ted a écrit :Je rapelle que le texte Pali en question est le suivant :
‘Ekāyano ayaṃ, bhikkhave, maggo sattānaṃ visuddhiyā, sokaparidevānaṃ samatikkamāya, dukkhadomanassānaṃ atthaṅgamāya, ñāyassa adhigamāya, nibbānassa sacchikiriyāya yadidaṃ cattāro satipaṭṭhānā’ ti. Iti yaṃ taṃ vuttaṃ, idametaṃ paṭicca vuttaṃ ti.
Tu le lis couramment?
Traduttore, traditore, dit-on toujours en italien. Un auteur faisait remarquer à propos de la langue la chose suivante.
Il fait observer que si l'on lit (pour qui lit l'italien) le début du sonnet le plus célèbre de la littérature italienne:
Tanto gentile e tanto onesta pare (Si gentille et si honnête semble)
La donna mia, quand'ella altrui saluta... (Ma dame quand autrui elle salue)
dans l'esprit contemporain, alors qu'il a été écrit vers 1290, on va en déduire que Dante accuse Béatrice de n'offrir que l'apparence de la gentillesse et de l'honnêteté. Sauf que
gentile, onesta, et
pare ont encore à l'époque leur signification latine:
gentilis = noble;
honestus = digne d'honneur et de respect;
parere = se présenter, se manifester.
Le résultat, c'est qu'une paraphrase moderne dirait, "ma dame, lorsqu'elle salue les autres, manifeste énormément de noblesse et de dignité".
Jeune, j'avais été choqué de lire qu'au XVI° siècle, lors des famines, les pauvres en étaient réduits à manger des herbes et des racines. Sauf qu'à l'époque, les herbes qualifiaient toutes les verdures comestibles, les salades, la roquette, le pourpier, et autres, et les racines, tous les légumes radiculaires comme le fenouil, les carottes, les navets, les betteraves etc.
Autrement dit, il est très facile pour un traducteur de s'égarer, et d'utiliser une expression qui, en définitive n'est pas appropriée, mais encore plus lorsqu'on retraduit une traduction, surtout s'il y a un long délai entre les deux versions. Je trouve ce genre de choses en permanence, chaque fois que je tombe sur une traduction, en particulier de romans, où je me creuse le crâne pour comprendre ce que dit le texte, et finit par comprendre que le traducteur a mis une sottise parce qu'il n'a pas (ou mal) compris ce qu'il lisait.
Juste un exemple pour finir dans le Satipatthana Sutta. Le texte parle de "Breathing in long, he discerns, 'I am breathing in long'; or breathing out long, he discerns, 'I am breathing out long.' Or breathing in short, he discerns, 'I am breathing in short'; or breathing out short, he discerns, 'I am breathing out short.' " (version de Thanissaro Bhikkhu). "En prenant une inspiration longue, il observe 'Je prends une inspiration longue'; ou en prenant une expiration longue, il observe, 'Je prends une expiration longue'. Ou en prenant une inspiration courte, il observe, 'Je prends une inspiration courte'; ou en prenant une expiration courte, il observe, 'Je prends une expiration courte'.
Pour rendre "discern", j'aurais pu utiliser le verbe "discerner." Pourquoi utiliser le verbe "observer"? D'une part parce qu'en français on n'utiliser guère discerner comme verbe, même si l'on parle de discernement (mais j'observe ici que le discernement comporte sa part de jugement!). J'utilise aussi "observer" parce que, dans mon expérience, l'observation se fait sans jugement, sans intervention. C'est un constat, point. Nombreux sont ceux qui sautent sur ce texte pour en déduire que la pratique consiste à contrôler sa respiration. Ce n'est pas l'enseignement que j'ai reçu, certes, mais en plus, j'observe qu'en pratiquant comme on me l'a appris, cette observation se fait tout naturellement. Donc..;