La pratique et l’image du pain

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tirru...
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La pratique et l’image du pain

Extrait de l’enseignement audio par Ajahn Jayasaro intitulé “Mindfulness has many choices”.



Les moines doivent veiller à ne pas parler de choses qui sont au-delà du langage.

Notre maître disait que c’est comme si on voulait parler du pain. A quoi ressemble le pain ? Quel est le goût du pain ? Nous pouvons nous efforcer de décrire en long et en large à quoi ressemble le goût du pain à quelqu’un qui n’en a jamais mangé mais quel serait l’intérêt de cet exercice ?

Il serait bien plus efficace d’apprendre à cette personne à faire du pain — quels sont les ingrédients, comment mélanger farine, eau et levain, quelle doit être la température du four, et combien de temps le pain doit y cuire — et puis dire à la personne : « Mélangez ces ingrédients, faites-les cuire de telle et telle façon, et vous obtiendrez du pain. Ainsi vous saurez par vous-même ce qu’est le pain et quel goût il a. »

Cette attitude directe et pragmatique est exactement l’attitude que nous adoptons dans le bouddhisme pour transmettre une formation spirituelle. Nous évitons de trop philosopher et de faire trop de spéculations métaphysiques. Nous préférons partir de là où nous sommes maintenant.

Dans la culture occidentale, on a plutôt l’habitude de partir d’un idéal et puis de s’appliquer ensuite à suivre cet idéal dans la vie. Mais cette approche a un point faible : elle a tendance à engendrer, chez celui qui la vit, un sentiment de culpabilité et d’inadéquation.

« Tu devrais être bon, tu devrais être serviable, tu devrais être comme ceci et comme cela. » Et puis, quand on s’aperçoit que l’on n’est pas tout à fait aussi bien qu’on le voudrait, on s’inquiète de ne pas savoir comment changer et s’améliorer. Ce sentiment de ne pas être comme on voudrait être a toujours été un élément central de la psychologie occidentale, n’est-ce pas ?

Par contre, le bouddhisme part de là où on en est maintenant. On observe la situation telle qu’elle est maintenant et puis on voit comment, pas à pas, on peut l’améliorer.
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Compagnon

Comme accéder à nirvana, à la Terre Pure, etc... non pas dans l'avenir, dans un avenir incertain, voir au moment de notre mort, mais comment y accéder ici et maintenant. Demain il sera peut être trop tard.

Quand devez vous rechercher la cessation de dukkha ? Ici et maintenant.

Quand tu manges, contente toi de manger.

De plus, tous les pains n'ont pas le même gout, un pain fabriqué par un autre et un pain fabriqué par soi n'aura pas le même gout, et 2 pains pourtant fabriqués dans les même conditions, les mêmes ingrédients etc... n'auront pas forcément le même gout.

"Trêve de blabla, trêve de blabla, trêve de blabla !"

Le grand philosophe Danny Boon (dans Il faut lire !)

Le dire c'est bien mais le faire c'est mieux.

Donne un poisson à manger à un homme tu le nourris pour la journée, apprends lui a pécher tu le nourris pour la vie.

Voila ce que cela m'évoque :)
ted

Ya surtout un risque de dénaturer l'expérience... :roll:
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axiste
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Les mots comme des miettes, sont des indicateurs, pas l'expérience. oiseau2julie
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Circé
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tirru... a écrit :
09 avril 2017, 16:42
La pratique et l’image du pain



Cette attitude directe et pragmatique est exactement l’attitude que nous adoptons dans le bouddhisme pour transmettre une formation spirituelle. Nous évitons de trop philosopher et de faire trop de spéculations métaphysiques. Nous préférons partir de là où nous sommes maintenant.


Par contre, le bouddhisme part de là où on en est maintenant. On observe la situation telle qu’elle est maintenant et puis on voit comment, pas à pas, on peut l’améliorer.
cette attitude me convient bien, je trouve ça très juste ,ça me parle.
je préfère l'approche intuitive à l'analyse et la compréhension intellectuelle, même si il en faut un peu.
les mots nous figent et nous bloquent, ils sont fermés.
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jules
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Quand je dis : je suis grand ;
je ne suis pas grand, je suis "je suis grand".

Quand je dis : je suis un humain ;
je ne suis pas un humain, je suis " je suis un humain".

Alors, gare aux mots et gare au Soi.
ted

jules a écrit :
10 avril 2017, 19:55
Quand je dis : je suis grand ;
je ne suis pas grand, je suis "je suis grand".

Quand je dis : je suis un humain ;
je ne suis pas un humain, je suis " je suis un humain".

Alors, gare aux mots et gare au Soi.
Déjà 5 suicides de personnes qui ont essayé de comprendre cette pensée de Jules...

Tu veux bien préciser ta pensée Jules ?

Sinon, je connaissais cette image proposée par Ajahn Jayasaro, mais avec le sucre : on ne peut pas décrire le goût du sucre à quelqu'un. On ne peut que l'inciter à goûter le sucre. jap_8
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jules
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Ted : Tu veux bien préciser ta pensée Jules ?
S’il s’agit de bien préciser ma pensée il sera question par là de définir les termes par lesquels je me défini au travers de ces précisions. Donc gare à ces précisions ; mieux vaut en effet qu’elles induisent un sentiment d’ouverture puisque comme le dit Bouddha, avec nos pensées nous créons le monde.
C’est l’aspect créateur des mots que je voulais donc souligner puisque quelque part ils sont claire lumière avec comme faculté d’illuminer directement l’aspect profondément accompli de tout phénomène, ou bien à contrario l’aspect obstructif de ces derniers, ces phénomènes se définissant d’une manière ou d’une autre en fonction de la façon dont j’emploierai mon pouvoir créateur au travers du véhicule de la parole. Ainsi, d'une certaine manière j'ai l'impression que la "parole juste" fait appel à la volition plutôt qu'à une capacité à s'adonner à des constats probants sur la nature des phénomènes, en effet il m'apparaît que c'est au niveau de la volition que peut s'exprimer notre pouvoir créatif susceptible de définir le monde selon un projet propre à nous y tenir efficacement.
Tout ceci en somme pour répondre à Circé lorsqu'elle dit : "les mots nous figent et nous bloquent, ils sont fermés." Vision qui étant donné que nous sommes voués à employer des mots, considérant par ailleurs qu'il n'est pas dans mon intention de juger cette remarque selon le vrai ou le faux, ne me semble en tous les cas pas être efficace en quelque sorte.
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