Forum Bouddhiste Dhamma

Je sais que cela vient de l'attachement à l'ego, j'ai beau connaître la théorie sur la prise de distance, le fait qu'il n'y a aucun "soi" de blessé, etc... y a des situations que j'ai vécu dans le passé y compris récent... dont le ressentiment à l'égard des personnes qui en sont la cause, remonte régulièrement à la surface malgré mes efforts. Notamment parce que, de "mon" point de vue, je n'ai pas mérité la façon dont j'ai été traité, les conséquence négatives concrètes sur le plan matériel sont toujours présentes.

J'essaie intellectuellement de prendre de la distance, de me dire que j'éponge là maintenant un karma négatif passé, etc... mais j'ai du mal parfois, je lutte... c'est fatiguant parfois. crysmiley

Il y a bien cette dimension dans la méditation sur Metta Bhavana. J'ai toujours eu un peu de mal avec cette forme de méditation.

Parfois ce qui marche quand le ressentiment vis à vis de certaines personnes remonte, je fais l'effort de consacrer un moment à faire le bien pour autrui, par exemple hier soir, à un moment, conscient de mon état de lassitude, d'auto-apitoiement ou d'amertume ou de colère ou un peu de tout, je suis allé voir ma compagne qui souffrait de courbatures suite à un excès de sport, et je lui ai fait spontanément un massage des épaules, elle en a été ravie, très contente.

Si vous voulez... j'arrive à appliquer je crois les 2 ou 3 premières Nobles Vérités, mais je n'arrive pas à appliquer la 4ème. Durablement en tout cas. Je prend un cas concret (purement imaginaire je précise) :

Un personne m'a agressé physiquement, cassé le bras. On ne sait pas si les dommages seront durables ou non, ni quand on va m'ôter le plâtre. En plus cela handicape et gène ma famille parce que je me retrouve à être "un boulet".
Intellectuellement je fais mon possible pour ne pas "le prendre personnellement".
Je me dis tout ce que l'on se dit pour cultiver de la compassion vis à vis de cette personne violente. Qu'il y a bien pire comme situation dans le monde.
Mais comme j'ai le bras dans le plâtre, que pour le moment les médecins ne savent pas si il y aura des conséquences durables, et que mon plâtre me gène au quotidien, le ressentiment revient régulièrement.

Vous saisissez ?

Peut-être est-il bon de ne pas oublier de développer de la compassion pour soi-même, pour ses propres imperfections et ses propres difficultés (ici à pardonner).

Possible en effet il y a cela aussi c'est vrai. D'ailleurs Thay le souligne la compassion doit être réciproque, équilibrée. Compassion pour soi comme pour l'autre.



Ça pose la question de la "légitimité" de certaines réactions.

Compagnon a écrit : ↑

13 mai 2017, 08:38

(...) j'ai beau connaître la théorie sur la prise de distance, le fait qu'il n'y a aucun "soi" de blessé, etc... y a des situations que j'ai vécu dans le passé y compris récent... dont le ressentiment à l'égard des personnes qui en sont la cause, remonte régulièrement à la surface malgré mes efforts.
(...)
Vous saisissez ?

Bonjour Compagnon

Tu connais déjà les textes, donc je ne vais pas t'en poster.

Je ne vais pas te dire non plus de méditer sans arrêt jusqu'à ce que la colère s'en aille. Ca peut marcher pourtant.

Je connais ce sentiment que tu ressens. Un sentiment profond d'injustice avec l'envie terrible de rétablir la vérité, de faire justice, de faire cesser l'impunité des agresseurs.

En fait, il faut évacuer cette énergie négative en se plongeant dans une autre activité. Mais quand le sentiment d'injustice revient comme une obsession, c'est difficile.

Un truc possible :

Il ne s'agit pas de se dire que les autres vont payer pour leur karma, ce serait enrôler le karma pour en faire un instrument de vengeance et donc, en quelque part, se réjouir des souffrances futures d'autrui. Ca soulage de penser comme ça, mais c'est pas bon.. .

il s'agit plutôt de faire la course au bonheur. On va se demander est-ce qu'on est heureux en entretenant de telles pensées de vengeance ? Est-ce que c'est bon pour la santé ? Est-ce qu'on n'est pas en train d'achever le travail que l'agresseur a commencé ?

On pourrait résumer ça ainsi :

"Tu m'as agressé ? Tu m'as diminué physiquement ? Et bien, malgré tout, je suis heureux et je t'emmerde !"

Ou alors :

"La vie s'acharne sur moi ? Et bien, malgré tout, j'ai décidé d'être heureux. Car je veux que mon esprit soit paisible au moment de ma mort. C'est la chose la plus importante à mes yeux".

Bien sur, cette attitude demande d'avoir suffisament de sagesse pour savoir rester équanime, même après un accident de la vie : chomage, maladie grave, décès d'un proche. Elle demande d'avoir un objectif précis : l'éveil (et non le désir de justice).

Et aussi comme dit Yves, avoir suffisamment de compassion envers nous-même pour accepter nos coups de blues. L'important n'étant pas de ne pas haïr. L'important étant de savoir qu'on hait.
L'important étant de savoir qu'on pleure.
De savoir qu'on souffre.

Parce que celui qui, en toi, sait et observe, lui, il ne souffre pas.
Lui, il pratique.
Et lui, il s'en fiche un peu des coups. Il ne veut qu'un seul truc : la libération ! l'éveil ! même malade, même cloué sur un lit d'hôpital !

"Soyez à vous-même votre propre refuge" a dit le Bouddha

https://www.youtube.com/watch?v=0G02YNxLk7g

Pardonner est la seule façon de guérir.
.Douglas Kennedy a employé une expression qui m'a frappé; il a dit que quand une personne vous a nui délibérément , pardonner c'est se débarrasser du poison qu'il vous a envoyé, et il a ajouté " et on regarde le poison tuer l'autre".......pas très bouddhiste comme notion, je vous l'accorde, ça a un côté revanchard.
Mais j'ai trouvé ça efficace, ça m'a aidé à pardonner des choses plus graves qu'une agression. " on regarde le poison tuer l'autre"....

Compagnon, tu as juste un bras cassé. Pense à te soigner, sois un peu patient, dans 3 mois tu n'y penseras plus, c'est juste un sale moment, qui passera, comme tous les autres.Tu aggraves les choses en grattant toujours où ça fait mal( au sens figuré bien sûr).

Compagnon : Ça pose la question de la "légitimité" de certaines réactions.

Toute réaction est légitime en un sens je dirais, c’est à dire dans le sens que la réalité est telle que cette réaction a lieu ; par là, elle n'est pas une option en quelque sorte. Ce sens précis de la légitimité de toute réaction me semble être d’un ordre étranger à la moralité ou à la justice et c’est celui qui permet me semble t-il, de poser un regard objectif sur les choses ; objectif dans le sens qu'il n'est pas ici question de chercher à justifier à la lumière de notre subjectivité ce qui a lieu d’être ou de ne pas être, mais qu'à contrario, nous nous positionnons dans une attitude de pur constat. Il m’apparaît ainsi qu’en considérant les choses sous l’angle de ce qu’elles sont et non sous celui de ce que nous voudrions qu’elles soient, cela puisse aider grandement à se détacher.

Des réponses là encore; je répondrais en temps voulu, merci