Si on considère l'interdépendance ce que nous sommes est le résultat de contextes avec lesquels on interagit, on n'est pas maître du jeu je crois, même si on a une marge de choix, quoique les choix que l'on fait sont également conditionnés. Humm complexe cette affaire...
Oui… je me suis faite la même réflexion, c'est complexe.
Pour moi l'avis des autres compte s'il est éclairé.
Il compte aussi s'il ne l'est pas car je peux tenter de réajuster: réajuster là où j'en suis et là où l'autre en est. Quelquefois il est important de rejoindre l'autre avec ses mots à lui. Parfois, on peut avoir de belles surprises.
Quand il n'y a rien à faire, laisser passer…si ça ne résonne pas, ça ne résonne pas, inutile d'insister.
De toutes façons, un jour ou l'autre, un nouvel éclairage, un nouvel évènement, et de nouvelles formes qui se meuvent…
Ça mène parfois à beaucoup de détachements. Pas à l'indifférence. Mais au recul salutaire…
Dernièrement, mes proches âgés ont accompli un périple de 3000 km en voiture. J'ai d'abord accueilli l'annonce avec recul, je voulais du temps pour sonder…il m'a fallu accuser réception de l'information, puis il m'a fallu la traiter. Ca m'a pris du temps. La seule façon de faire, c'était le calme en moi. Là seulement j'ai pu voir et sonder. C'était matériellement risqué, mais aussi, encore plus risqué de m'opposer à l'initiative. Finalement, le voyage s'est fait par étapes et je l'ai suivi peu à peu, et il s'est relativement bien passé. Relativement parce qu'ils sont arrivés sains et saufs à destination, non sans péripéties mais sans gravités.
Mon mari trouvait cela imprudent et les peurs qui m'ont traversées n'étaient pas les miennes. C'étaient des réflexions que je recevais. Je les ai repoussées.
Le détachement émotionnel était nécessaire pour qu'ils puissent exercer leur libre arbitre et donc je me suis focalisé là dessus. Mes parents ont éprouvé leur choix et je ne pense pas avoir été irresponsable en accueillant cela.
Il y a plusieurs choses discutables: à quoi cela sert -il de faire autant de kilomètres en voiture, sachant que cela pollue et demande beaucoup de vigilance ? C'était donc des points très discutables, mais en face de moi il y avait une détermination totale.
C'est exactement ce qui se passe quand j'accompagne des personnes âgées: qui décide et à quel moment ? En fonction de quoi ?
Il y a toujours la tentative de déresponsabiliser la personne de ses choix. Cette tentative pointe en pensée automatiquement parce qu'elle tente de répondre aux questions: est-ce dangereux pour elle ? Est-ce dangereux pour les autres ?
Qui dit par exemple que la personne ne doit plus se lever la nuit parce que c'est trop dangereux pour elle ?
C'est à la personne de décider.
Il faut que cette décision soit sienne.
Sinon, c'est un cheminement qui ne lui appartient pas et qui sera probablement mal vécu.
En fait, il y a tout un échange avec les personnes qui doit se faire en amont, parce que, quand la situation se présente, si on ne l'a pas pensé ou dessiné auparavant en pensées, en imaginant les possibles et les solutions, on se trouve toujours un peu pris à court.
C'est l'expérience qui enseigne.