Les nouveaux éveillés du New Age

ted

Bonjour

Sans vouloir critiquer personne, j'essaie d'appliquer le sutta aux Kalamas. C'est à dire qu'on va expérimenter par soi-même si telle ou telle affirmation est juste ou pas.

Quand je lis Eric Barret qui écrit ceci :
Il n’y a pas d’initiative volontaire. Ce que vous aimez dépend de ce que vous avez mangé les premiers jours ou les premiers mois de votre vie. Le fait que vous préférez le salé ou le sucré, les choses solides ou liquides, vient de situations très anciennes, très profondément enfouies. Vous ne pouvez pas décider d’aimer la nourriture indonésienne ou de détester la nourriture japonaise. Vous pensez décider, mais c’est biologiquement inscrit en vous.
:shock:

Ou encore ceci :
Vous ne pouvez pas décider d’aimer l’architecture moghole et de ne pas aimer l’architecture rajput, ou le contraire. L’une vous émeut plus que l’autre. Où est le choix ? Vous ne pouvez pas décider de trouver telle femme plus attirante qu’une autre. Vous ne décidez pas si vous préférez telle odeur, tel rythme, tel grain de peau, tel son de voix. Vous ne décidez pas si vous préférez les films violents ou ceux qui montrent la beauté.
:shock:
et qui donc nous demande de nous incliner devant je ne sais quel déterminisme biologique ? :oops: on devine aisément que malgré son assurance apparente, ce monsieur n'a jamais reprogrammé son esprit, ni chassé certains conditionnements avec la Vue Pénétrante.

Plus j'observe ces nouveaux éveillés au service des philosophies non-duelles, plus je me dis que le non-duel est détourné par des illusionnistes, fondamentalement déterministes et théistes, qui viennent vous expliquer que tout est déjà parfait et que la réalisation suprême consiste à devenir un Super Observateur.

Rien n'est plus faux.
C'est même une véritable escroquerie de la pensée.
:)

http://revolution-lente.coerrance.org/e ... e-rien.php
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non c'est pas biologique, c'est le déterminisme tout court. Il peut être biologique ou pas, mais c'est l'éternelle question du libre-arbitre. Cette pensée peut faire du bien à certain...

Cites-moi un passage ou il parle de Super Observateur, je ne suis même pas sur qu'il parle de Dieu d'ailleurs

Tu sais, on peut dire qu'il y a UNE Vérité, c'est très bien de le penser ainsi, c'est aussi très rassurant. Moi, je me positionne comme : je ne sais pas, je n'en sais rien du tout. Alors je peux décider de croire en ceci en cela, c'est très bien... je sais que c'est temporaire. Tu dois connaitre l'histoire des aveugles et de l'éléphant, je crois beaucoup en cette histoire, ce qu'on arrive à toucher de la vérité et partielle très partielle ( et partiale aussi ?). Après moi je ne défends aucune vérité, parce que pofondément, je n'en sais rien, je peux avoir des certitudes, mais elles sont en grande partie intelectuelle et pour moi le mystère reste entier !

Et c'est excitant en quelque sorte, la vie me réserve encore de très belles découvertes !
ted

chercheur a écrit :
28 juin 2017, 16:37
Après moi je ne défends aucune vérité, parce que pofondément, je n'en sais rien, je peux avoir des certitudes, mais elles sont en grande partie intelectuelle et pour moi le mystère reste entier !
Si tu médites régulièrement, tes certitudes cesseront d'être intellectuelles pour se transformer en ce qu'on appelle "une perception directe yogique".
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fondamentalement déterministes et théistes, qui viennent vous expliquer que tout est déjà parfait et que la réalisation suprême consiste à devenir un Super Observateur.
Concernant Eric Baret, il dit que tout est neutre.

Mais si je dois revenir au sujet de l'écoute, ce qu'il propose c'est la pure écoute c'est-à-dire juste écouter. En terme bouddhiste ce pourrait être : laisser seulement cette citta de l'écoute se développer, accomplir sa tâche sans obstacles, sans que l'acteur (moi) n'intervienne... elle est où la supercherie ?

Pour avoir pendant de longues années étaient intéressés par le non-dualisme, je trouve que ce monsieur dénote un peu d'autres enseignants. Il est franchement provocateur, mais je sens aussi une certaine bienveillance. Après comme non-dualisme, il n'y a pas que le Zen il y a aussi le vedanta, le tantra, le dzogchen, la vision sans tête...

C'est sur qu'entendre des non-dualistes européens ce fut un peu bizarre au début. Ils délaissent aussi la morale, ou l'éthique, et ce serait ma principale critique à leur égard. Mais après je vois aussi que les occidentaux sont intéressants, parce qu'ils viennent du même milieu que nous, et que parfois il y a des choses à prendre aussi, enfin pour moi.

Par rapport au super observateur j'aimerai en savoir plus concernant l'escroquerie, parce que moi elle ne me saute pas aux yeux...
Si tu médites régulièrement, tes certitudes cesseront d'être intellectuelles pour se transformer en ce qu'on appelle "une perception directe yogique".
oui oui j'espère bien :)
ted

Chercheur
Il ne s'agit pas de donner des pouces verts à un gars qui dirait ou pas la vérité. Mais bien de vérifier expérimentalement ses propos.


Etic Baret affirme :
Vous ne pouvez pas décider d’aimer la nourriture indonésienne ou de détester la nourriture japonaise. Vous pensez décider, mais c’est biologiquement inscrit en vous.

Sincèrement. Souviens toi. Ca ne t'ai jamais arrivé de détester un truc, un aliment quelconque, puis de changer d'avis parce que quelqu'un t'a expliqué comment manger ou boire le truc ? Comment analyser mentalement le truc ? Comment en apprécier la saveur en fermant les yeux et en balayant ton aversion ?

T'as jamais détesté une publicité ou une chanson au départ, puis fini par l'aimer à force de l'entendre ? Ou vice versa ?

Finir par haïr les frites à force d'en manger midi et soir , alors que t'aimais ça ?

Les affirmations de ce monsieur ne résistent pas à une simple expérience vécue.
ted

chercheur a écrit :
28 juin 2017, 19:45
Mais si je dois revenir au sujet de l'écoute, ce qu'il propose c'est la pure écoute c'est-à-dire juste écouter. En terme bouddhiste ce pourrait être : laisser seulement cette citta de l'écoute se développer, accomplir sa tâche sans obstacles, sans que l'acteur (moi) n'intervienne... elle est où la supercherie ?
Yen a pas à ce stade. Et c'est pour ça que le reste du discours est foireux.

L'enseignement bouddhiste insiste lourdement sur l'établissement de l'attention (sati) qu'on pourrait traduire par "écoute" au sens où tu l'entends.

Que ce soit dans le bouddhisme ancien (satipathana), dans le vajrayana (rigpa) ou dans le dzogchen (maintenir la présence), l'attention aux phénomènes est la signature de l'approche bouddhiste.

La supercherie, c'est quand on déclare que cette écoute est le bout du chemin et qu'elle consiste à observer toutes sortes de phénomènes déterministes sur lesquels nous n'aurions aucune prise.

Nos actions présentes déterminent nos vies futures. Et nos actions présentes ne sont en aucun cas un pur déterminisme, sinon la libération serait impossible.

L'escroquerie, c'est de nous ôter notre libre-arbitre en passant sous silence le fait que l'écoute attentive nous ouvre une micro-fenêtre de liberté pure. Une fenêtre ou le non-agir s'exprime. Où on s'affranchit du karma (déterministe) pour se mettre au service de la sagesse (non née).

Car l'action "juste" est non contaminée. Et elle n'est possible que dans "la pure écoute".
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ted a écrit :
28 juin 2017, 19:52
Chercheur
Il ne s'agit pas de donner des pouces verts à un gars qui dirait ou pas la vérité. Mais bien de vérifier expérimentalement ses propos.
Le pouce vert c'est un like c'est ça ? je connaissais pas cette expression :oops: Mais c'est vrai que j'ai quelque affinité pour son enseignement, vu qu'on est sur un forum, et bien on va en discuter :)
Etic Baret affirme :
Vous ne pouvez pas décider d’aimer la nourriture indonésienne ou de détester la nourriture japonaise. Vous pensez décider, mais c’est biologiquement inscrit en vous.


Sincèrement. Souviens toi. Ca ne t'est jamais arrivé de détester un truc, un aliment quelconque, puis de changer d'avis parce que quelqu'un t'a expliqué comment manger ou boire le truc ? Comment analyser mentalement le truc ? Comment en apprécier la saveur en fermant les yeux et en balayant ton aversion ?

T'as jamais détesté une publicité ou une chanson au départ, puis fini par l'aimer à force de l'entendre ? Ou vice versa ?

Finir par haïr les frites à force d'en manger midi et soir , alors que t'aimais ça ?

Les affirmations de ce monsieur ne résistent pas à une simple expérience vécue.
Tout ça m'a l'air très biologique. Quand j'étais ado j'écoutais du black métal, c'était très intéressant, j'ai appris que c'était facile de finir par aimer toutes les musiques il suffisait de s'habituer à l'écouter, puis après y a la plasticité du cerveau qui fait le reste... et on arrive à y trouver une certaine harmonie :) D'une certaine manière on éduque notre cerveau à aimer ça.

Après tu pourrais me dire : mais c'est toi qui a choisis d'aimer ou non cette musique ou ce vin... Alors je te répondrais que oui, mais quelle sont tous les tenants et aboutissants de ce choix d'écouter du black metal? Et bah je te dirais qu'il y avait un copain qui écoutait cette musique et que les mise en scène dans les magasines me faisait rigoler, le côté rebelle me plaisait aussi beaucoup. Quelque part j'étais ouvert à ça, c'était aussi pour emmerder mes parents, etc... Ce choix était donc motivé par une somme de causes qui à un moment déterminé m'a donné envie d'écouter cette musique et la biologie me l'a fait l'aimer en quelque sorte...

Après que je n'aime pas le chou-fleur, c'est comme ça c'est plus fort que moi, l'odeur me revulse, le goût n'en parlons même pas, c'est assez physique le dégoût, je peux même avoir envie de vomir à l'idée d'en penser... Parce que j'ai associé l'image du chou-fleur au dégoût. L'odeur passe dans mon nez, mes recepteurs nasaux envoient une information au cerveau, le cerveau traite l'information, et vois que dans son schéma neuronnal chou-fleur = dégoût = vomis :lol:

Je crois que ce monsieur insiste surtout sur une certaine mécanique de la vie. On est bien plus sujet à des automatismes qu'on le croit, et qu'il y a peut-être là aussi une illusion, une illusion de contrôle et de puissance. La plupart du temps on réagit. La séquence du viol dans l'autre fil l'atteste à mon avis.Et je le soupçonne d'utiliser la provocation à des fins pédagogiques...
Dernière modification par chercheur le 28 juin 2017, 22:24, modifié 1 fois.
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Par rapport à ça :
Plus j'observe ces nouveaux éveillés au service des philosophies non-duelles, plus je me dis que le non-duel est détourné par des illusionnistes, fondamentalement déterministes et théistes, qui viennent vous expliquer que tout est déjà parfait et que la réalisation suprême consiste à devenir un Super Observateur.
et ça :
La supercherie, c'est quand on déclare que cette écoute est le bout du chemin et qu'elle consiste à observer toutes sortes de phénomènes déterministes sur lesquels nous n'aurions aucune prise.

Nos actions présentes déterminent nos vies futures. Et nos actions présentes ne sont en aucun cas un pur déterminisme, sinon la libération serait impossible.

L'escroquerie, c'est de nous ôter notre libre-arbitre en passant sous silence le fait que l'écoute attentive nous ouvre une micro-fenêtre de liberté pure. Une fenêtre ou le non-agir s'exprime. Où on s'affranchit du karma (déterministe) pour se mettre au service de la sagesse (non née).
laissons-le parler :
Claire Varin : Et l'éveil, est-ce qu'il est commun à toutes les traditions ?

Eric Baret : Toutes les traditions ont parlé de l'humilité.

L'éveil, c'est l'humilité, c'est arrêter de prétendre être ceci ou cela, arrêter de prétendre être auteur, arrêter de prétendre diriger sa vie, se rendre compte que le courant des choses est là et se donner à ce courant sans vouloir diriger. Quand vous lisez Ib'n Ata Allâh al-Iskantari, Layman P'ang, ou la Ribhu Gita il y a ce même silence, cette même humilité qui ont présidé à l'expression. Mais il n'y a pas d'éveil personnel. Quand Eckhart finit son sermon, il dit toujours, d'une manière ou d'une autre: «Prions pour que cette vérité prenne corps en nous.» Il ne prétend jamais être dans la vérité.

L'éveil, c'est la réalisation qu'il n'y a personne qui peut s'éveiller. On est dans un moment de totale humilité. Dire «Je suis éveillé» est factice. Cela ne veut rien dire.
euh ted, au fait, c'est quoi le new age ?
ted

chercheur a écrit :
28 juin 2017, 22:13
euh ted, au fait, c'est quoi le new age ?
Baaaaahhh... tu trouveras facilement par google.
Disons que c'est un melting pot de philosophies non-duelles et de croyances diverses.

Comme celle de ce monsieur qui déclare : "l'éveil, c'est l'humilité".

Mais un Bouddha peut manifester n'importe quel nirmanakaya.

Bref.
ted

Tout ça m'a l'air très biologique. Quand j'étais ado j'écoutais du black métal, c'était très intéressant, j'ai appris que c'était facile de finir par aimer toutes les musiques il suffisait de s'habituer à l'écouter, puis après y a la plasticité du cerveau qui fait le reste... et on arrive à y trouver une certaine harmonie :) D'une certaine manière on éduque notre cerveau à aimer ça.
Je ne pense pas que le cerveau soit à l'origine des comportements de notre esprit.
Et ce n'est pas une question de vérité "toutes égales". C'est simplement qu'il s'agit d'une vue extrême, matérialiste et nihiliste, puisque, si on pousse le raisonnement jusqu'au bout, une fois le cerveau réduit en poussière, il ne subsiste plus rien.

Donc, le bouddhisme rejetant les extrêmes, les explications qui privilégient les facultés du cerveau comme étant à l'origine de l'esprit, sont des vues erronées. Et c'est une perte de temps de s'y intéresser, sauf par curiosité ou par compassion pour leur auteur.

Tu pourrais apprendre à aimer les choux fleurs. Tu t'installes devant un choux fleur, et tu fais vipassana jusqu'à ce que tu trouves l'origine de l'aversion. Un peu comme une psychanalyse hein... :)

Mais les gens n'aiment pas se déprogrammer, parce qu'ils sont attachés à leur image d'eux mêmes.

Et puis, ce n'est pas parce que des mystiques de tous bords traversent les mêmes expériences préliminaires, que l'Eveil du Bouddha est celui des chrétiens ou des hindous. L'éveil est en tous. Il n'appartient pas au Bouddha. Il est à la portée de tous. Mais fondamentalement, il y a quatre sceaux qui balisent le chemin.

Alors, pour se défaire des facteurs mentaux malsains, on peut piocher à droite à gauche. Mais il y a une voie de plus en plus étroite et un écart de quelques millimètres et la flèche rate sa cible.
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