Ascétisme ou pas ?

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davi
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Il est agréable de manger un éclair au chocolat à n'importe quel moment, mais c'est encore plus agréable quand on a faim. La faim, est une véritable souffrance, peut-être pas ressentie comme cela au début, mais il suffit d'attendre suffisamment longtemps pour s'en rendre compte. Au bout d'un moment ça devient insupportable. Si l'on n'a pas faim, mais que l'on mange un éclair au chocolat, ça reste agréable, sauf dans le cas où on a trop mangé auparavant auquel cas ça devient même pénible de devoir manger cet éclair. Par là-même on voit bien que l'éclair au chocolat ne peut pas être considéré comme une source de vrai bonheur parce qu'un vrai bonheur ne ferait jamais souffrir.
Pourquoi, si nous ne sommes pas en situation de faim, manger cet éclair nous sera-t-il agréable ? N'est-ce pas l'expression d'une insatisfaction permanente ? Si nous étions satisfait de notre condition, nous n'aurions pas besoin d'aller chercher quelques compensations ailleurs.

Bouddha a écrit :...un noble disciple bien entraîné sait que l’on peut échapper à la douleur autrement que par le plaisir des sens.
http://www.dhammadelaforet.org/sommaire ... sutta.html


Pratiquer l'ascétisme consiste à se détourner des plaisirs des sens, et même parfois à s'infliger des souffrances, parce que d'abord il est vu que les plaisirs des sens sont vains, et aussi qu'ils sont sources d'émotions conflictuelles (et les comportements qui vont avec) qui empêchent d'atteindre à la sérénité. L'ascétisme, s'il n'est pas extrême, peut être profitable dans certaines circonstances, pour contrer certaines addictions néfastes par exemple pour la santé. Cependant, comme le dit Yves, l'ascétisme n'est pas obligatoire, et même pas nécessaire si l'on n'entre pas dans cette catégorie de dépendance morbide. Il doit être possible de se détacher sans souffrance supplémentaire, simplement avec une bonne vue : les plaisirs des sens sont vains même s'ils soulagent temporairement, et mon véritable bonheur se trouve dans la libération des attachements. Bonheur et Liberté sont indissociables, et faire dépendre son bonheur de plaisirs "extérieurs" n'est pas une marque de liberté mais de conditionnement.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
ted

ba11
Je voudrais juste rectifier un truc, la sensation de faim fini par disparaître au bout de quelques jours sans alimentation.
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davi
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Ah, je ne suis jamais allé jusque là... :D Mais mourir de faim, ça ne doit pas être très agréable... :-(
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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yves
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ted a écrit :Donc, si je te comprends bien Yves, l'attachement à l'absence de sensations agréables, est un attachement aussi problématique que les autres...
oui il y a plein de choses qui existe sur la voie et que l'on fini par lâcher oiseau2julie

on cite souvent le "désir d'éveil" comme une étape utile à beaucoup de gens mais qui, au final, reste un attachement qu'il faudra dissoudre aussi loveeeee
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
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Upekkhā
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Soyons clairs: en pratiquant theravada, est-ce qu'on peut continuer à aimer les éclairs au chocolat et désirer en manger ? :shock:
Est-ce que c'est considéré comme une recherche de plaisirs sensoriels ?
Partant du principe que tu entretiens ton karma et la chaine sensuel qui nous attache au samsara...j'aurai envie de dire non :mrgreen: . Mais après, tout dépend de ta motivation dans la Voie. Si c'est pour se forcer à ne plus en manger, ce n'est pas la bonne façon car si on se force, c'est que l'on a pas compris que c'est dans notre intérêt (pour la Libération) de ne plus désirer.
le véritable progrès n'est pas "d'éviter" les désirs, mais bien de dissoudre les attachements youpi_333
Si tu dissous tes attachements, tu n'auras plus de désir. Donc si tu n'as plus de désir, c'est que tu progresses.
la pratique est une voie d'investigation, pas de volonté FleurDeLotus
Au contraire, la volonté (je parle de la volonté "habile" ou "juste", dans le sens où tu comprends en quoi la pratique est pour ton bien) est très importante car sans ça, tu n'avances pas.
Pratiquer l'ascétisme consiste à se détourner des plaisirs des sens, et même parfois à s'infliger des souffrances, parce que d'abord il est vu que les plaisirs des sens sont vains, et aussi qu'ils sont sources d'émotions conflictuelles (et les comportements qui vont avec) qui empêchent d'atteindre à la sérénité. L'ascétisme, s'il n'est pas extrême, peut être profitable dans certaines circonstances, pour contrer certaines addictions néfastes par exemple pour la santé. Cependant, comme le dit Yves, l'ascétisme n'est pas obligatoire, et même pas nécessaire si l'on n'entre pas dans cette catégorie de dépendance morbide.
Oui, d'autant plus que le Buddha ne voulait pas, au départ, donner les dhutangas à ces disciples car c'est proche du jaïnisme, qui prônent la souffrance comme libération.
on cite souvent le "désir d'éveil" comme une étape utile à beaucoup de gens mais qui, au final, reste un attachement qu'il faudra dissoudre aussi
Je dirais même qu'elle est indispensable! Car c'est LE seul désir qui met fin aux désirs.

flower_mid
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