Par exemple, les qualités d’un béryl brut
Ne sont pas manifestes.
Lorsqu’il est nettoyé avec du crin, de l’eau salée,
De l’acide, de la laine,
De l’eau pure et de la soie,
Il est purifié et se révèle comme un joyau qui exauce les souhaits.
Le IIIe Karmapa explique ici le tathagatagarbha au moyen d’un exemple. En effet, la nature de bouddha ne peut pas être véritablement conçue par l’esprit d’un être ordinaire, qui n’a pas la capacité de comprendre le sens ultime exactement tel qu’il est. Comme le dit Shantideva dans La Marche vers l’éveil, « l’ultime n’est pas l’objet de l’esprit ordinaire ». Ce n’est pas l’esprit d’un être ordinaire qui peut réellement percevoir la nature de bouddha, mais la sagesse auto connaissante.
Comment faire, alors, si la nature de bouddha ne peut être comprise par un esprit ordinaire ? Même s’il ne nous est pas possible de la comprendre véritablement, nous pouvons essayer de nous en approcher, et l’un des moyens pour cela est l’utilisation d’exemples. Rangjung Dorjé donne ici un exemple issu du Soutra requis par le roi des dharanis.
Dans un texte appelé la Lumière du joyau, Naropa explique lui aussi que, pour comprendre l’essence de luminosité auto apparue, il est nécessaire d’être habile dans les moyens, sinon on tombe dans les extrêmes.
Ainsi, pour vraiment comprendre le tathagatagarbha, il est important d’être dans la voie du milieu, de ne pas tomber dans les extrêmes d’un intellectualisme trop poussé ou au contraire d’un « ressenti » approximatif. Le point clé se trouve entre les deux. Pour y parvenir, il faut éliminer un certain nombre de voiles qui obscurcissent notre compréhension, ce qui est le but de cet exemple.
L’exemple est celui d’un béryl brut. Cela illustre le tathagatagarbha parce qu’un béryl brut n’est pas visible lorsqu’il est couvert d’obscurcissements variés, qui voilent ainsi sa vraie nature de pierre précieuse. De même, nous possédons la nature de bouddha, mais elle n’est pas apparente à cause de nos voiles. Pour éliminer ces obscurcissements, il est important de procéder par ordre ; tous les obscurcissements ne se valent pas, certains sont subtils, d’autres grossiers. Il faut donc commencer par les obscurcissements les plus grossiers et s’attaquer ensuite petit à petit aux obscurcissements de plus en plus subtils. Cette progressivité est mentionnée dans l’Entraînement de l’esprit en sept points de Chekawa, qui dit qu’on purifie d’abord les afflictions les plus grandes.
Le Bouddha a donné dans le Soutra requis par le roi des dharanis un exemple de la façon dont on purifie les obscurcissements depuis les plus grossiers jusqu’aux plus subtils. C’est celui d’une pierre précieuse, et plus particulièrement d’un béryl. Lorsqu’on trouve un béryl brut, on commence par des méthodes assez agressives, on trempe le béryl dans de l’eau salée et on le frotte énergiquement avec du crin pour enlever les accrétions les plus grossières. Une fois les traces les plus grossières éliminées, on fait disparaître les accrétions moyennes en trempant la pierre dans du vinaigre ou de l’eau acide et en la frottant avec de la laine. Lorsque tous ces obscurcissements grossiers et moyens ont été éliminés, on procède plus méticuleusement en enlevant les dernières accrétions recouvrant la pierre précieuse trempée dans de l’eau claire avec une soie très fine et douce. À l’issue de ce processus, on obtient une pierre précieuse claire et lumineuse, dont toutes les qualités rayonnent.
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