Bonjour Axiste,
Merci pour ton intéressante réponse ou tu évoques le rapport de Sampajanna avec Metta, le lacher-prise et aussi l'équanimité. Je trouvais vraiment important de situer le rapport entre Sati et sampajanna avec précision et notamment en lien direct avec les enseignements les concernant dans le Sutta pitaka. J'ai, à ce titre, trouvé un texte intéressant du site buddhanet que j'ai traduit de l'anglais :
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Sampajanna - La compréhension constante et approfondie de l’impermanence
Chaque fois que l'on demandait au Bouddha de décrire sati (attention ou conscience), son explication incluait invariablement le terme sampajanna.
Katama ca, bhikkhave, samma-sati? Idha,
bhikkhave, bhikkhu kaye kayanupassi viharati
atapi sampajano satima, vineyya loke
abhijjha-domanassam (1)
Et qu’est ce que, bhikkhus, l’attention juste (samma-sati) ? Il y a le cas où un moine demeure focalisé sur le corps en tant que tel - plein d’ardeur, en attitude d’alerte et avec attention et claire compréhension (sampajanno-satima) laissant de côté l’avidité et la détresse en ce qui concerne le monde.
En conséquence de quoi, il devient évident selon le Bouddha qu’à chaque fois qu'il y a attention juste(samma-sati) ou fondement de l’attention (satipatthana) c'est toujours en lien avec sampajanna. Cela signifie que c'est avec panna (le sagesse), autrement, ce n'est que sati, qui n'est que souvenir ou conscience.
Dans le Sutta Pitaka, le Bouddha donne deux explications du terme sampajanna :
Kathanca, bhikkhave, bhikkhu sampajano
hoti ? Idha, bhikkhave, bhikkhuno vidita
vedana uppajjanti, vidita upatthahanti, vidita
abbhattham gacchanti; vidita sanna uppajjanti,
vidita upatthahanti, vidita abbhattham gacchanti;
vidita vitakka uppajjanti, vidita upatthahanti,
vidita abbhattham gacchanti. Evam kho,
bhikkhave, bhikkhu sampajjano hoti. (2)
Et comment un bhikkhu a-t’il une compréhension profonde et compléte? Ici, le bhikkhu connait les sensations qui naissent en lui, connait leur persistance et sait qu'ils disparaissent ; il connaît les perceptions qui surgissent en lui, connaît leur persistance et sait qu'ils disparaissent; il connaît chaque application initiale (de l'esprit sur un objet) apparaissant en lui, en connaît la persistance et en sait la disparition. C’est ainsi qu’un bhikkhu comprend parfaitement.
Dans la déclaration ci-dessus, il devient clair que l'on est sampajano seulement quand on réalise la caractéristique de l'impermanence, et cela aussi sur la base de l'expérience de la sensation (vidita vedana). Si cela ne se réalise pas à travers vedana, il ne s'agit que d'une intellectualisation, car notre contact fondamental avec le monde est basé sur la sensation. C'est par la sensation que se produit l'expérience directe. La déclaration indique en outre que sampajano réside dans l'expérience de l'impermanence de vedana vitakka (l'application initiale de l'esprit sur un objet) et de sanna (perception). Il convient de noter ici que l'impermanence vedana doit être réalisée en premier parce que, selon le Bouddha :
Vedana-samosarana sabbe Dhamma. (3)
Tout ce qui se passe dans l'esprit est accompagné de sensation.
La deuxième explication donnée par le Bouddha de Sampajanna souligne que cela doit être continu. Il déclare :
Kathanca, bhikkhave, bhikku sampajano hoti?
Idha, bhikkhave, bhikkhu abhikkante
patikkante sampajanakari hoti. Alokite vilokite
sampajanakari hoti. Saminjite pasarite
sampajanakari hoti. Sanghati-patta-civara-
dharane sampajanakari hoti. Asite pite khayite
sayite sampajanakari hoti. Uccara-passava-kamme
sampajankari hoti. Gate thite nisinne
sutte jagarite bhasite tunhi-bhave
sampajanakari hoti. (4)
Et comment un bhikkhu a-t’il une compréhension profonde et compléte? Ici, le bhikkhu comprend qu'il marche en avant et en arrière, il comprend parfaitement l'impermanence, en regardant droit devant et de côté, comprend parfaitement l'impermanence, en se pliant et en s'étirant comprend parfaitement l'impermanence, en portant les robes et en portant le bol comprend parfaitement l'impermanence, en mâchant et en buvant, mangeant et savourant comprend parfaitement l'impermanence, en répondant aux appels de la nature, comprend parfaitement l'impermanence, marchant, se tenant debout, s'asseyant, dormant et se réveillant, parlant et restant silencieux comprend parfaitement l'impermanence.
Le même passage a été répété dans d'autres suttas, y compris la section sur le sampajanna sous Kayanupassana dans le Mahasatipatthana Sutta.
L'accent mis sur la continuité de sampajanna est très clair. Il faut développer une compréhension approfondie constante de l'impermanence dans tout ce que l'on fait : marcher en avant et en arrière, regarder droit et de côté, se pencher et s'étirer, porter des robes, etc. En position assise, debout et même endormie, on fait constamment l'expérience d'une compréhension approfondie de l'impermanence. C'est sampajanna.
Avec une compréhension appropriée de l'enseignement du Bouddha, il devient clair que si cette sampajanna continue consiste uniquement en une compréhension approfondie des processus de la marche, de l'alimentation et des autres activités du corps, elle est simplement sati. Si, toutefois, la compréhension approfondie constante inclut la caractéristique de l'apparition et de la cessation de vedana pendant que le méditant accomplit ces activités, il s'agit alors de la panna. C'est ce que le Bouddha a voulu que les gens pratiquent (observent).
Le Bouddha le décrit plus précisément dans un passage de l'Anguttara-nikaya, utilisant un langage qui ne manquera pas de rappeler le sampajanapabba du Mahasatipatthana Sutta:
Yatam care yatam titthe, yatam acche yatam
saye, yatam saminjaye bhikkhu, yatamenam
pasaraye, uddham tiriyam apacinam, yavata
jagato gati, samavekkhita ca Dhammanam
khandanam udayabbayam.(5)
Que le méditant marche ou soit debout, soit assis ou mente, qu'il se penche ou s'étire au-dessus, à travers, en arrière, quel que soit son parcours dans le monde, il observe l'apparition et la disparition des agrégats.
Ainsi, l'accent est mis sur la continuité de la conscience de l'anicca (impermanence) avec la base de la sensation corporelle. Le Bouddha a fréquemment souligné que le méditant ne devrait pas perdre la compréhension profonde de l'impermanence, même pour un moment: sampajannam na rincati. (6)
Chaque langue, si riche soit-elle, a ses limites et nous ne pouvons pas nous attendre à ce que même les langues les plus riches soient capables de donner des équivalents précis aux mots pali techniques utilisés par le Bouddha. Si le terme sampajanna est traduit de manière trop concise en anglais, son sens peut être perdu. Il a généralement été traduit par "compréhension claire", "compréhension nue", etc.
Superficiellement, ces traductions semblent être correctes. Certains ont compris que cela signifiait qu'il fallait simplement avoir une compréhension claire des activités corporelles. Les limitations de cette traduction ont pu induire en erreur certains méditants sur le chemin du Dhamma. Le Bouddha a clairement mis l'accent sur la compréhension approfondie de l'anicca (impermanence) dans toutes les activités corporelles et mentales. Par conséquent, pour comprendre le terme sampajanna, nous l’avons traduit par: "La compréhension constante et approfondie de l’impermanence". On pense que cette traduction exprime plus clairement la signification précise du terme utilisé par le Bouddha.
Notes: (Réferences)
1. Digha-nikaya II, Nal. 234, PTS 314.
2. Samyutta-nikaya V, Nal. 155-6, PTS 180-1.
3. Anguttara-nikaya, Nal. IV 184, PTS V. 107.
4. Digha-nikaya II, Nal. 76, PTS 95.
5. Anguttara-nikaya II, Nal. 16, PTS 14.
6. Samyutta-nikayya IV Nal. 194, PTS 218.
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