Description intéressante de nirodha extraite de notre traduction du moment :
4.3 SAMUDAYA ET NIRODHA. Les termes samudaya [§§6, 10] et nirodha [§§7, 11] sont généralement nommés respectivement “origine” et “fin, cessation”. Cependant, d'après les enseignements de ce Sutta, qui sous-tend l'enseignement du Bouddha dans son ensemble, ils sont mieux rendus par «résultant» et «non-résultant». Payutto fait une remarque importante:
De manière générale, le mot "cesser" [ou "terminer"] signifie supprimer quelque chose qui est déjà apparu ou arrêter quelque chose qui a déjà commencé. Cependant, nirodha dans l’enseignement de la loi de l’origine dépendante (tout comme dukkhanirodha, la troisième des quatre nobles vérités ) signifie non-apparition, ou non-existence, de quelque chose parce que la cause de son apparition est éliminée. Par exemple, l’expression «quand avijjā est nirodha, sankhārā est aussi nirodha», est généralement interprétée comme voulant dire « avec la cessation de l’ignorance, les impulsions volitives cessent », mais en fait cela signifie «quand il n’y a plus d’ignorance, ou que l’ignorance n’apparaît plus, ou qu’il n’y a plus de problème avec l’ignorance, alors il n’y a plus d’impulsions volitionnelles, les impulsions volitionnelles ne surgissent plus, ou il n’y a plus de problème avec les impulsions volitionnelles. Cela ne veut pas dire: l’ignorance déjà apparue doit être éliminée avant que les impulsions volitives déjà apparues ne soient également éliminées.
Là où nirodha devrait être traduit comme cessation c’est quand il est utilisé en faisant référence au processus naturel de l’existence des choses, ou à leur nature composée. Dans ce cas, le sens est : bhanga (rupture), anicca (transitoire), khaya (cessation) or vaya (décomposition ). Par exemple, en Pali, on dira: imaṁ kho bhikkhave tisso vedanā anicccā sankhatā paticcasamuppannā khaya- dhammā vayadhammā virāgadhammā nirodhadhammā qu’on peut traduire par: —“Bhikshus, ces trois types de sensations sont naturellement impermanentes, composées, ils sont apparues de manière dépendante, sont transitoires, sujettes au déclin, à la dissolution, à la disparition et à la cessation — [S 4:214]. (Tous les facteurs intervenant dans le cycle de l’origine dépendante sont de même nature.) Dans cet exemple, le sens est: « toutes choses conditionnées (sankhāra), déjà apparues, sont inévitablement sujet à la décomposition, à la désintégration selon les facteurs qui les soutiennent. Il n’est pas nécessaire [ici] d’essayer de les arrêter, ils cessent d’eux mêmes.
En ce qui concerne nirodha dans la troisième Noble vérité ( ou cycle de l’origine dépendante en mode cessation, bien qu’il décrive un processus naturel il met l’accent sur des considérations pratiques. Ceci est traduit de deux manières dans le Visuddhimagga [Vism 16.18/495].
L’une suit l’étymologie ainsi : ni (sans) + rodha (prison, confiné[s], obstacle, mur, empêchement), rendant ainsi la signification suivante: “ sans empêchements ” “libre d’obstacles.” Ceci est expliqué comme étant « libre de toute entrave », c’est à dire de la prison du saṁsāra.”
Une autre définition remonte à anuppāda, qui signifie “qui n’est pas apparu,” [et poursuit en disant “nirodha ici ne signifie pas bhanga, rupture et dissolution.”]72
Par conséquent, traduire nirodha par « cessation », bien que cela ne soit pas entièrement faux, n’est pas tout à fait exact. D’un autre côté, il n’y a pas d’autre mot se rapprochant autant du sens essentiel de « cessation ». Cependant, nous devrions comprendre ce que l'on entend par ce terme.
(Payutto 1994:106-108; légèrement édite avec emphase)