Si la renaissance n'existait pas

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ted

Autant crever l'abcès.

Des personnes, en général, doutent de la réalité des renaissances. Les mettant sur le compte des concessions aux traditions brahmaniques de l'époque qu'auraient fait le Bouddha. (N'y voyez aucune attaque personnelle ici. Juste une réflexion personnelle).

Si on évacue l'interprétation des renaissances "réelles", il ne reste que les renaissances considérées comme des états de conscience : quand on est en colère, on se transformerait (on renaitrait) en animal. Quand on a réussi sa vie on deviendrait riche et célèbre (on renaitrait en Déva).

Cette interprétation peut faire sourire quand on sait que le bouddhisme a pour objectif de nous délivrer du samsara et que le samsara, c'est le cycle des renaissances . Autant dire qu'on joue avec le feu ! :D
ted

Mais admettons le point de vue que les renaissances réelles n'existeraient pas. Que deviendrait alors la pratique bouddhiste ?
Quel serait son rôle ?
Nous délivrer de la souffrance ?
Très bien. Mais dans ce cas, il suffirait d'attendre la mort non ?
Et de plus, sans renaissance post-mortem, quel intérêt de ne pas profiter un max des désirs sensuels divers et variés ? gourmandise, luxure, vol, tromperies, asservissement des autres humains etc... :razz:
Je peux faire une liste plus longue mais je ne veux choquer personne. :-(
ted

Que reste il alors comme intérêt réel à la pratique ?
Le fait de vivre heureux et en paix plusieurs dizaines d'années ? En aidant nos semblables ? Avant de crever pour toujours ? Tout en étant à contre-courant d'un bon nombre de gens ? :?:

Une position assez humaniste en somme. Qui ne devrait pas déplaire aux athéistes éclairés. ba11

Oui, mais dans ce cas, qu'est ce que l'Eveil si la mort emporte tout au final ? :shock:
N'est-il pas enseigné dans toutes les écoles bouddhistes, que l'éveillé n'est pas concerné par la vie et la mort ?
ted

Parce que si le bouddhisme réfute l'immortalité du soi, de la personnalité, il ne nie en aucune façon la continuité de la conscience, pour peu que celle ci se manifeste de façon impermanente et impersonnelle.

Mais qu'est-ce qu'une conscience qui se manifeste de façon impermanente et impersonnelle ?
Bé, prenez un miroir et regardez vous.
Ben voilà, c'est ça !
On y est déjà. :)

Vous n'êtes plus l'enfant que vous étiez.
Vous n'êtes plus le conjoint, ou le partenaire d'untel.
Vous avez perdu votre boulot ou vous allez le perdre tôt ou tard, à la retraite.
Vous ne vous souvenez plus de ce que vous faisiez le 26 fevrier 1985. Et vous vous en foutez en plus ! :)
Alors, pourquoi savoir ce que vous faisiez il y a 1000 ans ?
Pour nourrir l'égo ?
Pour se rengorger ou culpabiliser ?
C'est pas cool.
ted

Bref, l'éveil propose quand même une prise de conscience de notre éternité. Mais le terme est impropre puisque le bouddhisme rejette l'éternalisme. Il n'y a qu'une conscience, moi, vous, dans un perpétuel présent.

Encore faut-il, pour en profiter si j'ose dire, que cette conscience ait conscience d'elle même. Sans recourir à un support quelconque. Mais ça, on sait comment y arriver : par le lâcher-prise, par la contemplation, par l'observation attentive du monde et de ses phénomènes, par la présence détendue dans l'état naturel de l'esprit. Et par une compassion immense pour nous-même et pour les autres.
ted

Et si nous ne nous mettons pas en route vers l'éveil, que se passera t'il ? Bé, cette conscience impersonnelle et impermanente poursuivra sa route "aveuglément" en quelque sorte.

Et que deviendra t'elle ?
C'est la question qu'il faut poser à ceux qui ne croient pas à la renaissance, parce que le corollaire de leur point de vue, c'est la disparition pure et simple de la conscience au moment de la mort. Ce qui sous entendrait que la conscience serait produite par le corps, le cerveau par exemple.

C'est un point de vue respectable en soi, mais il faut bien comprendre qu'il n'est absolument pas bouddhiste !

Dans les faits, cette conscience va replonger dans la souffrance existentielle de ne pas savoir qui elle est (comme le disait Compagnon). Souffrance qui sera une conséquence de son ignorance.
ted

Heureusement, toute personne qui pratique comme indiqué dans les enseignements, bénéficiera de l'éveil et échappera définitivement à la souffrance, même si elle n'a pas de croyances sur la renaissance.

Donc, c'est un nouveau pari de Pascal philosophique qui peut plaire aux matérialistes. :)
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axiste
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Et de plus, sans renaissance post-mortem, quel intérêt de ne pas profiter un max des désirs sensuels divers et variés ? gourmandise, luxure, vol, tromperies, asservissement des autres humains etc...
Ce qui me fait dire que la renaissance ne relève plus vraiment du pari de Pascal mais d'une nécessité saine.

Sans doute faut -il accepter de mourir à soi même avant de mourir physiquement, sinon il y a comme un grain de sable dans la machine à penser, le mental s'arc boutant sur une impossibilité. Un peu comme un déraillement de la pensée qui préfère l'oubli au lâcher prise…
Heureusement il y a les enseignements et on n'est pas obligé d'avoir des croyances.

A travers les cycles de la vie le regard change. Et balayées, les certitudes... oiseau2julie

Quelle merveille !
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
ted

axiste a écrit :
23 mai 2017, 12:59
A travers les cycles de la vie le regard change. Et balayées, les certitudes... oiseau2julie

Quelle merveille !
loveeeee
Compagnon



Trouvé ce matin.

C'est en anglais, mais on peut mettre les sous-titre en anglais.

C'est de Dzongsar Jamyang Khyentse Rinpoche a propos de la renaissance. Et du point de vue occidental sur le bouddhisme et la renaissance.

Dzongsar Jamyang Khyentse Rinpoche ( born 1961) also known as Khyentse Norbu, is a Tibetan lama, filmmaker, and writer. His three major films are The Cup (1999), Travellers and Magicians (2003) and Vara: A Blessing (2013). He is the author of the book What Makes You Not a Buddhist (Shambhala, 2007) and Not for Happiness: A Guide to the So-Called Preliminary Practices (Shambhala, 2012).

He is the son of Thinley Norbu, grandson of Dudjom Rinpoche, and was a close student of Dilgo Khyentse. He is the primary custodian of the teachings of Jamyang Khyentse Wangpo.
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