Lire le coeur

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Ajahn Chah nous disait :
Il n’existe qu’un seul livre qui vaille la peine d’être lu : notre propre cœur
Je voulais savoir ce que cela signifie pour vous. Pour moi, cette phrase est tellement profonde que je ne le comprends pas vraiment, et je ne voudrais pas passer à côté d'un sens qui m'échappe.
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yves
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j'ai lu dernièrement dans "conversation avec dieu" que les sentiments sont la façon dont dieu "nous parle" le plus directement

j'ai senti un profond accord avec cette façon de présenter les choses

en terme bouddhiste "le langage du cœur" nous renseigne sur nos souffrances, c'est comme une ligne directe

la plupart des souffrances sont connectées à des émotions, elles sont un excellent support pour l'équanimité par l'intense désir du drame ou de la jouissance que nous pouvons porter en nous

c'est aussi le langage du cœur qui nous fait connaître la béatitude, la paix ou la joie love_3
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jules
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Ca me fait penser au soleil qui irradie, et à tous les êtres et toutes les choses qui baignent et se manifestent dans sa lumière. Cette manifestation serait le livre du soleil en quelque sorte.
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le coeur est le livre et le langage du coeur serait les émotions, et quel en serait le sens ? Parfois y a tellement d'émotions dans ce petit coeur que j'ai du mal à en voir un sens !
elles sont un excellent support pour l'équanimité par l'intense désir du drame ou de la jouissance que nous pouvons porter en nous
euh j'ai pas compris :oops:
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chercheur
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Bon, j'ai trouvé le contexte dans lequel il prononça cette parole :

Selon notre tradition, un moine doit passer au moins cinq ans auprès de son maître. Certains jours, il doit éviter de parler à qui que ce soit. Il ne doit pas s’autoriser à trop parler ni à lire des livres – il est censé lire son esprit, plutôt (Comme dans les autres textes, le mot citta se réfère aussi bien au cœur qu’à l’esprit.) ! Prenez Wat Pah Pong, par exemple. Maintenant, beaucoup d’étudiants diplômés viennent se faire ordonner ici. J’essaie de les empêcher de passer leur temps à lire des livres sur le Dhamma parce que ces gens-là sont toujours en train de lire. Ils ont beaucoup d’occasions de lire des livres mais les occasions de lire le cœur et l’esprit sont rares. Alors, quand ils viennent se faire ordonner pour trois mois, selon la coutume thaïlandaise, j’essaie de les amener à fermer leurs livres et leurs manuels car, pendant qu’ils sont moines, ils ont cette fantastique occasion de lire leur propre cœur et leur esprit.

Ecouter son propre esprit est vraiment très intéressant. Cet esprit non entraîné court dans toutes les directions, il suit ses habitudes. Il saute partout, agité, au hasard, parce qu’il n’a jamais été entraîné. Entraînez votre esprit ! La méditation bouddhiste concerne le cœur et l’esprit, le développement du cœur et de l’esprit. C’est très, très important. Le bouddhisme est la religion du cœur et de l’esprit. C’est tout. Qui pratique pour développer son cœur et son esprit pratique le bouddhisme.

Notre cœur et notre esprit vivent dans une cage et, pire encore, il y a un tigre furieux dans cette cage. Si ce cœur-esprit rebelle n’obtient pas ce qu’il désire, il crée des problèmes. Il faut le discipliner par la méditation grâce au samādhi. C’est ce qui s’appelle « entraîner l’esprit ». Au tout début, le fondement de la pratique est l’établissement d’une discipline morale, sīla. Sīla est la purification des actes et de la parole. Quand on s’entraîne à la discipline morale, il arrive que cela crée un conflit intérieur et une certaine confusion mentale. Quand on ne s’autorise pas à faire ce que l’on a envie de faire, il y a conflit. Ce conflit ouvert entre la sagesse et les pollutions mentales est aussi appelé « la souffrance qui mène à la fin de la souffrance ».

Mangez peu, dormez peu, parlez peu. Quelles que soient vos habitudes dans le monde, atténuez-les, allez à l’encontre de l’emprise qu’elles exercent sur vous. Ne faites pas que ce qui vous plaît, ne vous complaisez pas dans vos pensées. Arrêtez d’être leur esclave. Vous devez constamment aller à contre-courant du flot de l’ignorance. C’est ce que l’on appelle « la discipline ». Quand on discipline son cœur et son esprit, ils se fâchent et essaient de se débattre. Ils se sentent étouffés et opprimés. Quand on empêche le cœur et l’esprit de faire ce qu’ils veulent, ils cherchent à s’échapper et sont prêts à se battre. Nous savons alors ce que souffrir veut dire.

Cette souffrance est la première des Quatre Nobles Vérités. La plupart des gens veulent y échapper, ils refusent absolument toute souffrance. En réalité, c’est cette souffrance qui nous apporte la sagesse ; elle nous amène à contempler dukkha. Le bonheur (sukha), au contraire, a tendance à nous boucher les yeux et les oreilles ; il ne nous donne pas la moindre occasion de développer la patience. Le confort et le bonheur nous rendent négligents. De ces deux formes de pollutions mentales, dukkha est la plus facile à voir. En conséquence, nous devons faire remonter la souffrance pour pouvoir mettre un terme à la souffrance. Il faut d’abord que nous sachions ce qu’est dukkha pour savoir comment pratiquer la méditation.

Au début, il faut entraîner son esprit de cette manière. Il se peut que vous ne compreniez pas ce qui se passe ni à quoi rime tout cela mais, quand le maître vous dit de faire quelque chose, faites-le. Vous développerez les vertus que sont la patience et l’endurance. Quoi qu’il arrive, vous endurez parce que c’est ainsi. Par exemple, quand vous commencez à pratiquer le samādhi, vous voulez la paix et la tranquillité mais vous n’y parvenez pas. Vous n’y parvenez pas parce que vous n’avez jamais pratiqué de cette manière. Votre cœur et votre esprit disent : « Je resterai assis ici jusqu’à ce que je trouve la paix » mais, quand elle ne vient pas, vous souffrez et, quand vous souffrez, vous vous levez et vous fuyez ! Pratiquer ainsi ne s’appelle pas entraîner le cœur et l’esprit, cela s’appelle déserter.

Au lieu de vous laisser emporter par vos humeurs, entraînez-vous avec le Dhamma du Bouddha. Que vous vous sentiez paresseux ou énergique, continuez à pratiquer ! Ne croyez-vous pas que c’est mieux ainsi ? L’autre manière, celle qui consiste à agir en fonction de vos humeurs, ne vous conduira jamais au Dhamma. Si vous pratiquez le Dhamma, quelle que soit l’humeur du jour, continuez à pratiquer, à pratiquer constamment. La voie de l’auto-complaisance n’est pas la voie du Bouddha. Quand nous suivons nos propres opinions sur la pratique, nos propres opinions sur le Dhamma, nous ne voyons jamais clairement ce qui est correct et ce qui ne l’est pas. Nous ne connaissons pas notre propre esprit. Nous ne nous connaissons pas...


http://www.buddhaline.net/Entrainer-le- ... t-l-esprit

De rajouter esprit m'aide un peu plus à comprendre, j'étais coincé au niveau passion-émotion !
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yves
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chercheur a écrit :
12 juin 2017, 21:25
elles sont un excellent support pour l'équanimité par l'intense désir du drame ou de la jouissance que nous pouvons porter en nous
euh j'ai pas compris :oops:
les émotions sont un bon support pour l'équanimité car nous sommes peu souvent équanime face à elles

nous amplifions les émotions car nous pouvons aimer le drame par exemple: "je suis un être spéciale et incompris, je souffre car personne ne le voit" et on aime cette souffrance, on l'entretien : plus on souffre plus on est spéciale et seul, cette tristesse de la solitude est un véritable support pour l'ego...

on peut amplifier les émotions dans le sens de la jouissance d'une capacité par exemple: imaginons quelqu'un d'érudit, grâce à son intellect très développé il appréhende facilement des concepts profonds, ainsi il prends plaisirs à naviguer au sein de l'abstraction,cela nourrit sont érudition, il aime l'image qu'il a de lui de "quelqu'un de plus intelligent que les autres". ainsi il va s'instruire intellectuellement de plus en plus pour jouir de cette différence qui le rend particulier et qui lui permet de se définir.

donc qu'on se joue le "drame de nos défauts" ou la "jouissance de nos qualités" on est toujours entrain de s'attacher, et ses émotions là, (qui ont parcouru 100 fois les chemins de notre conscience), sont d'excellents supports pour travailler l'équanimité car justement il y a un mille-feuille mental posé dessus
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tirru...
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Merci pour ces réflexions sur Citta, le coeur esprit et cette passerelle sur Ajahn Chah. Je me suis rappelé qu'il y a quelques années, nous avions rassemblé quelques textes de ce vénérable au langage simple, direct et intuitif sur des pages que j'ai retrouvé dans les méandres de Nangpa : Le Dhamma dans le Coeur

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merci à vous tous anjali
ted

Ajahn Chah a écrit :"Il n’existe qu’un seul livre qui vaille la peine d’être lu : notre propre cœur"
yves a écrit :
12 juin 2017, 14:44
j'ai lu dernièrement dans "conversation avec dieu" que les sentiments sont la façon dont dieu "nous parle" le plus directement

j'ai senti un profond accord avec cette façon de présenter les choses
jules a écrit :
12 juin 2017, 16:10
Ca me fait penser au soleil qui irradie, et à tous les êtres et toutes les choses qui baignent et se manifestent dans sa lumière. Cette manifestation serait le livre du soleil en quelque sorte.
C'est marrant... :) Je trouve les réponses d'Yves et de Jules très théistes. Alors qu'il s'agit de commenter les propos d'un maître bouddhiste reconnu.

Sommes-nous à ce point conditionnés par nos religions d'origine ? :roll: :)
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jules
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Ca te fait le même effet si tu remplaces le mot soleil par le mot coeur ? :D

En fait, ce que je voulais dire, c'est qu' à mesure que le coeur s'ouvre, le monde devient un livre, celui qu'il devient capable par sa propre lumière d'éclairer.
Dernière modification par jules le 13 juin 2017, 10:49, modifié 1 fois.
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