L’UNION ULTIME (ATIYOGA) (Suite)
Une tradition transculturelle
Bien que l’Union Ultime transcende les délimitations culturelles, c’est dans les cultures profondément contemplatives de l’Inde, du Tibet et de la Chine qu’elle s’est épanouie avec le plus de vigueur. Le bouddhisme, en particulier, a fourni une fondation très fertile pour cette tradition. De toutes les traditions religieuses du monde, le bouddhisme s’est révélé particulièrement capable d’intégrer la vision claire de l’Union Ultime, cela étant dû à l’importance qu’il accorde lui-même à la primauté de l’expérience et à son rejet du dogmatisme et de la foi aveugle de la non-compréhension. Ce qui rend le bouddhisme unique sur la scène mondiale, c’est sa capacité de se déconstruire, laissant le pratiquant sans rien d’autre que les structures transparentes d’un univers créé linguistiquement. Tout comme d’autres mouvements à l’intérieur du bouddhisme – tels l’école de la Voie du Milieu (Madhyamaka) et le Zen – ont démantelé l’édifice entier des concepts et des pratiques du bouddhisme, la tradition de l’Union Ultime est respectée en tant qu’expression authentique et puissante de la sagesse reconnue par la Perfection de la Sagesse (Prainaparamita) comme « non-sagesse ».
Bien que l’Union Ultime ait des liens historiques très étroits avec le bouddhisme, elle a aussi existé en dehors du bouddhisme. Au Tibet, par exemple, l’Union Ultime se cultivait au sein de la religion indigène, pré-bouddhiste, appelée Bön. Elle partage également des affinités historiques et philosophiques avec le bouddhisme chinois (Ch’an) et la tradition hindoue shivaïte.
Cette capacité de s’aligner sur d’autres traditions non dualistes tout en existant indépendamment de tout système ou institution vient du fait que la pure conscience déconditionnée n’a ni origine ni cessation. Alors que notre « compréhension » sur ce qu’est la conscience claire et éveillée peut donner lieu à des interprétations sur sa nature, la conscience elle-même n’a absolument rien à voir avec ce que l’on pense à son sujet. En fait, d’après la perspective de l’Union Ultime, un système ou une orientation rivale ne peut exister puisque la « chose » supposée être en compétition n’existe pas. De la même manière, il n’y a rien à promouvoir ou à protéger.
Plus que toute autre tradition, l’Union Ultime va à l’encontre de toutes les divisions religieuses, économiques et sexuelles, compte tenu de l’importance qu’elle accorde à l’intégration d’un état de réalisation dans la vie quotidienne. Cela l’éloigne naturellement des pratiques standardisées des cultures institutionnalisées. Les femmes ont, elles aussi, eu la possibilité de cultiver librement la tradition de l’Union Ultime, y compris dans des cultures patriarcales, car l’Union Ultime tend à créer autour d’elle une sub-culture sans hiérarchie, non monastique et communautaire.
Rien de concret à atteindre
Ce qui différencie l’Union Ultime d’autres approches spirituelles, c’est qu’elle n’offre pas de voie. Il n’y a ni traversée d’un territoire particulier ni arrivée à une quelconque destination spirituelle. Dans cette tradition, il n’y a rien à perdre ou à gagner, car l’expérience transcende le besoin d’éviter la souffrance ou d’atteindre la libération. Rien ne peut démentir ou menacer cette expérience, Puisque tout ce que nous avons pensé, fait ou expérimenté jusqu’à présent est une expression d’un état de complète Plénitude.
En fin de cheminements nous réalisons que nous n’avons parcouru aucune distance, suivi aucune voie, et que nous n’avons « rien » atteint. Pourtant, nous réalisons également que si nous n’avions pas cru qu’il y avait une voie et n’avions pas fait l’effort accompli, nous n’en serions pas là où en nous sommes actuellement. Tout en sachant que notre lutte et notre engagement sont vains, sans cet effort nous serions toujours dans l’illusion qu’il y a effectivement un endroit où aller et quelque chose à accomplir.
La libération spontanée de notre souffrance
Dans l’Union Ultime, les émotions réactives et les pensées pénibles se libèrent d’elles-mêmes. En contraste avec la plupart des autres approches spirituelles, « de cet esprit qui perçoit, libéré de toute intention préméditée, ne corrigez rien à l’aide d’antidotes ; laissez-vous porter dans son cours naturel - Longchenpa ».
La libération spontanée d’émotions réactives est la conséquence naturelle de l’expérience de la conscience pure et sans structure. Lorsque notre conscience cesse d’être conditionnée par une action compulsive de nous lancer ou de nous libérer de sensations diverses, alors les pensées et les émotions flottent à travers notre conscience éveillée comme des nuages dans le ciel. Les émotions se dissolvent comme de la neige tombant sur l’eau chaude de notre claire conscience panoramique.
La faculté de libérer spontanément les émotions gênantes et les pensées obsédantes survient lorsqu’on ne s’accroche plus à une pensée, émotion ou perception émergente, mais qu’on n’essaie pas non plus de la supprimer. Lorsque nous expérimentons sans résistance nos croyances limitatives et nos émotions sans vouloir les modifier, elles se libèrent d’elles-mêmes. Comme l’écrit Longchenpa : « Amis ! l’Esprit est tel un chameau qui refuse de comprendre ! Saisissez-le et il s’enfuit, lâchez-le et il reste sur place ! Si vous vous détendez dans son cours naturel, c’est l’état vrai de la liberté naturelle. Sujet et objet se libèrent sur place et l’esprit trouve le bonheur. »
Retenons-nous de juger certaines expériences sublimes et d’autres ordinaires. N’en faisons pas quelque chose d’extraordinaire, mais ne les banalisons pas non plus. En fait, n’intervenons pas. Notre expérience est donc naturelle, sans affectation, ni manipulation, libre de toute contrainte. Cette pratique est appelée : « Laisser les choses surgir telles qu’elles sont ». Lorsque nous nous connectons avec la source de notre être, nous sommes intrinsèquement libres car nous nous sentons spacieux et libérés, quelles que soient les circonstances extérieures ou notre condition interne.
De La transmission spirituelle - Peter Fenner - collectif - Le Relié
Peter Fenner : la libération naturelle
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Ne vous fatiguez pas à corriger le ciel.
Longchenpa

Longchenpa

apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Petit passage qui me fait plaisirBoubou a écrit :(...) Au Tibet, par exemple, l’Union Ultime se cultivait au sein de la religion indigène, pré-bouddhiste, appelée Bön. (...)

Sans être un expert quant à ces questions, bien loin de là, je trouve que cette phrase est un raccourci un peu facile pouvant être source de malentendus.
Il va un peu vite ce monsieur Fenner

Religion indigène par exemple: ce n’est pas nécessairement ainsi que les choses sont considérées, car la période dite du « Bön primitif », qui recouvrait des pratiques chamaniques (et l’on ne pouvait pas parler de Bouddhisme et encore moins de Dzogchen il me semble à ce moment là) est distincte de l’introduction du Yungdrung Bön qui ne vient qu’après, la seule chose qu’ils considèrent avoir en commun est le nom de Bön mais pas ce que désigne ce nom.
Pré-boudhhiste: là encore il faut expliquer ; le Bön (on est d’accord qu’il n’est pas fait référence au Bön primitif qui est écarté) a pour Source le Bouddha Tonpa Shenrab, Bouddha antérieur au Bouddha Sakyamuni mais Bouddha tout de même, par ailleurs le Bouddha Sakyamuni est reconnu.
Enfin bön...

Je veux dire que le temps me semble être une conséquence de l'ignorance. La toile d'araignée relationnelle entre les phénomènes existe bel et bien, mais il n'y a pas de rapports chronologiques. C'est le seul moyen à mon avis de faire exister un "non-né" sans donner dans l'éternalisme.Lausm a écrit :@ Ted : En fait, je ne pense pas que c'est qu'il n'y ait pas de causalité..On ne crée pas de causalité de par notre ignorance, mais on est ignorant de notre causalité...comme dirait peut être Onmyway, ce serait comme partir en mer sans connaître les vents et leur fonctionnement..mais la causalité, le karma, le dharma, n'ont pas besoin de nous, de "je", pour être ce qu'ils sont.
Quand on laisse le karma, le dharma, tout ça à ce que c'est, alors on n'a plus rien à pratiquer...juste à être, et c'est encore trop de le dire, mais on n'a que les mots ici, pour le dire, donc je le dis ainsi!
Mais quand tu dis, Ted, qu'il n'y ai pas, je pense que c'est ça que tu veux dire...qu'on n'a pas besoin de quelqu'un pour en faire des concepts....mais peut-être détourné-je tes propos du sens que tu leur prétais?
Un Bouddha voit simultanément le passé, le présent et le futur. En tout cas, il devrait. Ou alors, je dis une grosse bêtise.
Tout ce qui a été, est, ou sera, coexiste simultanément. Les choses ne peuvent être causées.
LE BÖNlongchen2 a écrit :Petit passage qui me fait plaisirBoubou a écrit :(...) Au Tibet, par exemple, l’Union Ultime se cultivait au sein de la religion indigène, pré-bouddhiste, appelée Bön. (...)![]()
Sans être un expert quant à ces questions, bien loin de là, je trouve que cette phrase est un raccourci un peu facile pouvant être source de malentendus.
Il va un peu vite ce monsieur Fenner![]()
Enseignements Dzogchen - Chögyal Namkhai Norbu
À l’époque de Garab Dorjé il y avait de nombreux nyengyüd : des transmissions orales qui ne furent pas enseignées par Bouddha Shakyamouni, mais le furent, par exemple, dans les enseignements dzogchen du bön. Quand je dis que le bön possède des enseignements dzogchen, cela contrarie la plupart des bouddhistes. Ils me critiquent : « Oh, vous dites que l’origine du dzogchen est bön, parce que le bön précède le bouddhisme ». Ce n’est pas ce que cela veut dire. À l’origine, le dzogchen n’était pas présenté de la façon dont les bönpos le présentent aujourd’hui. Aujourd’hui ils enseignent le dzogchen semdé, longdé et upadesha. Ils n’enseignent pas seulement le dzogchen, mais ils présentent aussi le tantra, la prajnaparamita et tout le reste. C’est le bön moderne et non pas le bön authentique. Dans le bön authentique, néanmoins, il existe un nyengyüd appelé Shang Shung Nyengyüd. Il y a douze nyengyüd spécifiques – des vers qui communiquent la base, la voie et le fruit, également tawa, gompa et chödpa –, point de vue, méditation et comportement, ainsi que la façon dont on doit les appliquer.
Ces nyengyüd étaient également nombreux du temps de Garab Dorjé. On continue à les utiliser de nos jours, particulièrement lors de la transmission du dzogchen semdé. Bien que beaucoup de nyengyüd existent encore, les livres originaux ont disparu. Concernant l’histoire du dzogchen, nous considérons qu’il y a treize dimensions, pareilles à des systèmes solaires, appelées thalwas38, dans lesquelles il existe des enseignements dzogchen, des tantras dzogchen, des rigdzin dzogchen ou êtres réalisés et ainsi de suite. Bien qu’il existe de nombreux tantras dzogchen, ils n’existent pas tous sur la planète terre. Peut-être avons-nous soixante ou soixante-dix tantras principaux du dzogchen. Bien que des milliers de tantras originaux du dzogchen existent dans différentes dimensions de l’univers, ici sur terre, à l’époque de Garab Dorjé, les enseignements dzogchen avaient disparu et la seule chose qui restait c’était ces nyengyüd.
Merci Boubou pour les deux extraits (PF et Ch NN)
Finalement le Dzogchen qu'il vienne des Bonpos, de ChNN, des Ningmapas ou de personnes comme Peter Fenner, l'important est d'accéder à cet enseignement.
Mais personnellement j'ai une plus grande affinité avec la présentation du Dzogchen Bonpo a cause de l'importance du rôle de la nature et à cause des pratiques qui y sont liées.
On peut s'apercevoir facilement de la différence importante si on pratique du hatha yoga ou zazen "en chambre" et que l'on pratique ensuite dans la nature. C'est comme passer du noir et blanc au technicolor.
A propos de Zazen ou de la posture du lotus, on en trouve des représentations qui datent de la préhistoire et je crois que les représentations de CIva assis en lotus sont antérieures à celles de Bouddha.
Mais c'est sûr, le Dzogchen est l'expérience ultime pour tout être qui a des capacités similaires à l'être humain quelque soit l'époque ou le monde dans lequel il se trouve. Pourquoi pas des Bouddhas avant le Bouddha Sakyamuni, le génie humain s'est manifesté bien avnat dans les savoir faires, l'architecture, l'astronomie pourquoi pas dans la spiritualité? Et pourquoi pas des Bouddhas dans d'autres mondes que le nôtre?
Peut être même l'être humain le plus réalisé de la planète Terre serait considéré comme un handicapé dans un autre monde.
La progression spirituelle n'a pas de fin. L’illumination est comme un lotus qui s'ouvre mais il n’arrête plus ensuite de s'ouvrir et de développer de nouveaux pétales de capacités. Chez certains humains cela a été jusqu'à la transformation du corps en énergie.
Tout cela est bien sympa, un peu comme les histoires de soucoupes volantes, ça peut même déboucher dans des histoires à la Philip K. Dick,.......tant que l'on sait que les mots importants sont présence, pleine conscience, instant présent, ouverture, ouverture du coeur.
Finalement le Dzogchen qu'il vienne des Bonpos, de ChNN, des Ningmapas ou de personnes comme Peter Fenner, l'important est d'accéder à cet enseignement.
Mais personnellement j'ai une plus grande affinité avec la présentation du Dzogchen Bonpo a cause de l'importance du rôle de la nature et à cause des pratiques qui y sont liées.
On peut s'apercevoir facilement de la différence importante si on pratique du hatha yoga ou zazen "en chambre" et que l'on pratique ensuite dans la nature. C'est comme passer du noir et blanc au technicolor.
A propos de Zazen ou de la posture du lotus, on en trouve des représentations qui datent de la préhistoire et je crois que les représentations de CIva assis en lotus sont antérieures à celles de Bouddha.
Mais c'est sûr, le Dzogchen est l'expérience ultime pour tout être qui a des capacités similaires à l'être humain quelque soit l'époque ou le monde dans lequel il se trouve. Pourquoi pas des Bouddhas avant le Bouddha Sakyamuni, le génie humain s'est manifesté bien avnat dans les savoir faires, l'architecture, l'astronomie pourquoi pas dans la spiritualité? Et pourquoi pas des Bouddhas dans d'autres mondes que le nôtre?
Peut être même l'être humain le plus réalisé de la planète Terre serait considéré comme un handicapé dans un autre monde.
La progression spirituelle n'a pas de fin. L’illumination est comme un lotus qui s'ouvre mais il n’arrête plus ensuite de s'ouvrir et de développer de nouveaux pétales de capacités. Chez certains humains cela a été jusqu'à la transformation du corps en énergie.
Tout cela est bien sympa, un peu comme les histoires de soucoupes volantes, ça peut même déboucher dans des histoires à la Philip K. Dick,.......tant que l'on sait que les mots importants sont présence, pleine conscience, instant présent, ouverture, ouverture du coeur.
Oui! Moi aussi, j'ai pensé à Philip K. Dick (un de mes écrivains préférés) en lisant ce passage.Jean a écrit :Tout cela est bien sympa, un peu comme les histoires de soucoupes volantes, ça peut même déboucher dans des histoires à la Philip K. Dick


Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
Je ne connais pas l'enseignement de Chögyal Namkhai Norbu. Toutefois j'ai un côté assez terrestre en fait, pas comme mon avatar. Je le précise flower_333