Pour un bouddhisme engagé

Robi

davi a écrit :
Robi a écrit :Je n'ai pas dit que sa volonté est entière et non conditionnée. Bouddhistement on sait justement qu'il hérite d'un karma (formations, habitudes karmiques) qui entrave sa liberté, et c'est toute la démarche bouddhiste de s'en libérer. Quoiqu'il en soit c'est toujours le karma, relatif à la morale et un choix: faire en toute connaissance (en toute volonté ou intention) tel ou tel acte répréhensible ou bénéfique moralement a des conséquences (rétributions). Ce n'est pas le cas d'un animal qui n'agit jamais suivant des choix moraux mais selon des instincts. Ce qui appuie encore sur le fait qu'il n'est pas une personne.
Cela impliquerait qu'une personne qui ne sait pas qu'elle fait le mal ne produira pas de karma négatif, ce que je ne crois pas.
Non, cela reste du karma hérité (formations karmiques) qui perpétue du mauvais karma (ou du bon). Mais seul un humain peut en sortir à partir du moment où il rencontre le Dharma et décide de couper l'engrenage du karma qu'il a hérité. Ce que ne peut faire un animal qui n'a pas de sens moral.
Dharmadhatu a écrit :
davi a écrit :
Robi a écrit :Je n'ai pas dit que sa volonté est entière et non conditionnée. Bouddhistement on sait justement qu'il hérite d'un karma (formations, habitudes karmiques) qui entrave sa liberté, et c'est toute la démarche bouddhiste de s'en libérer. Quoiqu'il en soit c'est toujours le karma, relatif à la morale et un choix: faire en toute connaissance (en toute volonté ou intention) tel ou tel acte répréhensible ou bénéfique moralement a des conséquences (rétributions). Ce n'est pas le cas d'un animal qui n'agit jamais suivant des choix moraux mais selon des instincts. Ce qui appuie encore sur le fait qu'il n'est pas une personne.
Cela impliquerait qu'une personne qui ne sait pas qu'elle fait le mal ne produira pas de karma négatif, ce que je ne crois pas.
jap_8 Tu as raison de ne pas le croire, Davi, car selon les textes bouddhistes, le fait de naître sous forme animale (tiens justement !) est un fruit karmique de pleine maturation engendré par le fait d'avoir commis des actes négatifs sous l'emprise de l'ignorance.
Personne n'a contesté qu'un acte humain entraine une chute sous forme animale. C'est de l'inverse que nous parlons.
Dernière modification par Robi le 23 avril 2016, 19:35, modifié 1 fois.
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Dharmadhatu
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Robi a écrit :Non les autres religions ont dans leur langues le sens équivalent que le sens de personne en français.
:D Il n'y a pas que le cas de "personne". Il y a le cas de plein d'autres termes. Je suis sûr qu'en cherchant bien, on trouvera pas mal de termes français et occidentaux au sens large qui sont employés dans un autre sens au sein des traditions religieuses.
Déjà tu dis le bouddhisme alors que ce à quoi tu fais référence n'est que spécifiquement tibétain. Je lis les autres (yudo, etc...) ils sont bouddhistes et n'abondent pas dans tons sens.
En fait, mon point de vue est indo-tibétain. Ensuite, que Yudo et d'autres n'abondent pas dans mon sens n'implique pas que j'ai tort, ou alors prouve-le.
Enfin si tu as le choix: de garder le mot qui correspond à ce que tu veux dire dans sa langue d'origine. Cela a bien était fait pour samsara, nirvana, karma, atman, bodhi, bouddha et j'en passe. Je ne vois pas du tout pourquoi il ne se pourrait en être pareil pour la notion que tu veux transmettre (plutôt que de déformer le sens d'un mot occidental).
En fait, comme je l'ai dit, tous les Occidentaux ne sont pas d'accord sur le sens du mot occidental (un embryon est-il une personne ? par exemple). Donc, comme c'est déjà très flou pour les Occidentaux, nombre de bouddhistes contemporains emploient le même terme tout en en donnant la définition (comme je l'ai fait). Ainsi, qu'il soit dit en sanskrit, tibétain ou français revient au même. Une personne, au sens bouddhiste, est un individu désigné en dépendance de tout ou partie de ses agrégats, et un animal correspond à cette définition.

Pour preuve, quand le Bouddha enseigne sur les 12 liens samsarique comme dans le Shalistambha Sutra, il parle du nom et forme (nama-rupa, les agrégats psycho-physiques), mais il ne dit pas qu'il s'agit exclusivement des agrégats humains.

C'est très simple en fait.

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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

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Dharmadhatu
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Robi a écrit :cela reste du karma hérité (formations karmiques)
Les formations karmiques sont des causes (2ème nidana) et non un effet comme tu l'entends avec "karma hérité". C'est le devenir (bhava, 10ème nidana) qui renvoie à des fruits karmiques.

Cf. le Shalistambha Sutra.
Ce que ne peut faire un animal qui n'a pas de sens moral.
Peux-tu nous donner des sources dans lesquelles le karma implique le sens moral ?

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Robi

Dharmadhatu a écrit :
Robi a écrit :Non les autres religions ont dans leur langues le sens équivalent que le sens de personne en français.
:D Il n'y a pas que le cas de "personne". Il y a le cas de plein d'autres termes. Je suis sûr qu'en cherchant bien, on trouvera pas mal de termes français et occidentaux au sens large qui sont employés dans un autre sens au sein des traditions religieuses.
Pas sur une notion aussi importante de la notion de personne dans la culture occidentale et les religions qui en sont à l'origine.
Dharmadhatu a écrit :
Déjà tu dis le bouddhisme alors que ce à quoi tu fais référence n'est que spécifiquement tibétain. Je lis les autres (yudo, etc...) ils sont bouddhistes et n'abondent pas dans tons sens.
En fait, mon point de vue est indo-tibétain. Ensuite, que Yudo et d'autres n'abondent pas dans mon sens n'implique pas que j'ai tort, ou alors prouve-le.
Ben si tu as tort je ne cesse de te prouver pourquoi. Tu n'as pas à détourner le sens d'un mot et dire que c'est valable pour tout le bouddhisme.
Dharmadhatu a écrit :
Enfin si tu as le choix: de garder le mot qui correspond à ce que tu veux dire dans sa langue d'origine. Cela a bien était fait pour samsara, nirvana, karma, atman, bodhi, bouddha et j'en passe. Je ne vois pas du tout pourquoi il ne se pourrait en être pareil pour la notion que tu veux transmettre (plutôt que de déformer le sens d'un mot occidental).
En fait, comme je l'ai dit, tous les Occidentaux ne sont pas d'accord sur le sens du mot occidental (un embryon est-il une personne ? par exemple). Donc, comme c'est déjà très flou pour les Occidentaux, nombre de bouddhistes contemporains emploient le même terme tout en en donnant la définition (comme je l'ai fait). Ainsi, qu'il soit dit en sanskrit, tibétain ou français revient au même. Une personne, au sens bouddhiste, est un individu désigné en dépendance de tout ou partie de ses agrégats, et un animal correspond à cette définition.
Au moins à propos du mot personne chez les occidentaux n'est pas flou c'est que ce n'est pas un animal.
Robi

Dharmadhatu a écrit :
Robi a écrit :cela reste du karma hérité (formations karmiques)
Les formations karmiques sont des causes (2ème nidana) et non un effet comme tu l'entends avec "karma hérité". C'est le devenir (bhava, 10ème nidana) qui renvoie à des fruits karmiques.
Ben non je ne dit pas que c'est un effet puisque je dit qu'elles sont la causes de mauvaises rétributions. En fait c'est une continuité: un acte devient une habitude karmique qui lui-même produit d'autres actes, etc... C'est B.A BA du bouddhisme
Dharmadhatu a écrit :[
Ce que ne peut faire un animal qui n'a pas de sens moral.
Peux-tu nous donner des sources dans lesquelles le karma implique le sens moral ?
Ben lie le début du dhamapadda...
Dernière modification par Robi le 23 avril 2016, 19:47, modifié 1 fois.
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Dharmadhatu
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:D Il s'agit d'intentions saines ou malsaines, pas de moralité. Roter à table chez nous, c'est mal vu, c'est immoral, ce qui n'est pas le cas au Maroc. Le karma serait dépendant de cultures s'il était moral.

:arrow: Tu n'as pas du tout prouvé que j'avais tort. Le Bouddhisme considère qu'une personne (pudgala) est désignée en dépendance d'agrégats; un animal est désigné en dépendance d'agrégats et il est donc une personne selon le point de vue bouddhiste.

Cite-nous une seule Ecriture bouddhiste qui nie cela.

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Dharmadhatu a écrit ::D Il s'agit d'intentions saines ou malsaines, pas de moralité. Roter à table chez nous, c'est mal vu, c'est immoral, ce qui n'est pas le cas au Maroc. Le karma serait dépendant de cultures s'il était moral.
:lol: intententions saines ou malsaines c'est comme bonnes ou mauvaises, c'est de la morale
Dharmadhatu a écrit :::arrow: Tu n'as pas du tout prouvé que j'avais tort. Le Bouddhisme considère qu'une personne (pudgala) est désignée en dépendance d'agrégats; un animal est désigné en dépendance d'agrégats et il est donc une personne selon le point de vue bouddhiste.

Cite-nous une seule Ecriture bouddhiste qui nie cela.
Ben si tu as tort puisque ce n'est pas la définition du mot personne (je te l'ai dit tu n'as pas à dévoyer la définition du mot personne). Prends un autre mot oriental! Pour moi j'ai toujours lu dans la littérature bouddhiste que c'est atman qui désigne ce qui est en dépendance.
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davi
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Robi a écrit :Non, cela reste du karma hérité (formations karmiques) qui perpétue du mauvais karma (ou du bon). Mais seul un humain peut en sortir à partir du moment où il rencontre le Dharma et décide de couper l'engrenage du karma qu'il a hérité. Ce que ne peut faire un animal qui n'a pas de sens moral.
Est-ce que tuer des animaux est karmiquement mauvais ? Tout dépend de l'intention tu diras, donc si c'est pour s'en nourrir, est-ce mauvais ou non ? Si c'est pour nourrir les autres, comme ceux qui en ont fait leur métier et qui travaillent dans un abattoir, c'est mauvais ou non ?
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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Dharmadhatu
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Robi a écrit ::lol: intententions saines ou malsaines c'est comme bonnes ou mauvaises, c'est de la morale
;-) Pas au sens culturel judéo-chrétien comme c'est le cas chez nous. Une intention est malsaine si elle est accompagnée d'un klesha (émotion négative, facteur mental perturbateur etc.) et donc si elle engendre de la souffrance à plus ou moins long terme. Or la culture occidentale ne sera pas toujours d'accord, loin s'en faut, avec ce qu'appelle le Bouddhisme un klesha, comme l'ignorance fondamentale.
Ben si tu as tort puisque ce n'est pas la définition du mot personne (je te l'ai dit tu n'as pas à dévoyer la définition du mot personne).
shuuuuuuuuuuuuttttt Euh... je n'ai pas tort juste parce que tu l'as décrété, Robi. J'aurais tort si les textes bouddhistes contredisaient la définition bouddhiste de "personne" que je rappelle ici. Sinon, le Bouddhisme tout entier aurait tort en parlant de la libération sous prétexte que le Bouddhisme en donne une autre définition que celle qu'on trouve dans les dicos occidentaux.

:arrow: Prenons un exemple concret: un animal, pour plusieurs raisons meurt et renaît sous forme humaine; à partir de quand devient-il une personne selon toi ?
Pour moi j'ai toujours lu dans la littérature bouddhiste que c'est atman qui désigne ce qui est en dépendance.
Tu es en train de dire le contraire de ce qu'affirme le Bouddhisme. Le Bouddhisme réfute la notion hindoue d'atman en tant qu'entité unitaire, autonome et permanente, c'est-à-dire en tant qu'entité séparée des agrégats. C'est anatta/anatman (an- étant un préfixe de négation) qui est un principe bouddhiste. Ou alors cite tes sources s'il te plaît.

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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Robi

davi a écrit :
Robi a écrit :Non, cela reste du karma hérité (formations karmiques) qui perpétue du mauvais karma (ou du bon). Mais seul un humain peut en sortir à partir du moment où il rencontre le Dharma et décide de couper l'engrenage du karma qu'il a hérité. Ce que ne peut faire un animal qui n'a pas de sens moral.
Est-ce que tuer des animaux est karmiquement mauvais ? Tout dépend de l'intention tu diras, donc si c'est pour s'en nourrir, est-ce mauvais ou non ? Si c'est pour nourrir les autres, comme ceux qui en ont fait leur métier et qui travaillent dans un abattoir, c'est mauvais ou non ?
Dans la morale des hommes, il y un tas de choses qui ne sont pas tranchées... Elle (cette morale) se résume en gros à ne pas nuire à l'autre et ne pas faire à l'autre ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse.
Après, parfois la guerre est malheureusement nécessaire (ne faudrait-il pas abattre un terroristes qui est en train de tuer à tour de bras?), etc... Donc comme tu dis tout dépend de l'intention ou de la nécessité (le bien commun par exemple)...
Cela dit tout problèmes dont ne discutent pas depuis une éternité les animaux... Pour cause ils n'ont pas nos problèmes d'humains (si problèmes il y a leurs instinct a vite fait d'avoir la solution)...
A tes questions personnellement je répondrais que l'homme est naturellement homnivore, donc fait pour manger de la viande. Le problème c'est que notre société par l'argent est devenu folle à beaucoup de point de vue, au point de ne plus respecter ni la nature ni nos compagnons animaux, donc je condamne plutôt deux fois qu'une tous les excès à propos du non respect des animaux. Tuer des animaux est pour moi karmiquement mauvais dans le sens où ce n'est plus fait dans un respect spirituel de la nature.
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