Re: L'origine de la souffrance
Publié : 05 février 2018, 17:59
Si l'attachement est nécessairement un facteur mental perturbé (il fait partie des trois poisons mentaux), le désir ou aspiration ne l'est pas nécessairement. Guéshé Kelsang Gyatso l'explique dans son ouvrage sur l'esprit qui traite notamment des 51 facteurs mentaux qui composent l'esprit :
Les cinq facteurs mentaux qui précisent l'objet
Les cinq facteurs mentaux qui précisent l'objet sont:
1 L'aspiration
2 L'appréhension ferme
3 La vigilance
4 La concentration
5 La sagesse
Ils sont appelés facteurs mentaux « qui précisent l'objet » parce que chacun d'entre eux réalise un objet particulier.
L'aspiration
DÉFINITION DE L'ASPIRATION
L'aspiration est par définition un facteur mental qui se focalise sur un objet désiré et s'y intéresse. [Il faut porter un intérêt à l’objet si on veut en savoir plus sur lui. Sans cet intérêt, nous n’irions pas chercher à savoir ce qu’il en est. -perso]
Aspiration, désir et souhait sont synonymes. Ainsi, nous lisons ce livre parce que nous avons développé une aspiration, un désir ou un souhait de le faire.
FONCTION DE L'ASPIRATION
La fonction principale de l'aspiration est de susciter l'effort. Si nous manquons par exemple d'aspiration pour recevoir les enseignements ou pour méditer, nous ne ferons aucun effort dans ces activités. Toutes les tâches, qu'elles soient mondaines ou spirituelles, doivent être précédées par l'aspiration si nous voulons nous y consacrer. Le succès de nos actions dépend de la quantité d'effort que nous y mettons, et plus notre aspiration est forte, plus notre effort le sera. Si notre aspiration est faible, notre effort le sera également, et si nous manquons complètement d'aspiration, nous ne ferons rien du tout.
Il est très important de cultiver des aspirations appropriées. Par exemple, au début de chaque méditation contenue dans les enseignements du lamrim se trouve une explication des bienfaits de la pratique de cette méditation et des inconvénients qu'il y a de ne pas la faire. Le but de ces explications est de nous aider à développer l'aspiration à nous engager dans la méditation.
DIVISION DE L'ASPIRATION
Il y a quatre types d'aspiration:
1 Le désir de rencontrer un objet
2 Le désir de ne pas être séparé d'un objet
3 Le désir d'obtenir un objet
4 Le désir d'être délivré d'un objet
Chacun d'entre eux peut être vertueux, non vertueux ou neutre, cela dépend de sa motivation. Le désir de rencontrer des guides spirituels, des bouddhas ou des bodhisattvas, ou le désir de rencontrer notre famille et nos amis sont des exemples du premier type. Le désir de ne pas être séparé de nos guides spirituels ou de notre pratique du dharma, ou le désir de ne pas être séparé de nos amis, de nos biens ou de notre foyer sont des exemples du deuxième type. Le désir d'atteindre des réalisations du dharma, telles que le renoncement, la bodhitchitta et la sagesse, ou le désir d'obtenir des biens matériels, un statut social élevé, une bonne réputation ou d'autres accomplissements mondains sont des exemples du troisième type. Le désir d'être libéré du samsara, des deux obstructions ou de l'auto préoccupation et des autres états d'esprit non vertueux, ou bien le désir d'échapper aux gens et aux situations que nous n'aimons pas sont des exemples du quatrième type. (pg74)
Chaque être sensible développe quotidiennement de nombreuses aspirations, mais elles sont toutes comprises soit dans l'aspiration d'obtenir le bonheur, soit dans l'aspiration d'être libéré du malheur. Il n'y a personne qui n'ait ces deux aspirations. Ce sont nos désirs de base à partir desquels tous nos autres désirs sont issus. Même les minuscules insectes ont ces deux désirs et s'efforcent de les satisfaire. Malheureusement les êtres ordinaires ne connaissent pas les causes réelles du bonheur et de la souffrance, et ainsi, dans leur quête du bonheur, ils font souvent venir des souffrances sur eux mêmes, et en s'efforçant d'éviter la souffrance, ils ne font souvent que l'augmenter.
Il y a aussi une division en deux parties de l'aspiration:
1 Les aspirations fallacieuses
2 Les aspirations non fallacieuses
Une aspiration fallacieuse est tout désir qui n'est pas compatible avec nos aspirations de base de faire l'expérience du bonheur et d'éviter la souffrance, et une aspiration non fallacieuse en est un désir qui est compatible avec ces aspirations de base. La différence entre un sage et un fou ce sont leurs aspirations. Même si nous n'avons pas beaucoup étudié, si notre aspiration est bonne et non fallacieuse, nous accomplirons naturellement des actions vertueuses qui auront pour résultat le bonheur, mais si nos aspirations sont fallacieuses, nous n'aurons pas de succès dans notre recherche du bonheur quelle que soit notre intelligence mondaine. Les criminels sont souvent extrêmement intelligents et malins, mais comme leurs aspirations sont fallacieuses, ils commettent des crimes pour lesquels ils seront envoyés en prison.
Si nos désirs ne sont pas bons, c'est un signe qui montre que nous ne possédons pas une vraie sagesse. Certaines personnes étudient le dharma pendant de nombreuses années, mais n'en reçoivent que peu de bienfaits, et leur compréhension demeure uniquement intellectuelle. La raison principale en est que leurs aspirations ne sont pas pures. Bien que superficiellement elles s'intéressent au dharma, au fond, leur intérêt réel se situe dans les choses mondaines. D'autres personnes, dont l'aspiration est pure, reçoivent une expérience authentique du dharma même s'ils n'ont pas beaucoup étudié. Leurs aspirations correctes les encouragent à accomplir des actions pures et vertueuses, et celles ci ont des effets purs en résultat. Ce que nous accomplissons dépend essentiellement de ce que nous désirons, et ainsi, si nos désirs sont purs, notre pratique nous donnera des résultats purs. Par conséquent la chose la plus importante est de développer et de maintenir des aspirations correctes. La bodhitchitta est l'aspiration suprême, le désir d'atteindre la bouddhéité pour le bien de tous les êtres sensibles. Avec cette aspiration, toutes nos actions deviennent des causes pour atteindre la bouddhéité.
Fondamentalement la pratique du dharma est assez simple parce que tout ce que nous avons besoin de faire, c'est recevoir des enseignements du dharma corrects en écoutant des enseignants qualifiés ou en lisant des livres authentiques, puis de mélanger notre esprit avec ces enseignements en méditant sur eux. Chaque fois que nous écoutons des enseignements ou que nous lisons des livres du dharma, il nous faut avoir une aspiration, ou motivation, correcte à l'égard de chaque sujet et maintenir cette aspiration avec une concentration en un seul point. Il est nécessaire de cultiver les aspirations vertueuses telles que le désir de prendre l'essence de notre vie humaine, le renoncement et la bodhitchitta. Si nous méditons continuellement sur ces aspirations, elles se produiront finalement spontanément dans notre esprit. S'entraîner de cette manière est l'essence même de la pratique du dharma.
Comprendre l'esprit, Guéshé Kelsang Gyatso
http://tharpa.com/fr/produits-tharpa/li ... sprit.html