Compagnon a écrit :
vous auriez des idées de textes, d'enseignements, visant à "tordre le coup" à la tendance que l'on a à s’apitoyer sur soi-même et à désespérer en conséquence ?
Je ne sais pas ce que tu appelles "apitoiement"...
Si tu as des soucis et que ça te préoccupe, ce n'est pas de l'apitoiement, mais une réaction normale de celui ou celle qui est confronté à la souffrance.
Après tout, c'est ce genre de constat qui nous mène vers le bouddhisme :
"Je souffre, j'aime pas ça. J'aimerais que ça s'arrête". Le champ du bouddhisme est donc très vaste. Dès qu'il y a
dukkha cette souffrance structurelle, toujours aux aguets, liée à l'existence même, donc dès qu'il y a
dukkha , il y a une réponse proposée par l'octuple sentier.
Il n'y a pas "le bouddhisme d'un côté" et la "vraie vie" de l'autre. Le bouddhisme n'est pas une passion qu'on délaisse quand les "vrais problèmes" arrivent.
Toutes les solutions "mondaines" proposées pour apaiser nos souffrances devraient être vues à l'aune du Dharma afin d'éviter d'accumuler des causes supplémentaires de souffrance. Parce que nos souffrances ne viennent pas de nulle part ! Nous avons semé des graines un jour ou l'autre.

Et leur éclosion nous rend plus ou moins "réceptifs" à telle ou telle situation.
Alors, oui : pratiquer plus pour étudier moins, ou vice versa, lacher son ordi un peu plus souvent, ou s'intéresser aux autres, y compris à leurs propositions "non-bouddhistes", c'est aussi le Dharma, mais quand c'est fait dans l'esprit du Dharma. Qui est une conscience légère et subtile, comme une petite lumière toujours en toile de fond. C'est un observateur silencieux qui nous rappelle que nous avons pris refuge dans les trois joyaux. C'est un guide invisible et omniprésent. Le "rappel" c'est très important.
Pourquoi les mêmes souffrances reviennent t'elles systématiquement dans notre vie ? Pourquoi cette impression qu'on ne va jamais y arriver et jamais être heureux ? Comment faire cesser cette souffrance récurrente qui se dissimule sous des situations quotidiennes, tellement anodines, qu'on est tenté de chercher une réponse matérialiste ?
La vraie réponse, le bouddhisme la fournit. Mais il n'oblige personne à l'entendre.
Le bouddhisme ne fournit pas un modèle de comportement serein qu'il nous faudrait adopter à tout prix sous peine d'être catalogué dans l'apitoiement. L'apitoiement, s'il persiste, n'est que le signe qui témoigne du fait que nous n'avons pas encore atteint le stade d'apparition de la joie sans objet. C'est un indicateur comme les autres. Faut pas en faire un objet de répulsion, ni culpabiliser à son sujet.
Apitoyons nous joyeusement sur notre sort !

Ca soulage. Et au moment où nous sommes convaincus d'être au plus mal, un grand apaisement pourra apparaître. Nous aurons cessé de lutter contre ce qui n'était qu'une simple conséquence de choix antérieurs.
Post Edit
En même temps, vu que je ne suis pas un maître bouddhiste, je ne donne que mon avis personnel à des gens qui peuvent s'en passer. Que ce soit bien clair...
