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Deux fois la même expérience curieuse, une identification ?
Publié : 19 avril 2016, 08:42
par Voyageur
Bonjour 
Voila, le 28 janvier dernier et hier soir le 19 avril, j'ai fait l'expérience d'un même ressenti curieux, bizarre. Le premier je ne l'avais pas bien compris mais le second un peu mieux je crois. Je vais les décrire plus bas. J'ai lu qu'en pratique il ne faut pas s'attacher à ce genre d'expérimentation plus que cela, ni les rechercher plus que cela. Mais c'est un ressenti tellement curieux que j'ai besoin de le partager, surtout que c'est une sensation drôle, c'est sympa de partager quelque chose d'agréable je trouve, voir si quelqu'un a déjà ressenti la même chose, si ce ressenti c'est juste moi qui part en sucette ou si cela a une "signification", si c'est identifier dans la pratique du bouddhisme. J'ai vu qu'en 2500 ans d'histoire la "science" de la pratique bouddhique a identifier et nommé tout un tas d'expériences et j'aimerais savoir si ce ressenti que j'ai eu a été identifié ou pas, merci d'avance.
La première fois :
Le 28 janvier au soir, il m'est arrivé quelque chose de bizarre, en faisant bêtement la vaisselle. Je crois que je ne pensais à rien de particulier, si ce n'est à la vaisselle. Il me semble que j'essayais de "faire uniquement la vaisselle. Et rien d'autre. "Quand tu marche, contente toi de marcher, quand tu manges contente toi de manger". Et là j'ai trouvé amusant le fait de tenir une grosse casserole au bout de ma main droite, c'est difficile à expliquer, c'est comme si le fait que ma main se prolonge pas le bord de la casserole avait quelque chose de drôle, j'ai souris, j'ai commencé même à faire bouger la casserole au bout de mes doigts, la tourner dans un sens, dans l'autre, jouer avec quoi. Doucement. Je n'arrive pas à définir ce que je trouvais amusant dans le fait que ma main se prolonge par une casserole, mais j'ai pourtant ressenti un amusement. Pas très fort mais réel. Une petite bouffée totalement incongrue.
La seconde fois :
Hier soir, 18 avril : après recopiage et notes personnelles sur un texte bouddhiste et découverte d'un texte soufi sur le mouvement et la vie, je contemple mon bol de thé au creux de ma main et je l regarde en cherchant à ne plus voir ce bol comme des éléments séparés, son contenu et son contenant, alors je gomme aussi la séparation avec ma main et je ris alors car j'ai soudain l'impression que ce bol dans la paume de ma main en cet instant est une extension de ma main, elle n'est pas « séparée » de ma main, c'est tellement incongru de voir les choses ainsi que je ris, c'est très drôle cet bol au bout de ma main, posé dans le creux de ma main. Là je crois que je commence à comprendre pourquoi je souriais en janvier. La casserole au bout de ma main comme une extension de ma main, c'était comique. Incongru donc comique.
Curieux non.... ?
Re: Deux fois la même expérience curieuse, une identificatio
Publié : 19 avril 2016, 10:40
par ted
Bonjour Voyageur
Il y a une première chose familière dans ton expérience : la bouffée de joie "sans objet".
Cette joie sans objet est un signe de progression qui apparait spontanément, au détour d'activités parfaitement anodines. On se sent un peu con, c'est sur...

Mais ne t'inquiètes pas.
Pour le reste, laisse le ressenti s'installer. A trop vouloir le commenter, tu risques de t'en "saisir" et de t'attribuer des facultés particulières qui risquent de te détourner de ta quête.
Re: Deux fois la même expérience curieuse, une identificatio
Publié : 19 avril 2016, 11:08
par Voyageur
@Ted : la "bouffée de joie" "sans objet" je l'ai déjà ressenti aussi à un autre moment simplement en me promenant dans la rue il y a quelques mois. C'était vraiment sans objet, aucun motif, je n'avais rien de particulier en tête à ce moment là.
Là dans ce que je décris c'est un peu différent. Dans le sens ou pour la seconde expérience je chercherais à faire quelque chose en regardant mon bol de thé, j'essayais de changer mon regard, ma perception des choses. Donc un acte délibéré, dans une démarche intellectuelle et spirituelle réfléchie.
En fait je réfléchissait hier soir sur la définition de la vie comme mouvement, sur le fait que tout est en mouvement, qu'il n'y a que des immobilités apparentes. C'est en cherchant d'ailleurs là dessus que je suis tombé sur un texte soufi qui, sans être en parfaite concordance avec le discours bouddhiste, avait plusieurs points de connexions semblables. C'est en essayant de voir mon bol non plus comme un objet solide immobile apparemment mais comme constitué de plein de petites particules en mouvement, comme ma main, que j'ai automatiquement dérivé vers l'interconnexion de toute chose, que tout est mouvement en permanence, que rien ne s'arrête jamais. Et c'est là que j'ai commencé à ne plus voir la bol et ma main comme distincts, ce qui m'a fait rire.
Je sais que c'est très intellectuel tout cela ne t'inquiètes pas
Je suis quelqu'un de profondément intellectuel, mais je travail à ne pas me fier qu'a cela, à développer justement mon ressenti par la méditation par le souffle et la marche méditative, en complétant pas la méditation vipassana.
Pour le moment je ne crois pas être trop touché par le fait de "m'attribuer" des facultés particulières. C'est plutôt un besoin spontané de partagé quelque chose de joyeux avec d'autres.
Par contre... je suis quelqu'un de particulier, j'ai un profile de personnalité et de fonctionnement mental particulier, j'ai un QI supérieur à la moyenne, vérifié par test officiel il y a quelques années. Donc je ne peux faire autrement que "vivre" ma façon d'être particulière par rapport au reste des gens. C'est vrai que parfois je trouve vraiment les gens "stupides" autour de moi, je ne comprends pas qu'ils fassent certaines erreurs tellement il est évident qu'il vont aller dans le mur. Mais cette sur efficience mentale est aussi un fardeau, un poids, souvent beaucoup de souffrance, d'incompréhension. Je ne te parle même pas au niveau professionnel. On m'a demandé de partir de mon dernier emploi parce que j'étais d'une "bienveillance prosélyte" excessive vu le contexte professionnel... qui était en l’occurrence une école primaire ! Ironique non ? 
Et justement le bouddhisme m'apporte beaucoup de choses qui me permettent de petit à petit me défaire de cela. Les HQI sont rarement des gens heureux. Parfois il donnent l'impression d'être suffisants, condescendants, voir méprisants avec les autres mais comment réagirais tu si ton esprit fonctionnait à 300kmh et que tout le monde autour de toi fonctionnait à 100 ?
D'ailleurs j'ai noté hier en allant sur le site de l'association Mansa qu'ils avait un section spécialement consacrée au bouddhisme.
Et cela fait un bon moment que je me dis que la méditation (sans forcément tout le discours spirituel derrière) peut être très utile pour aider les HQI à corriger leurs problèmes émotionnels.
Peut être est ce justement cette souffrance morale plus grande chez moi ou du moins inconnue de la plupart des gens, parce que je fonctionne différemment, qui m'a sensibilisé au dharma. En plus j'ai eu de sérieux problème d'ego au sens psychanalytique, d''estime de moi. Plutôt dans le négatif. Donc pour le moment je ne suis pas trop tenté par le fait de m'attribuer quoi que ce soit. Même si je reconnais la possible existence d'une pareille tentation 
Re: Deux fois la même expérience curieuse, une identificatio
Publié : 19 avril 2016, 11:33
par ted
Ok.
Cette quête existentielle va absorber toute la puissance de tes facultés intellectuelles. Pascal s'y est essayé avant toi. Ca a donné une oeuvre superbe. Tu vas découvrir des vérités ignorées du commun et tu vas te sentir proche de grands penseurs philosophiques et de grands scientifiques qui ont eu des intuitions géniales. Mais à mon avis, tout ça va nourrir ton égo. Même si tu trouves le moyen de voyager dans le temps. Tu vois ce que je veux dire ?
C'est ton quotient émotionnel (et non intellectuel) que tu devrais améliorer, à mon avis, sinon tu n'aurais pas eu ce problème relationnel à ton travail. Tu peux y arriver en développant la Bodhicitta (l'esprit d'éveil).
Ce sutta est très instructif. Il parle des fruits de la vie contemplative. Il est assez long, mais ça vaut le coup de le lire jusqu'au bout :
https://btr2010.wordpress.com/2012/05/2 ... emplative/

Re: Deux fois la même expérience curieuse, une identificatio
Publié : 19 avril 2016, 12:03
par Flocon
Les micro-expériences du type de celle que tu décris devraient, normalement, se multiplier avec le temps, puis disparaître : en principe, la méditation permet de repérer des phénomènes psychiques déjà présents dans la conscience auxquels on ne prêtait pas attention, puis de s'en détacher.
Il y a longtemps que tu pratiques la méditation?
Re: Deux fois la même expérience curieuse, une identificatio
Publié : 19 avril 2016, 12:20
par Voyageur
J'ignore si je ferais tout cela, il serait temps j'ai bientôt 41 ans ! XD
Concernant l'émotionnel, je précise car tu ne peux pas savoir, c'est bien justement un problème, mon émotionnel était débordant et envahissant jusque là.
Ce qu'il faut savoir c'est que les personnes à QI élevé sont soit assez froide, soit au contraire avec un niveau de maturité affective/émotionnel en décalage profond avec le niveau de maturité intellectuel, à savoir qu'ils sont capables de réfléchir à des niveau élevé, mais au niveau affectif en sont encore au niveau de l'enfant.
D’où un décalage énorme qui provoque des souffrances. Si l'on prend des cas un peu extrêmes comme Einstein, Steve Jobs, Mozart ou Tchaïkovski par exemple, Einstein pouvait être parfois émotionnellement très froid, Steve Jobs était réputé pour ses sauts d'humeur , ses colères ahurissantes de violence tant il était perfectionniste pour des choses insignifiantes, Mozart était un génie de la musique mais avait un comportement affectif typique d'une enfant encore dans le pipi caca ce qui était socialement assez déroutant et Tchaïkovski avait enfant de la musique qui s'imposait dans sa tête, il ne pouvait faire taire cette musique qui se composait d'elle même dans sa tête au point de supplier sa mère de faire taire cette musique tant il souffrait, et en même temps souffrait d'un délire de la persécution, persuadé que de parfaits inconnus le haïssait ou qu'il inspirait du dégoût. C'était des génies par simplement de hqi, je ne me compare pas à eux évidemment, même si c'est Einstein qui a contribué chez moi à trouvé pertinent le discours bouddhiste sur les dieux.
Je suis loin d'être pur intellectuel, justement la méditation m'a permis de calmer mes émotions débordantes, de ne pas m'épuiser à les canaliser pour ne pas qu'elle déborde de moi. Trouver l'équilibre entre une sureficience intellectuelle et une émotivité instable c'est justement la soucis premier.
J'ai aussi beaucoup creusé la question de l'empathie, et là aussi c'est très paradoxal, d'un coté je suis très sensible à la contagion émotionnelle, même au niveau des mouvements du corps, de l'autre mon coté excessivement sincère et honnête peut passé pour de l'insensibilité. Hors j'ai horreur de faire souffrir autrui. Cela fait très longtemps, bien avant ma découverte du bouddhisme, que pour moi faire souffrir l'autre c'était le boomerang assuré, je me sentais excessivement mal à chaque fois.
On m'a appris aussi la méditation metta bhavana mais j'ai du mal à la maîtrisé. Je sais qu'il faut équilibré le tout, sérénité, compréhension, compassion après... ce n'est pas simple. J'en suis conscient.
J'avais trouvé très drôle un texte du Dharma de la Forêt ou un moine expliquait qu'il chercherait à apprendre la patience en se mettant dans la tête des buffles d'eau qu'il observait à longueur de journée car pour lui ces animaux étaient ceux dont l'apparence était la plus stupide au monde. Alors il essayait de savoir à quoi ils pensaient en mâchonnant leurs herbes et ce à longueur de journée...
En tout cas merci de ta sollicitude

Re: Deux fois la même expérience curieuse, une identificatio
Publié : 19 avril 2016, 12:27
par Voyageur
Flocon a écrit :Les micro-expériences du type de celle que tu décris devraient, normalement, se multiplier avec le temps, puis disparaître : en principe, la méditation permet de repérer des phénomènes psychiques déjà présents dans la conscience auxquels on ne prêtait pas attention, puis de s'en détacher.
Il y a longtemps que tu pratiques la méditation?
C'est ce que j'ai cru comprendre en effet. Environ 1 an. J'essais tous les jours, avec plus ou moins d'efficacité. J'ai déjà au début ressenti des choses très "puissantes", 2 ou 3 fois au tout début. C'est Milarépa je crois qui a écrit cette phrase magnifique de concision "Au début rien ne vient, au milieu rien ne reste à la fin rien ne s'en va".
@Ted : j'oubliais j'ai un texte tibétain qui énumère les "démons" qui menacent le moine au fur et à mesure de son cheminement, c'est instructif, utile comme mise en garde 
Mais merci quand même : "attache toi au sage qui réprouve tes fautes" 
Re: Deux fois la même expérience curieuse, une identificatio
Publié : 19 avril 2016, 12:33
par Dumè Antoni
Les artistes (musiciens, sculpteurs, peintres...) ont aussi remarqué (depuis toujours) que l'outil est le prolongement de la main. Bon, d'accord, une casserole pendant qu'on fait la vaisselle n'est pas réellement un outil artistique, quoique... En tout cas, ton expérience t'ouvre sur les dimensions de ton corps, dimensions que tu ignorais peut-être à cause de ta "cérébralité" un peu excessive (corroborée par un QI supérieur à la moyenne) qui te coupait peut-être un peu trop des sensations. C'est une bonne expérience et si elle t'a rendue heureus(e ?), c'est toujours bon à prendre. Cela étant, il faut savoir qu'une véritable expérience bouddhique n'est pas limitée aux sensations, mais dans ton cas, cela peut être particulièrement positif, parce que, justement, les sensations étaient peut-être un peu (trop ?) négligées...
Re: Deux fois la même expérience curieuse, une identificatio
Publié : 19 avril 2016, 12:45
par Flocon
Au bout d'un an de méditation, je crois que ce genre de chose est courant. Je ne me souviens plus au bout de combien de temps ça m'est arrivé, mais il me semble que c'était à peu près pareil. Tu verras bien, chaque cas est différent.
Re: Deux fois la même expérience curieuse, une identificatio
Publié : 19 avril 2016, 12:52
par Voyageur
@Dumé Antoni : non pas négligées les sensations plutôt rejetées, étouffées au possible car très très puissante, un émotionnel envahissant, douloureux et épuisant.
Et c'est heureux
Sexe masculin. Enfin en ce moment XD
"Véritable expérience bouddhique" je ne sais pas trop ce que c'est...
@Flocon : oui c'est ce que j'ai cru comprendre, pas vraiment de généralisation possible.