Bonjour Yves
Du point de vue bouddhiste, ce texte parle de "vacuité d'altérité". C'est à dire, une "absence" de quelque chose. En l'occurrence, une absence de pensées. Ce n'est pas la vacuité telle que l'envisage le bouddhisme. La vacuité bouddhiste est l'absence "d'en-soi" des phénomènes. Et on ne la réalise pas aussi simplement qu'en arrêtant les pensées. Au mieux, si on "saisit" l'absence de pensées, en y voyant une présence silencieuse par exemple, on risque de finir piégé dans les états du sans-forme. C'est ce qui arrive paraît-il à certains pratiquants du Zen qui confondent "vacuité" et "absence de pensées".
Alors, comme l'a fait remarquer Compagnon et comme tu l'as remarqué toi même, Yves, il y a de nombreuses similitudes entre la méthode proposée par Monsieur Salim Michael et la méditation
vipassana. Toutes les deux requièrent au préalable le calme mental stable (
samatha) et font appel à l'attention (
sati). Toutes les deux observent des apparitions et des disparitions (les pensées, pour SM - les phénomènes, pour
vipassana).
Mais quand on arrive dans cet état de non-pensée, où les pensées s'apaisent, ce que SM prend pour une présence divine (car c'est de bien ça qu'il s'agit hein ?) est en réalité
prajna, la sagesse transcendante, qui commence à s'élever. Si on réifie
prajna, si on en fait "l'objectif divin" enfin atteint, on
consolide le soi qui observe ! Il y aura "nous" et "la Présence" ! Tu comprends ?
On va faire éventuellement une tentative pour s'y fondre, à la manière des hindouistes.
Alors que si on reste dans une démarche bouddhiste,
prajna (la présence silencieuse), va aider à intensifier
vipassana (la vue pénétrante) et à voir de mieux en mieux l'impermanence des phénomènes. Y compris l'impermanence de
prajna elle même parce que
prajna, elle aussi, apparaît et disparaît. Et ce faisant, on va réaliser que
notre propre présence, à nous aussi, est
impermanente. Et là, on ne va pas essayer de
fusionner notre présence impermanente, avec la présence silencieuse impermanente ?!

on va plutôt comprendre que ni l'une, ni l'autre, n'existent "en soi"... Qu'on a beau les chercher, ultimement, on ne trouve rien : ni présence silencieuse, ni observateur.
Pourtant, les deux sont bien là. 
Mais ils n'existent pas "en soi". Ils apparaissent en dépendance. On aura réalisé la vacuité des phénomènes
et de la personne.
Alors que Monsieur Salim Michael s'arrête au constat de la présence, et remplit alors son coeur d'admiration et de vénération. Mais à ce stade, la voie bouddhiste consistera à plonger dans les absorptions, pour "vider" les phénomènes mentaux qui subsistent encore. Sans s'arrêter aux jhanas du sans forme qui, effectivement, sont ressentis, pour certains d'entre eux, comme une conscience infinie et paisible. <<metta>>
A mon avis, Salim Michael, aurait pu être l'un des deux maîtres du Bouddha, les brahmanes Arada Kalama et Udraka Ramaputra, qui maîtrisaient les septième et huitième jhanas.
