La mort du Bouddha

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yudo
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(Traduction d'un texte publié par la WWW Virtual Library - Sri Lanka)
http://www.lankalibrary.com/Bud/buddha_death.htm

Le Bouddha est-il mort d'un infarctus mésentérique?


Par le Vénérable Dr Mettanando Bhikkhu - Bangkok Post, 17-May-2000
© The Post Publishing Public Co.

(Le Dr Mettanando Bhikkhu était médecin avant de devenir moine. Il vit actuellement au Wat Raja Orasaram.)

-oOo-

Les textes anciens entrecroisent deux histoires à propos de la mort du Seigneur Bouddha. Etait-elle planifié et voulue par lui, s'agissait-il d'un empoisonnement alimentaire, ou de tout autre chose?

Le Sûtra du Mahaparinibbana, tiré de la collection des Longs Discours (Digha Nikaya) du Tipitaka Pâli, est sans doute la source la plus fiable pour les détails de la mort de Siddhattha Gotama (AEC 563-483), le Seigneur Bouddha. Il est composé dans un style narratif qui permet aux lecteurs de suivre l'histoire des derniers jours du Bouddha, commençant quelques mois avant sa mort. Comprendre ce qui s'est réellement passé n'est pourtant pas simple.

Le sutta, ou discours, dépeint deux personnalités conflictuelles du Bouddha, l'une se superposant à l'autre. La première personnalité est celle d'un faiseur de miracles qui s'est téléporté, lui et son entourage, de l'autre côté du Gange (D II, 89), qui a eu une vision divine de l'installation des dieux sur terre (D II, 87), qui aurait pu vivre jusqu'à la fin du monde si quelqu'un l'y avait invité (D II, 103), qui a déterminé le moment de sa propre mort (D II, 105), et dont la mort a été glorifiée par une pluie de fleurs célestes, de poudre de santal et de musique divine (D II, 138 ).

L'autre personnalité est celle d'un vieil homme, qui roumègue sur sa santé déclinante, et sa sénilité croissante (D II, 120), qui a presque perdu la vie à cause d'une grave douleur lors de sa dernière retraite à Vesali (D II, 100), et qui est contraint de faire avec sa maladie inattendue et sa mort après avoir consommé un repas spécialement préparé par son hôte généreux. Ces deux personnalités alternent à différents endroits de la narration. De plus, on trouve aussi deux explications de la cause de sa mort: Une étant qu'il est mort parce que son assistant, Ananda, a manqué à l'inviter à vivre jusqu'à la fin des temps, voire plus longtemps (D II, 117). L'autre étant qu'il est mort d'une maladie soudaine qui a débuté après qu'il ait mangé ce qui est appelé "Sukaramaddava" (D II, 127-157).

La première histoire est probablement une légende, ou le résultat de combats politiques au sein de la communauté bouddhiste, lors d'un stage de transition, alors que la seconde paraît plus réaliste et précise dans la description d'une situation de vie réelle de ce qui s'est produit dans les derniers jours du Bouddha. Un certain nombre d'études se sont attardées sur la nature du plat spécial que le Bouddha a mangé à son dernier repas, et auquel est attriubée sa mort. Il y a pourtant une autre approche, fondée sur la description des symptômes et des signes donnés par le sutta, sur lesquels la connaissance médicale moderne permet de jeter une lumière nouvelle. Dans une autre peinture murale du Wat Ratchasittharam, le Seigneur Bouddha approche de la mort, mais il prend encore le temps de répondre aux questions que lui fait l'ascète Subhadda, son dernier converti qui, après avoir été admis dans l'Ordre bouddhiste, devient un arahant (un moine éveillé).

1. Ce que nous savons

Dans le Mahaparinibbana Sutta, on nous dit que le Bouddha tombe brutalement malade après avoir mangé une spécialité succulente, le Sukaramaddava, littéralement traduit par du "porc tendre", préparé par son généreux hôte, Cunda Kammaraputta.

Le nom du plat a attiré l'attention de nombreux spécialistes, et a été sujet de nombreuses recherches universitaires sur la nature du plat ou des ingrédients utilisés pour sa préparation. Le sutta lui même fournit des détails sur les signes et symptômes de la maladie en plus d'informations fiables sur les circonstances dans les quatre mois qui précèdent, et ces détails sont aussi signifiants au plan médical. Le sutta commence avec le complot du roi King Ajatasattu pour conquérir un état rival, le Vajji. Le Bouddha s'est rendu à Vajji pour y commencer sa dernière retraite de mousson. C'est au cours de cette retraite qu'il tombe malade. les symptômes en sont une douleur soudaine et sévère. Néanmoins, le sutta ne nous fournit aucune description du l'emplacement et du caractère de cette douleur. Il ne fait qu'une brève mention de sa maladie et dit que la douleur en était intense, et qu'elle l'avait presque tué.

A la suite de quoi, Mara, le dieu de la Mort, rend visite au Bouddha et l'invite à mourir. Le Bouddha n'accepte pas de suite l'invitation. Ce n'est qu'après qu'Ananda, son assistant, ne soit pas arrivé à comprendre qu'il lui suggérait de l'inviter à demeurer qu'il meurt. Cette partie du message, quoiqu'enrobée de mythe et de surnaturel, nous donne une autre information médicalement signifiante. Lorsque le sutta fut composé, son auteur était sous l'impression que le Bouddha était mort, non à cause d'une nourriture qu'il aurait mangée, mais parce qu'il avait une maladie cachée qui était sérieuse et aiguë, et qui avait les mêmes symptômes que la maladie qui finit par le tuer.

2. Chronologie

La tradition théravadine a adhéré au postulat selon lequel le Bouddha historique serait mort au cours de la nuit de pleine lune du mois lunaire de Visakha (qui tombe parfois entre mai et juin). Mais cette chronologie contredit l'information donnée par le sutta, qui stipule clairement que le Bouddha était mort peu après la retraite de mousson, c'est à dire le plus vraisemblablement au cours de l'automne ou à la mi-hiver, autrement dit, entre novembre et janvier.

Une description du miracle de la floraison hors-saison des feuilles et fleurs des arbres sala, lorsque le Bouddha fut étendu entre eux, indique le cadre temporel donné par le sutta. Automne et hiver ne sont cependant pas des saisons favorables à la croissance des champignons, dont certains universitaires pensent qu'ils furent la source du poison absorbé par le Bouddha au cours de son dernier repas.

3. Diagnostic

Le sutta nous explique que le Bouddha est mort immédiatement après avoir mangé le Sukaramaddava. Comme nous ne savons strictement rien de la nature de cette nourriture, il nous est difficile de la nommer comme première cause de la maladie du Bouddha. Mais la descriptions qui en est donnée nous dit que le départ de la maladie fut rapide. Tout en mangeant, il sentit que quelque chose n'allait pas avec la nourriture, et suggéra que son hôte l'enterre. Peu après, il souffrit d'atroces douleurs d'estomac et perdit du sang par le rectum. On peut raisonnablement soutenir que la maladie s'est déclarée alors qu'il mangeait, lui faisant penser que quelque chose n'allait pas avec la préparation inhabituelle. Par compassion pour les autres, il a fait enterrer sa portion. Est-ce que sa maladie fut causée par un empoisonnement alimentaire? C'est peu probable. les symptômes décrits ne sont pas ceux d'un empoisonnement alimentaire, qui peuvent être très violents, mais ne causeraient pas une diarrhée accompagnée de sang.

En général, une intoxication alimentaire bactérienne ne se manifeste pas immédiatement, mais requiert une période d'incubation de deux à douze heures avant de se manifester, normalement avec une diarrhée aiguë et des vomissements, mais pas de pertes de sang. Une autre possibilité est l'empoisonnement chimique, qui a lui aussi un effet immédiat, mais entraîne très rarement un saignement intestinal aigu. L'intoxication alimentaire avec un saignement intestinal immédiat n'aurait pu être causé que par des produits chimiques corrosifs tels que des acides forts, qui peuvent facilement entraîner une maladie immédiate. mais ces produits auraient entraîner des saignements dans la partie intestinale supérieure, entraînant des vomissements sanguins. Aucune de ces possibilités ne correspond aux signes et symptômes décrits dans le texte.

Les ulcères peptiques peuvent également être exclus de la liste des affections possibles. En dépit du fait que leur déclaration est immédiate, ils sont rarement accompagnés de selles sanguinolentes. Un ulcère gastrique avec saignements intestinaux produit une selle noire lorsque l'ulcère pénètre un vaisseau sanguin. Un ulcère situé plus haut dans le tract digestif se manifesterait plus facilement par des vomissements de sang, mais pas par un passage de sang dans le rectum.

Un autre indice militant contre la possibilité qui précède est qu'un patient souffrant d'un gros ulcère gastrique n'a généralement pas d'appétit. Puisqu'il a accepté l'invitation à manger chez son hôte, on peut penser que le Bouddha se sentait aussi en santé que pourrait l'être un homme dans ses 80 ans. Etant donné son âge, on ne peut exclure qu'il n'ait pas souffert d'une maladie chronique, comme un cancer, une tuberculose ou une infection tropicale comme la dysenterie ou la typhoïde, assez communes à son époque. Toutes ces maladies produiraient des saignements du bas intestin, selon leur emplacement. Elles coïncideraient aussi avec l'histoire de sa précédente maladie, lors de la retraite. Mais on peut les exclure, car elles sont généralement accompagnées d'autres symptômes, comme la léthargie, la perte d'appétit ou de poids, ou par une masse dans l'abdomen. Aucun de ces symptômes ne sont mentionnés dans le sutta. De grosses hémorroïdes peuvent être la cause de sévères saignements rectaux, mais il est peu vraisemblable que des hémorroïdes seraient cause de douleurs abdominales, à moins d'être étranglées. Et alors, elles auraient profondément gêné le Bouddha dans sa marche vers la maison de son hôte, sans compter qu'il est rare qu'un saignement hémorroïdal soit déclenché par un repas.

4. Infarctus mésentérique

La maladie qui correspond aux symptômes sus-mentionnés -- accompagnés de fortes douleurs abdominales et par le passage de sang -- qu'on trouve souvent chez les vieillards, et que puisse déclencher un repas, est un infarctus mésentérique, causé par une obstruction des vaisseaux sanguins du mésentère. Elle est mortelle. Une ischémie mésentérique aiguë (réduction du flux sanguin au mésentère) est un problème grave au très fort taux de mortalité. Le mésentère fait partie de la paroi intestinale qui lie l'ensemble du tract intestinal à la cavité abdominale.

Un infarctus des vaisseaux du mésentère entraîne normalement la mort des tissus dans une grande partie du tract intestinal, ce qui entraîne une lacération de la paroi intestinale. Ceci est normalement cause de douleurs sévères dans l'abdomen et au passage du sang. Le patient meurt généralement de perte massive de sang. Ce qui correspond à l'information que nous donne le sutta. Ce qui est confirmé lorsque le Bouddha demande à Ananda d'aller lui chercher de l'eau à boire, indication d'une soif intense. Selon le récit, Ananda refuse, car il ne voit pas de source d'eau propre. Il fait valoir au Bouddha que le cours d'eau proche a été rendu boueux par le passage d'une grande caravane de chariots. Le Bouddha insiste pourtant pour qu'il aille lui chercher de l'eau quand même.

La question qui surgit ici est: Pourquoi le Bouddha ne va-t-il pas à l'eau lui-même, au lieu de demander de le faire à son assistant réticent? La réponse est simple. Le Bouddha souffre du choc causé par une forte perte de sang. Il ne peut plus marcher, et de là à son lit de mort, il a probablement été transporté sur un brancard. Si telle fut la situation, le sutta reste silencieux sur ce voyage du Bouddha vers son lit de mort, peut-être parce que l'auteur pense que cela serait gênant pour le Bouddha.

Au plan géographique, on sait que la distance entre l'endroit où l'on situe la maison de Cunda et l'endroit où le Bouddha est mort était d'environ 15 à 20 kilomètres. Il n'est pas possible qu'un patient aussi gravement affecté puisse marcher une telle distance. Il est plus vraisemblable de penser qu'un groupe de moines l'aura transporté en civière jusqu'à Kusinara (Kushinagara). On peut débattre pour savoir si le Bouddha avait réellement décidé de décéder dans cette ville, présumément guère plus qu'un gros bourg. Etant donné l'orientation du voyage du Bouddha, donnée par le sutta, il allait vers le nord à partir de Rajagaha. Il est possible qu'il n'avait pas prévu de mourir là, mais plutôt dans sa ville natale, ce qui lui aurait pris environ trois mois. A la lecture du sutta, il est clair qu'il n'avait pas prévu sa soudaine maladie, sinon il n'aurait pas accepté l'invitation de son hôte. Kusinara était probablement le bourg le plus proche où trouver un médecin pour s'occuper de lui. Il n'est pas difficile d'imaginer le groupe de moines se dépêchant de transporter le Bouddha sur une civière jusqu'au bourg voisin pour sauver sa vie. Avant de décéder, le Bouddha signifia à Ananda qu'il ne fallait pas blâmer Cunda et que sa mort n'avait pas été causée par le fait d'avoir mangé le Sukaramaddava.

Le passage est significatif. La cause directe de sa mort n'était pas le repas. Le Bouddha savait que le symptôme n'était qu'une répétition de ce qu'il avait vécu quelques mois auparavant, et qui l'avait presque tué. Le sukaramaddava, peu importent ses ingrédients ou la qualité de cuisson, n'était pas la cause directe de son soudain malaise.

5. Progression de la maladie

L'infarctus mésentérique est une maladie qu'on retrouve fréquemment chez les personnes âgées, et qui est causé par une obstruction de l'artère principale qui irrigue la section médiane des intestins -- l'intestin grêle. La cause la plus courante de l'obstruction est une dégénérescence de la paroi du vaisseau sanguin, l'artère mésentérique supérieure, ce qui cause d'atroces douleurs abdominales, également appelées angine abdominale. Normalement, la douleur est déclenchée par un repas abondant, ce qui requiert un plus grand flux de sang vers le tract digestif.

Si l'obstruction persiste, les viscères sont privés de leur irrigation sanguine, ce qui entraîne subséquemment l'infarctus, ou une gangrène, de cette section du tract intestinal. Ceci entraîne à son tour une lacération de la paroi intestinale, des saignements abondants dans le tract intestinal et ensuite, une diarrhée accompagnée de saignements. La maladie empire alors que le liquide et les contenus de l'intestin s'écoulent dans la cavité péritonéale, entraînant une péritonite, ou inflammation des parois abdominales. Il s'agit d'ores et déjà d'une condition létale pour le patient, qui meurt souvent de la perte de sang et des autres fluides. Si on ne traite pas par la chirurgie, la maladie progresse souvent jusqu'au choc septique dû aux toxines bactériennes qui s'infiltrent dans le flux sanguin.

6. Analyse rétrospective

A partir du diagnostic qui précède, on peut être assez certains que le Bouddha a souffert d'un infarctus mésentérique causé par une occlusion de l'artère mésentérique supérieure. Ceci a entraîné la douleur qui l'a presque tué quelques mois plus tôt lors de sa dernière retraite de mousson. Avec les progrès de la maladie, une partie des muqueuses intestinales s'est détachée, et ce site a été à l'origine de saignements. L'artériosclérose, qui est un durcissement des parois des vaisseaux sanguins causé par l'âge, fut cause de l'occlusion artérielle, un petit blocage qui n'a pas entraîné de diarrhée accompagnée de saignements, mais qui est un symptôme, également appelé angine abdominale. Il eut sa seconde attaque en mangeant le Sukaramaddava.

La douleur ne fut probablement pas intense au départ, mais lui a fait sentir que quelque chose n'allait pas. Soupçonnant la nature de la nourriture, il demanda à son hôte de la faire enterrer, afin que d'autres n'aient pas à en souffrir. Bientôt, le Bouddha se rendit compte que sa maladie était sérieuse, avec le passage de sang et des douleurs plus graves à l'abdomen. A cause de la perte de sang, il entra en choc. Le degré de déshydratation fut si grave qu'il ne put plus se tenir debout et dût se réfugier sous un arbre sur le chemin.

Se sentant très assoiffé et épuisé, il demanda à Ananda de lui trouver de l'eau à boire, tout en sachant que l'eau était boueuse. C'est là qu'il s'écroula jusqu'à ce que son entourage le transporte au bourg voisin, Kusinara, où il pouvait y avoir une possibilité de trouver un médecin ou un logement pour lui permettre de se remettre. Il est probablement exact que le Bouddha se soit senti mieux après avoir bu, pour remplacer sa perte de fluides, et qu'il ait reposé sur la civière.

L'expérience du symptôme lui disait que cette maladie soudaine était la seconde attaque d'une maladie existante. Il signale donc à Ananda que le repas n'en était pas la cause, et qu'il ne fallait pas blâmer Cunda. Un patient sous choc septique, déshydraté et perdant du sang à profusion a généralement très froid. C'est pour cette raison qu'il demande à son assistant de lui préparer un lit avec quatre épaisseurs de sanghati. Selon la discipline monastique bouddhique, un sanghati est un manteau, ou robe supplémentaire, de la dimension d'un drap de lit, et que le Bouddha permettait aux moines et aux nonnes pour se protéger du froid en hiver. Cette information nous indique combien le Bouddha avait froid à cause de sa perte de sang. Au plan clinique, il n'est pas possible qu'un patient en état de choc, souffrant de douleurs abdominales sévères, le plus vraisemblablement à cause d'une péritonite, pâle et frissonnant, puisse marcher. Le Bouddha fut donc selon toutes probabilités installé dans une habitation, où on le réchauffa et le soigna, située dans la ville de Kusinara.

Ce tableau est aussi confirmé par la description d'Ananda qui, en larmes, chancelle et se tient à l'encadrement de la porte de sa loge après avoir appris que le Bouddha allait mourir. Normalement, un patient qui fait un infarctus du mésentère peut vivre encore 10 à 20 heures. Par le sutta, on apprend que le Bouddha est mort entre 15 à 18 heures après l'attaque. Pendant ce temps, ses assistants ont fait de leur mieux pour le réconforter, par exemple en réchauffant la pièce où il se reposait, ou en faisant goutter de l'eau dans sa bouche pour apaiser sa soif, ou en lui faisant absorber des tisanes. Mais il est très improbables qu'un patient frissonnant aurait eu besoin qu'on l'évente, ainsi qu'il est décrit dans le sutta. Il se peut que, de temps en temps, il ait pu se remettre de son épuisement, ce qui lui aurait permis de continuer de dialoguer avec quelques personnes. La plupart de ses dernières paroles peuvent avoir été vraies, et avoir été mémorisées par des générations de moines jusqu'au jour où elles furent transcrites. Mais enfin, tard dans la nuit, le Bouddha est mort au cours d'une seconde vague de choc septique. Sa maladie provenait de causes naturelles en plus de son âge, comme pour n'importe qui d'autre.

7. Conclusion

L'hypothèse qui précède expliquerait plusieurs des scènes de la narration du sutta, en particulier, l'insistance auprès d'Ananda pour qu'il aille chercher de l'eau, la requête du Bouddha de lui mettre quatre manteaux sur son lit, l'ordre d'enterrer le repas, et ainsi de suite. Elle propose aussi une autre possibilité sur le réel moyen de transport du Bouddha jusqu'à Kusinara et sur l'emplacement de son lit de mort. Il est peu vraisemblable que le sukaramaddava, peu importe sa nature, ait été cause directe de sa maladie. Le Bouddha n'est pas mort d'intoxication alimentaire. C'est plutôt la quantité de nourriture, relativement trop grande pour un tract digestif déjà endommagé, qui aurait déclenché la seconde attaque d'infarctus du mésentère qui a entraîné la fin de sa vie. (@Buddhism Today)

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Flocon
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C'est très intéressant, merci.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Subarys

Je dirais même plus c'est excellent !

J'aime beaucoup l'approche en général du Dr Mettanando . Même s'il n'est plus moine depuis des lustres (2007 .?.) et s'est engagé en politique ayant toujours eu à cœur de défendre le statut des femmes et de enfants qui posent toujours problème en Thaïlande. Ce qui est une noble cause bien sur. Cette précision n'a pour but de discréditer son analyse personnelle bien entendu.

En ce qui concerne la mort du Bouddha, je crois que l'on a pas besoin de remonter aussi loin pour se rendre compte que l’être humain de manière générale, de même qu'il navigue entre éternalisme et nihilisme (en général), navigue également (à propos des morts) entre idéalisation et diabolisation surtout en ce qui concerne des individus qui ont eu une importance notable. Il suffit de voir au travers de notre histoire à quel point de nombreuses personnalités, une fois morte, se sont vu affublées de caractéristique surprenantes ou d'acte miraculeux. Même chez moi lorsque je vois la manière dont ma grand mère est évoqué aujourd’hui près de 20 ans après sa disparition. Les termes tel que "c'était une sainte" ou "elle avait ressenti sa mort avant qu’elle ne vienne" émergent souvent en dépits de la réalité. Car la réalité, pour moi, c'est qu'avec le temps la dernière chose que l'on a tendance à faire est d'humaniser quelqu’un. Malheureusement par ailleurs.

Il faut aussi à mon avis sortir de cette idée que les enseignements ne soient passés que dans la bouche puis les mains d'Arya ou d’Éveillés c’est je pense tout le contraire. Il est donc tout à fait possible qu'ils fut adapté et/ou modifier parfois (peut être même souvent) avec la meilleur volonté du monde et ceci dans toute les traditions bouddhiste ou non existantes. Il y a un tri à faire c'est une évidence. Ce qui est intéressant mais pas surprenant c'est que le Mahaparinibbana sutta existe à l'heure actuelle en 6 versions (pâli, sanskrite, et chinoises (4)), et que les passages faisant référence à la maladie, la douleur, la vieillesse du Bouddha sont les plus anciennes eu égard à la structure du texte mais aussi les similitudes des 6 versions démontrant qu'elles émanent probablement d'une source commune. En revanche dès que l'on aborde les parties miraculeuses ou les funérailles du Bouddha, comme par enchantement les 6 versions ne sont plus d'accord (exposant des miracles différents etc...) mais aussi la structure du texte est bien plus moderne démontrant sans aucun doute possible la postériorité de ces parties du texte.

A ce sujet, André Barreau précise dans son analyse des parties constituant le Mahaparinibbana :

Dans cet épisode, l'auteur rejette sur Marà la responsabilité de la disparition du Bienheureux, en contradiction avec le récit précédent où celui-ci malade, et très âgé, se montrait résigné à sa mort prochaine. Cela est aussi en contradiction avec la Doctrine, qui prêche sans cesse cette résignation. Plus d'un siècle après le Parinibbana, les dévots croyaient que le Bienheureux était un être extraordinaire, possédant des pouvoirs prodigieux. Ne pouvant donc plus admettre que le Bouddha fut décédé comme un homme quelconque, victime de la vieillesse et de la maladie, il recherchèrent d'autres causes pour expliquer sa mort, et ils en imaginèrent qui les satisfirent aisément, sans se préoccuper outre mesure de leur incohérence.


FleurDeLotus jap_8 FleurDeLotus
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yudo
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Et, comme tu le fais si bien remarquer, Subarys, point n'est besoin d'attendre 100 ans. Vingt ans suffisent. Parfois même, le lendemain du décès, les affabulations commencent.

D'autre part, je me rappelle, en fac de lettres, un prof d'histoire médiévale qui avait commencé son cours sur Jeanne d'Arc avec un "Jeanne d'Arc, petite bergère lorraine". Or, dans les minutes du procès de Jeanne d'Arc, que tout médiéviste digne de ce nom devrait connaître, à chaque fois qu'on lui fait ce genre de réflexion, la demoiselle répond systématiquement: "Mais je n'ai JAMAIS gardé les moutons!!!"

Je voyais encore avant-hier un site où on affirmait que Deshimaru avait reçu la transmission de Sawaki sur son lit de mort, ce qui est manifestement faux, et démontrable. Mais cette légende date du vivant même de Deshimaru! Donc, ne nous étonnons pas...
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ted

Oui, c'est interessant Flocon. Ca permet de voir comnent fonctionne l'esprit quand il veut aboutir aux conclusions qu'il a déjà décidées au préalable. :D

Subarys, sans vouloir tomber dans le merveilleux, on peut raisonnablement s'appuyer sur l'expérience méditative pour affiner notre lecture des sutras. Sur quoi d'autre pourrait t'on s'appuyer au fait ?

Yudo, merci pour ce texte et ces tentatives d'explication. Ce ne sera surement pas le dernier de ce genre, soyons en certain.

Des personnes, pensant avoir l'esprit scientifique fonctionnent comme ça : elles établissent d'abord la conclusion, puis elles écartent systématiquement tous les éléments de preuves ou tous les témoignages qui ne vont pas dans leur sens. :D ( les femmes deviennent des sal...pes, les chomeurs des fainéants, les riches des salauds, etc...) . C'est tellement humain comme réflexe. :) Mais c'est dommage.

Cet article a au moins l'honnêteté de préciser dès le départ, que tous les éléments de suttas qui étaient contradictoires avec sa conclusion, ont été écartés. :mrgreen: Le lecteur appréciera.

Je suis sur qu'avec un peu de patience, et en allant à la pêche, on pourrait faire du Bouddha un escroc, un politicien, ou autre chose. Il suffirait de faire une étude "universitaire" à charge, en prenant soin, bien sur, de soigneusement decrédibiliser les analyses des collègues. :D

A force de vouloir prouver que le Bouddha n'était qu'un vieil homme sénile, sans aucune omniscience, qui n'avait même pas prévu sa maladie brutale, on finira bien par s'en convaincre et justifier notre mode de vie. :)

Par ailleurs, l'argument comme quoi le " Sukaramaddava" mangé par le Bouddha et communément admis comme étant des champignons appréciés par les porcs et nommés "délices de porc", n'en étaient pas, parce qu'ils ne poussaient pas en cette saison il y a 25 siècles, est tellement approximatif :D qu'il ne mérite même pas qu'on s'y attarde. :)

Cet article d'un moine, anciennement médecin, est sans doute un bel exemple de ce qu'on appelle communément "une déformation professionnelle". :) J'aurais bien aimé voir ce monsieur commenter le sutta où il est dit que le Bouddha s'est d'abord débarrassé d'une précédente maladie, ou qu'il a fait disparaître d'autres symptômes en plongeant dans nibbana. Il nous répondrait sans doute que nibbana est une légende ? :) D'ailleurs, ce sera sans doute la prochaine leçon de nos contributeurs. :D
:lol:
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yudo
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C'est vrai, et comme les lamas tibétains pensent que la terre est carrée et plate, puisque c'est ainsi que la décrivent les shastras, il faut aussi les croire, je suppose.

Tu as envie de croire au merveilleux. C'est admirable. C'est sûr que cela permet aussi de justifier la multiplication des pains et des poissons, Lazare rescuscité des morts, ainsi que l'Ascension, l'Assomption (dans quelques jours), la Transsubstanciation et l'Immaculée Conception;

Génial...
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ardjopa

Franchement ça m'emmerde ces histoires de "mort de Bouddha", de "grands prophètes" etc; Ca me fait penser à ceux qui s'extasient sur le "suaire" supposé de Jesus, ou qui vont admirer les reliques de je ne sais quel saint, ou les restes de Louis 16 ou 24; Perso, ça fait un peu bigot qui cherche des preuves "exterieures" du pouvoir de l'esprit, au lieu de réaliser son propre esprit;
La majorité des gens préfèrent "vénerer" les "sages disparus" depuis des lunes ou leurs pierres tombales, plutot que voir leur vraie nature ou contempler la nature au présent;
Et pour ceux qui disent "toutes les sal..., ou salauds de riches etc", c'est au cas par cas, j'ai croisé une majorité de sal..., ou de gens peu interessants, voir profiteurs ou nuisibles; mais je ne dis pas "toutes des...", il doit rester quelques fleurs dans le tas de fumier, mais pas très envie d'aller les y cueillir :lol:
ted

yudo a écrit :C'est vrai, et comme les lamas tibétains pensent que la terre est carrée et plate, puisque c'est ainsi que la décrivent les shastras, il faut aussi les croire, je suppose.
Yudo, tu te décrédibilises. Ta croisade anti-religieuse te pousse aux amalgames faciles. Tu crois vraiment que le Dalaï Lama pense que la terre est plate et carrée ? :lol:

Sois sérieux deux secondes s'il te plait. :oops:
Subarys

Je suis très surpris de voir les réactions excessives de certains. Quel est le problème de dire que le Bouddha était (peut être) un simple être humain. Le fait que ça dérange à ce point là ne démontre qu’une seule chose, il y a attachement quelque part et par conséquent besoin de défendre coute que coute.

En ce qui me concerne mes expériences méditatives dont j'ai déjà parlé m'ont convaincu qu'un Bouddha ressentait probablement la douleur comme n’importe qui, il n’empêche que le fait que DTH (par exemple) pense le contraire ne me dérange en rien (je le considère comme un ami) et il ne me viendrait jamais à l'esprit d'avoir ce genre de ton et d'utiliser de tel raccourci (bouddha sénile...) immature pour répondre. Je suis parfaitement en paix avec les avis des autres à conditions qu'ils soient détaillés et à l’abri de raccourci facile visant à ridiculiser les autres. Je rappelle que le but cet article n'est pas de virer tout le sensationnel mais d'établir une cause "probable" concernant la mort du Bouddha par rapport aux symptôme décris dans les textes. Ce que le Dr a écarté entre autre c'est la partie du récit qui veut que le Bouddha pissant le sang a téléporté quand même tout son groupe sur l'autre rive du Gange. Cet élément par ailleurs n'a aucune incidence en réalité sur cet article. Car moi j'y vois clairement ici la symbolique du Bouddha qui fait traverser les êtres vers l'autre rive (Nibbana).

Le Bouddha fut peut être un simple être humain qui est parvenu, par la pratique, à une compréhension correcte des phénomènes et je ne vois pas quel est le problème avec cette idée. Que l'on soit ou non d'accord par ailleurs.

Personne ici n'est entrain d'établir des vérités (en tout cas pas moi) mais d'échanger simplement. Alors cessons les projections facile sérieusement.
Dernière modification par Subarys le 12 août 2012, 14:42, modifié 3 fois.
ardjopa

Tu crois vraiment que le Dalaï Lama pense que la terre est plate et carrée ?
Pour les représentants bouddhistes, je ne sais pas, mais dans d'autres sphères, comme l'église catholique, dire
des vérités contraires aux "dogmes", c'est ou c'était passible de mort parfois; La sagesse et le respect n'est pas à la portée de tous ses "représentants" ;-)

(...)au début du 17° siècle, quand l’Église brûlait ceux qui assuraient que la Terre était ronde et non pas plate.
En 1633, au sommet de sa puissance économique, financière et diplomatique, l’Église a obligé le plus grand savant de son temps, Galilée : à abandonner son constat scientifique..., à se rétracter..., à affirmer que le résultat de ses constatations scientifiques : "la Terre est ronde"..., était une hérésie, passible du bûcher.
Brûlé vif…
Alors, devant l’organisation internationale de l’époque, chargée de dicter les normes et usages : le Saint-Office..., Galilée a renié ses découvertes et a dû admettre s’être trompé, que l’ Église avait raison, que la Terre était plate.
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