L’omniprésent levain de la complexité croissante»
Publié : 07 août 2020, 05:24
L’omniprésent levain de la complexité croissante»
Sur des centaines de milliers d’années, après le Big Bang, des objets de plus en plus complexes sont apparus : la voie lactée et les planètes, les premières cellules de vie, le sexe, les organismes pluricellulaires, l’oxygène, puis les espèces avec les premiers poissons, les reptiles, les insectes, les plantes et les fleurs. Il y eut ensuite la catastrophe de la percussion de la Terre par un astéroïde géant, la disparition des dinosaures, l’apparition des primates, le singe, l’homme. Puis, de plus en plus complexe, le développement du cerveau… De paliers en paliers, l’évolution du vivant a eu lieu, comme poussée de l’intérieur par «l’omniprésent levain de la complexité croissante» dit Hubert Reeves. Cette poussée vers un «plus» de vie tire parti des hasards. Quoiqu’imprévisibles, les événements issus du hasard entrent dans une progression comme si le programme d’une complexité croissante était déjà là, en germe, au tout début de l’univers, ce qui fait dire au physicien F. Dyson : «L’univers savait quelque part que l’homme allait venir» [Les dérangeurs d’univers, Payot, 1987].
Espace intérieur et extérieur
Alors, l’univers est-il un «hasard ou une nécessité» ? L’expression de Monod pèche par trop de dualisme. Et si la logique de l’univers ne se conjuguait pas en «ou», mais en «et» ? Et si on disait hasard ET nécessité ? Si on disait hasard ET nécessité, on se trouverait tout simplement dans une vision non-duelle des choses. Au même titre qu’une voie spirituelle, il peut y avoir une voie scientifique, pourvu qu’elle nous mène vers un changement. Cela peut être un élargissement du cadre de notre représentation dela réalité. Cela peut aussi être un changement de croyances et de vision.
Ainsi, dans la physique quantique, il existe à la fois une chose et son contraire [puisque l’électron est à la fois onde et particule]. Ce sont deux possibilités en apparence inconciliables : comment peut-on être à la fois une chose ET son contraire ? Il n’y a pas de comment. C’est comme cela. Une chose Et son contraire peuvent exister simultanément. Le Tao l’avait déjà admirablement énoncé. Mais pour que cette vison soit rendue possible, et que le réel devienne un peu moins opaque, il est nécessaire que le regard reçoive le réel d’un autre niveau que celui où il se situe habituellement. Cet autre niveau fait le lien entre l’information «un électron est une onde» et l’information «un électron est une particule», il va au-delà d’une vision qui choisit l’une ou l’autre proposition. Nous ne sommes évidemment pas habitués à ce type de vision qui demande de se déplacer intérieurement quelque part où les contradictions ne sont pas un problème…
Où est donc ce quelque part ? L’espace, s’il est cosmique et extérieur, n’est pas moins vaste à l’intérieur. Quelquefois, l’être humain peut faire une expérience d’ouverture intérieure. Elle se produit lorsque tout s’ouvre de plus en plus profondément en lui, par exemple grâce à l’amour, la création, la méditation, la concentration dans un travail, la pratique d’un sport, ou de toute autre chose, pourvu que la personne soit unie à ce qu’elle fait, sent, ressent et pense. Cette expérience de l’espace intérieur a lieu lorsque le cœur, le corps, l’esprit font un et que la coupure entre le «je» et le monde s’abolit. Elle peut se produire parfois à la faveur d’un hasard : une feuille qui tombe, un caillou qui roule, une étoile filante, le reflet d’un rayon de soleil dans l’eau, un chien qui aboie…
Il se peut alors que l’espace intérieur et extérieur soit non-séparé, et que l’un ou l’autre devienne soudainement, avec l’évidence d’un changement de point de vue radical : l’un EST l’autre…
Marie-Andrée Delhamende
https://www.agendaplus.be/index.php/be/ ... -l-univers
avec metta
gigi
(1) reprise dans «Origines»
(2) Cfr Lynne Mc Taggart
(3) in «Conversations avec le Sphynx», Albin Michel, 1991.
LIVRES
- Lynne Mc Taggart, «Le Champ», Editions Ariane.
- Trinh Xuan thuan, «Origines», Folio Essais.
- Hubert Reeves, «Intimes convictions», Editions Paroles d’aube.
Sur des centaines de milliers d’années, après le Big Bang, des objets de plus en plus complexes sont apparus : la voie lactée et les planètes, les premières cellules de vie, le sexe, les organismes pluricellulaires, l’oxygène, puis les espèces avec les premiers poissons, les reptiles, les insectes, les plantes et les fleurs. Il y eut ensuite la catastrophe de la percussion de la Terre par un astéroïde géant, la disparition des dinosaures, l’apparition des primates, le singe, l’homme. Puis, de plus en plus complexe, le développement du cerveau… De paliers en paliers, l’évolution du vivant a eu lieu, comme poussée de l’intérieur par «l’omniprésent levain de la complexité croissante» dit Hubert Reeves. Cette poussée vers un «plus» de vie tire parti des hasards. Quoiqu’imprévisibles, les événements issus du hasard entrent dans une progression comme si le programme d’une complexité croissante était déjà là, en germe, au tout début de l’univers, ce qui fait dire au physicien F. Dyson : «L’univers savait quelque part que l’homme allait venir» [Les dérangeurs d’univers, Payot, 1987].
Espace intérieur et extérieur
Alors, l’univers est-il un «hasard ou une nécessité» ? L’expression de Monod pèche par trop de dualisme. Et si la logique de l’univers ne se conjuguait pas en «ou», mais en «et» ? Et si on disait hasard ET nécessité ? Si on disait hasard ET nécessité, on se trouverait tout simplement dans une vision non-duelle des choses. Au même titre qu’une voie spirituelle, il peut y avoir une voie scientifique, pourvu qu’elle nous mène vers un changement. Cela peut être un élargissement du cadre de notre représentation dela réalité. Cela peut aussi être un changement de croyances et de vision.
Ainsi, dans la physique quantique, il existe à la fois une chose et son contraire [puisque l’électron est à la fois onde et particule]. Ce sont deux possibilités en apparence inconciliables : comment peut-on être à la fois une chose ET son contraire ? Il n’y a pas de comment. C’est comme cela. Une chose Et son contraire peuvent exister simultanément. Le Tao l’avait déjà admirablement énoncé. Mais pour que cette vison soit rendue possible, et que le réel devienne un peu moins opaque, il est nécessaire que le regard reçoive le réel d’un autre niveau que celui où il se situe habituellement. Cet autre niveau fait le lien entre l’information «un électron est une onde» et l’information «un électron est une particule», il va au-delà d’une vision qui choisit l’une ou l’autre proposition. Nous ne sommes évidemment pas habitués à ce type de vision qui demande de se déplacer intérieurement quelque part où les contradictions ne sont pas un problème…
Où est donc ce quelque part ? L’espace, s’il est cosmique et extérieur, n’est pas moins vaste à l’intérieur. Quelquefois, l’être humain peut faire une expérience d’ouverture intérieure. Elle se produit lorsque tout s’ouvre de plus en plus profondément en lui, par exemple grâce à l’amour, la création, la méditation, la concentration dans un travail, la pratique d’un sport, ou de toute autre chose, pourvu que la personne soit unie à ce qu’elle fait, sent, ressent et pense. Cette expérience de l’espace intérieur a lieu lorsque le cœur, le corps, l’esprit font un et que la coupure entre le «je» et le monde s’abolit. Elle peut se produire parfois à la faveur d’un hasard : une feuille qui tombe, un caillou qui roule, une étoile filante, le reflet d’un rayon de soleil dans l’eau, un chien qui aboie…
Il se peut alors que l’espace intérieur et extérieur soit non-séparé, et que l’un ou l’autre devienne soudainement, avec l’évidence d’un changement de point de vue radical : l’un EST l’autre…
Marie-Andrée Delhamende
https://www.agendaplus.be/index.php/be/ ... -l-univers
avec metta
gigi
(1) reprise dans «Origines»
(2) Cfr Lynne Mc Taggart
(3) in «Conversations avec le Sphynx», Albin Michel, 1991.
LIVRES
- Lynne Mc Taggart, «Le Champ», Editions Ariane.
- Trinh Xuan thuan, «Origines», Folio Essais.
- Hubert Reeves, «Intimes convictions», Editions Paroles d’aube.