sanscrit). Cette collection aura aussi l’avantage de vous proposer des traductions fiables (ce qui n’est pas toujours le cas sur Internet).
Je suis en train de regarder sur internet à propos de cette collection, quels plus précisément les volumes où sont traduites les deux Sutras, et celle de la Pousse de riz?

Trouvé: Soûtra du Diamant : et autres soûtras de la Voie médiane (de Phillipe Cornu, Patrick Carré).
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Flocon
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Oui, c'est cela.

En y repensant, il y a un sutta qui m'a beaucoup marquée quand j'ai commencé à pratiquer le bouddhisme (c'est un sutta très populaire, non sans raisons) : Angulimala Sutta.
C'est un très beau récit et mine de rien, il contient, sans être trop technique, un résumé assez complet du fond de la pensée bouddhiste, du moins tel que je crois le comprendre.
Bonne lecture! :)
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Kong Tseu
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axiste
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A l'instant, celui là... love3
Sudatta Sutta, SN 10.8
"Sur l'attention et la confiance en soi"
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Iskander

En effet, j'aime beaucoup le sutta Angulimala, non seulement de par la capacité de rédemption d'angulimala, mais surtout pour la capacité de la société à le réintégrer en son sein (surtout parce que tout n'est pas un lit de roses). Le fait que le roi lui redonne un nom de ses origines en est une des manifestations les plus touchantes.

Dans le même ordre d'idées,
Sutta Sarakani (SN55.24) s'en rapproche pas mal (en expliquant en quoi la faiblesse de quelqu'un envers la boisson ne peut empêcher l'authenticité de sa démarche). D'ailleurs ce Sutta rappelle pas mal d'éléments qui font penser au Bouddhisme des Terres Pures.
axiste a écrit :A l'instant, celui là... love3
http://www.buddha-vacana.org/fr/sutta/s ... 0-008.html
"Sur l'attention et la confiance en soi"
C'est un Sutta très poétique, avec une très belle atmosphère. Recommandé pour tout procrastinateur impénitent jap_8
lausm

Pour faire un pré tri, mes deux sources premières ont été : "l'enseignement du Bouddha", de Walpola Rahula, où il y a des sutras de base.
ainsi que "Les sermons du Bouddha", de Mohan Wijayaratna.
Mohan Wijayaratna a fait de super compilations de sutras bouddhistes. "Au-delà de la mort" est très intéressant, mais non réédité à ma connaissance, par contre très pointu sur tous les phénomènes mentaux.

Lire les sutras est une chose. Mais en fin de compte, dans le bouddhisme, on assiste toujours à des commentaires et commentaires de commentaires.
En fait le fond est inépuisable, et il y a différentes façons de les aborder selon les écoles.
Pour moi, sutras, c'est ce qui se réfère à l'enseignement direct du Bouddha. Puis il y a les créations mahayanistes et autres.....d'abord la base pour moi, à savoir les enseignements directs du Bouddha.
Je pense aussi qu'il faut surtout lire en relation à la pratique et à une mise en perspective dans le réel. Sinon ça devient un truc d'intello.
Iskander

Merci pour les références, j'ai vu les pages d'introduction du livre de Walpola Rahula, et on dirait que c'est une bonne base de départ. À l'occasion j'essayerai aussi de m'informer sur Mohan Wijayaratna.
lausm a écrit :Pour moi, sutras, c'est ce qui se réfère à l'enseignement direct du Bouddha. Puis il y a les créations mahayanistes et autres.....d'abord la base pour moi, à savoir les enseignements directs du Bouddha.
Je pense aussi qu'il faut surtout lire en relation à la pratique et à une mise en perspective dans le réel. Sinon ça devient un truc d'intello.
Personnellement je m'intéresse à l'enseignement de base, mais aussi à la compréhension que les pratiquants en ont tiré au cours du temps. Leur expérience de vie me semble digne d'intérêt, et sans doute aussi d'enseignement, car ce qu'ils ont fait en leur temps et lieu, nous devrons le faire dans notre pratique actuelle ici et maintenant.

Lire les suttas, c'est comme de vérifier le numéro de salle au cinéma. Ce n'est pas la porte qui nous intéresse, mais on ne veut pas prendre la mauvaise, si on veut assister au film qu'on avait choisi.

Et pour ne pas détourner le fil, voici une autre sutta, la plus longue:
Mahāparinibbāna Sutta - grand discours du décès du Bouddha (DN16).
Texte très long que je n'ai pas encore digéré, il comporte quelques points importants:
En ce qui concerne l'enseignement, Ānanda, il n'y a rien que le Tathāgata garde secret comme dans un poing fermé.
[...]
le Tathāgata ne pense pas que c'est lui qui doive diriger le sangha des bhikkhus, ou que le sangha des bhikkhus dépende de lui
[...]
C'est pourquoi, Ānanda, chacun de vous devrait vivre en ayant lui-même pour île, lui-même pour refuge, sans avoir d'autre refuge; en ayant le Dhamma pour île, le Dhamma pour refuge, sans avoir d'autre refuge.
et encore:
lorsque le Bhagavā trépassa, au moment où il atteignit Parinibbāna, Brahmā Sahampati prononça ces vers:

Tous doivent disparaître. Tous les êtres doués de vie
Doivent laisser leur forme sankhata derrière eux.
En effet même un Maître tel que lui, être sans égal,
D'une sagesse puissante, le Sambuddha, a trépassé.

Et lorsque le Bhagavā trépassa, au moment où il atteignit Parinibbāna, Sakka le roi des devas prononça ces vers:

Vraiment, tous les saṅkhārās sont aniccā,
Ils sont sujets à l'apparition et à la cessation.
Etant venus à l'existence, ils cessent d'exister.
Heureuse est la paix qu'apporte leur cessation.

Et lorsque le Bhagavā trépassa, au moment où il atteignit Parinibbāna, āyasmā Anuruddha prononça ces vers:

Sans mouvement de la respiration,
Mais avec un esprit résolu,
Délivré des désirs et tranquille,
Ainsi le sage vient-il à sa fin.
Inébranlé par l'angoisse de la mort,
Telle une flamme s'éteignant,
Son esprit trouve la délivrance.
Iskander

Encore un sutta intéressant:
Sutta Upali - [MN56] discute de l'importance relative des actes et pensées d'un point de vue éthique. Autre point intéressant: lorsque Upali déclare vouloir se convertir au bouddhisme, le Bouddha lui demande de ne pas se précipiter et d'investiguer soigneusement avant de prendre une décision informée. Adopter le bouddhisme ne doit pas être une profession de foi enthousiaste, mais le fruit d'une réalisation mûrie.
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