On parle beaucoup de mots pour la "désignation".
Mais est-ce qu'une désignation peut se faire à l'aide d'une image ? D'une attitude corporelle ? Ou d'une émotion ?
D'une impression fugitive ? D'un ressenti partagé ?
Après tout, les humains communiquent très peu verbalement. La communication verbale ne représenterait que 7 % de la communication totale.
Quelle est la part de la désignation non verbale ?
Certainement on peut tout désigner mentalement, où alors les souvenirs entrent en ligne de compte et il y a une reconnaissance par associations d’idées, à travers des images ou bien des émotions associées à des expériences du passé en relation avec la chose qui est désignée ou reconnue.
Mais si on étiquette ainsi tout tout le temps (et je suppose cela doit être épuisant !), où est la place pour l’ouverture ? L’ouverture, l’espace ouvert, c’est quand même cela que nous recherchons, non ? La Sagesse est-ce un effort de l’intellect ou bien un lâcher-prise dans l’Ouverture ? Peut-être je confonds tout

Mais si on étiquette ainsi tout tout le temps (et je suppose cela doit être épuisant !), où est la place pour l’ouverture ? L’ouverture, l’espace ouvert, c’est quand même cela que nous recherchons, non ? La Sagesse est-ce un effort de l’intellect ou bien un lâcher-prise dans l’Ouverture ? Peut-être je confonds tout


L’instant présent 
- Dharmadhatu
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Longchen a écrit :L’ouverture, l’espace ouvert, c’est quand même cela que nous recherchons, non ? La Sagesse est-ce un effort de l’intellect ou bien un lâcher-prise dans l’Ouverture ?

Donc l'effort intellectuel et l'ouverture ne semblent pas si antinomiques.
Bien sûr, parmi tous les types de méditation, certains donnent cet espace ou l'intellect est perçu tel qu'il est, aussi insubstantiel qu'un arc-en-ciel.
L'omniscient Longchenpa disait, quant au non-duel:
"A quoi bon essayer de corriger le ciel ?"
Quoi qu'il puisse advenir n'est ni meilleur ni pire,
Et l'on pourrait aussi bien éclater de rire !

apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Excellent il faut que je mette cela en signature !Dharmadhatu a écrit :L'omniscient Longchenpa disait, quant au non-duel:
"A quoi bon essayer de corriger le ciel ?"
Quoi qu'il puisse advenir n'est ni meilleur ni pire,
Et l'on pourrait aussi bien éclater de rire !
Sinon je ne pense pas qu’intellect et ouverture soit antinomique, mon questionnement allait plutôt dans le sens, l’intellect est-il une finalité ?
En fait ce que je comprends c’est que de ton point de vue, non (comme moi), seulement les enseignements que tu suis vont peut être dans le sens : oui, mais avant d’en arriver là il faut beaucoup étudier, alors que selon les enseignements auxquels je me réfère certainement il y a un bien moins fort accent sur le développement de l’intellect.

L’instant présent 
J'en suis persuadé.Dharmadhatu a écrit :Donc l'effort intellectuel et l'ouverture ne semblent pas si antinomiques.
Quand on veut séduire quelqu'un, on utilise notre savoir faire du moment.
Si on sait cuisiner, on lui fera le plat qu'on connait.
Si on sait jouer d'un instrument, on lui jouera le morceau qu'on ressent le mieux.
On lui parlera avec nos mots et nos tournures de phrases.
Qu'importe qu'autour de nous, d'autres utilisent des plans d'enfer, des cadeaux de luxe, facebook, ou des flatteries ?
On investira notre énergie dans les domaines où on se sent à l'aise. On essaiera de rester nous-mêmes.
De même, un intellectuel peut s'approcher très près de l'ineffable, par ses raisonnements, ses déductions.
Je suis parfois ébloui des intuitions de Chakyam, même si son style peut en rebuter plus d'un !
C'est son truc à lui.
Dans la vie, on a un clou, et on l'enfonce.
Ca sert à rien de regarder le clou et le marteau des autres. Sauf à prendre exemple sur eux quand ils sont en sueur après avoir frappé inlassablement.
C'est très juste. C'est pour cela que je me disais hier soir que la désignation était sans doute un acte automatique ? Quasi inconscient. Proche de ce que nous appelons "la saisie" ? Je me demande même si "la saisie", ce n'est pas simplement la désignation en action ?Longchen a écrit :Mais si on étiquette ainsi tout tout le temps (et je suppose cela doit être épuisant !), où est la place pour l’ouverture ? L’ouverture, l’espace ouvert, c’est quand même cela que nous recherchons, non ? La Sagesse est-ce un effort de l’intellect ou bien un lâcher-prise dans l’Ouverture ?
Dans ce cas, pour échapper à la désignation, il ne suffirait pas de cesser de nommer les choses. Car toute reconnaissance à partir d'un souvenir, d'une perception, d'un ressenti, d'une empreinte karmique, etc... nous fait basculer dans la désignation !
"L'ouverture" que nous recherchons, ce serait nous soustraire à ce mécanisme qui cristallise la réalité.
Mais ça se ferait tout seul, par le vécu, la pratique, le quotidien. Quand Prajna s'élève.

C'est la désignation qui se mettrait en veilleuse, si les causes et conditions sont réunies.
Maître Deshimaru aurait dit : « inconsciemment, naturellement, automatiquement »
Je n'en suis pas si sur. Voilà pourquoi j'avais lancé ce fil viewtopic.php?f=61&t=6477 qui et un peu passé inaperçu avec toutes ces vacances, ces ponts, etc... <<metta>>Aldous a écrit :La méditation dans le bouddhisme c'est l'abandon de toute désignation.
- Dharmadhatu
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- Inscription : 02 juillet 2008, 18:07
ted a écrit :Je n'en suis pas si sur. Voilà pourquoi j'avais lancé ce fil viewtopic.php?f=61&t=6477 qui et un peu passé inaperçu avec toutes ces vacances, ces ponts, etc... <<metta>>Aldous a écrit :La méditation dans le bouddhisme c'est l'abandon de toute désignation.

Il ferait beau voir en effet qu'il n'y ait qu'un seul type de méditation (LA méditation) et que tous les types de méditation abandonnent toute désignation.
Le vipashyana mahayaniste par exemple emploie l'inférence logique jusqu'à la voie de vision (darshana-marga). Les Traités dialectiques de Nagarjuna en témoignent.

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Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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