Forum Bouddhiste Dhamma

Bonjour

Vous arrive t-il parfois, au sortir d'un moment de méditation, de n'être pas du tout dans un état apaisé mais au contre irritable, stressé ?

Personnellement, parfois, peu souvent heureusement, cela m'arrive, après 30 a 45 minutes de méditation au lieu d'avoir gagné en calme et sérénité, je suis irritable, facilement agressif. Cela m'a fait le coup hier après 15 minutes de marche méditative et 30 minutes de méditation vipassana. Et je n'avais pas médité à l'heure habituelle.

Cela me fait aussi parfois le même effet que ce soit avec la méditation sur le souffle ou avec la Metta Bhavana.

Parfois je me dis que je suis peut être "sorti" de la méditation trop vite, d'ou une reconnexion avec l'environnement trop brutale et perçue comme une agression ce qui me rend irritable immédiatement mais je n'en suis pas certain.

Qu'en pensez vous ? Cela vous arrive t-il aussi ? Avez vous identifié la cause ?

Merci

Oui. C'est tout à fait normal.
En fait, c'est une idée fausse de croire que la méditation apaise systématiquement, ou transforme en bisounours.
Elle peut faire ça.... Mais elle fait bien plus.

La méditation drague ton esprit, un peu comme on va fouiller la vase au fond d'un fleuve. Ce qui remonte s'étale à ta conscience. Un peu comme si tu vomissais le poison que tu as ingurgité : tu sens une deuxième fois le goût dans ta bouche quand ça ressort.

Voilà pourquoi, entre autres choses, il peut y avoir un danger à pratiquer seul. Tu peux faire remonter des états toxiques oubliés, qui te posséderont.

Mais si tu as bien positionné samatha au départ, et que tu es dans la non saisie, ou encore, la bienveillance envers tes états mentaux (comme tu le dis dans un autre fil), l'état que tu as déterré va se dissoudre dans le ciel, comme un nuage qui se délite petit à petit.

Donc oui, c'est courant d'être mal à l'aise après une méditation. C'est un signe que la méditation fonctionne.
Ce qui ne veut pas dire que ça doit être systématique : tout dépend de ce qu'il y a tout au fond de ton fleuve, dans la boue où tu creuses.

C'est pour cela que dans un autre fil justement j'exprime le besoin de trouver maître/sangha

Je suis d'un naturel farouche et solitaire mais j'ai bien conscience par expérience qu'il m'est aussi nécessaire de fonctionner en groupe parfois.

Disons que, d'un naturel très sensible, j'ai été de trop nombreuses fois blessé par mes relations avec autrui pour ne pas être très prudent, tout en ressentant quand même de temps à autre le besoin de compagnie. Une compagnie autre que celle de ma compagne et de mon fils, et ce même si nous nous entendons remarquablement bien ma compagne et moi.

Ce qui "remonte" doit être subconscient car hier je n'ai pas souvenance d'avoir observé des choses négatives durant ma méditations. Peut être est ce simplement l'effort mental que cela représente qui m'a épuisé nerveusement d'ou mon irritabilité ensuite. La méditation Vipassana est réputée être un outil puissant, et d'expérience je confirme que c'est le cas, j'en use avec parcimonie car pour un débutant elle peut être très déstabilisatrice de différentes manières et imprévisible sur ce point.

Je rajoute une remarque sur samatha.
On nous dit que samatha, c'est calmer l'esprit, jusqu’à ce que les impuretés qui tourbillonnent se déposent au fond. On retrouve souvent l'image du verre d'eau boueuse, qui devient clair une fois que tout est retombé au fond en laissant reposer quelques temps.

Alors, d'où vient l'agitation ?
De par mon expérience personnelle qui n'est pas forcément généralisable, je dirai :

- Dans le verre calme, des bulles remontent. Elles proviennent de la décomposition de la vase du fond qui, même si elle s'est déposée au fond, continue de fermenter ! L'avantage de samatha, c'est que les bulles de gaz toxiques qui remontent, on les voit clairement. Et c'est une aide formidable pour ne pas s'y identifier.

- Avec vipassana, on va aller fouiller la vase ! Vaut mieux être prêt et avoir un samatha bien stable. Surtout si on va fouiller du côté du chakra secret. Chaque fois qu'on pose sati sur une sensation, ou une perception, on remue un peu de vase. C'est mécanique.

- On peut rester sur Samatha et faire un vipassana "de surface", en essayant d'entretenir des états mentaux paisibles. On appelle ça généralement de nos jours : "méditation de la pleine conscience". C'est apaisant, curatif pour beaucoup de maladies. Mais ça ne conduira pas à l'éveil.

Pour approcher de l'éveil, à mon avis, il faut décrasser tous les canaux, appliquer sati aux choses les plus désagréables et dérangeantes, plonger dans la m... et accepter d'y baigner, saturé par l'odeur des remontées d'égouts... De la bienveillance oui. De la complaisance, non.

Attention de ne pas être emportés par les états toxiques. C'est parfois très rapide. Donc, vaut mieux progresser lentement comme indiqué dans ce fil : http://www.forum-bouddhiste.com/viewtopic.php?f=91&t=9225 et toujours avec samatha en toile de fond.

Je vais y réfléchir... Merci. Rallonger la période d'apaisement et raccourcir celle d'observation.