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Réparer les méchants
Publié : 04 mai 2017, 12:52
par axiste
Re: Réparer les méchants
Publié : 04 mai 2017, 13:29
par Compagnon
@Axiste : très intéressant, merci. Cela me fait penser toute proportion gardées évidemment à l'avocat Gilles-William Goldnadel qui a défendu Floriant Phillipot en 2015 contre le Qatar et qui défend aussi Grégory Chelli dit "Ulcan".
Quand j'écoute le récit audio sur ce lien, je me dis que peut être l'infirmier peut avoir comme espoir que les soins qu'il apporte de manière égale à ces "méchants" qu'a des patients neutre ou "gentil" rendra un peu d'humanité à ces êtres mauvais, peut être que cela le remettra un peu de bonté dans le coeur. Ce n'est pas sûre du tout, évidemment, quand cela relève de la pathologie mentale, de "défaut de conception" au niveau cérébral on ne peut pas grand chose au niveau du fond pour le moment.
Si on veut soi même être vraiment juste, équitable il faut aussi donner un avocat au "Diable".
Je me souviens d'une scène très émouvante du film "Simon Wiesenthal" avec Ben Kingsley, datant de 1989, que je vous recommande.
Dans une scène vers la fin, Mr Wiesenthal qui a été libéré d'un camp depuis peu, qui est encore très affaibli, est accompagné par un GI dans une jeep au pied d'un petit immeuble. En effet Simon Wiesenthal a déjà commencé à recherché des criminels de guerre nazis, je ne suis même pas sûre que la guerre soit finit. Wiesenthal dit au GI de l'attendre en bas, l'homme qu'il vient cherché habite dans les étages mais Wiesenthal tient apparemment à l'arrêter seul. L'homme dans mon souvenir est plutôt du genre costaud, pas un gros responsable mais peut être un gardien de camp. Il est dans sa chambre en train de retirer son uniforme pour redevenir un simple civil qui passera inaperçu je suppose. Wiesenthal monte péniblement l'escalier. Il arrive devant la porte essoufflé. Tiens a peine sur ses jambes. Il toc à la porte. L'homme ouvre. Wiesenthal dit pour quoi il est venu.
Il y a un fondu enchaîné je crois ou quelque chose de ce genre on voit alors le gros soldat en civil porter dans ses bras le maigre Simon Wiesenthal pour redescendre les escalier. Le criminel ne cherche même pas à s'enfuir ou a tuer Wiesenthal pour s’enfuir, ce qui lui serait surement facile. Non. Il prend Wiesenthal dans les bras, le porte en travers vous savez comme un homme costaud porte sa fiancée, ou une personne âgée et frêle. Et arrivé en bas le gros soldat se laisse arrêter, il dépose délicatement Wiesenthal sous le regard stupéfait et inquiet du GI. (Bon je brode peut être un peu mais c'est l'idée générale).
Je ne sais pas si c'est vraiment un événement qu'a vécu Wiesenthal et dont on s'est servi pour le film.
Mais faire acte de compassion vis à vis d'un criminel même endurçis peut parfois provoqué un "déclic" salvateur, comme le Bouddha vis à vis d'Angulimala ou un maître zen avec un cambrioleur ou Monseigneur Miriel avec Jean Valjean dans les Misérables.
On peut au moins essayer.
Re: Réparer les méchants
Publié : 05 mai 2017, 00:43
par axiste
Oui on peut au moins essayer…
En fait l'attitude de ce soignant est normale: il est là pour soigner, pas pour juger.
C'est curieux comme il décrit les personnes: elles ont l'air tout à fait normales et calmes quand leur actes ont été sordides (meurtres, etc) et sont plus agitées quand leur délit est mineur (deal, etc)
En tous les cas, en dehors des cas pathologiques ou incurables sans doute, on voit bien qu'il n'existe pas de personne violente mais des états d'esprit multiples qui parfois resurgissent et mènent au crime. L'on peut comprendre alors que de la gratitude puisse apparaître chez ces personnes envers le soignant qui les remet à leur humanité par son regard bienveillant et sans jugement.
Très touchant aussi les mots de remerciement laissés par les personnes lorsqu'elles quittent la prison…
Le regard que l'on porte sur les choses, les évènements et les gens font tout.
Toute la différence. <<metta>>
Re: Réparer les méchants
Publié : 05 mai 2017, 12:09
par Compagnon
Je me souviens d'une anecdote que nous avait raconté notre prof d'espagnol au lycée. Quand elle était plus jeune et enceinte, elle exerçait alors toujours et apparemment dans un établissement difficile avec des élèves membres de bandes rivales. Un soir qu'elle sortait de l'établissement, deux de ces bandes d'élèves (plutôt des méchants apparemment, pas "la guerre des boutons") étaient sur le point de se rentrer dedans, à la violente. Ils ont vu que leur prof sortait, ils savaient bien qu'elle était enceinte, cela se voyait, alors spontanément ils se son retenus, on attendu qu'elle passe, puis une fois éloignée alors ils se sont rentré dedans.
De même l'année dernière dans une école primaire d'Argenteuil (banlieue plutôt "chaude") ou j'ai brièvement travaillé, on m'a raconté qu'il y a peu, un des enseignant s'était fait piqué sa voiture. Comme les enfants du primaire parlent entre eux, cela ai remonté aux jeunes et adultes responsables du forfait qu'ils avaient piqué la bagnole d'un enseignant de l'école primaire, peu de temps après la voiture réapparaissait, intacte, sur le parking.
Il y a quelques années j'avais lu un fait divers plutôt étonnant aux USA. Les locaux d'une petite association qui défendait et protégeaient les femmes battues avaient été dévalisés dans la nuit dans un immeuble. Tout le matériel informatique volé, tous les fichiers perdus, etc... Hors c'était une association modeste, peu de moyens, avec évidemment tout un tas de données sensibles. Je ne me souviens plus si la responsable a fait passé un appel à l'aide dans la presse à l'attention des cambrioleurs mais a son grand étonnement le lendemain la police l'a appelé, il y avait des paquets suspects qui avaient été déposé devant la porte de l'association. La gérante a découvert dans des cartons tout le matériel rendu, tous les fichiers et un mot d'excuse, qui disait en gros : désolé, excusez nous, on ne savait pas le travail que vous faisiez, on vous rend tout, vous faites un super boulot, continuez.
Il y a de nombreuses années dans la mafia italienne il y avait des choses que l'on ne faisait pas, s'en prendre par exemple à des prêtres ou des locaux religieux catholique. Malheureusement cette éthique n'est plus de mise.
Même en prison parmi les criminels vous avez une sorte de code moral. Ainsi les pédophiles sont souvent méprisés et maltraité même par les criminels endurcis.
Personnellement même si c'est surement très dur, j'aimerais m'investir professionnellement comme aumônier bouddhiste dans les prisons, il y a là bas un besoin immense, notamment pour enrayer la radicalisation. Malheureusement il y en a très peu, on peut difficilement avoir un salaire véritable minimal (après tout il faut bien nourrir sa famille) ... c'est dommage. C'est vraiment quelque chose qui ferait sens pour moi comme travail : un moyen d'existence juste par excellence.