L'imaginaire pragmatique

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Floch
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davi a écrit :
17 mars 2018, 10:16
jules a écrit :
16 mars 2018, 13:37
Floch : Alors, cela fait deux jours que je dois lire toutes les cosmogonies que je trouve !!! ;-)
Justement, si je ne me trompe pas, il n'y-a pas de cosmogonie bouddhiste. :)


On en trouve... :D

https://www.enseigner-ecr.org/wp-conten ... nerECR.pdf
C'est fou ça ! :)
J'avais cherché pendant un bon moment... C'est toi qui m'épate davi ! Merci :D jap_8
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jules
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Hello ! :D

Petite précision :
La cosmogonie est définie comme un système de la formation de l'Univers. Elle se distingue de la cosmologie, qui est la « science des lois générales par lesquelles le monde physique est gouverné ». Wikipédia
Dans le texte que tu nous as présenté Davi, j'ai l'impression qu'il est plus question de cosmologie. :?:

white lotus
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Floch
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Oui, tu as raison; ;-) il est bien noté cosmologie.
Ce n'est pas le mythe d'une création...
C'est la description de sa structure alors
Je vais le relire.
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Floch
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Il est écrit: Au début de chaque Kalpa (unité temps d'une journée) il y a création des êtres qui existent dans ces mondes...
Plus loin: "Brahmâ qui a pris à cette occasion la forme d'un sanglier pour restaurer le monde"
Brahma, un Dieu mâle à l'origine des êtres
Ça fait un peu penser à une cosmogonie ... :?:

Je vais chercher une définition approfondie de chacun des deux, pour comprendre pourquoi dans le document ils parlent de cosmologie et de création du monde, et non de cosmogonie...
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jules
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Oui, j'ai un peu de mal aussi à faire la part des choses en lisant ce texte. :???:

Sinon au sujet de la description de la structure de l'univers, j'ai trouvé une info intéressante qui peur servir de lien :

Constellations
Avant d'être un objet idéal de mathématique sphérique, la voûte étoilée fut une source de mythologie astrale. Celle-ci n'eut probablement jamais la prétention à l'objectivité astronomique : c'était moins l'objet céleste qui était perçu pour lui-même que la vision de soi-même à travers lui. On sait aujourd'hui que les mythes n'ont pas été lus dans le ciel pour en descendre, mais qu'ils sont partis du coeur de l'homme pour aller peupler cette voûte céleste, suivant un processus inconscient de projection qui fît dire à Bachelard : Le zodiaque est le test de Rorschach de l'humanité enfant. (...)
Dictionnaire des symboles (Bouquins).
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Floch
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jules a écrit :
17 mars 2018, 13:10
Oui, j'ai un peu de mal aussi à faire la part des choses en lisant ce texte. :???:
Sur l'Encyclopédie Universalis, j'ai peut-être trouvé cette piste qui expliquerait l'utilisation du mot cosmologie... (à croiser certainement avec d'autres sources.)
"La cosmologie ne s'intéresse donc pas aux objets en particulier – planètes, étoiles, galaxies... – mais plutôt au cadre dans lequel ils évoluent, aux lois communes auxquelles ils obéissent. Signalons que le terme de cosmologie s'est généralisé et englobe ce qui autrefois apparaissait sous les dénominations distinctes de cosmographie et de cosmogonie".
jules a écrit :
17 mars 2018, 13:10
Sinon au sujet de la description de la structure de l'univers, j'ai trouvé une info intéressante qui peur servir de lien :

Constellations
Avant d'être un objet idéal de mathématique sphérique, la voûte étoilée fut une source de mythologie astrale. Celle-ci n'eut probablement jamais la prétention à l'objectivité astronomique : c'était moins l'objet céleste qui était perçu pour lui-même que la vision de soi-même à travers lui. On sait aujourd'hui que les mythes n'ont pas été lus dans le ciel pour en descendre, mais qu'ils sont partis du coeur de l'homme pour aller peupler cette voûte céleste, suivant un processus inconscient de projection qui fît dire à Bachelard : Le zodiaque est le test de Rorschach de l'humanité enfant. (...)
Dictionnaire des symboles (Bouquins).
Ah oui !!! :D
Là, c'est l'univers reflet de l'homme.

"Le zodiaque et le symbolisme astrologique restituent l’univers psychique de l’homme tant primitif que contemporain, car ils s’attachent à la description de notre inconscient collectif et de notre monde intérieur."
Ainsi que les mythes.
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davi
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Floch a écrit :
17 mars 2018, 12:26
Il est écrit: Au début de chaque Kalpa (unité temps d'une journée) il y a création des êtres qui existent dans ces mondes...
Plus loin: "Brahmâ qui a pris à cette occasion la forme d'un sanglier pour restaurer le monde"
Brahma, un Dieu mâle à l'origine des êtres
Ça fait un peu penser à une cosmogonie ... :?:

Je vais chercher une définition approfondie de chacun des deux, pour comprendre pourquoi dans le document ils parlent de cosmologie et de création du monde, et non de cosmogonie..v.
Le texte fait une distinction entre les visions hindouiste et bouddhiste.
Les termes mahâkalpa et kalpa utilisés pour parler de cette durée sont identiques à ceux que nous venons de voir pour l’hindouisme, mais avec une interprétation différente. Ici, pas question d’une divinité suprême qui prendrait tour à tour la forme de Brahmâ pour émettre les êtres et de Shiva-Rudra pour les détruire. Le mahâkalpa ne mesure dans le bouddhisme que les actions des êtres et leurs conséquences (le karman).
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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Floch
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Exact! Merci Davi. :)
Donc, on en conclut qu'il n'y a pas de cosmogonie dans le bouddhisme (?) :)
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davi
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Il me semble qu'il y a quelque chose du côté des réalistes particularistes de l'ancienne école indienne Vaibhasika et aussi du côté du Dzogchen. Je vais regarder... jap_8
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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davi
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D'une certaine manière, la cosmogonie bouddhiste se retrouve au niveau des douze liens d'interdépendance des phénomènes. L'Univers apparaît de l'ignorance concernant la propre nature des phénomènes. Voici comment le présente le Dzogchen :
Serge Zaludkowski a écrit :En page 93 [Anthologie du dzogchen], Tulku Thondup rapporte la vue dzogchen de "la chaîne des douze liens des causes interdépendantes" qui perpétue l'errance des êtres dans le samsara.

1. La non-illumination : C’est l’apparition des trois non-illuminations, qui sont la non réalisation de l’essence intrinsèque de l’énergie (rTsal) de la compassion.
2. La formation : Ce sont les quatre conditions qui élaborent le samsara.
3. La conscience : De la formation surgit la connaissance grossière qui tire du plaisir (sPyod-Pa) des modes des objets.
4. Le nom et la forme : De la conscience surgissent le nom [c.-à-d. le sentiment, la discrimination, la formation et la conscience des cinq agrégats] et la forme causés par différents karmas.
5. Les organes des six sens : Du nom et de la forme surgissent différents éléments spécifiques et les couleurs des [organes des six sens : l’œil, l’oreille, le nez, la langue, le corps et l’esprit].
6. Le contact : Des organes des sens surgit la félicité des objets.
7. Le sentiment : Du contact surgissent le bonheur, la souffrance et les expériences neutres.
8. Le désir assoiffé : Du sentiment surgit la connaissance de l’attachement au bonheur et de l’aversion envers la souffrance.
9. L’avidité : Du désir assoiffé surgit l’appréhension (Dang-Du Len-Pa) des objets.
10. Le devenir : Les karmas et souillures émotionnelles s’étant développés à partir de l’avidité, les actions qui mèneront à la naissance dans la prochaine vie sont réalisées.
11. La naissance : Du devenir surgit la naissance dans l’une des différentes migrations.
12. De la naissance surgissent la jeunesse, la vieillesse et la mort.


Dans cette vue, particulière, il est clairement affirmé que l'origine de l'errance dans le samsara, c'est à dire la base d'apparition de la souffrance, est l'ignorance. Il est précisé, dans la vue dzogchen , comment naissait cette ignorance, quel était le processus générateur de celle-ci.

L'ignorance est définie comme l'apparition des trois non-illuminations (en regard de l'illumination) due à la non réalisation, au moment des apparitions de la base, de l'aspect "indépendant de facteurs extérieurs" (intrinsèque) de la véritable nature de l'essence de la connaissance, ainsi que de la spontanéité de l'apparition des phénomènes.
Ainsi, dans la vue dzogchen, au moment où apparaissent les phénomènes, les apparitions de la base, ne pas réaliser leur pureté originelle (Ka-dag), la vacuité, et la spontanéité de leur apparition (Lhun-Grub), est la cause immédiate à l'origine de l'existence du samsara. Cette non-réalisation est la condition première (rGyu'i rKyen). Cette condition première entraîne la naissance de l'analyseur (à travers l'énergie de la compassion) et l'analysé (les cinq lumières), et c'est ce qui est devenu "l'analyseur" (l'ignorance, la non reconnaissance) qui se perd dans l'analyse de la séparation analyseur/analysé (la dualité). Ce processus (analyseur/analysé) est, en lui-même, la perception de l'errance dans le samsara et l'expérimentation, incessante, de la souffrance.
De cette appréhension duelle (analyseur/analysé) naît la conscience (sujet-analyseur) qui est le principe de connaissance (grossière, par opposition à subtile) qui se satisfait de ce mode de séparation en "jouissant" de l'objet-l'analysé. Puis, de cette conscience-sujet-analyseur naît le nom et la forme, et viennent ensuite les neuf causes interdépendantes suivantes dans leur compréhension plus habituelle.
Page 95, Pema Ledrel Tsal nous donne des précisions (extrait du Shin-Tu gSang-Ba Ch’en-Po Thod-rGal sNyan-brGyud Kyi Zin-Bris Kun-Tu bZang-Po’i dGongs-rGyan Yig-Med Upadesa mKha’-‘Gro’i Thugs-Kyi Tik ka) sur le processus qui mène à l'errance dans le samsara et à la libération dans le nirvana.

La base (originelle), "corps du vase de jouvence", est un état qui n'était jamais devenu bouddha par la réalisation de la nature intrinsèque, ni ne s'était égaré dans le samsara pour ne pas l'avoir réalisé. La base originelle se situe donc dans un moment avant nirvana et samsara. L'exemple donné par Pema Ledrel Tsal est celui du cristal n'ayant jamais reçu la lumière, mais qui possède néanmoins le potentiel de projeter ses rayons (il en possède une subtile lumière intérieure). En conséquence, la base est originellement dans un état d'ignorance, et c'est l'énergie de vie (lung, prana) qui, en se projetant à l'extérieur, brise l'enveloppe de cette base originelle (gZhon-Nu Bum-sKu). C'est l'énergie (rTsal) de l'accomplissement spontané (Lhun-Grub) qui laisse surgir les apparitions des cinq lumières (espace, air, eau, feu et terre), et la conscience intrinsèque apparaît dans l'éclat (gDangs) de la compassion (Thugs-rJe) sous la forme de la connaissance analytique. C'est à ce stade, qu'en ne reconnaissant pas la nature intrinsèque apparaît la non illumination (en regard de l'illumination). A ce stade, la base n'est pas changée, mais les apparitions de la base (espace, air, eau, feu et terre) font croire que celle-ci a changé. Néanmoins, à ce stade, l'appréhendé (objet) et celui qui appréhende (sujet) ne sont pas encore apparus, mais les apparitions de la base ont surgi dans leur état propre, suivant les huit modes d'apparitions spontanées (voir note bas de page 284). C'est à ce stade que, en n'appréhendant pas ces apparitions spontanées comme "autres", les mouvements de la conscience intrinsèque cessent et que la base se développe en tant que bouddha primordiale, l'Adi-Bouddha, Samantabhadra*.

http://sangha.leforum.eu/t5100-Antholog ... g&start=30
*https://fr.wikipedia.org/wiki/Samantabh ... primordial
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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