Page 1 sur 5

Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 10 février 2013, 15:05
par Dharmadhatu
anjalimetta Copier/coller pour mettre en exergue un post noyé dans un fil et malgré tout utile:

:D Pour les personnes intéressées, voilà en gros un type de méthode analytique employé par les pratiquants du vipashyana mahayaniste permettant d'aboutir à une cognition infaillible de la validité du karma qui peut fonctionner sur plusieurs existences au sein d'un seul et même continuum conscient (ce qui est conforme à l'enseignement du Bouddha):

:arrow: Quand un individu expérimente telle situation, agréable comme gagner au loto, ou catastrophique comme un bébé rwandais qui se prend un coup de machette, on peut se poser les questions suivantes pour procéder par élimination:

- est-ce qu'une situation arrive sans causes ? C'est le hasard ou encore la faute à pas de chance ?
- si une situation est causée, quelles sont les causes hypothétiques ?
-> une cause divine ?
-> le fatalisme ou encore le déterminisme absolu (l'opposé du hasard) ?
-> ou bien il s'agit du résultat d'un acte antérieurement posé par ce même individu (analogies perceptibles bien que limitées: comme dans le cas d'un coeur solide dans le corps d'une personne qui a pratiqué le sport ou comme dans le cas d'un cancer du poumon chez quelqu'un qui a fumé pendant des années) ?

Si on envisage les réponses éventuelles une à une, il est important d'aller au bout du raisonnement et alors de choisir la solution qui offre le moins de prise aux incohérences.

:arrow: Ensuite, si on s'interroge sur la possibilité d'une continuité d'un être parce qu'on a écarté les autres possibilités que le karma (qui opère sur la continuité), on peut tous faire l'expérience de cette continuité: je suis la personne qui a écrit ce post. Si à la fin de ce post j'écris des mots punis par la loi, ce n'est pas quelqu'un d'autre qu'on poursuivra (à moins de faire une grave erreur judiciaire), mais celui qui a écrit le début du post, le milieu du post et la fin dudit post.

D'ailleurs le post lui-même n'est qu'une continuité. De même qu'une phrase ou qu'un mot etc....

Donc si nous sommes des gens sensés et au clair avec ce qu'ils vivent conventionnellement au quotidien, la continuité existe.

:arrow: Ensuite, est-ce qu'un individu peut avoir une continuité qui surpasse les limites assignées de cette existence présente ?

Là, il faut se poser la question de savoir ce qui permettrait ça: il faut observer directement la nature de sa conscience qui est au-delà des concepts, et voir si cette nature est similaire à celle du corps puisqu'un effet et sa cause substantielle doivent partager une nature similaire (= une graine de courge donne une pousse de courge).
- Si elle est similaire, alors en effet, le corps matériel peut engendrer cette conscience.
- Si elle n'est pas similaire, alors le corps matériel ne peut être la cause substantielle de la conscience claire et connaissante. Il faut alors se poser la question de savoir ce qui peut engendrer l'instant actuel de clarté cognitive à part un instant antérieur de clarté cognitive. Etc. etc...

Si, comme le rappelle Dharmakirti, on établit des raisonnements sur des constats valides (comme celui de la nature de l'esprit et de celle du corps) et que ces raisonnements emploient des syllogismes valides (impliquant les trois modes: la propriété du sujet et les deux subsomptions), alors il est possible d'arriver à des inférences valides, l'un des deux types de cognition valide.

Bien qu'il existe des méthodes méditatives, surtout dans le corpus du Bouddhisme tantrique, permettant d'expérimenter le souvenir de cette continuité allant au-delà des limites actuelles visibles, l'inférence valide doit pouvoir se suffire à elle-même jusqu'à ce que le pratiquant obtienne des états de réalisation élevés permettant la connaissance directe de cette continuité. Au sein du Mahayana, il existe des descriptions de ces types de connaissances dans le continuum conscient d'un Bouddha.

FleurDeLotus

Re: Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 10 février 2013, 15:24
par Shakhyam
Bonjour, Bonsoir,

Puisque même les Team Nangpa, pour emporter l'adhésion à tous prix, se permettent de déverser leur prose sur plusieurs endroits à la fois (il parait que c’est interdit par la Charte…), et qui plus est, sous un titre pompeux… je fais parvenir, à toutes fins utiles, la réponse qui s’impose

Re: Le Karma existe-t-il ?
de Shakhyam » Dim 10 Fév 2013 12:18
FA, Dharma,

« Si nous parvenons a établir des relations conventionnelles de causalité, malgrès l'impermanence c'est que cette causalité est valide jusqu'à un certain point. »

Jusquà un certain point ! c’est la quintessence du problème. Si on considère la perception simultanée des vérités ultimes et conventionnelles, nous devrions être amenés à en entrevoir l’unité en même temps que la séparabilité possible (j’emploie ce terme sciemment car toi-même pose l’individu comme une des bases de l’évolution) – Il faut donc accepter l’ordre du Réel ou de l’Esprit UN qui logiquement inclut toutes les données particulières et les poser comme des épi-phénomènes au sein de ce réel avec leur causalité propre.

La difficulté c’est que chaque individu a tendance à se penser « centre du monde », créateur de ses propres valeurs sensibles et, par conséquent néglige (carrément oublie) les valeurs supra-sensibles (paramitas) de nature transcendentales et ultimes qui bien souvent lui font obstacle.

Si la transmigration (que ton complice D.. nous dit ne pas être bouddhiste) est assimilable à l’évolution avec ses gènes quasi-immortels (comme tu le prétends) notre discussion est close et ce pour deux raisons :

- La mort, terme de notre existence actuelle, a disparu
- Seul demeure la vérité ultime de l’Esprit UN

L’évolution étant considéré comme la base du changement, il faut la rechercher et la constater au plus profond et admettre que la mort n’est qu’un changement parmi d’autres qui intervient conventionnellement quand nos cellules ne se renouvellent plus. Ce processus est l’aboutissement causal d’un ensemble de conditions (que je n’ai jamais nié) au sein d’un « étant » particulier mais en tant que tel n’est que la concrétisation d’une règle universelle : l’apparaître/disparaître elle-même image de l’incertitude foncière (vacuité)

Cette évolution étant d’ordre naturel et normatif avec les règles morales dont tu fais état, nul besoin du Bardo Thodol et de ses cérémonies pour « améliorer » une hypothétique naissance à venir qui de toute manière se reproduirait avec les mêmes éléments mais dans une combinatoire différente, puisque la mort a disparu et n’est plus qu’un évènement aléatoire comme tant d’autres.

Le Karma n’est donc qu’une notion sur-ajoutée pour donner corps à un art de vie qui, devenant une religion superstitieuse, a oublié la simplicité de la présence à soi dans des cérémoniels où se côtoient l’illusion d’une continuité de conscience, des périodes intermédiaires (bardo) et des mérites accumulés vers un Nirvana choséifié issu d’un processus de fabrication mentale qui précisément font obstacle à sa « présence » vécue ici et maintenant.

Il suffit d’ailleurs de lire, attentivement ou pas, les préconisations de Dharma dans son article du 9 Février à 9 h.35 pour constater combien ses méthodes – oh combien rationnelles – sont des freins à la pratique méditative et résulte d’une exacerbation du cerveau frontal, du cortex et néo-cortex au détriment d’un « lâchez-prise » que la pratique de zazen permet de vivre en profondeur, en deçà et au-delà d’une rétribution hypothétique conventionnelle ou ultime.

D’ailleurs, ne le dit-il pas lui-même en reconnaissant, je cite : « l'inférence valide doit pouvoir se suffire à elle-même jusqu'à ce que le pratiquant obtienne des états de réalisation élevés permettant la connaissance directe de cette continuité. » - L’inférence valide ( !?!?!?!) est une construction mentale qui jamais ne mènera à l’Eveil car soumise à des critères normatifs conventionnels alors que l’extrapolation à l’Esprit UN, accès immédiat au Réel qui n’est que réel, en permettra le déploiement (l’éveil) par un acte de foi, irrationnel au premier abord mais qui se révèlera, en fait, abandon de l’Ego et ses constructions intermédiaires parasitaires.

Ainsi zazen sera zazen et notre nature de Bouddha réalisée par un Satori sans surprise puisque toujours déjà-là sans sollicitation pathologique d’une continuité factuelle ni d’accumulation de mérites, certes existants quotidiennement mais que cependant l’analyse réduit à une danse d’éléments perpétuellement changeants que seule la crainte fantasmée d’une mort illusoire essaie de perpétuer… en vain.





FleurDeLotus Butterfly_tenryu

Re: Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 10 février 2013, 16:03
par Dharmadhatu
:D Salut Shakhyam, juste des questions simples:


Une construction mentale ne peut-elle jamais mener à l'Eveil ?

Sais-tu ce qu'est un syllogisme valide ?

Pour toi, si la souffrance existe, c'est dû à quoi ?

L'inférence valide et l'esprit un ne sont-ils pas complémentaires ?

Ce post que tu viens d'écrire est-il totalement dénué d'inférences ?


J'aimerais des réponses simples si possible. Merci, car à partir de tes réponses nous pourrons effectivement voir si ton post fait autorité ou non pour remettre en question tout un pan de la tradition bouddhiste.

FleurDeLotus

Re: Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 10 février 2013, 16:47
par Dharmadhatu
:D Finalement, tu peux laisser tomber les réponses parce que Laum m'a déjà répondu indirectement en rappelant que la réflexion n'est pas étrangère au Zen. L'autorité de moine zen de Lausm comble mes attentes.

Merci quand-même.

FleurDeLotus

Re: Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 10 février 2013, 18:20
par Shakhyam
Dharma,

De toute manière, ce n’est pas la question posée !

Il est tellement plus simple de se contenter des réponses non formulées d’un moine lambda que de réfuter des arguments avec lesquels on est en désaccord, ce qui démontre à l’évidence ton incompréhension radicale.

Sais-tu au moins que le zen, par principe, se situe au-delà… au-delà des réponses possibles dans la mesure où en attendre est le meilleur gage de n’en avoir jamais.

Mais chacun se contente du niveau qu’il peut atteindre n’est-ce pas ? tu en es l’exemple incarné. Félicitations !





FleurDeLotus Butterfly_tenryu

Re: Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 10 février 2013, 20:07
par ted
Shakhyam, qu'est ce que tu appelles un moine Zen "lambda" ? :cool:

Re: Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 11 février 2013, 11:41
par Shakhyam
Ted,

Je me référais à cette phrase :

J'ai entendu Tokuda commenter le Shobogenzo, mais ayant eu inspiration d'un commentaire qu'il avait eu d'un sutra d'un maître du bouddhisme Hogen, qui l'a éclairé sur une façon de pouvoir lire Dogen en lui donnant un autre angle.


parue dans un post sur Ku-Vacuité et sur laquelle un intervenant a sauté, comme la pauvreté sur le monde, alors qu'elle m'apparaît extrêmement emberlificoté tout en ne disant rien sur cette inspiration, cet éclairage et cet autre angle...




FleurDeLotus Butterfly_tenryu

Re: Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 11 février 2013, 11:53
par ted
Ah !
cool...

Re: Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 11 février 2013, 16:11
par Dharmadhatu
Shakhyam a écrit :Il est tellement plus simple de se contenter des réponses non formulées d’un moine lambda que de réfuter des arguments avec lesquels on est en désaccord, ce qui démontre à l’évidence ton incompréhension radicale.
anjalimetta Pour réfuter, il faut au moins avoir des arguments à se mettre sous la dent, mais jusqu'à maintenant, avec toi, on a un dialogue de sourds; et puis Lausm est plus fiable, entre autres parce qu'il n'a pas peur de répondre quand on lui pose des questions.

Pour ce qui est de l'inférence valide, Nagarjuna l'emploie à juste titre. Si tu doutes que ses traités dialectiques comme le Madhyamakashastra utilisent l'inférence valide, sache qu'il a composé un traité qui porte le sceau de l'inférence dans son titre: Yuktishashtika.

Tu emploies toi aussi des raisonnements à longueur de fils, c'est pourquoi il est permis de s'étonner de l'incohérence d'un point de vue contraire à l'inférence chez quelqu'un qui l'emploie pourtant.

Mais je n'ai pas envie de faire la gué-guerre aujourd'hui, c'est le Nouvel An tibétain, alors bonne continuation à toi.

FleurDeLotus

Re: Examen analytique du karma et des renaissances

Publié : 11 février 2013, 21:10
par Shakhyam
C'est une bonne décision !

Pas seulement pour aujourd'hui !




FleurDeLotus Butterfly_tenryu