Aide médical à mourir...

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cgigi2
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Bonjour à tous, j'ai vu aux infos qu'un dame de 100 ans qui souffre dans tout son corps demande l'aide à mourir pour que sa souffrance cesse enfin et on la lui refuse parce quelle n'a pas de maladie, la pauvre elle souffre d'une extrême vieillesse, ça se passe en France, au Québec nous avons l'aide à mourir, en Belgique, en Suisse, je me demande bien pourquoi la France ne s'y met pas ? En tant que Bouddhiste qu'en penser vous?

avec metta
gigi
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Floch
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Bonjour Gigi,

Lorsqu'on se fait opérer ou soigner une dent, on a une anesthésie, lorsqu'on a mal à la tête, on prend un doliprane, alors lorsqu'on sait que ce qui nous reste à vivre se fera dans une douleur physique croissante, lorsqu'on est en phase terminale ou qu'on est perclus de douleurs au terme d'une vie, on devrait pouvoir y mettre un terme en douceur, dans de bonnes conditions, entouré de ceux qu'on aime, puisque de toute évidence, il n'y a aura pas de possibilité de rémission. Voir un proche souffrir et être impuissant devant cette douleur a été une des expériences les plus douloureuses que j'ai du affronter. Tout ce qu'on souhaite à ce moment là, lorsqu'on sait qu'il n'y aura pas de meilleure issue, est cela prenne fin. Je pense que le monde est diversité, alors ce choix appartient à chacun, selon ses croyances, selon ses souhaits et sa capacité d'endurance, si il est bien entendu fait dans le respect de la personne. Donc oui, avoir la possibilité de le faire me semble une bonne chose.

Je ne connais pas la position du bouddhisme par rapport à cela, mais la pratique bouddhiste nous apprend à accepter ce qui est, car tout est éphémère; La dernière leçon de la vie sera de savoir y renoncer, la manière dont on le fait me parait sans réelle importance.
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axiste
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J’ai essayé de retrouver un ancien fil sur le sujet mais il y en a tellement...je me souviens qu’à propos de la douleur le bouddhisme souligne que la part mentale est importante et qu’en ce qui concerne l’accompagnement des fins de vie il est souhaitable d’apaiser la souffrance et les douleurs.
Voici un lien que j‘ai trouvé https://www.bouddhisme-france.org/la-fe ... fin-de-vie
jap_8
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Floch
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Merci Axiste. Je n'avais pas trouvé de position tranchée à ce sujet.
Je suis d'accord que la part mentale joue un rôle primordial dans la douleur physique. Néanmoins, c'est plus facile lorsque la douleur est provisoire et si on peut espérer une amélioration.

Je lis :
D’un point de vue légal, la loi Léonetti est satisfaisante et bien adaptée. En effet, les soins palliatifs, l’accompagnement des personnes en fin de vie, le soulagement de la douleur et surtout le non-acharnement thérapeutique conviennent parfaitement à l’éthique bouddhiste. Encore faut-il que cette loi soit vraiment connue et appliquée partout.
C'est en effet ce qui s'est passé pour ma mère lorsqu'elle est entrée en soin palliatifs. Un non acharnement thérapeutique et doses massives de morphine en attendant l'arrêt du coeur. Cela a quand même pris plusieurs semaines durant lesquelles elle ne semblait plus présente et souffrait encore beaucoup lors de la toilette et des soins.
C'est juste une question mais je me demande ce que ça a pu lui apporter et si une injection léthale faite en toute conscience pour accueillir la mort ne serait pas préférable et changerait quoi que ce soit aux bardos de la mort.
D’un point de vue spirituel, la communauté bouddhiste dans son ensemble, insiste sur l’énorme travail à accomplir en amont dans notre société : pédagogie sur la vie et la mort, enseignements et réflexions religieuses et philosophiques sur la réalité incontournable de la fin de vie (vieillesse, maladie et mort), éducation sur les peurs et la mort vécue comme un « échec », pratiques de méditation et de tout ce qui peut être utile à une personne pour se préparer à ce moment.
Oui, bien entendu, la peur de la mort est l'une des plus grandes qui soit et toutes les peurs que nous ressentons ont je pense pour origine la peur de la mort, de la séparation et de l'inconnu.
Toutes les religions préparent à 'l'après mort", et la philosophie bouddhiste prépare à la mort en préparant à la vie par l'accueil de ce qui est et par la compréhension de l'impermanence. Mais cela signifie-t-il que mettre fin à ses jours à l'aube du dernier souffle serait pour autant un échec ?
Je crois que la peur de la mort est un faux débat et que le choix de l'euthanasie serait plutôt par peur de la souffrance et que son refus pourrait être motivé par la croyance que la souffrance est salvatrice.

D'un point de vue éthique, ne pas interrompre le fil d'une vie s'applique-t-il lorsqu'il s'agit de réduire la durée de l'agonie ?

D'un point de vue général, je ne suis ni favorable ni réfractaire à l'euthanasie. Je pense que cela doit être très règlementé car cela peut être une porte ouverte aux abus. Toutefois, il me semble que ce n'est rien de plus qu'une manière de mourir qui fait peur car elle n'est pas laissée entre les mains du "destin", du "hasard" ou d'un "dieu", mais que c'est une décision qui demande de prendre sa mort en main ou de ne pas la prendre et d'accepter ce qui vient sans intervenir et d'avoir les idées très claires sur ce que l'on fait.

D'un point de vue personnel, je suis en accord avec le fait d'intervenir le moins possible sur le cours de ce qui est,
et d'un point de vue humain, par compassion pour ceux que j'aime, si je pouvais choisir ma mort, je la souhaiterai entourée de mes proches, en leur tenant la main et leur disant que je les aime et que leur souhaite le meilleur et non qu'ils ne gardent pas de moi l'image d'une lente et douloureuse agonie;
En accord avec :
Permettre à la personne de vivre « le mieux possible » ce processus naturel qu’est la fin de vie et la mort en l’accompagnant spirituellement avant, pendant et après.
- Animé par l’esprit de compassion et de bienveillance, tout faire pour soulager les douleurs physiques insupportables ainsi que les souffrances mentales de la personne en fin de vie et celles de ses proches.
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axiste
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Coucou Floch
Je suis d'accord que la part mentale joue un rôle primordial dans la douleur physique. Néanmoins, c'est plus facile lorsque la douleur est provisoire et si on peut espérer une amélioration.
jap_8

Oui, c’est un questionnement que je comprends aussi.
Cela a quand même pris plusieurs semaines durant lesquelles elle ne semblait plus présente et souffrait encore beaucoup lors de la toilette et des soins.
C'est juste une question mais je me demande ce que ça a pu lui apporter et si une injection léthale faite en toute conscience pour accueillir la mort ne serait pas préférable et changerait quoi que ce soit aux bardos de la mort.
C‘est tellement pas simple d’avoir une réponse ...
Quand on a traversé tout ça ...c’est certainement très difficile et peut être qu’il n’y a pas vraiment de réponse satisfaisante. Je ne sais pas.

On souhaite abréger les souffrances de nos proches. Ces souffrances nous traversent.

Mais on ne pourrait forcer les médecins ou infirmières à faire ces gestes, qui devrait en prendre la responsabilité ?

Pour ma part je ne pourrai pas et donc, ça me semble aussi pas faisable de demander a autrui de le faire et puis les personnes ne mettent jamais le même sens derrière ces choses.

C‘est quand même donner la mort.
C‘est pour ça que l’éclairage du lien précédent me semble préférable.

Mais certainement, nul de peut juger des souffrances traversées par autrui.
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Floch
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axiste a écrit :
31 mai 2020, 18:27

On souhaite abréger les souffrances de nos proches. Ces souffrances nous traversent.

Mais on ne pourrait forcer les médecins ou infirmières à faire ces gestes, qui devrait en prendre la responsabilité ?

Pour ma part je ne pourrai pas et donc, ça me semble aussi pas faisable de demander a autrui de le faire et puis les personnes ne mettent jamais le même sens derrière ces choses.

C‘est quand même donner la mort.
C‘est pour ça que l’éclairage du lien précédent me semble préférable.

Mais certainement, nul de peut juger des souffrances traversées par autrui.
Coucou Axiste,

On ne peut forcer personne en effet. Je crois que dans les pays où c'est possible, il est question d'un médicament que le patient peut prendre lui-même à la maison.

Mais c'est quand même se donner la mort et je n'ai pas de réponse non plus.
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cgigi2
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Floch dit:
On ne peut forcer personne en effet. Je crois que dans les pays où c'est possible, il est question d'un médicament que le patient peut prendre lui-même à la maison.

Mais c'est quand même se donner la mort et je n'ai pas de réponse non plus.
gigi dit:

Je ne pense pas que cela se passe à la maison, en tout cas au Québec, cela se passe avec l'aide médical et dans des cas qui se veux extrêmes et demander par la personne concernée en fin de vie, ça se fait généralement avec la morphine en augmentant graduellement les doses, la personne part en douceur, et ce n'est pas applicable si il n'y a pas consentement des personnes concernées, il est important de faire la différence d'avec le suicide ce sont des personnes qui n'ont aucun espoir de retrouver une meilleure condition physique, enfin l'important c'est de respecter le choix de ces personnes qui veulent partir dans une certaine dignité et cesser de souffrir, autrement dit, c'est une question de compassion tout simplement

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gigi
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En Belgique, cela peut se passer à l'hôpital, en maison de repos ou à domicile. Sous contrôle bien entendu et suivant le même protocole.
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Circé
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La médecine a les moyens de calmer la douleur sans pour autant accélérer le processus naturel.
En Juin, j'ai accompagné un ami dans ses derniers jours. La clinique de Forcilles, en Seine et Marne, a créé un service pour les mourants , remarquable de calme , de douceur et d'attention aussi bien aux malades qu'à leurs proches.Un pavillon isolé, une dizaine de chambres, personnel exceptionnel, visites possible tout le temps. Mon ami était sous calmants pour la douleur mais dosé de telle façon qu'il avait de longs moments de lucidité .
Nous avons parlé, en pleine conscience, il serrait ma main, son regard était clair; pas de larmes, pas de peur, seulement les derniers mots d'amour qu'on a pu se dire et même quelques souvenirs heureux évoqués. Rien n'a été fait pour accélérer sa mort, il ne s'est pas réveillé un matin, c'est tout.
Quelques jours plus tard, j'ai eu une vision, ou un rêve, je ne sais pas. Il me disait avec son ton un peu autoritaire " ça va, tu verras, c'est rien"

Son épouse est décédée exactement 2 mois après lui.
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