Vues justes et Vues erronées

ted

Compagnon a écrit : Et Lorsque les sages commencent à parler sur des thèmes divers, Lenoir ne dit jamais qui s'exprime, donc on a que la sagesse sans savoir si elle est juive, chrétienne, bouddhiste, philosophique etc... cela permet de se défaire d'une partie de ses préjugés pour ne se consacré qu'au message et non aux messagers. C'est très sage je trouve comme approche.
Je ne vais pas faire mon Dumè Antoni, mais il faut faire attention quand même : il y a un risque de finir comme Sylvain Durif, dans une dérive New Age qui estimera que la sagesse est universelle et uniformément partagée par tous.

J'espère ne pas être sectaire. Mais autant theravada et mahayana sont deux aspects d'un même enseignement, autant ceux qui vouent un culte aux extra-terrestres me semblent éloignés de la vérité de la fin de la souffrance, telle qu'enseignée par le Bouddha.

De même, certaines philosophies ou idéologies, même respectables, me semblent incompatibles avec le Dharma du Bouddha.
Compagnon

@Ted : la tentation est forte en effet de vouloir distinguer ce qui est compatible ou non avec l'enseignement du Bouddha. Moi aussi j'y suis en proie, j'ai un énorme a priori négatif personnel sur le Coran et l'Islam par exemple. Il faudra que je prenne mon courage à deux mains un jour et que je finisse de lire le Coran en français que j'ai à la maison en surmontant la répugnance que m'inspire certains passages. Et ce afin d'avoir une vue d'ensemble.

Toutefois a chaque fois que j'ai cette tendance, je me rappelles 5 choses qui m'aident beaucoup afin de garder un vue non discriminante, équanime et bienveillante :

1 citation du Bouddha Shakyamuni en personne.

"Il ne faut jamais blâmer la croyance des autres c'est ainsi que l'on ne fait de tort à personne. Il y a même des circonstances ou l'on doit honorer en autrui la croyance que l'on ne partage pas".

Si on estime que telle ou telle croyance est incompatible avec le Dharma du Bouddha, et que l'on croit au fait que le Dharma du Bouddha mène à l'Eveil, logiquement on estime que la dite croyance incompatible n'y mène pas. On ne peut donc que la désapprouver. Créer une discrimination et blâmer sans en avoir l'air la dite croyance non ? Pas ouvertement mais en son coeur.

2 références à Thích Nhất Hạnh.

Dans un enseignement oral, il s'amuse en racontant que quand il prononce le nom du Bouddha il a une furieuse envie d'aller se rincer la bouche 3 fois au savon. Pourquoi ? Car il nomme quelque chose qu'au font il ne connait pas. Faute d'être lui même Bouddha. Du moins c'est une des interprétations possibles de ce qu'il dit.
Donc qui d'entre nous ici peut dire qu'il connait vraiment entièrement toutes les facettes du Dharma, sans exceptions ? Est ce même possible ? Le Dharma étant vivant et lui aussi impermanent, le Dharma d'il y a 1000 ans n'est plus exactement le même que celui qui sera dans 1000 ans. Donc qui peut dire vraiment : ceci est compatible ou non compatible avec le Dharma ?

Ensuite Thích Nhất Hạnh dit aussi ceci : les chrétiens sont mes frères, je ne suis pas là pour en faire des bouddhistes. Je suis là pour les aider à approfondir leur propre tradition.

Il présuppose que le christianisme peut aussi mener à l'Eveil sinon il ne dirait pas ce qu'il dit. Et pourtant il est difficile si ce n'est impossible de trouver 100% de compatibilité entre christianisme et bouddhisme, du moins en apparence. Et même en profondeur.

1 référence à un lama tibétain.

Dans un texte intéressant ou Frédéric Lenoir résume un dialogue entre un père abbé bénédictin et un lama tibétain qu'il a lui même organisé, le Lama insiste sur le fait que chaque religion ou voie spirituelle de l’humanité est égale en dignité – même si les moyens divergent – chacune pouvant conduire les hommes à l’Eveil.

1 référence au Mahatma Gandhi qui lorsqu'on lui demanda si il était hindouiste répondit :

« Oui je le suis. Je suis aussi un chrétien, un musulman, un bouddhiste et un juif. »

Cette ensemble de références me servent de garde-fou.

Je n'arrive pas toujours à les appliquer mais au moins je les ai sous la main. C'est déjà cela.

Peut être mes études d'histoire me permettent de voir justement qu'au travers du temps et de l'espace tous les enseignements sont interconnectés les uns avec les autres par inévitable contact géographique et flux de population. Ce qui m'aide à mieux comprendre et accepter la vacuité des dharmas, de tous les dharmas y compris celui du Bouddha.

Car après tout si tu définis le Dharma du Bouddha comme "incompatible" avec un autre enseignement spirituel, tu fais apparaître l'interdépendance : car on ne peut se définir comme incompatible QUE par rapport à quelque chose. Donc cette autre spiritualité que tu estimes incompatible aide aussi a définir le dharma du Bouddha car le dharma existe dans sa définition par rapport et en dépendance dans son existence même par rapport a cette autre spiritualité. Donc l’incompatibilité éventuelle de cette autre spiritualité est aussi utile et essentielle a l'existence même du Dharma du Bouddha. Tu saisis ?

Exemple : le Bouddha aurait-il pu dénoncer les motifs qui justifiaient le système des castes en Inde à son époque si ce même système des castes n'avait pas existé ?

Ceci est parce que cela est.

Le Dharma du Bouddha existe parce qu'il y a un contexte de non-dharma qui permet son apparition.
Ne crois tu pas ?

@Ted : en douceur je te dis, quel rôle joue exactement l'opinion que tu as de ce Sylvain Duriff sur ta perception des choses en général là pour l'instant ? Voir en cet homme quelque chose d'erroné, de répulsif, de déplorable que sais je encore, est ce que cela ne réduit pas ta capacité de compassion équanime et donc ta capacité de compréhension et de vue juste globale dénuée de tout jugement de valeur ? Car après tout peu importe si ce Sylvain Duriff dit vrai ou non, l'important et qu'il mérite tout autant la compassion que toi. En terme de compassion vous êtes tout les deux égaux. Vos larmes sont salées et votre sang est rouge l'un et l'autre ;) Et lui comme toi comme moi sommes en proie à Dukkha. Nous sommes égaux devant Dukkha. En quoi cela l'aide t-il lui et e quoi cela t'aide toi de faire remarque que que Sylvain Duriff est... tous les qualificatif désobligeant que ton esprit à toi peut inventer ? :)

Comprends bien Ted :) je ne cherche nullement a te culpabiliser :) Du tout, vu que je me met aussi dans le même sac. J'ai aussi mes défauts. Je t'invite à t'interroger. Te sentie plus en heureux et en paix avec toi même en portant un jugement sur les croyance de cette homme ou en remplissant ton coeur d'une compassion dénuée de tout jugement de valeur ? love_3
Dernière modification par Compagnon le 17 juin 2016, 11:08, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
yves
Messages : 692
Inscription : 26 février 2016, 13:01

en parlant de Dharma et de non-Dharma tu dis la même chose que ted, je ne comprends pas le sens de ton intervention ;-)
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
Compagnon

@Yves : loveeeee c'est très certainement parce que je n'ai pas encore atteint la Bouddheïté : ) Donc mon discours est imparfait, mal formulé. Forcément. La formulation verbale, l'écrit, la langue parlée, peuvent être remplis de pièges.
Tout ce que je peux promettre c'est que mon intention est bonne et je fais de mon mieux pour faire parler mon coeur du mieux que je peux.

D'ou peut être la démarche du Bouddha à l'origine du Zen (une démarche non verbale) :

La légende de l'origine de la tradition zen et de la lignée de ses maîtres remonte à un sermon du Bouddha Shâkyamuni à ses disciples alors qu'ils étaient réunis sur le pic des Vautours, relaté dans le Lankavatara Sutra.

Pour tenter d'expliquer un point de son enseignement, il se contenta de cueillir silencieusement une fleur d'udumbara. Aucun des disciples n'aurait compris le message qu'il tentait de faire passer, à l'exception de Mahakashyapa, qui aurait souri au Bouddha. Celui-ci lui aurait alors dit devant l'assemblée qu'il lui avait ainsi transmis son trésor spirituel le plus précieux. C'est une préfiguration de la description du chan que l’on prêtera à Bodhidharma : « Pas d’écrit, un enseignement différent (de tous les autres), qui touche directement l’esprit pour révéler la vraie nature de Bouddha »


Wikipédia
ted

Compagnon

On dit qu'il ne faut pas confondre compassion et "compassion idiote". C'est ce qu'enseignait Chögyam Trungpa.

Vouloir que tous les êtres soient délivrés de la souffrance (la compassion) n'interdit pas de voir leurs défauts. Bien au contraire, il est indispensable de pointer du doigt les vues erronées des êtres si on veut avoir une chance de les en détourner. Ou de nous en détourner nous mêmes.

Sachant par ailleurs que, quand on décèle un défaut chez quelqu'un, on retrouve souvent en nous le même défaut, à l'état latent ou bien actif, il devient extrêmement profitable de, non pas juger les autres, je te l'accorde, mais les voir tels qu'ils sont.

Si tous les êtres ont la nature de Bouddha (ce qui correspond à ton approche) tous ne l'ont pas actualisée. Et pour savoir où on va, il faut savoir d'où on vient.
ted

Compagnon a écrit :Te sens tu plus heureux et en paix avec toi même en portant un jugement sur les croyance de cette homme ou en remplissant ton coeur d'une compassion dénuée de tout jugement de valeur ?
Le Bouddha ne manquait pas de compassion. Pourtant, dans le Brahmajala sutta, il a répertorié 62 vues fausses.
Les voici :
Cette traduction des 62 vues fausses du Brahmajala Sutta (Digha Nikaya) a été effectuée par Sébastien Billard (s.billard@free.fr) à partir des textes anglais suivants :

http://web.ukonline.co.uk/theravada/brahma1.htm
http://www.buddhistinformation.com/ida_ ... _sutta.htm
Ce document est placé sous licence Creative Commons "Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0" (http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/)

Brahmajala Sutta

Les 62 sortes de vues fausses

Il y a, ô moines, des ascètes et des brahmanes qui spéculent sur le passé, ont des opinions toutes faites sur le passé, qui proclament diverses théories sur le passé, et cela de 18 façons différentes. Sur quelles bases fondent-ils leurs opinions ?

Il y a des ascètes et des brahmanes qui sont éternalistes, qui affirment l'éternité du soi et du monde de 4 façons. Sur quelles bases ?

Première vue fausse : Ici, moines, un ascète ou un brahmane a, par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il se remémore ses existences passées : une naissance, deux naissances, trois, quatre, cinq, dix naissances, cent, mille, plusieurs milliers, cent mille, plusieurs centaines de milliers de naissances.

"Dans cette existence, mon nom était ceci, mon clan était cela, ma caste était ceci, ma nourriture était cela, j'ai expérimenté telles et telles situations plaisantes et déplaisantes, j'ai vécu tant d'années. Ayant quitté cette existence là, je suis arrivé dans celle-ci. Dans cette existence, mon nom était ceci, mon clan était cela, ma caste était ceci, ma nourriture était cela, j'ai expérimenté telles et telles situations plaisantes et déplaisantes, j'ai vécu tant d'années [...]"

Ainsi, il se souvient de plusieurs existences passées, de leurs conditions, et de leurs détails. Et il dit : "le soi et le monde sont éternels, stériles comme un piton rocheux et aussi fermement établis qu'un pieu. Les êtres s'agitent, circulent d'une existence à une autre, meurent et renaissent, et cet état est eternel. Comment le sais-je ? J'ai par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, atteint un tel état de concentration que je me remémore mes existences passées. C'est ainsi que je sais que le soi et le monde sont éternels".

Ceci est la première façon dont certains ascètes et brahmanes affirment l'éternité du soi et du monde.


Deuxième vue fausse : Et quelle est la seconde vue fausse ? Ici, moines, un ascète ou un brahmane a, par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il se remémore un kappa (période de contraction et d'expansion d'un univers), deux kappa, trois, quatre, cinq, dix kappa [...] "Dans cette existence, mon nom était ceci [...] C'est ainsi que je sais que le soi et le monde sont éternels".

Ceci est la seconde façon dont certains ascètes et brahmanes affirment l'éternité du soi et du monde.

Troisième vue fausse : Et quelle est la troisième vue fausse ? Ici, moines, un ascète ou un brahmane a, par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il se remémore dix kappa , vingt kappa, trente, quarante kappa [...] "Dans cette existence, mon nom était ceci [...] C'est ainsi que je sais que le soi et le monde sont éternels".

Ceci est la troisième façon dont certains ascètes et brahmanes affirment l'éternité du soi et du monde.

Quatrième vue fausse : Et quelle est la quatrième vue fausse ? Ici, moines, un ascète ou un brahmane est un logicien, un philosophe. Se forgeant une opinion par l'intellect, suivant sa propre argumentation, il argue : "le soi et le monde sont éternels, stériles comme un piton rocheux et aussi fermement établis qu'un pieu. Les êtres s'agitent, circulent d'une existence à une autre, meurent et renaissent, et cet état est eternel."

Ceci est la quatrième façon dont certains ascètes et brahmanes affirment l'éternité du soi et du monde.

Voici donc les 4 façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes sont éternalistes, et affirment l'éternité du soi et du monde. Quels que soient les ascètes et brahmanes affirmant l'éternité du soi et du monde, ils le font sur l'une ou l'autre de ces quatre bases. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend : Ces opinions que l'on saisit et auxquelles on adhère mèneront vers telles ou telles existences. Ceci, le Tathágata le sait, et bien plus encore, mais il n'est pas attaché à ce savoir. Etant libre d'attachement, il a expérimenté la paix parfaite, et ayant compris l'apparition, la cessation, le pouvoir d'attraction, la dangerosité, et la libération des sensations, le Tathágata est totalement libéré.

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre, tranquilles, nobles, au delà de la pensée discursive, subtils, et expérimentés seulement par les sages. Le Tathágata, ayant par la sagesse omnisciente lui-même réalisé ces dhammas, les a exposés. Que ceux qui désirent véritablement honorer le Tathágata en parlent sans déformer son enseignement. Et quels sont ces dhammas ?

Il y a, ô moines, des ascètes et des brahmanes qui sont à la fois éternalistes et non-éternalistes, qui proclament l'éternité partielle et la non-éternité partielle du soi et de monde, de quatre façon différentes. Sur quelles bases fondent-ils leurs opinions ?

Il vient un temps, moines, où après une plus ou moins longue période, ce monde se contracte. Durant cette période, les êtres renaissent principalement dans le monde dit "Abhassara Brahma". Nés spontanément par le biais de l'absorption mentale (jhana), ils y résident, se nourrissant de joie, émanant de lumière, glorieux, volant à travers les airs. Et ils résident en ce monde pendant une très longue période.

Cinquième vue fausse : Arrive un temps où après une plus ou moins longue période, ce monde connaît une expansion. Dans ce monde en expansion, une sphère d'existence appelée "demeure de Brahma", vide de toute vie, apparaît. Alors, un être mort dans le monde Abhassara Brahma du fait de son âge, ou de l'épuisement de ses mérites, renaît dans cette demeure de Brahma vide. Et, né spontanément par le biais de l'absorption mentale (jhana), il y réside, se nourrissant de joie, émanant de lumière, glorieux, volant à travers les airs. Et il y réside comme cela pendant une très longue période.

En cet être, qui a été si longtemps seul, s'élèvent alors l'insatisfaction et la lassitude. Il pense : "Si seulement d'autres êtres pouvaient être présents ici !". Alors d'autres êtres, morts dans le monde Abhassara Brahma du fait de leur âge, ou de l'épuisement de leurs mérites, renaissent également dans cette demeure de Brahma. Nés spontanément [...], ils y résident, se nourrissant de joie [...] pendant une très longue période.

Alors, moines, cet être qui fut le premier à naître dans cette demeure de Brahma se met à penser : "Je suis Brahma, le Grand Brahma, le Conquérant, l'Inconquis, l'Omniscient, l'Omnipotent, le Tout-Puissant, le Seigneur Brahma, le Créateur, le Père de tout ce qui a été et qui sera. Ces êtres, c'est moi qui les ai creés. Et comment ? Parce que j'ai eu cette pensé : "Si seulement d'autres êtres pouvaient être présents ici !" C'était mon souhait, et ces êtres sont alors venus à l'existence !

Les autres êtres de la demeure de Brahma pensent à leur tour : "Cette personne, mes amis, est Brahma, le Grand Brahma, le Conquérant, [...] le Père de tout ce qui a été et qui sera. Comment le savons-nous ? Nous avons vu qu'il était le premier, et que nous ne sommes apparus qu'après lui."

Cet être, qui est né en premier dans la demeure de Brahma vit plus longtemps qu'eux, est plus beau, et plus puissant. Les autres ont une vie plus courte, sont moins beaux, et moins puissants.

Il arrive alors qu'un de ces êtres, étant mort dans cette demeure de Brahma, renaisse dans le monde humain. Etant né dans ce monde, il abandonne la vie de foyer pour la vie d'ascète errant. Ayant par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il se remémore son existence précédente, mais pas les autres, il pense : "Brahma, le Grand Brahma, le Conquérant [...] est notre Créateur, il est permanent, stable, éternel, non sujet au changement. Mais nous, ses créatures, sommes impermanents, instables, mortels, sujets à la chute, et c'est ainsi que nous naissons en ce monde".

Ceci est la première façon dont certains ascètes et brahmanes affirment l'éternité partielle et la non-éternité partielle du soi et de monde.

Sixième vue fausse : Et quelle est la seconde façon ? Il y a, moines, des devas corrompus par le plaisir. Ils consacrent leur temps à l'amusement et aux festivités, négligeant l'attention, oubliant même de se nourrir, jusqu'à en mourir.

Il arrive alors qu'un de ces devas, renaisse dans le monde humain. Etant né dans ce monde, il abandonne la vie de foyer pour la vie d'ascète errant. Ayant par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il se remémore son existence précédente, mais pas les autres, il pense : "Ces devas vénérables, qui ne sont pas corrompus par le plaisir, ne gaspillent pas leur temps dans l'amusement et les festivités, conservent leur attention. Conservant leur attention, n'oubliant pas de se nourrir, ils ne tombent pas de ce domaine d'existence. Ils sont permanents, stables, éternels, non sujets au changement. Mais nous, qui sommes corrompus par le plaisir, sommes impermanents, instables, mortels, sujets à la chute, et c'est ainsi que nous naissons en ce monde". Ceci est la seconde façon.

Septième vue fausse : Et quelle est la troisième façon ? Il y a, moines, des devas corrompus par l'esprit. Ils passent leur temps à jalouser les autres. Trop occupés à jalouser les autres, ils épuisent leur corps et leur esprit jusqu'à en mourir.

Il arrive alors qu'un de ces devas, renaisse dans le monde humain. Etant né dans ce monde, il abandonne la vie de foyer pour la vie d'ascète errant. Ayant par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il se remémore son existence précédente, mais pas les autres, il pense : "Ces devas vénérables, qui ne sont pas corrompus par l'esprit, ne passent pas leur temps à jalouser les autres. Ne perdant pas leur temps à jalouser les autres, ils n'épuisent pas leur corps et leur esprit. N'épuisant pas leur corps et leur esprit, ils ne tombent pas de ce domaine d'existence. Ils sont permanents, stables, éternels, non sujets au changement. Mais nous, qui sommes corrompus par l'esprit, sommes impermanents, instables, mortels, sujets à la chute, et c'est ainsi que nous naissons en ce monde". Ceci est la troisième façon.

Huitième vue fausse : Et quelle est la quatrième façon ? Ici, moines, un ascète ou un brahmane est un logicien, un philosophe. Se forgeant une opinion par l'intellect, suivant sa propre argumentation, il argue : "Ce qui est appelé oeil, oreille, nez, langue, ou corps, cela est un soi impermanent, instable, non éternel, sujet au changement. Mais ce qui est appelé pensée, esprit, ou conscience, c'est un soi qui est permanent, stable, éternel, non sujet au changement !" Ceci est la quatrième façon.

Voici donc les 4 façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes sont à la fois éternalistes et non-éternalistes. Quels que soient les ascètes et brahmanes affirmant l'éternité partielle et la non-éternité partielle du soi et de monde, ils le font sur l'une ou l'autre de ces quatre bases. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend : Ces opinions que l'on saisit et auxquelles on adhère mèneront vers telles ou telles existences. Ceci, le Tathágata le sait, et bien plus encore, mais il n'est pas attaché à ce savoir. Etant libre d'attachement, il a expérimenté la paix parfaite, et ayant compris l'apparition, la cessation, le pouvoir d'attraction, la dangerosité, et la libération des sensations, le Tathágata est totalement libéré.

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre, tranquilles, nobles, au delà de la pensée discursive, subtils, et expérimentés seulement par les sages. Le Tathágata, ayant par la sagesse omnisciente lui-même réalisé ces dhammas, les a exposés. Que ceux qui désirent véritablement honorer le Tathágata en parlent sans déformer son enseignement. Et quels sont ces dhammas ?

Il y a, ô moines, des ascètes et des brahmanes qui affirment que le monde est fini, d'autres qui affirment que le monde est infini, et cela, de quatre façons différentes. Sur quelles bases fondent-ils leurs opinions ?

Neuvième vue fausse : Ici, moines, un ascète ou un brahmane a, par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il demeure percevant le monde comme fini. Il pense : "Ce monde est fini et contenu dans un cercle. Comment le sais-je ? J'ai par les moyens de l'effort [...] atteint un tel état de concentration que je demeure percevant le monde comme fini. Je sais donc que ce monde est fini et contenu dans un cercle." Ceci est la première façon.

Dixième vue fausse : Et quelle est la seconde façon ? Ici, un ascète ou un brahmane a [...] atteint un tel état de concentration qu'il demeure percevant le monde comme infini. Il pense : "Le monde est infini et sans aucune limite. Ces ascètes et brahmanes qui disent le monde fini sont dans l'erreur. Comment le sais-je ? J'ai par les moyens de l'effort [...] atteint un tel état de concentration que je demeure percevant le monde comme infini. Je sais donc que le monde est infini." Ceci est la seconde façon.

Onzième vue fausse : Et quelle est la troisième façon ? Ici, un ascète ou un brahmane a [...] atteint un tel état de concentration qu'il demeure percevant le monde comme étant fini verticalement, mais infini horizontalement. Il pense : "Le monde est à la fois fini et infini. Ces ascètes et brahmanes affirmant que le monde est fini sont dans l'erreur, de même que ceux qui affirment que le monde est infini. Comment le sais-je ? J'ai par les moyens de l'effort [...] atteint un tel état de concentration que je demeure percevant le monde comme fini verticalement et infini horizontalement. Je sais donc que le monde est à la fois fini et infini." Ceci est la troisième façon.

Douzième vue fausse : Et quelle est la quatrième façon ? Ici, moines, un ascète ou un brahmane est un logicien, un philosophe. Se forgeant une opinion par l'intellect, suivant sa propre argumentation, il argue : "Ce monde n'est ni fini, ni infini. Ceux qui affirment qu'il est fini sont dans l'erreur, tout comme ceux qui affirment qu'il est infini. Le monde n'est ni fini, ni infini." Ceci est la quatrième façon.

Voici donc les 4 façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes affirment que le monde est fini ou infini. Quels que soient les ascètes et brahmanes affirmant la finitude ou l'infinitude du monde, ils le font sur l'une ou l'autre de ces quatre bases. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend [...]

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre [...]

Il y a, ô moines, des ascètes et des brahmanes qui se comportent comme des anguilles. Quand on les questionne sur divers sujets, ils tentent de s'en tirer à l'aide d'arguments évasifs ou ambigus, se débattant comme des anguilles, de quatre façons différentes. Sur quelles bases fondent-ils leurs opinions ?

Treizième vue fausse : Ici, un ascète ou un brahmane ne sait pas en vérité si une chose est bonne ou mauvaise. Il pense : "Je ne sais pas réellement si cette chose est bonne ou mauvaise. Ne connaissant pas la bonne réponse, je pourrais affirmer que cela est bon, ou bien que cela est mauvais, et me tromper, ce qui risquerait de me créer de la détresse et du démérite". Aussi, craignant de mentir, il ne déclare jamais une chose bonne ou mauvaise. Quand on le questionne sur divers sujets, il tente de s'en tirer à l'aide d'arguments évasifs, se débattant comme une anguille : "Je ne dis pas ceci, je ne dis pas cela, je ne dis pas que c'est autrement, je ne dis pas que cela n'est pas." Ceci est la première façon.

Quatorzième fausse vue : Et quelle est la seconde façon ? Ici, un ascète ou un brahmane ne sait pas en vérité si une chose est bonne ou mauvaise. Il pense : "Je ne sais pas réellement si cette chose est bonne ou mauvaise. Ne connaissant pas la bonne réponse, je pourrais affirmer que cela est bon, ou bien que cela est mauvais, et alors ressentir de la satisfaction, du plaisir, ou bien de l'insatisfaction et du déplaisir quand à ma réponse, ce qui risquerait de me créer de la détresse et du démérite". Aussi, craignant l'attachement et l'aversion, il ne déclare jamais une chose bonne ou mauvaise. Quand on le questionne sur divers sujets, il tente de s'en tirer à l'aide d'arguments évasifs, se débattant comme une anguille [...]. Ceci est la seconde façon.

Quinzième vue fausse : Et quelle est la troisième façon ? Ici, un ascète ou un brahmane ne sait pas en vérité si une chose est bonne ou mauvaise. Il pense : "Je ne sais pas réellement si cette chose est bonne ou mauvaise. Ne connaissant pas la bonne réponse, je pourrais affirmer que cela est bon, ou bien que cela est mauvais. Mais il y a des ascètes et des brahmanes sages et expérimentés, de grands orateurs, qui, précis comme des archers, détruisent les thèses des autres avec leur sagesse. Ces ascètes et brahmanes pourraient m'interroger, me demander mes arguments, et je pourrais ne pas être capable de leur répondre, ce qui risquerait de me créer de la détresse et du démérite." Aussi, craignant de débattre, il ne déclare jamais une chose bonne ou mauvaise. Quand on le questionne sur divers sujets, il tente de s'en tirer à l'aide d'arguments évasifs, se débattant comme une anguille [...]. Ceci est la troisième façon.

Seizième vue fausse : Et quelle est la quatrième façon ? Ici, un ascète ou un brahmane est confus et stupide. Du fait de sa confusion et de sa stupidité, quand on le questionne sur divers sujets, il tente de s'en tirer à l'aide d'arguments évasifs, se débattant comme une anguille : "Vous me demandez s'il y a un autre monde ? Si je le pensais, je dirais que oui. Mais je ne le dis pas. Je ne dis pas autrement non plus. Et je ne dis pas que cela n'est pas, pas plus que je ne dis que cela est [...] Vous me demandez s'il existe des êtres qui naissent spontanément ? Si je le pensais, je dirais que oui. Mais je ne le dis pas. Je ne dis pas autrement non plus. Et je ne dis pas que cela n'est pas, pas plus que je ne dis que cela est [...]. Vous me demandez si le Tathágata existe après la mort ? [...]" Ceci est la quatrième façon.

Voici donc les 4 façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes tentent de s'en tirer à l'aide d'arguments évasifs ou ambigus, se débattant comme des anguilles. Quels que soient ces ascètes et brahmanes, ils le font sur l'une ou l'autre de ces quatre bases. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend [...]

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre [...]

Il y a, ô moines, des ascètes et des brahmanes qui affirment la doctrine de la non-causalité et proclament que le hasard est à l'origine du soi et du monde, et cela, de deux façons différentes. Sur quelles bases fondent-ils leurs opinions ?

Dix-septième vue fausse : Il existe, moines, des devas dits "sans perception". Aussitôt que la perception arrive en eux, ces devas tombent de leur domaine d'existence. Il arrive alors qu'un de ces devas renaisse dans le monde humain. Etant né dans ce monde, il abandonne la vie de foyer pour la vie d'ascète errant. Ayant par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il se remémore son existence précédente, mais pas les autres. Il pense : "Le soi et le monde viennent à l'existence par hasard. Comment le sais-je ? Avant de venir à l'existence, je n'existais pas. De l'état de non-existence, je suis maintenant passé à l'état d'existence." Ceci est la première façon.

Dix-huitième vue fausse : Et quelle est la seconde façon ? Ici, moines, un ascète ou un brahmane est un logicien, un philosophe. Se forgeant une opinion par l'intellect, suivant sa propre argumentation, il argue : "Le soi et le monde viennent à l'existence par hasard, sans cause". Ceci est la seconde façon.

Voici donc les deux façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes affirment la doctrine de la non-causalité et proclament que le hasard est à l'origine du soi et du monde. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend : Ces opinions que l'on saisit et auxquelles on adhère mèneront vers telles ou telles existences. Ceci, le Tathágata le sait, et bien plus encore, mais il n'est pas attaché à ce savoir. Etant libre d'attachement, il a expérimenté la paix parfaite, et ayant compris l'apparition, la cessation, le pouvoir d'attraction, la dangerosité, et la libération des sensations, le Tathágata est totalement libéré.

Et le Tathágata comprend [...]

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre [...]

O moines ! Ces ascètes et ces brahmanes qui spéculent sur le passé, ont des opinions toutes faites sur le passé, qui proclament diverses théories sur le passé, le font de 18 façons différentes, il n'y a pas d'autre façon. Il s'agit toutes de vues fausses.

Et le Tathágata comprend [...]

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre [...]

Il y a, ô moines, des ascètes et des brahmanes qui spéculent sur le futur, ont des opinions toutes faites sur le futur, qui proclament diverses théories sur le futur, et cela de 44 façons différentes. Sur quelles bases fondent-ils leurs opinions ?

Il y a, moines, des ascètes et des brahmanes qui proclament une existence consciente après la mort, de 16 façons différentes. Sur quelles bases ?

Vues fausses 19 à 34 : Ils affirment que le soi après la mort est conscient, non-sujet au déclin, et : matériel, immatériel, à la fois matériel et immatériel, ni matériel ni immatériel, fini, infini, les deux, aucun des deux, expérimentant un état de conscience unique, plusieurs états de conscience, des états de conscience limités, des états de conscience illimités, totalement heureux, totalement malheureux, les deux, aucun des deux.

Voici donc les seize façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes proclament une existence consciente après la mort. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend [...]

Il y a ainsi ô moines, des dhammas profonds, difficiles à voir et à comprendre [...]

Il y a, moines, des ascètes et des brahmanes qui proclament une existence inconsciente après la mort, de huit façons différentes. Sur quelles bases ?

Vues fausses 35 à 42 : Ils affirment que le soi après la mort est inconscient, non sujet au déclin, et : matériel, immatériel, à la fois matériel et immatériel, ni matériel ni immatériel, fini, infini, les deux, aucun des deux.

Voici donc les huit façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes proclament une existence inconsciente après la mort. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend [...]

Il y a ainsi ô moines, des dhammas profonds, difficiles à voir et à comprendre [...]

Il y a, moines, des ascètes et des brahmanes qui proclament une existence ni consciente, ni inconsciente après la mort, de huit façons différentes. Sur quelles bases ?

Vues fausses 43 à 50 : Ils affirment que le soi après la mort est ni conscient ni inconscient, non sujet au déclin, et : matériel, immatériel, à la fois matériel et immatériel, ni matériel ni immatériel, fini, infini, les deux, aucun des deux.

Voici donc les huit façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes proclament une existence ni conscient ni inconsciente après la mort. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend [...]

Il y a ainsi ô moines, des dhammas profonds, difficiles à voir et à comprendre [...]

Il y a, moines, des ascètes et des brahmanes qui sont annihilationnistes, qui proclament l'annihilation, la destruction, la non-existence future des êtres, et ce, de sept façons différentes. Sur quelles bases ?

Cinquante et unième vue fausse : Ici, un ascète ou un brahmane affirme et proclame cette doctrine : " Le soi est matériel, composé des quatre éléments, il est le produit de l'union du père et de la mère, et est détruit à la dissolution du corps. Ne survivant pas à la mort. C'est de cette façon que le soi est annihilé." C'est ainsi que certains proclament l'annihilation, la destruction, la non-existence future des êtres.

Cinquante deuxième vue fausse : Un autre dit : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'est pas complètement annihilé. Il existe un autre soi, divin, matériel, appartenant à la sphère des sens, se nourrissant d'aliments solides. Vous ne le savez, pas ni ne le voyez, mais moi, si. C'est ce soi qui est détruit à la dissolution du corps." C'est ainsi que certains proclament l'annihilation, la destruction, la non-existence future des êtres.

Cinquante troisième vue fausse : Un autre dit : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'est pas complètement annihilé. Il existe un autre soi, divin, matériel, né de l'esprit, doté de tous ses organes et de tous ses sens. Vous ne le savez pas, ni ne le voyez, mais moi, si. C'est ce soi qui est détruit à la dissolution du corps." C'est ainsi que certains proclament l'annihilation, la destruction, la non-existence future des êtres.

Cinquante quatrième vue fausse : Un autre dit : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'est pas complètement annihilé. Il existe un autre soi, qui étant allé au delà des sensations, ayant réalisé que l'espace est infini, a atteint la sphère immatérielle de l'espace infini. Vous ne le savez pas, ni ne le voyez, mais moi, si. C'est ce soi qui est détruit à la dissolution du corps." C'est ainsi que certains proclament l'annihilation, la destruction, la non-existence future des êtres.

Cinquante cinquième vue fausse : Un autre dit : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'est pas complètement annihilé. Il existe un autre soi, qui étant allé au delà de la sphère immatérielle de l'espace infini, ayant réalisé que la conscience est infinie, a atteint la sphère de la conscience infinie. Vous ne le savez pas, ni ne le voyez, mais moi, si. C'est ce soi qui est détruit à la dissolution du corps." C'est ainsi que certains proclament l'annihilation, la destruction, la non-existence future des êtres.

Cinquante sixième vue fausse : Un autre dit : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'est pas complètement annihilé. Il existe un autre soi, qui étant allé au delà de la sphère de la conscience infinie, voyant que rien n'existe, a atteint la sphère du vide. Vous ne le savez pas, ni ne le voyez, mais moi, si. C'est ce soi qui est détruit à la dissolution du corps." C'est ainsi que certains proclament l'annihilation, la destruction, la non-existence future des êtres.

Cinquante septième vue fausse : Un autre dit : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'est pas complètement annihilé. Il existe un autre soi, qui étant allé au delà de la sphère du vide, voyant que cela est tranquille, sublime, a atteint la sphère où rien n'est perçu ni non-perçu. Vous ne le savez pas, ni ne le voyez, mais moi, si. C'est ce soi qui est détruit à la dissolution du corps, et ceci est la façon par laquelle le soi est complètement annihilé." C'est ainsi que certains proclament l'annihilation, la destruction, la non-existence future des êtres.

Voici donc les sept façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes proclament l'annihilation, la destruction, la non-existence future des êtres. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend [...]

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre [...]

Il y a, moines, des ascètes et des brahmanes qui proclament que Nibbana est réalisable ici et maintenant par les êtres, et ce, de cinq façons différentes. Sur quelles bases ?

Cinquante huitième vue fausse : Ici, un ascète ou un brahmane affirme et proclame cette doctrine : "Ce soi, ici et maintenant, jouit intégralement des 5 sortes de plaisirs sensuels. Ce soi a donc réalisé Nibbana ici et maintenant."

Cinquante neuvième vue fausse : Un autre dit : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'a pas atteint le plus haut Nibbana. Pourquoi ? Parce que les plaisirs sensuels sont impermanents, douloureux, et sujets au changement. De cette instabilité naissent l'affliction, la douleur, la détresse. Mais quand ce soi, détaché des plaisirs des sens, détaché des états malsains, atteint et demeure dans le premier jhana, qui s'accompagne de l'absorption, du ravissement, et de la joie nés du détachement, c'est alors qu'il réalise le plus haut Nibbana." C'est ainsi que certains proclament la réalisation de Nibbana ici et maintenant.

Soixantième vue fausse : Un autre dit : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'a pas atteint le plus haut Nibbana. Pourquoi ? Parce que le premier jhana ne fait pas disparaître la pensée discursive. C'est donc encore un état grossier. Mais quand ce soi, délaissant la pensée discursive, atteint et demeure dans le second jhana, qui s'accompagne de la tranquillité intérieure, de l'absorption complète de l'esprit, du ravissement et de la joie, c'est alors qu'il réalise le plus haut Nibbana." C'est ainsi que certains proclament la réalisation de Nibbana ici et maintenant.

Soixante et unième vue fausse : Un autre dit : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'a pas atteint le plus haut Nibbana. Pourquoi ? Parce que le second jhana ne fait pas disparaître le ravissement. C'est donc encore un état grossier. Mais quand ce soi, délaissant le ravissement, s'installe dans l'équanimité, atteint et demeure dans le troisième jhana, pleinement conscient, experimentant le bien-être physique et mental décrit par les nobles, c'est alors qu'il réalise le plus haut Nibbana." C'est ainsi que certains proclament la réalisation de Nibbana ici et maintenant.

Soixante deuxième vue fausse : "Ami, le soi que vous décrivez existe bien. Mais ce soi n'a pas atteint le plus haut Nibbana. Pourquoi ? Parce que l'esprit éprouve encore de la joie. C'est donc encore un état grossier. Mais quand ce soi, délaissant douleur et plaisir, délaissant joie et peine, s'installe et demeure dans le quatrième jhana, pleinement conscient et equanime, c'est alors qu'il réalise le plus haut Nibbana." C'est ainsi que certains proclament la réalisation de Nibbana ici et maintenant.

Voici donc les cinq façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes proclament la réalisation de Nibbana ici et maintenant.

Et le Tathágata comprend [...]

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre [...]

O moines ! Ces ascètes et ces brahmanes qui spéculent sur le futur, ont des opinions toutes faites sur le futur, qui proclament diverses théories sur le futur, le font de 44 façons différentes, il n'y a pas d'autre façon. Il s'agit toutes de vues fausses.

Et le Tathágata comprend [...]

Voici donc les 62 façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes spéculent sur le passé, le futur, ou sur les deux. Il n'y a pas d'autres façon.

Et le Tathágata comprend : Ces opinions que l'on saisit et auxquelles on adhère mèneront vers telles ou telles existences. Ceci, le Tathágata le sait, et bien plus encore, mais il n'est pas attaché à ce savoir. Etant libre d'attachement, il a expérimenté la paix parfaite, et ayant compris l'apparition, la cessation, le pouvoir d'attraction, la dangerosité, et la libération des sensations, le Tathágata est totalement libéré.

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre, tranquilles, nobles, au delà de la pensée discursive, subtils, et expérimentés seulement par les sages. Le Tathágata, ayant par la sagesse omnisciente lui-même réalisé ces dhammas, les a exposés. Que ceux qui désirent véritablement honorer le Tathágata en parlent sans déformer son enseignement.
Compagnon

@Ted : alors considère que je ne m'estime pas assez sage et "reformé" moi même pour vraiment être efficace dans le fait de pointer chez autrui les "vues fausses" probablement parce que j'ai les mêmes. Et note que, dans mes tournure de phrase, j'essais toujours d'inviter les gens à réfléchir à ce que je dis, à se poser la question, je mets régulièrement des interrogations, des conditionnel, justement pour ne pas dire : tu es ceci, tu es cela, tu as tort en voyant les choses ainsi etc...
Souvent (je l'ai constaté très très souvent dans les forums que je fréquente) ceux qui me lisent transforment mes questions en affirmation et réagissent donc à ce que je dis comme à des mises en accusation ou des critiques plutôt que comme des invitations à réfléchir.

Le Bouddha avait une compassion sans limite s'appuyant sur une sagesse, une compréhension suffisante pour lui permettre d'énoncer les dites vues fausses qui sont énumérées ci-dessus. Et savoir les reconnaître chez untel ou untel et donc être capable de savoir ce qu'il fallait faire ou dire a untel ou untel, sans pour autant que cela marche forcément à tous les coups.

Qu'il y ai un potentiel à la bouddhéïté en chacun de nous fait partie en effet de mes "vues". Un potentiel. Je n'en suis pas encore au stade de la connaissance/compréhension associé à la compassion qui étaient le propre du Bouddha Shakyamuni. :)
D'ou m'a circonspection.

Circonspection ne signifie pas inaction. L'important est de voir ce que fait ce monsieur, ses actes. Si il nuit d'une façon ou d'une autre à d'autres personnes, de manière avéré, prouvée, avec témoins etc... alors il est souhaitable de demander l'intervention de personnes compétentes afin qu'il cesse de nuire aux autre comme à lui même.

Si ça se trouve ce monsieur sur la video est un très bon comédien, il ne crois pas un mot de ce qu'il dit et c'est un canulars visant à voir combien de gens sont assez crédules ou désœuvrés pour aller regarder sa video en entier. Et nous sommes tous en train de nous "prendre la tête" sur du vent. Moi j'en sais rien. Et vous ?

A titre d'exemple, de son vivant, la moitié des rumeurs les plus folles courant sur Michael Jackson étaient diffusées en sous main sciemment pas son service de com pour contrer les autres rumeurs qui elles venaient d'ailleurs.

En tout cas nous avons bien dérivé du sujet initial. Est-il utile de poursuivre en cette voie ?
ted

Compagnon a écrit :En tout cas nous avons bien dérivé du sujet initial. Est-il utile de poursuivre en cette voie ?
Baaaahhh. .. C'est toi qui voit.
Ca fait deux fois que j'ai l'impression que tu trouves que je manque de compassion envers Sylvain Durif simplement parce que je le cite. Comme l'a deviné Yves, j'ai cité Sylvain Durif, à l'origine, pour qu'on ne se prenne pas trop au sérieux sur les différences Theravāda/Mahayana. :) Parce que, à priori, chez Sylvain, on avait là un bel exemple négatif de vues vraiment erronées. Avec, de plus, un exemple positif de cohabitation de ces vues.

Maintenant, on en est arrivé à parler des vues fausses et erronées. Comme te faisait remarquer Tirru, nous avons déjà eu des échanges tendus par le passé avec des personnes affirmant par exemple que la notion de tatagathagarba (nature de Bouddha) du Mahayana, était l'une des vues fausses. Et je t'avoue que ça m'a beaucoup aidé de me demander si le tatagathagarba était une sorte d'âme ou pas. Parce que, qui dit âme, dit "soi". Et avec cette notion, Mahayana a un peu joué avec le feu, philosophiquement. Quand on vient d'un univers judéo-chrétien, on s'approprie très vite cette notion de tatagathagarba pour y ranger toutes nos croyances habituelles. Et on déforme l'enseignement bouddhiste.

Cela dit, les pratiquants du vajrayana, qui pensent qu'au coeur de l'individu il y a une goutte blanche et une goutte rouge qui fusionne, sont sans doute moins troublés par cette notion que les pratiquants du bouddhisme ancien.

Donc, pour résumer, la problématique d'une bonne pratique du Dharma, c'est d'avoir une Vue Juste et de savoir reconnaître et écarter les Vues Fausses. Et, à mon avis, ce n'est pas un manque de compassion que de se demander si untel à une Vue Fausse. Même si on ne lui balance pas au visage bien sur.
Compagnon

Ce n'est qu'une impression Ted :) Pas ce que j'avais en tête.
Peut être une méfiance excessive de ma part devant la tendance à juger ou évaluer les autres. difficile de garder un équilibre, de ne pas tomber dans un extrême ou l'autre.
Trop de scrupules de ma part peut être. Désolé.
En forum c'est toujours le problème on ne peut se baser que sur l'écrit. On se méprends souvent sur les intentions des gens derrière les mots.

Pour le reste j'attends un moment. De voir clair dans ma tête pour répondre. Je prends le temps :)

Si tu veux ma première impression serait aussi de dire que cet homme a des vues erronées, j'aurais même d'autre qualificatif bien moins policés qui me viendraient à l'esprit. Mais je me méfies aussi de mes premières impressions. Tu comprends ?

C'est bien joli de dire : untel a des vues erronées mais après on fait quoi pratiquement ?

Que te dire... je trouve déplacé de montrer du doigt le discours d'une individu justement pour qu'il cesse de nous faire nous prendre au sérieux, donc pour que ce qu'il dit nous face sourire, bref au font pour se moquer de lui sous prétexte de vouloir nous édifier nous même ne ce disant : celui là a des vues erronées, sous entendu, nous nous sommes dans le vrai.

Tu comprends ce genre de scrupules de ma part ?

Excès de scrupules personnelles peut être, dans la vie je suis quelqu'un d'extrêmement sensible (mais j'ai gagné en sérénité avec le temps), on me blesse très facilement par forcément volontairement. La question de la dignité des gens et quelque chose d'important pour moi. Dignité de soi, dignité des autres. C'est aussi le fruit de mon vécu. Le produit de mon expérience dans la vie.

Un exemple : il y a des années j'ai travaillé au siège d'une grande banque française à la Défense. Comme intérimaire. Il y avait un chef de service qui était un alcoolique notoire. D'ailleurs son visage en portait les stigmates. Je ne l'ai jamais vu ivre au travail. J'avais quelques collègues qui se moquaient de lui dans son dos, le méprisait. Et pourtant cet homme a toujours été gentil avec moi, souriant, il ne m'a jamais pris de haut alors qu'il avait des années d'ancienneté dans la boite. Et moi je n'étais qu'un intérimaire de passage. J'ai donc dit clairement a ceux qui se moquaient de lui : vous croyez qu'il a demandé à devenir alcoolique ? Vous croyez qu'il est heureux comme ça ?

C'était il y a des années...

Evidemment c'est tout un vécu personnel que tu ne peux pas connaître :)

J'essais d'expliquer, d'éclairer par mon vécu pour que l'on comprennes les réflexes qui m'animent parfois.
J'ai aussi bien d'autres vécus dans d'autres domaines qui expliquent certaines de mes tendances.

Cela explique aussi peut être mon penchant particulier pour la Metta :)

Peut être la mienne est-elle imbécile pour le moment comme l'a suggéré quelqu'un plus haut. Va savoir...

J'ai aussi appris a me méfier d'une puissante tendance naturelle chez moi a vouloir aider les gens, parce que je me suis rendu compte que si l'intention était toujours bonne chez moi, dans la plupart des cas je m'y prenait mal, les résultats n'étaient pas du tout au rendez vous, pire c'était mal compris voir regarder avec suspicion et soupçon.

D'ou mes scrupules et ma circonspection. :)

Ceci explique cela.
ted

Compagnon a écrit : Que te dire... je trouve déplacé de montrer du doigt le discours d'une individu justement pour qu'il cesse de nous faire nous prendre au sérieux, donc pour que ce qu'il dit nous face sourire, bref au font pour se moquer de lui sous prétexte de vouloir nous édifier nous même ne ce disant : celui là a des vues erronées, sous entendu, nous nous sommes dans le vrai.
Oui, ça je comprends.

Mais je n'ai pas de moqueries envers Sylvain Durif, mais énormément de sympathie. Je sais que c'est peut être difficile à croire. Si tu veux, c'est un peu la même sympathie qu'on pourrait avoir pour un enfant qui explique que la branche cassée qu'il a à la main est une épée laser.

Alors, ça fait peut être l'arrogance du gars qui est persuadé d'être sur la bonne voie, mais ça j'assume. Je pense que l'octuple sentier mène à l'éveil. Et je ne crois pas que les pratiques New Age y mènent. Et je n'ai pas honte de penser ça. Mais j'accepte qu'on me dise que je peux tromper.

Tu crois qu'on ne peut pas penser que quelqu'un a des vues erronées sans le considérer systématiquement comme inférieur ou le mépriser ?
Répondre