Dharmakaya

Dumè Antoni

J'ai fait un tour du côté de SF, et je constate que Sönam a répondu à l'un de mes posts ici, mais ayant un problème de connexion à Nangpa, ne peut me répondre directement. Je vais donc recopier sa réponse et y répondre ensuite (en espérant que son problème de connexion soit rapidement réglé) :
Sönam a écrit :Je ne rien trouvé dans tes communications qui puisse alléguer tes dires prétendant que ma présentation serait "non bouddhiste". Peut-être est-ce ton manque d'habitude des formulations dans le dzogchen ?
En tout cas je suis prêt à répondre à toutes allégations, clairement formulées, qui prétendraient que mes dires "ne soient pas bouddhistes" ...
C'est le mot "absolu" que je considère comme non bouddhiste et que tu emploies comme référentiel pour soutenir que, de ce point de vue, le Dharmakaya n'est pas propre à chacun.

En premier lieu, je ne crois pas que ce mot soit typiquement du vocabulaire Dzogchen. De mémoire (parce que je n'ai plus accès aux forums de Yamantaka et de JL Achard) ce mot n'était pas employé par eux comme un référentiel de l'Etat Naturel. Mais je peux me tromper (je veux dire que ma mémoire peut me jouer des tours) et donc je mets mes propos ici au conditionnel.

En second lieu, la notion d'absolu, associée ou en opposition à la notion de relatif, est dualiste. Car on suppose que ce qui n'est pas absolu est nécessairement relatif. Or, dans le Bouddhisme, Prajna se place par-delà les notion d'absolu et de relatif, de conventionnel et d'ultime, ou d'être et de non-être. Bien sûr, les mots sont souvent dualistes et je comprends bien qu'il faut savoir les dépasser (ou les transcender) pour comprendre ce que l'on met derrière. Mais, justement, le mot absolu doit être banni du vocabulaire bouddhiste car il est associé à une représentation éternaliste de la nature de Bouddha ou du Dharmakaya.

Je ne vais pas revenir sur les raisons qui me poussent à dire que "chacun a son propre Dharmakaya", car ça ferait redondance, mais pour exprimer les choses plus simplement encore, je mets au défi quiconque de trouver le Bouddha en dehors de lui-même pour affirmer que le Dharmakaya n'est pas propre à chacun. Bien sûr, parce que le point de vue non-duel n'oppose pas l'un à l'autre, alors l'autre est un et l'un est l'autre. Mais quel que soit l'un ou l'autre, il n'est autre que lui-même du point de vue karmique. Et s'il est lui-même, le Dharmakaya ne lui est pas extérieur (ou étranger).
Serge Zaludkowski

Dumè Antoni a écrit :J'ai fait un tour du côté de SF, et je constate que Sönam a répondu à l'un de mes posts ici, mais ayant un problème de connexion à Nangpa, ne peut me répondre directement. Je vais donc recopier sa réponse et y répondre ensuite (en espérant que son problème de connexion soit rapidement réglé) :
Merci, la connexion est rétablie ...
Sönam a écrit :Je ne rien trouvé dans tes communications qui puisse alléguer tes dires prétendant que ma présentation serait "non bouddhiste". Peut-être est-ce ton manque d'habitude des formulations dans le dzogchen ?
En tout cas je suis prêt à répondre à toutes allégations, clairement formulées, qui prétendraient que mes dires "ne soient pas bouddhistes" ...
C'est le mot "absolu" que je considère comme non bouddhiste et que tu emploies comme référentiel pour soutenir que, de ce point de vue, le Dharmakaya n'est pas propre à chacun.

En premier lieu, je ne crois pas que ce mot soit typiquement du vocabulaire Dzogchen. De mémoire (parce que je n'ai plus accès aux forums de Yamantaka et de JL Achard) ce mot n'était pas employé par eux comme un référentiel de l'Etat Naturel. Mais je peux me tromper (je veux dire que ma mémoire peut me jouer des tours) et donc je mets mes propos ici au conditionnel.
Tout d'abord, pour mettre les choses au point, je ne considère pas, et je ne suis pas le seul, que JLa ou Marianne soient des références absolues quant au dzogchen. Peut-être le sais-tu j'ai des différences de vue profonde, surtout avec Marianne, concernant la vue dzogchen. Et je le répète, je suis loin d'être le seul dans cette situation. Je sais que de leur coté ils ne se privent de cracher un maximum de venin sur moi, y compris avec de nombreuses attaques ad hominem et pas seulement, et bien entendu sans laisser la moindre possibilité de rectifier ou simplement dialoguer ... Je ne suivrai pas la même démarche. JLA pratique un dzogchen bön, progressif, où le chemin "obligatoire" passe par de nombreuses retraites et pratiques, considérées comme secondaires dans le dzogchen enseigné par ChNN. Ils se sont enfermés dans leur boîte et ne supporte aucune analyse critique sur leur démarche (en fait la démarche de JLA, MArianne n'agissant qu'en dakini qui se contente de pourfendre tout ce qui touche à son élu et maître). Je reconnais néanmoins de grandes qualités de traducteur et d'érudit à JL et le remercie, comme je le fais à chaque fois, pour les traductions qu'il nous a apporté, "nous" ignorants de la langue tibétaine. Néanmoins sa démarche d'accès progressif à la vue dzogchen ne correspond pas au testament laissé par Garab Dorjé et les maîtres qui le suivirent dans la lignée ... peut-être est-ce pour cela qu'il s'est rattaché à la lignée bön du dzogchen. Le dzogchen tel qu'enseigné par ChNN est exactement comme je l'ai présenté quelques posts plus haut. Et peut-être tout simplement, malgré ses grandes qualités de traducteur et érudit, JLA et sa parèdre ne sont-ils pas véritablement à maturité pour pratiquer dzogchen suivant le testament de GB. Bien entendu je m'attends à un essai de retour de bâton de leur part suite à ceci.

Ceci dit, après cette longue, mais nécessaire, introduction, revenons à notre échange.


En second lieu, la notion d'absolu, associée ou en opposition à la notion de relatif, est dualiste. Car on suppose que ce qui n'est pas absolu est nécessairement relatif. Or, dans le Bouddhisme, Prajna se place par-delà les notion d'absolu et de relatif, de conventionnel et d'ultime, ou d'être et de non-être. Bien sûr, les mots sont souvent dualistes et je comprends bien qu'il faut savoir les dépasser (ou les transcender) pour comprendre ce que l'on met derrière. Mais, justement, le mot absolu doit être banni du vocabulaire bouddhiste car il est associé à une représentation éternaliste de la nature de Bouddha ou du Dharmakaya.
Je ne nierai pas le caractère relatif du terme absolu ... certainement utilisé par un manque de pratique dans l'échange de ma part. Dans le dzogchen, il n'est effectivement pas fait de différence entre absolu et relatif dans la mesure où le dzogchenpa observe du seul point de vue de sa nature profonde. Néanmoins, comme le fait remarquer dharmadhatu, il faut bien dialoguer, ne fusse que pour aider ceux qui y sont prêt à recevoir cette fameuse introduction directe à la nature véritable. Longchen Rabjam l'utilise, en voilà quelques citations :

La conscience, union de la vacuité et de la clarté, est le dharmakaya immuable.
La pureté primordiale du samsara et du nirvana est l’immense étendue de la conscience illuminée née d’elle-même.
Les sujets et objets apparaissant d’eux-mêmes sont la puissance de la vérité absolue sans fondement.
La réalisation qui se trouve au-delà de la caractéristique ou de la désignation est merveilleuse
- gNas-Lugs Rin-Po-Ch’e’i mDzod -


Les vertus sans conception, la sagesse dépourvue des deux extrêmes, sont l’accumulation de la sagesse primordiale, la vérité absolue.
- rDzogs-Pa Ch’en-Po QSems-Nyid Ngal-gSo’i ‘Grel-Ba Shing-rTa Ch’en-Po -


Longchen Rabjam cite le Madhyamakavatara ;
Même au moment où on est une personne ordinaire, en entendant parler de la vacuité
Une grande joie s’élève en soi, encore et encore.
Des larmes de joie humidifient nos yeux.
Les poils se dressent par tous les pores du corps. C’est parce qu’il y a en soi la graine de la sagesse de bouddha.
On est un réceptacle potentiel pour recevoir des enseignements à ce sujet.
C’est pourquoi on doit recevoir les enseignements sur la suprême vérité absolue.


La sagesse primordiale du dharmakaya est la grande transcendance de la parole, concepts et expressions. La sagesse primordiale du sambhogakaya est la possession des cinq caractéristiques. La sagesse primordiale du nirmanakaya est la connaissance de la vérité absolue et de la vérité relative.
- Les instructions du sens des trois vertus de la détente dans l’état naturel de l’Esprit -


et. etc. ...
Je ne vais pas revenir sur les raisons qui me poussent à dire que "chacun a son propre Dharmakaya", car ça ferait redondance, mais pour exprimer les choses plus simplement encore, je mets au défi quiconque de trouver le Bouddha en dehors de lui-même pour affirmer que le Dharmakaya n'est pas propre à chacun. Bien sûr, parce que le point de vue non-duel n'oppose pas l'un à l'autre, alors l'autre est un et l'un est l'autre. Mais quel que soit l'un ou l'autre, il n'est autre que lui-même du point de vue karmique. Et s'il est lui-même, le Dharmakaya ne lui est pas extérieur (ou étranger).
Bien entendu le bouddha ne se trouve pas à l'extérieur. Nombreux parmi nous sont ceux qui partagent cette compréhension, et depuis longue date. L'Uttaratantra à couvert le sujet sous de nombreuses facettes ... ne nous alourdissons pas là-dessus. Il n'empêche, et comme toi "Je ne vais pas revenir sur les raisons ...", ces notions de "chacun" n'ont pas de sens, "autrement que relatif, provisionnel" ...

A tout dire, et pour s'arrêter là, je ne pense pas que nous soyons en désaccord ... et je suis absolument certains que mes dires, étayés par des citations de mes maîtres qui corroborent les instructions que j'ai pu recevoir,, ne peuvent être qualifiés, raisonnablement, de "non bouddhistes".

SZ
Serge Zaludkowski

Dharmadhatu a écrit :jap_8 Merci Sönam pour ces références qui confirment ce que nous disons tous les deux. Contrairement au malentendu que nous avions sur le type d'espace que nous discutions autrefois, je ne pense pas qu'il y ait cette fois-ci de malentendu: la base n'est pas la base de tout (à moins de parler de la base de tout sakyapa, en tant que continuum causal. Cf. Meditation on the Nature of Mind et L'Art de la sagesse de S.S. le Dalaï Lama.)

Je viens de relire certains passages de Dzogchen et Tantra et Namkhaï Norbu est formel, l'essence pure est shunyata, or le Dharmakaya est le fruit, c'est donc rigpa dans son plein épanouissement. Si rigpa a une essence vide (shunya), le Dharmakaya se doit d'être d'essence vide aussi. Sauf qu'à mon avis, quand Namkhaï Norbu dit que le Dharmakaya échappe à toute caractéristique, il parle depuis l'intérieur, depuis l'expérience même du Dharmakaya, car s'il devait y avoir quelque caractéristique que ce soit depuis l'expérience du Dharmakaya, alors ça ne serait pas le Dharmakaya. Par contre, du point de vue extérieur, quand on cherche à décrire le fruit, il faut bien énoncer des caractéristiques, ces mêmes caractéristiques trouvées dans les Sutras et les Shastras (comme l'Abhisamayalamkara ou l'Uttaratantra (section vimala tatatha) de Maitreya et Asanga).

Si on ne pouvait pas du tout connaître un chouilla de ce qu'est le fruit, comment nous mettrions-nous en chemin vers ce fruit (bodhichitta d'aspriation et d'application) ? Qui serait assez fou pour faire ses bagages et se mettre en chemin vers une destination dont il ne connaît rien, pas même l'existence ?

Amitié FleurDeLotus
Bien entendu. Néanmoins il faut se garder, me semble-t-il de trop s'alourdir sur une caractérisation de cette "base". Sur le nature de bouddha l'Uttaratantra me semble suffisamment complet pour préciser ce dont il s'agit ... et ne s'agit pas. A sa lecture, il n'est pas possible de se tromper quant à la voie qui bien entendu est intérieur ... quant au fruit lui-même évitons de trop le qualifier.

Nous en resterons donc, à ce stade, dans la douceur mielleuse d'un parfait accord ba11

Chaleureusement
Serge
shalistamba

Or, la conscience, qu'elle soit pleine ou vide, ou même claire d'un certain point de vue objectif, n'est pas associée spontanément et naturellement à Prajna.
C'est bien ce que je voulais souligner sur SF, Mindfullness est traduit abusivement par conscience alors que l'expression anglaise désigne l'esprit. On ne peut pas non plus traduire par esprit. La meilleure traduction reste '"pleine présence" ou "pleine attention". C'est une attention particulière qui est décrite dans les livres de Jon Kabat-Zinn et qui permet, de ne pas s'identifier à la douleur car on comprend d'où elle vient, ce qui permet de réduire la douleur et par conséquent de supprimer la souffrance par la compréhension de sa nature véritable. J'ai testé sur moi-même après une opération chirurgicale, c'est extra-ordinaire de ressentir de la douleur sans souffrir. Que cela soit utilisé en hôpital je trouve ça génial!
Prajñā est pour moi la vue juste qui permet d'avoir l'intuition de la coproduction conditionnée. "O^moines, voir les douze éléments de la production interdépendante, c'est cela que j'appelle voir le Dharma" Shâlistamba-mahâyâna-sûtra. C'est pour moi, le point clef auquel je voulais arriver. Je t'en remercie.

Je ne sais pas ce que tu entends par new-age pour moi ça désigne des théories fumeuses que l'on trouve parfois dans un magazine comme Troisième Millénaire. La scientificité est nulle. Si par new-age tu entends une forme de syncrétisme, genre gloubiboulga d'influences diverses qui cherche à s'approprier le bouddhisme, je comprends que tu cherches à le dénoncer. Tu as certainement raison. Mais ne jettes pas le bébé avec l'eau du bain. Si la pleine conscience est "une dérive" du bouddhisme, en retour, elle prouve la véracité des 4 nobles vérités. Elle ne nuit donc pas au Dharma, elle y mène. Il suffit de remonter à la source.
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jules
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Dharmadhatu : D'ailleurs tout et la totalité sont deux et donc différents, ils sont mutuellement inclusifs et même synonymes (car le référent est le même).

FleurDeLotus
A propos de référent justement, (excuses moi si je m'arrête là dessus), ça demande un effort de concentration de trouver le référent du terme Dharmakaya ou Eveil, ou Dharma. C'est plus facile avec le mot table par exemple, quoi que, va dire ça à un nourrisson.
Cet effort de concentration doit sans doute être orienté pour qu'un sens puisse découler de ces termes, c'est un peu comme si en voyant ce mot (dharmakaya) avant d'avoir trouvé à quoi il se réfère, il fallait prendre la décision de trouver ce référent ce qui impliquerait une orientation active de la recherche. Puis, quand un sens apparaît il faut encore l'approuver. Ce sont des opérations de la volonté tout cela, j'ai l'impression.
Mais encore faut-il trouver le référent du terme volonté et se mettre d'accord là dessus.
Référent : Être ou objet auquel renvoie un signe linguistique dans la réalité extralinguistique telle qu'elle est découpée par l'expérience de tel ou tel groupe humain.
http://www.larousse.fr/dictionnaires/fr ... rent/67446
Dumè Antoni

Sönam a écrit :Tout d'abord, pour mettre les choses au point, je ne considère pas, et je ne suis pas le seul, que JLa ou Marianne soient des références absolues quant au dzogchen. Peut-être le sais-tu j'ai des différences de vue profonde, surtout avec Marianne, concernant la vue dzogchen. Et je le répète, je suis loin d'être le seul dans cette situation. Je sais que de leur coté ils ne se privent de cracher un maximum de venin sur moi, y compris avec de nombreuses attaques ad hominem et pas seulement, et bien entendu sans laisser la moindre possibilité de rectifier ou simplement dialoguer ... Je ne suivrai pas la même démarche. JLA pratique un dzogchen bön, progressif, où le chemin "obligatoire" passe par de nombreuses retraites et pratiques, considérées comme secondaires dans le dzogchen enseigné par ChNN. Ils se sont enfermés dans leur boîte et ne supporte aucune analyse critique sur leur démarche (en fait la démarche de JLA, MArianne n'agissant qu'en dakini qui se contente de pourfendre tout ce qui touche à son élu et maître). Je reconnais néanmoins de grandes qualités de traducteur et d'érudit à JL et le remercie, comme je le fais à chaque fois, pour les traductions qu'il nous a apporté, "nous" ignorants de la langue tibétaine. Néanmoins sa démarche d'accès progressif à la vue dzogchen ne correspond pas au testament laissé par Garab Dorjé et les maîtres qui le suivirent dans la lignée ... peut-être est-ce pour cela qu'il s'est rattaché à la lignée bön du dzogchen. Le dzogchen tel qu'enseigné par ChNN est exactement comme je l'ai présenté quelques posts plus haut. Et peut-être tout simplement, malgré ses grandes qualités de traducteur et érudit, JLA et sa parèdre ne sont-ils pas véritablement à maturité pour pratiquer dzogchen suivant le testament de GB. Bien entendu je m'attends à un essai de retour de bâton de leur part suite à ceci.
Merci pour cette mise au point, dont je prends acte. Je n'ai pas la capacité d'émettre un avis motivé sur les points que tu soulèves, n'étant pas moi-même un adepte du Dzogchen. Je tiens simplement à préciser qu'effectivement la méconnaissance du Tibétain de certains traducteurs (Cornu par exemple) a conduit, semble-t-il, à des dérives de compréhension de l'ensemble des textes, dont celui, possiblement (je n'en sais rien en fait) du testament de Garab Dorjé. Je crois que le reproche qui t'était fait — quand il était question de tes commentaires, ce qui n'était quand même pas l'essentiel des propos — était ta méconnaissance du tibétain et donc de l'impossibilité pour toi d'avoir un retour critique sur les originaux.

Cela étant précisé, je ne crois pas que la notion d'absolu fasse partie du vocabulaire Dzogchen, et c'était en fait le seul point que je voulais souligner.
Je ne nierai pas le caractère relatif du terme absolu ... certainement utilisé par un manque de pratique dans l'échange de ma part. Dans le dzogchen, il n'est effectivement pas fait de différence entre absolu et relatif dans la mesure où le dzogchenpa observe du seul point de vue de sa nature profonde. Néanmoins, comme le fait remarquer dharmadhatu, il faut bien dialoguer, ne fusse que pour aider ceux qui y sont prêt à recevoir cette fameuse introduction directe à la nature véritable. Longchen Rabjam l'utilise, en voilà quelques citations :
J'ai bien conscience qu'il faut dialoguer et qu'on n'a pas beaucoup de mots à disposition quand il s'agit de la nature de Bouddha ou du Dharmakaya, mais je ne suis pas convaincu qu'il soit nécessaire d'employer des mots ambigus comme "Absolu". Que Longchen Rabjam (que je ne connais pas) l'utilise n'est pas nécessairement heureux. De fait, il apporte davantage de confusion que de lumière.
La conscience, union de la vacuité et de la clarté, est le dharmakaya immuable.
Le terme "conscience" est ici impropre, comme je l'ai dit au-dessus car Prajna n'est pas spontanée dans la conscience ni même naturelle. Je ne suis en outre pas certain que le terme tibétain qui est mentionné dans le texte original est l'équivalent de la conscience. Il y a 8 consciences dans le Bouddhisme et aucune n'est le Dharmakaya. Dans le Zen, on dit que, lors du kensho, Prajna qui illumine Alaya et Manas. L'éveil est donc la reconnaissance (par l'illumination de Prajna) du Dharmakaya par lui-même. Ce n'est pas la reconnaissance de la conscience par elle-même. Je crois qu'il faut un minimum de précision sur ce point.
Les sujets et objets apparaissant d’eux-mêmes sont la puissance de la vérité absolue sans fondement.
Est-on certain de la traduction exacte des termes tibétains ? Car ce que tu donnes là, sauf erreur de ma part, c'est une traduction d'un texte écrit en anglais par une personne qui connaît certes le tibétain, mais qui use d'un vocabulaire qui n'est pas adapté au Bouddhisme. La "vérité absolue" est une expression ambiguë ; elle ne dit rien de ce qu'elle est vraiment, sauf que cette expression est aussi employée pour parler de Dieu dans la religion catholique ou dans l'Hindouisme. Utiliser des expressions identiques pour dire des choses différentes n'est pas de nature à rendre la compréhension facile, ce n'est rien de le dire.
La sagesse primordiale du nirmanakaya est la connaissance de la vérité absolue et de la vérité relative.
Même remarque qu'au dessus. Le Nirmanakaya connaît les êtres selon leurs distinctions propres. C'est là ce qui est traduit par "vérité relative", je suppose. Et je suppose que la connaissance de la vérité absolu fait référence au Corps de Loi, c'est à dire au Dharmakaya et au Sambhogakaya. Mais en quoi la connaissance du Dharmakaya et/ou du Sambhogakaya serait-elle plus absolue que la connaissance des êtres selon leurs distinctions propres ? Il n'y a rien d'absolu dans le Dharmakaya ou dans le Sambhogakaya. Ce qui ne veut pas dire que le Dharmakaya et/ou le Sambhogakaya sont des vérités "relatives". Tout cela manque cruellement de clarté de la part de cet auteur (ou de son traducteur, plus vraisemblablement).
Il n'empêche, et comme toi "Je ne vais pas revenir sur les raisons ...", ces notions de "chacun" n'ont pas de sens, "autrement que relatif, provisionnel" ...
Le terme de "chacun" n'a rien de relatif ou de provisionnel de mon point de vue. Si l'on pouvait comparer nos Dharmakayas respectifs, cela aurait peut-être un sens de dire que c'est relatif. Mais le Dharmakaya n'est pas quelque chose qu'on puisse comparer et dont, de fait, on puisse dire que c'est relatif ou absolu. Certains diront peut-être que "si l'on ne peut pas le comparer, c'est donc qu'il est absolu, par définition", mais cet argument ne tient pas dans le contexte, parce que le Dharmakaya ne répond à aucune définition conceptuelle. Mais bon... Comme tu dis, inutile de nous étendre sur ce point car tout a été dit et redit.
je ne pense pas que nous soyons en désaccord ... et je suis absolument certains que mes dires, étayés par des citations de mes maîtres qui corroborent les instructions que j'ai pu recevoir,, ne peuvent être qualifiés, raisonnablement, de "non bouddhistes".
Je ne pense pas que nous puissions dire que nous soyons en désaccord sur tout, certes, mais tout de même sur certaines choses, il me semble. Et c'est sans doute une bonne chose de pouvoir en parler. Par ailleurs, je n'ai pas dit que tous tes propos n'étaient pas bouddhistes mais que le terme "absolu" ne l'était pas. J'espère avoir pu démontrer en quoi il ne l'était pas.
shalistamba a écrit :C'est bien ce que je voulais souligner sur SF, Mindfullness est traduit abusivement par conscience alors que l'expression anglaise désigne l'esprit. On ne peut pas non plus traduire par esprit. La meilleure traduction reste '"pleine présence" ou "pleine attention". C'est une attention particulière qui est décrite dans les livres de Jon Kabat-Zinn et qui permet, de ne pas s'identifier à la douleur car on comprend d'où elle vient, ce qui permet de réduire la douleur et par conséquent de supprimer la souffrance par la compréhension de sa nature véritable. J'ai testé sur moi-même après une opération chirurgicale, c'est extra-ordinaire de ressentir de la douleur sans souffrir. Que cela soit utilisé en hôpital je trouve ça génial!
Ce n'est pas seulement un problème de traduction à mon avis mais de compréhension de ce que l'on met dedans. Comme je l'ai dit plus haut, le terme "pleine conscience" ou "pleine attention" ne peut pas être celui qui est précisé comme "claire conscience" dans le Bouddhisme et qui exige l'éclairage de Prajna. Or, la pratique telle qu'enseignée par Christophe André, le "compère" de Matthieu Riccard et d'Alexandre Jollien n'est certainement pas bouddhique car, je le rappelle, Prajna n'est pas spontanée dans la conscience (ou esprit ou ce que l'on voudra). Du reste, l'expérience du kensho est celle de la disparition de l'esprit et non de la conscience car cette dernière, sans disparaître, est illuminée par Prajna. Sans cette illumination de la conscience par Prajna, l'on ne pourrait pas être conscient de (et donc réaliser) son éveil.

Sinon, bien sûr, je n'ai rien contre la méditation de la pleine conscience à l'hôpital si ça peut soulager des maux. C'est certainement moins nocif que certains anxiolytiques et à la portée de tout un chacun. Aux réserves près que je déplore que Christophe André soit invité à l'émission "Sagesse Bouddhiste" pour s'exprimer sur la Vacuité avec Roland Yuno Rech et que cette pratique de la "pleine conscience" serait celle qui permet de réaliser la vacuité. Je pense que là, nous touchons le fond en terme de compréhension bouddhique et que c'est là un signe de déclin certain.
Je ne sais pas ce que tu entends par new-age
Le new age est né de l'idée selon laquelle toutes les religions disent exactement la même chose avec des mots différents. Ce n'est bien sûr pas que ça (le new age s'exerçant également dans l'art contemporain), mais concernant le Bouddhisme, c'est une véritable calamité qui dépasse le simple syncrétisme, lequel peut être parfaitement associé à une pratique correcte (c'est souvent le cas en Asie, d'ailleurs). Quand je dis que la "pleine conscience" décrite par Christophe Andrée et reprise par Roland Yuno Rech sans préciser que l'exercice est égarement sans Prajna, est du new age, cela signifie qu'on a vidé la pratique (de Dhyana) de Prajna et c'est, pour moi, l'antithèse du Bouddhisme.
shalistamba

Je ne sais pas ce que tu mets derrière le mot "décompensation". Ce mot est généralement utilisé par les psys et a une connotation péjorative en ce sens que la décompensation signe une pathologie avérée.
non, non et non ou du moins pas forcément. Prenons le syndrome de Jérusalem ("sorte de bouffée délirante issue d’un choc émotionnel non maîtrisable"). Il y a des gens tout a fait normaux qui, une fois arrivé à Jérusalem, se prennent pour le messie et se mettent à prêcher la bonne parole dans la rue. Jésus est peut-être celui qui a inauguré ce syndrome. Dire ça, n'enlève rien à la puissance des Évangiles. Il y a un grand nombre de personnes dans le monde qui considère que la Vue de jésus est la Vue Juste. Il n'est pas question de discuter ici de savoir s'ils ont raison ou tort. La science n'explique pas tout. Néanmoins, les gens qui vivent ce genre de syndrome s'en remettent très bien. Ce n'est donc pas le signe d'une pathologie avérée. Il n'y a rien de péjoratif dans ce mot de décompensation si le mot makyo n'est pas lui-même péjoratif.

L'erreur ce serait de juger du Kensho à partir de Makyo. Erreur que j'ai faite, et j'en suis désolé. C'est pourquoi dans le soto on se méfie du Kensho, non pas parce qu'il n'existe pas mais parce que, en l'absence d'un maître qui a lui même fait l'expérience du Kensho, il n'est pas possible de distinguer le Kensho de Makyo. Dans le récit que fait Dogen de son propre Kensho, et malgré le fait qu'il ait été authentifié par son maitre, il me donne l'impression de douter de son propre kensho. Je peux te donner un grand nombre de citations qui vont en ce sens.

Le travail sur les koans permet d'accumuler une grande masse de doute, comme de l'eau qui s'accumule dans un barrage. Le maitre est celui qui va aider le disciple à passer cette expérience de rupture de digue de manière à produire un kensho qui soit sain. En l'absence de maitre, l'expérience est dangereuse. C'est pourquoi le samu est si important dans le soto car c'est ce qui empêche les digues de sauter. Le doyen du centre zen où je vais, malgré son age et ses problèmes de santé, s'occupe des poubelles. C'est la chose dont il est visiblement le plus fier, alors que sa parole est d'or (il est considéré comme un maitre même si ce n'est pas lui qui dirige) Le maitre que je fréquente laisse entendre qu'il n'a pas eu le kensho, comme Shunryu Suzuki, d'ailleurs. Ce n'est donc pas un "fake" puisqu'il dit n'avoir aucune prétention de ce côté. Un "fake" c'est quelqu'un qui a fait l'expérience de Makyo et qui croit qu'il a eu le kensho. En l'absence de Vue Juste, Zazen est néanmoins quelque chose que je vis comme quelque chose d’extra-ordinaire et qui a minima permet de développer mon attention aux autres. Cela me suffit. Je te remercie encore une fois pour tes explications et ne te dérangerais pas plus.
shalistamba

Aux réserves près que je déplore que Christophe André soit invité à l'émission "Sagesse Bouddhiste" pour s'exprimer sur la Vacuité avec Roland Yuno Rech et que cette pratique de la "pleine conscience" serait celle qui permet de réaliser la vacuité.
Tu ne peux pas mettre Chritophe André et Roland Rech dans le même sac ni même Mathieu Ricard, simplement parce qu'ils sont amis. Moi-même je ne mets pas "la pleine conscience" et zazen dans le même sac. Christophe André soigne l'"ego" des gens, il dit lui même qu'il ne se place pas au même niveau que Mathieu Ricard. Il faut d'abord soigner les gens avant qu'ils puissent pratiquer. Il s'agit d'aller du superficiel vers la profondeur. On ne peut pas aller trop vite.

Lors d'un mondo, un disciple du maitre que je fréquente disait que tous les disciples qui ont un bon nombre d'années de pratique devraient faire des kusens. Il disait que si le kusen était dit à partir de Ku, la vacuité, cela s'entendait immédiatement même par les novices. De fait, certains Kusen, dit par certains disciples ne sonnent pas juste. La différence entre Zazen et la pleine conscience est effectivement qu'en pleine conscience on ne fait pas l'expérience de la vacuité. Pourtant faire l'expérience de la vacuité n'est pas difficile mais c'est plutôt une profondeur supplémentaire.
Serge Zaludkowski

Dumè Antoni a écrit : ...
Je tiens simplement à préciser qu'effectivement la méconnaissance du Tibétain de certains traducteurs (Cornu par exemple) a conduit, semble-t-il, à des dérives de compréhension de l'ensemble des textes,
Entièrement d'accord sur ce point, j'ai déjà eu l'occasion de dire ce que j'en pensais ... Philippe à "conquis" une place dans le bouddhisme en France et tiens à la garder ... parfois à tout prix et bien au-delà d'une nécessaire rigueur concernant les textes des éveillés du passé.
dont celui, possiblement (je n'en sais rien en fait) du testament de Garab Dorjé.
Voilà ce qu'en dit Namkhai Norbu dans "Enseignements Dzogchen" :

"Tous les enseignements dzogchen furent enseignés par Garab Dorjé au cours de sa vie, après quoi il manifesta le corps d’arc-en-ciel. Mañjushrimitra reçut de Garab Dorjé la permission de rassembler tous ses enseignements, dont l’un est celui des trois testaments de Garab Dorjé :

1. Introduction directe
2. Ne pas rester dans le doute
3. Continuer dans cet état

Il comprit que ces trois testaments de Garab Dorjé représentaient l’essence véritable, ainsi que la ligne directrice des enseignements dzogchen."
Je crois que le reproche qui t'était fait — quand il était question de tes commentaires, ce qui n'était quand même pas l'essentiel des propos — était ta méconnaissance du tibétain et donc de l'impossibilité pour toi d'avoir un retour critique sur les originaux.

Cela étant précisé, je ne crois pas que la notion d'absolu fasse partie du vocabulaire Dzogchen, et c'était en fait le seul point que je voulais souligner.
Je ne nierai pas le caractère relatif du terme absolu ... certainement utilisé par un manque de pratique dans l'échange de ma part. Dans le dzogchen, il n'est effectivement pas fait de différence entre absolu et relatif dans la mesure où le dzogchenpa observe du seul point de vue de sa nature profonde. Néanmoins, comme le fait remarquer dharmadhatu, il faut bien dialoguer, ne fusse que pour aider ceux qui y sont prêt à recevoir cette fameuse introduction directe à la nature véritable. Longchen Rabjam l'utilise, en voilà quelques citations :
J'ai bien conscience qu'il faut dialoguer et qu'on n'a pas beaucoup de mots à disposition quand il s'agit de la nature de Bouddha ou du Dharmakaya, mais je ne suis pas convaincu qu'il soit nécessaire d'employer des mots ambigus comme "Absolu". Que Longchen Rabjam (que je ne connais pas) l'utilise n'est pas nécessairement heureux. De fait, il apporte davantage de confusion que de lumière.
Longchen Rabjam (Longchenpa) est considéré comme le plus grand des maîtres/enseignants de dzogchen ... On peut le découvrir dans l'Anthologie du Dzogchen ;-) qui finira bien par se retrouver en pdf sur le net ... il est traduit du tibétain en anglais par Tulku Thondup qui peut être considéré comme une référence dans la traduction du tibétain (d'autant plus qu'il a été relu par de nombreux érudits).
La conscience, union de la vacuité et de la clarté, est le dharmakaya immuable.
Le terme "conscience" est ici impropre, comme je l'ai dit au-dessus car Prajna n'est pas spontanée dans la conscience ni même naturelle. Je ne suis en outre pas certain que le terme tibétain qui est mentionné dans le texte original est l'équivalent de la conscience. Il y a 8 consciences dans le Bouddhisme et aucune n'est le Dharmakaya. Dans le Zen, on dit que, lors du kensho, Prajna qui illumine Alaya et Manas. L'éveil est donc la reconnaissance (par l'illumination de Prajna) du Dharmakaya par lui-même. Ce n'est pas la reconnaissance de la conscience par elle-même. Je crois qu'il faut un minimum de précision sur ce point.
On parle de "conscience intrinsèque" ... par rapport au autres consciences (sens, alaya ...)

Dans le dzogchen, là aussi, l'éveil est la reconnaissance du dharmakaya par lui-même (bien que ce ne soit pas exprimé de la même façon).

"Au moment précis du surgissement de la conscience intrinsèque de la base, « les huit apparitions spontanées de la base » apparaissent naturellement. À ce moment, en n’appréhendant pas ces apparitions comme autres et en les réalisant comme rayonnement naturel [ou radiance spontanée] (gDangs) avec un esprit pur (gZu-Bo’i Blos), les mouvements (‘Gyu-Ba) de la conscience intrinsèque cessent d’eux-mêmes. Dans un premier temps, en réalisant l’essence propre des apparitions spontanées, la réalisation du sens véritable se développe … Dans un deuxième temps, les illusions sont dissipées et la perfection de sagesse primordiale se développe. C’est le développement de la base elle-même en tant que résultat de l’illumination. Cela s’appelle la ré-illumination [ou auto-libération] par la réalisation de l’essence, la bouddhéité primordiale. Avoir dissous les apparitions spontanées dans la pureté primordiale et être devenu illuminé en la base avant tout, s’appelle également Le seigneur de la bonté universelle [le bouddha primordial]."
Les sujets et objets apparaissant d’eux-mêmes sont la puissance de la vérité absolue sans fondement.
Est-on certain de la traduction exacte des termes tibétains ? Car ce que tu donnes là, sauf erreur de ma part, c'est une traduction d'un texte écrit en anglais par une personne qui connaît certes le tibétain, mais qui use d'un vocabulaire qui n'est pas adapté au Bouddhisme. La "vérité absolue" est une expression ambiguë ; elle ne dit rien de ce qu'elle est vraiment, sauf que cette expression est aussi employée pour parler de Dieu dans la religion catholique ou dans l'Hindouisme. Utiliser des expressions identiques pour dire des choses différentes n'est pas de nature à rendre la compréhension facile, ce n'est rien de le dire.
La sagesse primordiale du nirmanakaya est la connaissance de la vérité absolue et de la vérité relative.
Même remarque qu'au dessus. Le Nirmanakaya connaît les êtres selon leurs distinctions propres. C'est là ce qui est traduit par "vérité relative", je suppose. Et je suppose que la connaissance de la vérité absolu fait référence au Corps de Loi, c'est à dire au Dharmakaya et au Sambhogakaya. Mais en quoi la connaissance du Dharmakaya et/ou du Sambhogakaya serait-elle plus absolue que la connaissance des êtres selon leurs distinctions propres ? Il n'y a rien d'absolu dans le Dharmakaya ou dans le Sambhogakaya. Ce qui ne veut pas dire que le Dharmakaya et/ou le Sambhogakaya sont des vérités "relatives". Tout cela manque cruellement de clarté de la part de cet auteur (ou de son traducteur, plus vraisemblablement).
Il n'empêche, et comme toi "Je ne vais pas revenir sur les raisons ...", ces notions de "chacun" n'ont pas de sens, "autrement que relatif, provisionnel" ...
Le terme de "chacun" n'a rien de relatif ou de provisionnel de mon point de vue. Si l'on pouvait comparer nos Dharmakayas respectifs, cela aurait peut-être un sens de dire que c'est relatif. Mais le Dharmakaya n'est pas quelque chose qu'on puisse comparer et dont, de fait, on puisse dire que c'est relatif ou absolu. Certains diront peut-être que "si l'on ne peut pas le comparer, c'est donc qu'il est absolu, par définition", mais cet argument ne tient pas dans le contexte, parce que le Dharmakaya ne répond à aucune définition conceptuelle. Mais bon... Comme tu dis, inutile de nous étendre sur ce point car tout a été dit et redit.
Voilà ce qu'en dit Namkhai Norbu dans "Enseignements Dzogchen" en commentant les premiers vers de la prière de Kuntuzangpo :

"Le début du premier vers dit que les fondements de tout l’univers, samsara, nirvana et toutes nos considérations, sont la même base. Il existe un mot tibétain zhichig, chig signifie « une» et zhi signifie « base ». Une base ne veut pas dire la seule base, mais la même base.
Il existe, par exemple, dans l’univers un nombre infini d’êtres sensibles, y compris tous les êtres illuminés. Tous ces êtres, qu’ils soient illuminés ou dans le samsara, ont la même base. Une chose des plus importantes que nous apprenons dans le dzogchen est ce qu’est la base. La base est notre condition véritable. Lorsque nous expliquons la base, nous le faisons en termes d’essence, nature et énergie. Même si nous utilisons ces différents aspects, ils sont tous la base. Il n’y a pas de différence, illuminé ou pas. C’est pourquoi, dans le dzogchen, nous disons que depuis le commencement notre état est l’illumination. Notre base véritable, notre condition, ne change jamais. Si nous suivons l’enseignement et utilisons les méthodes ou les pratiques de purification, nous purifions les obstacles, mais cela ne change en rien notre nature. Notre condition véritable est la même base depuis le commencement."
je ne pense pas que nous soyons en désaccord ... et je suis absolument certains que mes dires, étayés par des citations de mes maîtres qui corroborent les instructions que j'ai pu recevoir,, ne peuvent être qualifiés, raisonnablement, de "non bouddhistes".
Je ne pense pas que nous puissions dire que nous soyons en désaccord sur tout, certes, mais tout de même sur certaines choses, il me semble. Et c'est sans doute une bonne chose de pouvoir en parler. Par ailleurs, je n'ai pas dit que tous tes propos n'étaient pas bouddhistes mais que le terme "absolu" ne l'était pas. J'espère avoir pu démontrer en quoi il ne l'était pas.
et un dernier pour la route, toujours de Longchen Rabjam ...

Quel intérêt y a-t-il à enseigner l’essence de bouddha, subtile et difficile à analyser, puisqu’elle ne sera pas réalisée par des personnes ordinaires ? Il y a cinq avantages à attirer l’attention sur la présence de l’essence de bouddha : (a) La peur [dans l’esprit d’une personne] disparaîtra et celle-ci sera impatiente d’atteindre la libération, sachant qu’il n’est pas difficile [de la réaliser], (b) le mépris pour les autres êtres sera éradiqué et elle sera respectueuse envers tous, les égaux des bouddhas, de même qu’envers notre enseignant [Bouddha Shakyamouni], (c) l’ignorance concernant la présence du sens absolu, les visions des corps et les sagesses, sera éradiquée de nos esprits et la sagesse de la réalisation de la sphère ultime (Don-Dam-Pa’i dByings) apparaîtra. (d) En comprenant la nature de la sorte, on supprime l’ exagération et la dépréciation des concepts d’existence et de non existence, d’éternel ou de rien, et la sagesse primordiale de la réalisation du sens parfait (Yang-Dag-Pa’i Don) surgira, (e) et le sens de l’importance du moi et de l’attachement à celui-ci disparaîtra, on se verra identique aux autres, et on développera un grand amour-bonté pour ceux-ci.
shalistamba

Le new age est né de l'idée selon laquelle toutes les religions disent exactement la même chose avec des mots différents.
Il y a quand même un petit fond de vérité en ce sens, que la source est la même.

Les discours sur les koans ne sont pas les seuls discours non apophantiques. La théologie négative s'exprime de la même manière. Certains mystiques disent qu'ils font l'expérience de la présence/absence de Dieu. Et j'ai même entendu dire, par un mystique contemporain que Dieu est impersonnel.

Cependant, si les différentes religions n'utilisent pas les mêmes mots c'est qu'elles ne disent pas la même chose. Le mieux est quand même de ne pas tout mélanger.
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