Les 5 agrégats

Avatar de l’utilisateur
axiste
Messages : 3249
Inscription : 09 mai 2008, 05:39

Un site avec une section « exposés », faciles à lire et clairs, sur des notions basiques. Ici, les 5 Agrégats. Je viens de lire et ...le voilà.
anjalimetta
https://www.lapoussederiz.fr/blog/les-5 ... s-la-forme
Les 5 agrégats (1) - La forme
Session du 5 novembre

Qui médite ? Le Bouddha a répondu : "les 5 agrégats".

Ce sont cinq ensembles (tas de choses) dans lesquels il a englobé tous les phénomènes physiques et mentaux de l’existence conditionnée. Au niveau général, les 5 agrégats sont les constituants de tous les phénomènes composés existant dans l’univers. Au niveau de l’individu, les 5 agrégats sont la base sur laquelle nous fondons l’idée d’un moi.
A ce propos, le Bouddha ne cherche pas à faire une carte exhaustive de la psyché humaine mais veut être efficace en mettant le doigt sur un problème qui provoque la souffrance et empêche de voir la réalité. Les 5 agrégats ne sont pas la totalité du fonctionnement de l’esprit mais ce qui permet au moi de survivre. Ils représentent la façon dont je me vois ou idée que je me fais de moi-même.

Quand on se trouve devant un individu, il a une forme (le constituant physique) et on lui donne un nom (formé de quatre constituants mentaux). Ces 5 agrégats sont interdépendants dans un fonctionnement global de la psychée humaine.

1/ Agrégat des formes

Au niveau général : Il s'agit des quatre éléments fondamentaux (l'air, la terre, le feu et l'eau), leurs différents états (fluidité, solidité et mouvements) et leurs dérivés. Par dérivés, on désigne les organes sensoriels et mentaux (la vue, l'ouïe, l'odorat, l'olfaction, le toucher) et les objets leur correspondant dans le monde (les formes visibles, les sons, les odeurs, les goûts, le contact des objets avec le corps). Au niveau individuel : c'est l'ensemble des éléments physiques auxquels on s’identifie le reste étant le monde. C'est un processus et il n'est ni stable et ni durable : on se construit à chaque instant de façon différente (la nourriture que l’on ingère et qui est pure devient moi, quand elle ressort impure ce n’est plus moi, les cheveux sont moi mais pas les poils ...)

C’est mon corps, c’est moi qui dirige, c’est moi qui décide. Oui… parfois… quand je décide de marcher pour aller quelque part, le corps le fait. Je veux bouger ma main, elle s’exécute. Voyons les choses autrement. Je donne l’ordre de marcher, le corps exécute mais une fois l’ordre donné, je ne gère plus grand chose… le corps sait faire, et il n’a plus vraiment besoin de “moi”... et en fait, pour marcher, il y a énormément de nerfs, de muscles, de tendons, d’équilibre et de choses à gérer dont je ne m’occupe pas et dont je ne sais pas m’occuper, consciemment en tout cas. Heureusement, le corps sait gérer sans mon contrôle. Je bouge la main, j’ai donné ou pensé l’ordre d’ailleurs en général de manière inconsciente. Et à chaque instant du parcours de la main, les sens me confirment que le mouvement a bien lieu, que la main bouge mais “je” n’exécute rien dans ce mouvement. Quand je soulève un verre d’eau, le corps sait exactement quelle force donner pour que le verre arrive plein à ma bouche… “Je” n’ai rien géré non plus de toute la somme d’opérations demandées dans ce “simple” geste.
Dites à votre corps de ne pas avoir faim ou soif, de ne pas bailler, à votre estomac de ne pas gargouiller. Avalez quelque chose et essayez de gérer la suite et le parcours de cet aliment. Arrêtez de manger, de dormir, d’aller aux toilettes, de respirer. Demandez lui de ne pas vieillir et de de ne pas être malade ou vous faire mal. Et vous découvrirez très vite qui dirige et qui est le chef des opérations.

Alors, ce corps n’est pas à moi, parce que je ne le dirige pas ou que très partiellement.
Peut-être que ce corps est-il moi alors ? Quand je me coupe les cheveux, les ongles, la barbe… est-ce que je perds une partie de moi ? Les personnes amputées ou infirmes sont un moi complet même s’il peut être abîmé extérieurement ou intérieurement. Donc ce corps n’est pas moi non plus et je ne suis pas ce corps non plus. Je n’y habite pas non plus ou alors c’est une prison dont je ne peux pas sortir. Si c’était moi, je n’aurai pas choisi cela comme solution de vie. Et quand je dors ? Que je n’ai plus conscience de ce corps, je ne suis plus moi ? Il n’y a plus de moi, plus personne qui habite dans ce corps ?

Je ne suis pas ceci, cela n’est pas moi et cela n’est pas à moi.
Les 5 agrégats (2) - Sensations et Consciences
Session du 12 novembre

Le 2ème agrégat : les sensations ou les ressentis

Dans le bouddhisme, l’agrégat des sensations se résume à trois possibilités : agréable, désagréable, ni l’un ni l’autre dit parfois neutre. Or, les sensations apparaissent avant le concept et l’histoire que l’on va ajouter qui est “j’aime, je n’aime pas…” Ces sensations sont acquises, culturelles. Par exemple, la nourriture légèrement sucrée est agréable pour un occidental mais reste un truc fade donc désagréable dans l’Inde du sud où l’on mange très épicé, ce que la plupart d’entre nous trouverait désagréable.

Diriez-vous que les ressentis s'ils sont culturels peuvent être changés ? Oui, mais cela n’empêche pas que vous ne décidez pas comment les gérer, comment les changer et comment faire pour qu’ils n’apparaissent même pas. Essayez à partir de demain de trouver agréable l’odeur d’œuf pourri…

Néanmoins il est intéressant de voir comment et quand ils apparaissent. En fait, très vite et très tôt dès qu’il y a eu un contact au sens bouddhiste, c’est à dire la présence d’un objet à percevoir, d’un organe de perception et un sens de perception. Cette sensation apparaît avant même l’identification de l’objet perçu, et avant le concept décrivant cet objet. Et ce n’est qu’après cette sensation que va apparaître justement le concept qui lui va conduire au désir-attachement ou à l’aversion. L’objet en lui-même n’a pas cette propriété. Une chose agréable pour moi ne l’est pas forcément pour quelqu’un d’autre. Et le désir ou l’aversion que je peux en avoir ne sont liées qu’à l’idée que je m’en fais.

En méditation, il est utile d’apprendre à reconnaître l’instant où apparaît le ressenti… car en notant simplement ce qu’il est, juste “agréable” ou “désagréable” au moment même où il apparaît, toute la suite de l’histoire s’arrête, il n’y a alors ni désir, ni aversion, donc plus de saisie, plus de soif, plus de devenir… plus de karma…

Faites-en l’expérience lors de vos méditations, apprenez à percevoir cet instant de sensation, de connaître ce qu’il est et voyez le reste, la suite ne plus apparaître. Vous pourrez ensuite avec de l’attention au sens de “Sati”, faire la même chose dans votre vie de tous les jours et ne plus vous embarquer dans “vos histoires habituelles”. C’est très libérateur mais cela demande juste un peu d’entrainement. Et vous verrez chaque fois et progressivement dukkha perdre du terrain.

Mais comme les ressentis apparaissent hors de mon contrôle, avant tout concept même celui de l'identification de l’objet perçu, que je dois apprendre à reconnaître l’instant de sa naissance qui m’échappe en temps normal, que je dois me déconditionner pour qu’une chose habituellement agréable puisse devenir désagréable ou l’inverse, alors, c’est encore quelque chose dont on peut dire : “Je ne suis pas cela, cela n’est pas moi, et cela n’est pas à moi”.

Le 5ème agrégat : Les consciences ou les actes de conscience

Ce concept est un peu plus difficile à saisir car il ne correspond pas du tout aux différentes significations occidentales du mot “conscience”. Faites l’expérience autour de vous, demandez ce qu’est la conscience et vous entendrez que personne ne peut vous définir la conscience et que vous obtiendrez beaucoup de versions différentes… et en général des définitions pas ou peu claires en plus.

Dans le bouddhisme, une conscience n’est créée, générée que quand il y a un contact, c’est à dire un lien entre un objet à percevoir, un organe sensoriel et un sens opérationnel. Une conscience ou acte de conscience peut donc être soit visuelle, soit olfactive, soit pensante puisque la pensée est le 6ème sens bouddhiste, etc.

Quand il y a contact, il y a mise en relation d’un sujet (une forme le 1er agrégat) et d’un objet, avec la faculté sensorielle (toujours celle du 1er agrégat). Cela génère la sensation (2ème agrégat)

Cette sensation quand elle est perçue est un acte de conscience (5ème agrégat). L'acte de conscience crée la dualité sujet objet c'est à dire la conception d’un moi face au monde. Ce qui entraîne un ressenti (ceci m’est agréable / désagréable).

La forme (le corps, 1er agrégat) ), la sensation (2ème agrégat) , l'objet (1er agrégat) et l'acte de conscience (5ème agrégat) sont intrinsèquement liés : pour qu’il y ait sensation, il faut qu’il y ait l'acte de conscience mais il n'est pas possible sans objet des sens & faculté sensorielle.

L'acte de conscience est instantané

Le bouddhisme postule deux choses :

un temps « atomiste », c’est à dire un temps fait d’instants insécables.
tout phénomène n’existe qu’un seul et unique instant
Il est intéressant de voir que ces axiomes vieux de 2500 ans sont repris par les physiciens d'aujourd'hui :
"Et comme pour la matière, il existe en quelque sorte, des particules élémentaires de temps...
C'est là mon domaine de travail, celui de la gravité quantique. Nous cherchons encore à comprendre la nature quantique du temps. Nous pensons que le champ gravitationnel n'échappe pas aux propriétés des atomes, que comme la matière, il n'est pas continu mais formé de « grains », de quantas et qu'il l'existe un intervalle minimal, une sorte de particule élémentaire du temps impossible à diviser. Nous avons une idée assez précise de sa valeur..."
Carlo Rovelli – L’Ordre du Temps - 2018


En conséquence, la conscience sensorielle n’a qu’un aspect à la fois, même si l’on croit qu’elle peut en avoir plusieurs en même temps. Les apparitions et disparitions des actes de conscience sont si rapides que l’on n’a pas le temps de percevoir le changement. En temps normal on pense qu'il existe UNE CONSCIENCE et qu'elle est continue. Mais il n'y a que des actes de conscience discrets dans un flot successif.
LA CONSCIENCE est une notion conceptuelle qui n'a pas de nature propre. Il n’y a pas de conscience latente en attente d’être sollicitée par un des 6 sens. Créée à chaque contact, la conscience est donc conditionnée et a donc les 3 caractéristiques : impermanente, sans soi et insatisfaisante.
https://www.lapoussederiz.fr/blog/les-5 ... onsciences
Les 5 agrégats (3) - Perceptions et Formations mentales
Session du 19 novembre

Le 3ème agrégat : les perceptions - Rassemblement pour nommage et étiquetage

Comment reconnaître tout ce qui arrive à l’esprit ? Comment réfléchir ? Le 3ème agrégat est l’endroit où tout se passe. une information arrive, elle est comparée à ma base de données mémorielle interne. Là, la chose est identifiée, reconnue, nommée, appréciée par sa couleur, sa forme, sa texture… Elle est comparée, plus grande que, plus petite que, bien, pas bien, moins bien, plus loin, plus près…

C’est l’endroit où s'enregistrent les données, les apprentissages. C’est le lieu de la réflexion, des constructions mentales, des hypothèse, etc. Là où on se croit en terrain connu, là où on se dit “Je” pense donc “Je” suis… C’est l’esprit qui pense

C'est le rassemblement d’un certain nombre de caractéristiques qui en fonction d’expériences antérieures va leur donner un nom, un concept qui va varier dans le temps en fonction de mon âge et de mes expérience : par exemple un enfant qui joue avec un tas de pièces de monnaie va les considérer en tant que briques pour la construction d'une tour alors qu'un adulte le verra comme de l'argent.

Si c’est vous, si c’est à vous, vous devriez alors maîtriser ce qui s’y passe… Pourtant… Est-ce que vous savez comment est organisé votre disque dur intérieur ? Où et comment sont stockées les données ? Savez-vous comment cela fonctionne ? Comment allez-vous chercher un souvenir et où ? Et pourquoi vous oubliez certaines choses ? et justement celle dont vous avez besoin parfois ? Vous n’avez jamais de perte de mémoire ?

D’ailleurs, lors de votre prochaine assise de méditation, dites à cet agrégat de ne pas vous perturber avec des pensées dont vous ne voulez pas, des souvenirs qui vous dérangent, des envies qui sont malvenues en cet instant. Demandez lui d’arrêter les pensées… ou de ne vous donner que les bonnes, les agréables… Combien de fois en méditation vous avez dit à votre esprit “Non, pas çà, pas maintenant, laisse moi tranquille avec ça... “? Quand vous pensez à quelque chose en méditation, avez-vous remarqué que vous ne savez même pas comment est choisie la pensée suivante qui vous perturbe et qui a remplacé la précédente qui vous perturbait aussi.

Mais au fait… si cela vous perturbe… c’est bien que vous pouvez encore dire :

“Je ne suis pas cela, cela n’est pas moi, et cela n’est pas à moi”

Le 4ème agrégat : Les fabrications mentales ou les volitions

L’intellect, ce qui pense, ce qui réfléchit, ce qui déduit, mais aussi les états mentaux : joie, colère, tristesse, désir, envie, somnolence…

L’agrégat des formations mentales est un peu fourre-tout et se divise en cinquante-deux activités ou état mentaux. Parmi lesquelles on trouve : le désir, la répulsion, l'ignorance, la vanité, l'idée de soi, ... mais aussi : la confiance, la détermination, la volonté, la sagesse, l'attention, la concentration.

Le Bouddha met l'accent sur le lien entre formations mentales et volonté ou actions et intègre toutes les actions volitionnelles dans ce groupe (la volition est l'action par laquelle la volonté se détermine). C'est à partir des idées que le sujet agit.

Encore des choses que l’on croit maîtriser… comme par exemple les 5 empêchements dans la méditation : désir, aversion, agitation, torpeur ou doute… D’ailleurs, si ils sont considérés comme des empêchements, c’est que vous ne maîtrisez pas ces états mentaux, donc déjà vous avez envie de dire : “Je ne suis pas cela, cela n’est pas moi, et cela n’est pas à moi”.

Faites cet essai :
Après avoir pris une décision, quelle qu’elle soit, refaites la démarche qui vous a amené à cette décision… et si vous observez bien les étapes, vous verrez que vos décisions, vos intentions ne sont que le fruit d’une série de causes et de conséquences. Vous croyez que ces décisions et ces intentions sont issues d’un “je” qui pense et qui vous a amené jusque là en toute connaissance de cause. En fait, regardez de près, de très près, ce processus, notamment en méditation, et vous découvrirez que ce processus est issue d’action et de réactions très basiques qui répondent à “désir ou aversion”… ainsi que de causes et de conséquences qui ne reviendront jamais de la même façon.

Cette compréhension peut être difficile à expérimenter, voire faire mal ou être juste bizarre quand elle vient sous forme de compréhension profonde, mais c’est aussi très libérateur, car derrière tout cela, il n’y a pas de moi, mais que du désir, de l’aversion, de la saisie et de la soif et de l’impermanence.

C'est l'ensemble de toutes ces idées qui concourent à fabriquer une idée du moi et qui va entraîner mes actes. Cet agrégat est celui du karma car c'est à partir de ces idées implantées en tant que graines karmiques par nos actes antérieurs que nous allons agir.
Et il est libérateur de comprendre vraiment que pour “désir, aversion, saisie, soif”, s’applique aussi :

“Je ne suis pas cela, cela n’est pas moi, et cela n’est pas à moi”
https://www.lapoussederiz.fr/blog/les-5 ... s-mentales
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Maxime121
Messages : 530
Inscription : 05 mars 2019, 20:59

merci pour ce partage, je comprend un peu mieux , je vais avoir du mal a retenir par contre youpi_333
- On est tous sur Terre ,
mais pas dans la même Atmosphère !
Répondre