Forum Bouddhiste Dhamma

Imaginons une sorte de grosse pelote de laine poussiéreuse, mais de deux mètres de haut. Une sorte de grosse boule de paille, comme un gros nid d'oiseau. Une sorte de gros fagot attaché à notre dos et qui accrocherait un peu tout ce qui passe à sa portée.

On y trouve de vieux chiffons qui pendouillent, des tringles qui dépassent, des billets de banque froissés. Des cadavres desséchés d'insectes et d'oiseaux. Des lambeaux de poussière. Des bijoux. De vieux bouquins transpercés, aux pages arrachées. Un petit tigre endormi. Des photos jaunies. De la glue. Une chaise cassée. Un vieux téléphone. Des clous rouillés. Une ou deux chauves souris. Une enclume.
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Imaginez que nous soyons obligés de porter ce fardeau sur le dos nuit et jour !
Ce serait épuisant.

Nous essayons de l'alléger progressivement, en le secouant un peu mais, hélas, il s'accroche et récupère d'autres objets sur son passage.

Le seul moyen de s'en débarrasser, serait de saisir les sangles qui accrochent le fardeau à notre dos, de les écarter, et de laisser tomber toute cette masse par terre, d'un seul coup. D'un seul.

La sensation subite de soulagement doit être impressionnante.

De même, est-ce que l'éveil n'est pas un acte brusque et instantané où on se débarrasse d'un seul geste et d'un seul coup du fardeau de la saisie du soi ?

Selon moi juste, il ne s'agirait pas d'un acte supposant une chose liée au pouvoir de la volonté. Obaku parle d'une silencieuse coïncidence par exemple.

En fait, pour être dans le sujet qu’induit le titre du fil, on pourrait dire peut-être que la corde qui soutient le fardeau finit par lâcher d'elle même du fait du poids de ce dernier ; ce serait l’éveil subit. Ainsi n'y-aurait-il pas d'action spécifique à entreprendre comme celle en l'occurrence de lâcher le fardeau. Quant à l’éveil progressif, on pourrait dire que d'une certaine manière, la pratique s’ajouterait au poids du fardeau et que ce serait ce surplus qui fragiliserait de plus en plus la corde pour qu’à la fin elle puisse lâcher. Dans cette optique, l'action de la pratique serait nécessaire.

Le titre tu topic semble proposer une alternative entre 2 absolus s'excluant l'un l'autre. Hors les 2 peuvent parfaitement exister simultanément, pour une personne se sera bref, subi, pour une autre accepté et progressif.

Compagnon a écrit : ↑

30 avril 2017, 17:25

Le titre tu topic semble proposer une alternative entre 2 absolus s'excluant l'un l'autre. Hors les 2 peuvent parfaitement exister simultanément, pour une personne se sera bref, subi, pour une autre accepté et progressif.

Ce qui est progressif, c'est la pratique. Comme Jules l'a proposé, on augmente progressivement la tension sur les sangles. Qui finissent par claquer d'un seul coup. Donc, pratique progressive et Eveil subi.

Mais il me semble que la progressivité est plutôt évoquée dans les enseignements comme un allègement progressif du fagot. De moins en moins de saisie. Les cadavres desséchés des désirs abandonnés, qui tombent par terre un à un. Le fardeau qui rétrécit petit à petit, pendant plusieurs vies, jusqu'à disparaître.
Ca c'est le bouddhisme ancien.

La méthode de Jules est séduisante. Et ça colle à l'esprit du vajrayana qui dit de transformer le poison en nectar, comme fait le paon. Ou encore d'utiliser les obstacles pour progresser sur la voie : on augmente la charge ! Ce sont deux approches différentes de la progressivité.

Mais êtes vous d'accord pour dire que l'éveil lui même est toujours brutal. Instantané ?

Il y'avait eu quelqu'un ici, qui avait pris l'exemple du prisonnier cherchant à s'évader. Pendant de longues heures il s'attèle à scier les barreaux de sa cellule. Ce n'est que lorsque le tout dernier barreau est brisé que tout à coup l'homme est libre, pas avant. Avant il est seulement en marche vers sa liberté.

Question difficile Ted.
J'ai déjà du mal à imaginer ce que peut-être l'éveil.
Peut-on comparer des situations connues( comme la libération d'une prison, la levée d'un obstacle, un gros souci qui disparaît) avec l'éveil???
J'aime bien l'image du barreau patiemment limé qui craque d'un coup mais je ne sais pas si elle s'applique à l'éveil.

Que désires-tu Ted ?

tirru... a écrit : ↑

30 avril 2017, 22:37

Que désires-tu Ted ?

Tirru, tant qu'on désire quelque chose, l'éveil nous échappe non ?

jules a écrit : ↑

30 avril 2017, 16:43

Selon moi juste, il ne s'agirait pas d'un acte supposant une chose liée au pouvoir de la volonté. Obaku parle d'une silencieuse coïncidence par exemple.

Je me demandais si l'éveil ne pouvait pas survenir à l'issue d'une compréhension intellectuelle brutale. Après tout, les exemples existent dans le canon pali de personnes devenus Arahant rien qu'en écoutant le Bouddha.

Et dans le sutra Mahayaniste de la liberté inconcevable, ce sont des milliers d'êtres sensibles qui entrent dans le chemin rien qu'en écoutant Vimalakirti.

Et dans le Zen, les exemples sont nombreux ! Le moine s'éveille en tombant brutalement dans l'eau glacée ou en entendant un koan.

J'ai ouvert ce fil, parce que j'ai eu cette image, ce matin au réveil. J'ai cherché maladroitement l'équivalent sur le web. Si j'avais été artiste, j'aurais fait un dessin. Cette image du soi qu'on porte sur son dos et dont on pourrait se défaire d'un seul coup. D'un geste. D'une pensée.

tirru... a écrit : ↑

30 avril 2017, 22:37

Que désires-tu Ted ?

Est ce que " désire" et " vouloir"c'est la même chose?
je veux la paix dans le monde, le bonheur pour tous les être vivants,je veux atteindre l'éveil.Si on ne "veut" rien on ne progressera jamais il me semble.Suis-je disqualifiée pour l'éveil?????